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6 novembre 2011 7 06 /11 /novembre /2011 08:00

 

extrait

 

 

          (…)Le bercement des nourrices, les câlineries maternelles, les chatteries des sœurs, surtout des sœurs aînées, espèce de mères diminutives, transforment, pour ainsi dire, en la pétrissant, la pâte masculine. L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants,


 

 

Van Dongen


y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce
d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement
à la perfection dans l’art, un être incomplet. Enfin, je veux dire que le goût précoce
du monde féminin, mundi muliebris, de tout cet appareil ondoyant, scintillant et
parfumé, fait les génies supérieurs ; et je suis convaincu que ma très-intelligente
lectrice absout la forme presque sensuelle de mes expressions, comme elle approuve
et comprend la pureté de ma pensée.(…)

  

 

 

Charles BAUDELAIRE in Petits poèmes en prose – 1868 –

Les Paradis artificiels, Un Mangeur d’opium. VII. Chagrins d’enfance.

 

 


 

Kees-Van-Dongen.jpg

Kees Van Dongen, Tango ou Le Tango de l’archange 1922 – 1935. Coll. Nouveau Musée National de Monaco © Succession Kees Van Dongen / SODRAC2008

 

 


Note : Lire l'article de Patrick Mandon consacré à Van Dongen ici 

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 07:58

 






la mort du loup
...Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler.



LA MORT DU LOUP


I


Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; bientôt,
Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse,
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cr
i.


II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre; et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du roc
her.


III

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
-- Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!
Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans par
ler
. »


Écrit au château du M**
*, 1843

Alfred de VIGNY, Les Destinées (posthume)





La mort du loup parut le 1er février 1843 dans la Revue des Deux Mondes. Depuis longtemps A. de Vigny était hanté par cette idée du sacrifice impassible. N’écrivait-il pas, en 1831, : “J’aime ceux qui se résignent sans gémir et portent bien leur fardeau”, et dès 1836, n'avait-il pas intitulé “La mort du loup”, un épisode d’une nouvelle restée inédite où “le loup” était un chouan blessé qui se laissait fusiller plutôt que d’obéir ?

Sans doute, en même temps que des battues au loup auxquelles il assista lui-même et des histoires de chasse que sa jeunesse entendit conter si souvent, s’est-il souvenu du passage de Byron (in Childe Harold) : “La vie et la douleur jettent surtout de profondes racines dans les coeurs solitaires et désolés : le chameau supporte sans se plaindre les plus pesants fardeaux et le loup sait mourir en silence..."

 


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3 novembre 2011 4 03 /11 /novembre /2011 08:00

 

On connaît l’apophtegme célèbre de Tancrède dans Le Guépard, voulant convaincre le Prince Salina de se rallier à l’unité italienne : « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Et Charles Trenet, en 1955, chantait déjà Paie tes dettes. Nihil nove sub sole. 

 

On l'écoute ici : 

http://www.deezer.com/listen-10230116

 


 

 

 

Paie tes dettes 


Il était couvert de dettes

De la tête aux pieds.

Chez lui, venaient faire la quête

Tous ses créanciers

Et pour fuir ces personnages

Qui le torturaient,

Un jour, sans faire de tapage

Il partit pour la forêt.

Au pied d'un arbre, il s'endormit

Et, pendant qu'il rêvait,

Un oiseau tout en haut de lui,

Sur une branche, lui chantait :

"Paye tes dettes, paye tes dettes, une, deux.

Paye tes dettes, paye tes dettes, mon vieux.

Paye tes dettes, paye tes dettes.

C'est mieux

Ou sans ça

Ça n'ira pas."

Il se dit dans son sommeil :

"C'est la voix d'ma conscience

Qui m'poursuit, qui me surveille.

Je vais à mon réveil

Rembourser tous ces amis

Qui m'ont fait confiance.

Non plus jamais, je me l'dis,

Je n'veux de crédit."

"Paye tes dettes, paye tes dettes !" disait

"Paye tes dettes, paye tes dettes !" l'oiseau.

"Paye tes dettes, paye tes dettes."

Allez !

Il y fût, fût tout de go.

 

Quel souv'nir, quelle belle journée

Quand il régla tout (Tout!)

C'qu'il devait d'puis des années

Jusqu'au dernier sou.

Il s'défit même de sa ch'mise.

On peut s'passer d'ça !...

Dans les bois, soufflait la brise.

Tout joyeux, il y r'tourna.

Sous le même arbre, il s'étendit.

Alors, le même oiseau

Vint s'poser là, tout près de lui,

En répétant d'un air idiot :

"Paye tes dettes, paye tes dettes, une, deux.

Paye tes dettes, paye tes dettes, mon vieux.

Paye tes dettes, paye tes dettes.

C'est mieux

Ou sans ça

Ça n'ira pas."

Dans l'instant même, il comprit

Que la voix d'sa conscience

N'était autre qu'un volatile

Absurde et obstiné

Qui répétait le même cri

Depuis sa naissance,

Sans savoir ce qu'il disait.

Quelle destinée !

"Paye tes dettes, paye tes dettes !" disait

"Paye tes dettes, paye tes dettes !" l'oiseau.

"Paye tes dettes, paye tes dettes."

Assez,

Ou je vais te fracasser !

 

Et c'est ce qu'il fit,

A l'oiseau, le cou il tordit

Et le lendemain, dans tous les magasins

Et auprès de tous ses copains...

 

Il fit des dettes, fit des dettes, une, deux.

Il fit des dettes.

Ah !

C'est mieux

Puis un soir, devenu vieux,

Très vieux,

Il mourut

Couvert de dettes.

 

Charles TRENET, 1955

 


 

Charles-Trenet.jpg

 

 

Trenet est habillé comme les anges bleus quand ils se mettent en civil. Une veste et un pantalon taillés dans le ciel du matin, une chemise plus sombre, faite d’un morceau de ciel du soir. Une cravate blanche coupée dans les nuages. Les Yeux : deux bleuets. Les cheveux en mousse blonde, comme ceux de Musset, jadis.

Paul Guth (Le Figaro littéraire, 26 juin 1954)

 

 


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2 novembre 2011 3 02 /11 /novembre /2011 07:40

 

 

 

"Il faut en effet une grande maturité pour comprendre que l'opinion que nous défendons n'est que notre hypothèse préférée, nécessairement imparfaite, probablement transitoire, que seuls les très bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité."


Milan Kundera in Une Rencontre, 2009 – Gallimard- NRF- page 134.
 

 

 

 

 

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 13:24

 

 

 

La-valse-des-oursons.jpeg

 

La valse des oursons.

 

Ce magnifique cliché animalier a été pris dans l’un des derniers paradis pour ours bruns, le Parc national de Katmai, à l’ouest de l’Alaska. Plus de 2000 plantigrades y profitent d’un gigantesque territoire, truffé de fjords, de vallées glaciaires, de toundras et de plages volcaniques, où abonde en prime leur nourriture préférée : d’énormes colonies de saumons roses du Pacifique, qu’ils s’amusent à happer dans le courant lorsque ces poissons remontent les rivières. D’où l’incroyable sérénité que trahit la posture des trois oursons : on ne sait pas ce qui attire leur attention, mais on devine qu’ils n’ont jamais rien eu à redouter ni de la nature ni des hommes. ©Thomasd. Mangelsen/ABACA PRESS

 

 

 

 

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1 novembre 2011 2 01 /11 /novembre /2011 07:54

magritte mask


...dans le simple appareil

d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil...

 

Illustration : MAGRITTE, La magie noire – 1935 – "Les titres des tableaux ne sont pas des explications et les tableaux ne sont pas des illustrations des titres."René MAGRITTE 

 

 

Narcisse.

Grâces aux dieux, seigneur, Junie entre vos mains

vous assure aujourd'hui du reste des Romains.

Vos ennemis, déchus d'une vaine espérance,

sont allés chez Pallas pleurer leur impuissance.

Mais que vois-je? Vous-même, inquiet, étonné,

plus que Britannicus paraissez consterné.

Que présage à mes yeux cette tristesse obscure

et ces sombres regards errants à l'aventure ?

Tout vous rit: la fortune obéit à vos vœux.

 

Néron.

Narcisse, c'en est fait, Néron est amoureux.

 

Narcisse.

Vous?

 

Néron.

Depuis un moment, mais pour toute ma vie.

J'aime, que dis-je aimer? J'idolâtre Junie.

 

Narcisse.

Vous l'aimez?

 

Néron.

Excité d'un désir curieux,

cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,

triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,

qui brillaient au travers des flambeaux et des armes:

belle, sans ornements, dans le simple appareil

d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.

Que veux-tu? Je ne sais si cette négligence,

les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,

et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs

relevaient de ses yeux les timides douceurs.

Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue,

j'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue:

immobile, saisi d'un long étonnement,

je l'ai laissé passer dans son appartement.

J'ai passé dans le mien. C'est là que solitaire,

de son image en vain j'ai voulu me distraire:

trop présente à mes yeux, je croyais lui parler;

j'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.

Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce;

j'employais les soupirs, et même la menace.

Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,

mes yeux, sans se fermer, ont attendu le jour.

Mais je m'en fais peut-être une trop belle image;

elle m'est apparue avec trop d'avantage:

Narcisse, qu'en dis-tu ?

 

Narcisse.

Quoi, seigneur? Croira-t-on

qu'elle ait pu si longtemps se cacher à Néron ?

 

Néron.

Tu le sais bien, Narcisse; et soit que sa colère

m'imputât le malheur qui lui ravit son frère;

soit que son cœur, jaloux d'une austère fierté,

enviât à nos yeux sa naissante beauté;

fidèle à sa douleur, et dans l'ombre enfermée,

elle se dérobait même à sa renommée.

Et c'est cette vertu, si nouvelle à la cour,

dont la persévérance irrite mon amour.

Quoi, Narcisse? Tandis qu'il n'est point de Romaine

que mon amour n'honore et ne rende plus vaine,

qui dès qu'à ses regards elle ose se fier,

sur le cœur de César ne les vienne essayer:

seule dans son palais la modeste Junie

regarde leurs honneurs comme une ignominie,

fuit, et ne daigne pas peut-être s'informer

si César est aimable, ou bien s'il sait aimer ?

Dis-moi: Britannicus l'aime-t-il ?

 

 

Jean RACINE in Britannicus, Acte 2 , Scène II .



 

 

Note : la première représentation de Britannicus est donnée en l’hôtel de Bourgogne en 1669. Pièce en cinq actes de Jean Racine, cette tragédie est aujourd’hui la seconde pièce la plus donnée à la Comédie Française, après Cyrano de Bergerac d'E.Rostand.

 


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31 octobre 2011 1 31 /10 /octobre /2011 08:00

 

 

 

Prevert.jpg

 

 

 

Sables mouvants

 

 

 

Démons et merveilles

Vents et marées

Au loin déjà la mer s'est retirée

Et toi

Comme une algue doucement caressée par le vent

Dans les sables du lit tu remues en rêvant

Démons et merveilles

Vents et marées

Au loin déjà la mer s'est retirée

Mais dans tes yeux entrouverts

Deux petites vagues sont restées

Démons et merveilles

Vents et marées

Deux petites vagues pour me noyer.

 

 

Jacques Prévert in Paroles.

 

 


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30 octobre 2011 7 30 /10 /octobre /2011 08:02

 

 

Elisabeth de Fontenay donne chaque dimanche après-midi une bien agréable émission sur France Inter, Vivre avec les bêtes. Elle y lit entre autres des textes de grands auteurs en relation avec le monde animal (Pascal, Montaigne, Yourcenar etc…). Le générique de l’émission est La Truite de Schubert dont voici une version coquine chantée par les Frères Jacques sur des paroles de Francis Blanche

 

 

 

 

 

 

 

 

Le complexe de la truite

Paroles de Francis Blanche

 

 

Elle était jeune fille

Sortait tout droit de son couvent

Innocente et gentille

Qui n'avait pas seize ans

Le jeudi, jour de visite,

Elle venait chez ma mère

Et elle nous jouait la Truite

La Truite de Schubert

 

Un soir de grand orage

Elle dut coucher à la maison

Or malgré son jeune âge

Elle avait de l'obstination

Et pendant trois heures de suite

Au milieu des éclairs

Elle nous a joué la Truite

La Truite de Schubert

 

On lui donna ma chambre

Moi je couchai dans le salon

Mais je crus bien comprendre

Que ça ne serait pas long

En effet elle revint bien vite

Pieds nus, dans les courants d'air

Pour me chanter la Truite

La Truite de Schubert

 

Ce fut un beau solfège

Pizzicattis coquins

Accords, trémolos et arpèges

Fantaisie à quatre mains

Mais à l'instant tout s'agite

Sous l'ardent aiguillon de la chair

Elle, elle fredonnait la Truite

La Truite de Schubert

 

Je lui dis: Gabrielle

Voyons, comprenez mon émoi

Il faut être fidèle

Ce sera Schubert ou moi

C'est alors que je compris bien vite

En lisant dans ses yeux pervers

Qu'elle me réclamait la suite

La suite du concert

 

Six mois après l'orage

Nous fûmes dans une situation

Telle que le mariage

Était la seule solution

Mais avec un air insolite

Au lieu de dire oui au maire

Elle lui a chanté la Truite

La Truite de Schubert

 

C'est fou ce que nous fîmes

Contre cette obsession

On mit Gabrielle au régime

Lui supprimant le poisson

Mais par une journée maudite

Dans le vent, l'orage et les éclairs

Elle mit au monde une truite

Qu'elle baptisa Schubert.

 

A présent je vis seul

Tout seul dans ma demeure

Gabrielle est partie et n'a plus sa raison

Dans sa chambre au Touquet elle reste des heures

Auprès d'un grand bocal où frétille un poisson

Et moi j'ai dit à Marguerite

Qui est ma vieille cuisinière

Ne me faites plus jamais de truite

Ça me donne de l'urticaire.

 

 

 

Le-Touquet--sunset-.JPG

Gabrielle, vue de sa chambre au Touquet

 

 


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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 07:17

 

 

 

 

Cerises

 

 

Gaston a mille ans mais aucune mémoire; c'est dommage pour ses souvenirs et pour certaines précisions historiques, mais ça lui donne un émerveillement tout frais chaque fois que revient le temps des cerises.

 

 

NORGE in  Les cerveaux brûlés

 

 


la cerise de ses lèvres 

 

...ça lui donne un émerveillement tout frais

chaque fois que revient le temps des cerises.


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29 octobre 2011 6 29 /10 /octobre /2011 07:13

 

 

 

 

 

 

We-don-t-have-time-to-explain.jpg

 

 

 

 

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