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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 05:00

 

 

 

 

 

Gérard de Nerval, Aurélia

 

Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous. Swedenborg appelait ces visions Memorabilia ; il les devait à la rêverie plus souvent qu'au sommeil ; L'Âne d'or d'Apulée, La Divine Comédie de Dante, sont les modèles poétiques de ces études de l'âme humaine. Je vais essayer, à leur exemple, de transcrire les impressions d'une longue maladie qui s'est passée tout entière dans les mystères de mon esprit ; - et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie, car jamais, quant à ce qui est de moi-même, je ne me suis senti mieux portant. Parfois, je croyais ma force et mon activité doublées ; il me semblait tout savoir, tout comprendre ; l'imagination m'apportait des délices infinies. En recouvrant ce que les hommes appellent la raison, faudra-t-il regretter de les avoir perdues ?... Cette Vita nuova a eu pour moi deux phases. Voici les notes qui se rapportent à la première. - Une dame que j'avais aimée longtemps et que j'appellerai du nom d'Aurélia, était perdue pour moi. Peu importent les circonstances de cet événement qui devait avoir une si grande influence sur ma vie. Chacun peut chercher dans ses souvenirs l'émotion la plus navrante, le coup le plus terrible frappé sur l'âme par le destin ; il faut alors se résoudre à mourir ou à vivre : - je dirai plus tard pourquoi je n'ai pas choisi la mort. Condamné par celle que j'aimais, coupable d'une faute dont je n'espérais plus le pardon, il ne me restait qu'à me jeter dans les enivrements vulgaires ; j'affectai la joie et l'insouciance, je courus le monde, follement épris de la variété et du caprice; j'aimais surtout les costumes et les moeurs bizarres des populations lointaines, il me semblait que je déplaçais ainsi les conditions du bien et du mal ; les termes, pour ainsi dire, de ce qui est sentiment pour nous autres Français. « Quelle folie, me disais-je, d'aimer ainsi d'un amour platonique une femme qui ne vous aime plus ! Ceci est la faute de mes lectures : j'ai pris au sérieux les inventions des poètes ; et je me suis fait une Laure ou une Béatrix d'une personne ordinaire de notre siècle... Passons à d'autres intrigues et celle-là sera vite oubliée. » L'étourdissement d'un joyeux carnaval dans une ville d'Italie chassa toutes mes idées mélancoliques. J'étais si heureux du soulagement que j'éprouvais, que je faisais part de ma joie à tous mes amis, et, dans mes lettres, je leur donnais pour l'état constant de mon esprit ce qui n'était que surexcitation fiévreuse.

 

 

Gérard de Nerval

Aurélia ou Le Rêve et le Vie, 1853  

Venise.jpeg

 

Venise1.jpeg

 

... L'étourdissement d'un joyeux carnaval dans une ville d'Italie ...

 

 

 


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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 04:54

 

 

    ...à propos des "Cydalises"


 

Le terme "Cydalise(s)" ne figure dans aucun dictionnaire. En classe de troisième, nous fumes amenés à découvrir l'œuvre de Gérard de Nerval. Ses poèmes nous séduisaient beaucoup, en tout cas plus que ses romans. Deux éléments restèrent gravés dans notre mémoire. Primo, le suicide d'icelui que l'on retrouva pendu. Déjà le professeur de français retenait notre attention frondeuse par cette anecdote qu'il semblait agréer : Nerval se serait pendu, le 26 janvier 1855, à une grille d'égout rue de la Vieille-Lanterne, à l'endroit même où se trouvait le trou du souffleur du Théâtre de la Ville ! L'image etait trop belle pour n'y pas croire !... Secundo, le mot "Cydalises" devint pour nous un des plus mots de la langue française et remplaça sans difficultés "anorexie" qui en faisait office jusque là.

Près de soixante ans plus tard, l'internet nous a permis d'interroger les très distingué(e)s correspondant(e)s du Dictionnaire de l'Académie française. Nous vous livrons leur réponse particulièrement éclairée :" (...) Quant à "Cydalises", le terme désigne d'abord, du nom de l'une d'entre elles, les jeunes amies des artistes, de la "bohême galante" qui entourait Théophile Gautier et Gérard de Nerval rue du Doyenné. Mais ce nom à consonance grecque est peut-être forgé aussi à partir des mots grecs "kudos", gloire, renommée et "lusis", action de délier, dissolution. Outre le sens qu'on peut ainsi déduire, l'intérêt du terme "cydalises" tient assurément à ses sonorités et son harmonie."

 

 

 

 

 


 

Les Cydalises

 


Où sont nos amoureuses ?

Elles sont au tombeau.

Elles sont plus heureuses,

Dans un séjour plus beau !

 

Elles sont près des anges,

Dans le fond du ciel bleu,

Et chantent les louanges

De la mère de Dieu !

 

Ô blanche fiancée !

Ô jeune vierge en fleur !

Amante délaissée,

Que flétrit la douleur !

 

L'éternité profonde

Souriait dans vos yeux ...

Flambeaux éteints du monde,

Rallumez-vous aux cieux !

 

 

Gérard de NERVAL 

Odelettes 

 

 

Fragonardp.jpg

Jean-Honoré FRAGONARD

L'adoration des bergers, 1775

 

 

 

A.Cabanel

Alexandre CABANEL

La naissance de Vénus, 1863

 

 

Evoquant cette toile de CABANEL, Théophile Gauthier écrit : " Son corps divin semble pétri avec l'écume neigeuse des vagues. Les pointes des seins, la bouche et les joues sont teintées d'une imperceptible nuance rose..."

 

 

 

      °  °  °

A l'évidence, ce poème aurait dû paraître hier plutôt qu'hui puisque l'on fêtait la saint Gérard ! Honte à nous donc. Gageons que Gérard Labrunie, tel est son patronyme, nous pardonnera. Car Labrunie est homme délicieux...

°  °  °


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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 04:57

 

 

 

 

Le relais

 

En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;

Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,

Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,

L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

 

Et voici tout à coup, silencieuse et verte,

Une vallée humide et de lilas couverte,

Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -

Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !

 

On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,

De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,

Et sans penser à rien on regarde les cieux...

Hélas ! une voix crie : "En voiture, messieurs !"

 

 

Gérard de NERVAL

Odeletttes

 

 nerval--Nadar-.jpg

 

La plupart des poèmes des Odelettes ont été composés dans les années 1830, du temps de la jeunesse de Nerval, mais n'ont été réunis qu'en 1853 formant, avec quelques récits en prose, un livre intitulé Les Petits Châteaux de Bohême.

On ne trouve pas dans les Odelettes le mystère caractéristique des Chimères. Pourtant, plusieurs poèmes, notamment Fantaisie et les Cydalises évoquent, tout comme Delfica et El Desdichado, un monde perdu dont l'absence provoque chez le poète une identique mélancolie.

 

 


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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 05:10

 

 

Fantaisie


Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber*
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit...
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

 

 

 

Gérard de Nerval  

 

 

Weber* se prononce Webre.

 

 francesco-primaticcio_ulysse-et-penelope-1545.jpg

 

...Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens !...

 

Francesco PRIMATICCIO

Ulysse et Pénélope, 1545

 

 

 

Matisse-vers-1942.jpg

...Puis une dame, à sa haute fenêtre,...

 

 

Henri MATISSE

Femme assise, le dos tourné vers la fenêtre, vers 1942

 

 

 

b_fenetre_1Vega.jpg

Martine VEGA, 1915 - 1974

 


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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 08:12

 

 

 

Les papillons  

 

I

  

De toutes les belles choses

Qui nous manquent en hiver,

Qu'aimez-vous mieux ? — Moi, les roses ;

— Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;

— Moi, la moisson blondissante,

Chevelure des sillons ;

— Moi, le rossignol qui chante ;

— Et moi, les beaux papillons !

 

Le papillon, fleur sans tige,

Qui voltige,

Que l'on cueille en un réseau ;

Dans la nature infinie,

Harmonie

Entre la plante et l'oiseau !...

 

 

 

Gérard DE NERVAL

Petits châteaux de Bohème, 1853

(début du poème)

 

 

Rose-meditative-Dali.jpg

— Moi, les roses

 

      Salvador DALI

Rose méditative, 1959

 

 

 

Morisot.lachasse-aux-papillons1874.jpg 

— Moi, l'aspect d'un beau pré vert 

 

Berthe Morisot

La chasse aux papillons, 1874

 


 

paysage-aux-papillons.Dali.jpg

— Et moi, les beaux papillons !

 

 

 

Salvador DALI

Paysage aux papillons, 1956

 


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23 février 2012 4 23 /02 /février /2012 07:08

 

 

      Les papillons

 

De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
- Moi, la moisson blondissante, 
Chevelure des sillons ; 
- Moi, le rossignol qui chante ; 
- Et moi, les beaux papillons !

Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...

 

 

Gérard de Nerval

Les papillons, extrait.

 

 

Hermes.jpg

- Et moi, les beaux papillons ! 

 

 

 

 


©Campagne de publicité Hermès, printemps été 2012

 Carrés géants en summer twill. Carrés en twill de soie.

 

 

 


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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 06:52

Il est un air, pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber.
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets !

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit...
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit ;

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs;

Puis une dame à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... - et dont je me souviens !

Gérard de Nerval
 
Odelettes

Note 1: publié initialement en 1832 dans les Annales romantiques, ce poème fait partie en 1834 du recueil Odelettes, dont Nerval déclarait qu'elles étaient inspirées de Ronsard.

Note 2 : dans le deuxième vers, Weber se prononce " Wèbre". 


Dali--Jeune-fille-a-la-fenetre-1925.jpg
Salvador DALI
Jeune femme à la fenêtre, 1925


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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 06:44

#458

 

 

 

L’enfance

 

Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance

Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,

je coulai ma douce existence,

Sans songer au lendemain.

Que me servait que tant de connaissances

A mon esprit vinssent donner l’essor,

On n’a pas besoin des sciences,

Lorsque l’on vit dans l’âge d’or !

Mon coeur encore tendre et novice,

Ne connaissait pas la noirceur

De la vie en cueillant les fleurs,

Je n’en sentais pas les épines,

Et mes caresses enfantines

Étaient pures et sans aigreurs.

Croyais-je, exempt de toute peine

Que, dans notre vaste univers,

Tous les maux sortis des enfers,

Avaient établi leur domaine ?

 

 

Nous sommes loin de l’heureux temps

Règne de Saturne et de Rhée,

Où les vertus, les fléaux des méchants,

Sur la terre étaient adorées,

Car dans ces heureuses contrées

Les hommes étaient des enfants.


Gérard de Nerval in Poésies de jeunesse -1822 -

 


Renoir-vers-1905.jpg 

 

...toujours gai, sans soucis, sans chagrin,

je coulai ma douce existence,

Sans songer au lendemain...


 

De nombreux peintres ont pris comme modèles leurs enfants. Ici, une toile de :

Pierre-Auguste RENOIR (1841 - 1919), qui représente son fils. Le titre est Claude Renoir jouant - vers 1905 -

 

 


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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 07:07

#457

 

Gérard de Nerval, l'état de poésie

 

Nerval.jpg

 

 

Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie, naît à Paris le 22 mai 1808, belle occasion de lui souhaiter un heureux anniversaire ce matin.

 

        ( Comme on l’aura peut-être remarqué auparavant à la lecture de nos notes ou articles, nous donnons cette courte biographie au présent. Simplement parce que nous vivons heureux et sereins, au fil de ces pages, avec tous ces poètes en les évoquant au présent.  )

 

Il passe son enfance dans le Valois, dans la propriété de son grand-oncle. Il s'initie à la poésie rustique et populaire, puis, lors de ses études à Paris, à la littérature allemande. 



 

On rappellera cette phrase célèbre d’Albert Béguin qui dit de lui : « Gérard de Nerval, de tous les êtres qui ont vécu, est certainement un de ceux qui se sont maintenus de la façon la plus constante dans l'état de poésie. »



 

Il publie très jeune ses premiers écrits : Élégies nationales (1827) et une traduction du Faust de Goethe. Rien que ça !

 

Mais, dès 1832, il se retrouve emprisonné pour avoir manifesté sesJenny-Colon.jpeg convictions républicaines. Deux ans plus tard, au retour d'un voyage en Italie, il fonde Le Monde dramatique destiné à soutenir Jenny Colon, une actrice dont il est follement amoureux.

 

Portrait de Jenny Colon

 

 

Nerval, qui n'a encore écrit que des articles de critique - il est particulièrement pointilleux et attentif - part ensuite pour l'Allemagne, en compagnie d'Alexandre Dumas. Ensemble, ils écriront un drame: Léo Burckart, représenté en 1839.

 

C'est en 1841 que la raison de Nerval se déchire pour la première fois. Le séjour qu'il fait alors dans une maison de santé, puis la nouvelle tragique de la mort de Jenny Colon contribuent sans aucun doute à faire germer en son esprit le désir de fuite... Il part alors pur un long Voyage en Orient qu'il décrit avec lyrisme et mystère. Ainsi visite-t-il l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’île de Rhodes et la Turquie. Son sens de l’observation et de la description méticuleuse font de ces récits une lecture passionnante et particulièrement enrichissante, l’ensemble souvent truffé de réflexions humoristiques très drôles. À son retour, il reprend son activité de journaliste, de critique et de librettiste, jusqu'en 1851.

 

Interné à plusieurs reprises -il souffre d’hallucinations et de délires - il écrit ses plus belles oeuvres : Lorely, souvenirs d’Allemagne (1852), Les Filles du feu (1854), Les Petits Châteaux de bohème (1853), Promenades et souvenirs (1854) et Aurélia ou le Rêve et la vie (1855), entre deux séjours dans la maison de santé du Dr. Blanche à Passy. Sur sa demande, ses amis obtiennent alors de la Société des gens de lettres, en 1854, sa « remise en liberté ».  Mais notre poète affronte de bien « mauvaises heures » dans la détresse matérielle et mentale. 



 

Il a 48 ans le 26 janvier 1855.  A l'aube, on le trouve pendu rue Basse-de la Vieille-Lanterne, « la rue la plus noire qu’il pût trouver » comme le note Baudelaire. Bien des hypothèses seront évoquées sur les circonstances de ce suicide.

 

 

Rue-de-la-Vieille-Lanterne.jpg

Une gravure de la rue de la Vieille-Lanterne

 

 

Relire Gérard de Nerval ici

 


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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 15:08

Dans son beau et touchant poème Les passantes, Antoine POL n’utilise pas d'images fulgurantes, pas de métaphores, pas de mots insolites, pas de combinaisons particulières, pas de mots inattendus, pas de structure originale. Pourtant il touche en plein cœur. Ses illustres prédécesseurs sur le même thème furent d’abord Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie et, bien sûr, Baudelaire.

 

Car Labrunie (!) eut une vie bien courte. Né à Paris en 1808, il y meurt en 1855. Il est à la tête d’une œuvre poétique considérable, souvent ésotérique, aux frontières incertaines du rêve et du réel.

 

 

Une allée du Luxembourg

 

Elle a passé, la jeune fille

Vive et preste comme un oiseau :

A la main une fleur qui brille,

A la bouche un refrain nouveau.

 

C'est peut-être la seule au monde

Dont le coeur au mien répondrait,

Qui venant dans ma nuit profonde

D'un seul regard l'éclaircirait !

 

Mais non, ma jeunesse est finie...

Adieu, doux rayon qui m'a lui,

Parfum, jeune fille, harmonie...

Le bonheur passait, il a fui !

 

Gérard de Nerval in Odelettes (1832-1839)

 


 

 


 

 


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