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31 août 2014 7 31 /08 /août /2014 04:59

 

 

 

chanson-a-part.jpg 

 

 

 


Paul Valéry

Chanson à part 

 

 

Que fais-tu ? De tout.

Que vaux-tu ? Ne sais,

Présages, essais,

Puissance et dégoût...

Que vaux-tu ? Ne sais...

Que veux-tu ? Rien, mais tout.

 

Que sais-tu ? L'ennui.

Que peux-tu ? Songer.

Songer pour changer

Chaque jour en nuit.

Que sais-tu ? Songer

Pour changer d'ennui.

 

Que veux-tu ? Mon bien.

Que dois-tu ? Savoir,

Prévoir et pouvoir

Qui ne sert de rien.

Que crains-tu ? Vouloir.

Qui es-tu ? Mais rien !

 

Où vas-tu ? À mort.

Qu’y faire ? Finir,

Ne plus revenir

Au coquin de sort.

Où vas-tu ? Finir.

Que faire ? Le mort.

 


 

 

 

 

Le poème − cette hésitation prolongée entre le son et le sens.

L.A.

 

 

 

 


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23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 05:00

 

 

 

Pessimisme d’une heure

 

 

Il est une douleur sans nom, sans but, sans cause

Qui vient je ne sais d’où, je ne sais trop pourquoi,

Aux heures sans travail, sans désir et sans foi

Où le dégoût amer enfielle toute chose.

 

Rien ne nous fait penser, rien ne nous intéresse,

On a l’esprit fixé sur un maudit point noir.

Tout est sombre : dedans, dehors, le jour, le soir,

C’est un effondrement dans un puits de tristesse.

 

C’est surtout vers la nuit, quand s’allume la lampe.

Cet ennui fond sur nous, aussi prompt qu’un vautour.

Le découragement nous guette au coin du jour,

Quand s’élève du sol l’obscurité qui rampe.

 

Ce n’est pas celui-là qui mène à la rivière

C’est un mauvais moment à passer, voilà tout.

Il nous fait ressortir la joie, ce dégoût

Comme l’obscurité fait aimer la lumière.

 

 

 

Paul VALERY 

27 septembre 1887

 

 

 

 

soulages.jpg

 

(...) On a l’esprit fixé sur un maudit point noir.

Tout est sombre : dedans, dehors, le jour, le soir,

C’est un effondrement dans un puits de tristesse. (...)

Pierre SOULAGES
Peintre du noir et de la lumière

posant devant une toile en 2009 au Centre Pompidou

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 07:00

 

 

Valery.-chanson-a-part.jpg

 

 

 

Chanson à part 

 

 

Que fais-tu ? De tout.

Que vaux-tu ? Ne sais,

Présages, essais,

Puissance et dégoût...

Que vaux-tu ? Ne sais...

Que veux-tu ? Rien, mais tout.

 

Que sais-tu ? L'ennui.

Que peux-tu ? Songer.

Songer pour changer

Chaque jour en nuit.

Que sais-tu ? Songer

Pour changer d'ennui.

 

Que veux-tu ? Mon bien.

Que dois-tu ? Savoir,

Prévoir et pouvoir

Qui ne sert de rien.

Que crains-tu ? Vouloir.

Qui es-tu ? Mais rien !

 

Où vas-tu ? À mort.

Qu’y faire ? Finir,

Ne plus revenir

Au coquin de sort.

Où vas-tu ? Finir.

Que faire ? Le mort.

 

 

Paul VALERY

 


 

Note : 

 Le poème − cette hésitation prolongée entre le son et le sens. L.A.

 

 

 


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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 07:02

 

 

 

 

A la profonde rose

 

 

SOMBRE ET PROFONDE ROSE, ANTRE D'OMBRE ODORANTE,

Ô Rose de plaisir, dont le plaisir est pleur,

Rose humide d'espoir d'une caresse errante

Sur ses bords de calice où la chair se fait fleur,

 

 

D'une eau délicieuse, ô molle Rose, enivre,

Jusqu'à l'excès divin du bonheur animal,

Un coeur fuyant l'affreuse aventure de vivre

Qui boive ce poison de son étrange mal...

 

 

Laisse fondre sur toi la lèvre favorite

Dont l'oeuvre toute tendre et sinueuse irrite

Plus, toujours plus en toi, toujours plus de douceur ;

 

 

Tandis que la beauté qui te porte palpite

Et palpitante inspire une tendresse soeur

Que son soupir appelle et qui se précipite...

 


Paul VALERY  in  Corona et Coronilla

(Ed. Fallois, 2008 - p. 49)

 

 

 

 

convergence-1.JPG

Illustration : CONVERGENCE 1 - Photo aimablement offerte par J.-M.D.

 

convergence-2b.jpg

Illustration : CONVERGENCE 2 - Photo aimablement offerte par J.-M.D.

 

 


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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 06:22

#475

 

 

Les pas

 

Tes pas, enfants de mon silence,

Saintement, lentement placés,

Vers le lit de ma vigilance

Procèdent muets et glacés.

 

Personne pure, ombre divine,

Qu'ils sont doux, tes pas retenus !

Dieux !... tous les dons que je devine

Viennent à moi sur ces pieds nus !

 

Si, de tes lèvres avancées,

Tu prépares pour l'apaiser,

A l'habitant de mes pensées

La nourriture d'un baiser,

 

Ne hâte pas cet acte tendre,

Douceur d'être et de n'être pas,

Car j'ai vécu de vous attendre,

Et mon coeur n'était que vos pas.

 

 

Paul Valéry in Charmes, 1922

 

 

 

Note : En 1922, Paul Valéry (1871-1945) publie Charmes. Le titre du recueil revêt un double sens. En latin, en effet, « charmes » (carmina) signifie à la fois « poèmes » et « chants magiques », la magie étant censée percer les secrets de la Nature. Cette ambivalence du titre a souvent incité à rechercher, au-delà des apparences, un sens caché aux vingt et un poèmes qui composent le volume.

 

Dans ce poème, Valéry joue sur divers registres et l’analyse de la vie intérieure, sentimentale ou intellectuelle se double d’une forte "imagination" auditive. S'agit-il ici de la lente ferveur qui s’empare de l’homme à l’approche de la femme aimée ou de celle du poète devant la montée de l’inspiration ?

 « Les Pas » sont une incantation et justifient le titre de Charmes...

 

 

 

relire Paul Valéry ici

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 15:53

 

 

Les pas

Tes pas, enfants de mon silence,
Saintement, lentement placés,
Vers le lit de ma vigilance
Procèdent muets et glacés
.

Valery--les-pas.jpgPersonne pure, ombre divine,
Qu'ils sont doux, tes pas retenus !
Dieux !... tous les dons que je devine
Viennent à moi sur ces pieds nus
!

Si, de tes lèvres avancées,
Tu prépares pour l'apaiser,
A l'habitant de mes pensées
La nourriture d'un baiser,

Ne hâte pas cet acte tendre,
Douceur d'être et de n'être pas,
Car j'ai vécu de vous attendre,
Et mon coeur n'était que vos pas.
 

 

  • Illustration : Si, de tes lèvres avancées,...

 

Paul Valéry in Charmes 1922



Note, sur la pointe des...pas : « Les Pas » pourraient s’interpréter de deux manières différentes, mais complémentaires. Ceux qui s’attachent à la signification immédiate du texte y verront une peinture de l’attente amoureuse, de l’émotion d’un homme durant les instants qui précèdent le retour de la femme aimée. D’autres, plus sensibles au symbole, considèreront cette femme comme la Muse du poète, et son approche comme la naissance de l’inspiration. Pleine liberté est laissée au lecteur de choisir entre ces deux interprétations.
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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 00:32

 

Nous avons déjà montré à maintes reprises à quel point les poètes avaient inspiré aux romanciers les titres de leurs livres.
Sagan pour Bonjour tristesse chez Paul Eluard, puis Les merveilleux nuages chez Baudelaire, Semprun chez Paul Celan dans Todesfuge, ou plus récemment Jean d’Ormesson chez Aragon avec C’est une chose étrange à la fin que le monde.

patience s

 

Le premier ouvrage qui mit en lumière l’astrophysicien Hubert Reeves s’appelait Patience dans l’azur, publié il y a presque trente ans, en 1981.


Patience, patience
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr.

Paul Valéry
 

 


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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 07:00

Je porte au coeur une maison secrète


Je porte au cœur une maison secrète,
Un temps, un lieu, quelque tiède retraite
Où vous et moi, la nuit comme le jour,
Tout ne serait qu’entreprises d’amour,
Mais d’un amour de qui l’esprit travaille
Car sans génie il n’est d’amour qui vaille.
                   
Quoi de plus doux que d’orner le baiser
Qu’après les corps, les âmes composer
Et recréer par adorable échange
L’être total que font la bête et l’ange ?
Oh … Que je vois ce tendre Paradis …
J’y suis … Dis-moi si toi tu le vois, DIS ?


Note : Ecrivain, poète et philosophe, Paul Valery (1871-1945) connaît une grande célébrité de son vivant, dont il dit “ ne pas être dupe”. Anecdotes significatives : élu à l’Académie française en 1927, il fait l’éloge dans son discours de réception d’A.France, son prédécesseur, sans prononcer son nom une seule fois. Plus tard, sous l’occupation allemande, en qualité de secrétaire de cette même Académie, il est amené à prononcer l’éloge funèbre de Bergson, qu’il qualifie de “juif Henri Bergson”. Ce qui lui vaudra de perdre illico ce poste ainsi que certains autres postes universitaires.

Déjà publié : http://nuageneuf.over-blog.com/article-ry-51999015.html
 

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