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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 06:55


29 septembre    

 

 

Les juifs fêtent depuis hier soir et jusqu'à demain soir le nouvel an, Rosh Hashana  et entrent dans l’année 5772.

 

On se souhaite  Chana Tova  (Bonne Année !) en formant le voeu

 

 Que cette année prenne fin avec ses malédictions,

Que commence l’année nouvelle avec ses bénédictions. 

 

Chana-Tova-5768.jpg 

 

 

 

*  *  *    

 

 

Petit rappel de divers calendriers :

 

Calendrier hébraïque : 5772

Calendrier grégorien : 2011

Calendrier islamique : 1432

Calendrier taïwanais : 100

 

 

 

 

Note :

En occident, Saint Michel archange est fêté le 29 septembre.

Son  culte s’est développé en Italie puis en France où le mont qui porte son nom demeure un lieu de pèlerinage et de tourisme très fréquenté.

En hébreu, Michel signifie « celui qui est comme Dieu ». Chaque catégorie d’anges occupe un rang céleste. Les archanges occupent un rang supérieur aux anges. Seuls trois d’entre eux portent un nom : Gabriel, Michel et Raphaël. 

 

Note 2 (ajout du 1er octobre) :

Michel, Gabriel et Raphaël sont tous trois fêtés le 29 septembre. La précision est apportée par Joël H. qui s'y connaît en matière de mémoire. Son excellent blog  Joël H. Le plaisir de mémoire est listé ci-contre depuis bien longtemps.

 




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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 06:28

 

 

 

Le vin du solitaire

 

Le regard singulier d'une femme galante

Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc

Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,

Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;

 

Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur ;

Un baiser libertin de la maigre Adeline ;

Les sons d'une musique énervante et câline,

Semblable au cri lointain de l'humaine douleur,

 

Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,

Les baumes pénétrants que ta panse féconde

Garde au coeur altéré du poète pieux ;

 

Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,

- Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,

Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !

 

 

Charles Baudelaire in Les Fleurs du mal – Le vin. CVII –

 

 

 

degas-dans-un-cafe-ou-labsinthe.jpg

Illustration :  Edgard Degas, L'absinthe -1876-

Les personnages peints par Degas sont l'actrice Ellen Andrée et le peintre et graveur Marcellin Desboutin. Tous deux ont d’ailleurs également été peints par Édouard Manet.

 

*   *   *

 


Clin d'oeil. Pour faire "tendance", on pourrait illustrer comme suit :

 

 

foire aux vins 2011

 

 

 

foires aux vins-2011

 

     ... Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,...

 

champagne-drappier-carte-d-or-brut-mathusalem

      ...Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !

 

 

Note : Comme chacun sait, le champagne de chez Drappier etait le favori du Général De Gaulle.

Le champagne Drappier a eu l’honneur d’être choisi par Charles de Gaulle pour ses réceptions privées de Colombey-les-Deux-Églises au cours desquelles il aimait offrir un Champagne aromatique et authentique.

Il découvrit le champagne Drappier grâce à son aide de camp le Colonel de Bonneval fidèle client de la maison et c’est la cuvée Extra Dry, riche en Pinot Noir qui fut adoptée. 
A l’occasion du 50ème anniversaire de l’appel du 18 juin en 1990, la Cuvée Collection Charles de Gaulle fut lancée en hommage au personnage historique qui marqua la Champagne de sa présence.


 

 

 

 

 


 


 

 

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 06:58

 

Nous poursuivons la publication d'extraits choisis arbitrairement

dans le Journal de Jules RENARD.

 

 

25 septembre.

 

 

Cet homme sinistre travaille tout le temps et croit qu'il fait quelque chose.

 

 

Un préjugé, c'est une vérité qu'on affirme trop. Il y a des vérités partout, mais il ne faut pas trop y croire, ni surtout y tenir.

 

 

Guitry, au fond, est un réactionnaire. Il aime les marquis de Bourget, ces beaux pantins qui peuvent avoir raison pendant cinq actes sans dire un mot de vrai.

 

 

Il faut se prêter de bonne foi à toutes les expériences. Il faut admirer une cérémonie religieuse si elle est belle, et non pas l'aimer ou la détester parce qu'elle est religieuse.

 

 

Nous avons fait notre éducation, formé notre goût, avec des livres dont la première page était déchirée. On n'en saurait dire ni le titre, ni l'auteur. C'est le vieux roman dépenaillé, qu'on a lu quarante fois en cachette, qui a eu le plus d'influence sur nous. 

 

 


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25 septembre 2011 7 25 /09 /septembre /2011 07:30

 

 

Patrick MANDON publie ce texte sur CAUSEUR.fr relatif au documentaire L'Occupation intime donné ce soir sur TF1, à 22h40. Il nous autorise à le publier ici. Nous l'en remercions chaleureusement.

 


 

Rapprochements franco-allemands

L’Occupation intime ce soir sur TF1, rendez-vous avec les Français

 Clarke-et-Costelle.jpg

Daniel Costelle et Isabelle Clarke

Le 25 septembre, TF1 diffuse un documentaire d’Isabelle Clarke et Daniel Costelle, L’Occupation intime, que tous les causeurs découvriront avec un grand intérêt, et peut-être une légère stupeur. Ils seront troublés par les images, bouleversés par les témoignages, en particulier ceux de l’écrivain Benoîte Groult et du chanteur Gérard Lenorman. La première était à l’époque une jeune fille, le second allait bientôt naître. Tous deux sont innocents, tous deux portent un lourd secret. Et l’on est saisi par les mots qu’ils prononcent, à mesure qu’ils avancent dans leurs révélations. J’en entends qui disent : « Encore les nazis, l’Occupation, nos turpitudes, nos péchés ! » Une fois encore, certes, mais cette fois-ci n’est pas de trop.

Il est des documentaires qui sont des procès en sorcellerie, et ne sont que ceux-là. Ils se servent de tout, de l’interprétation ambiguë d’une photographie, de la plus banale des lettres soigneusement sortie de son contexte, pour attirer dans la lumière le sujet de leur enquête. Quand ils l’ont durablement exposé, ils laissent au spectateur le soin de le déclarer coupable. Il est des documentaristes qui sont des accusateurs publics. Le nombre de ces procureurs zélés s’augmente de celui des ruminants massifs qui, depuis une trentaine d’années, vont répétant que ce pays, la France, ne connaît rien de son passé, qu’il n’en veut surtout rien savoir. Selon ces moralisateurs, nos concitoyens se satisfont des pieux mensonges et des vieux comtes roses, qui leur masquent l’épouvante à quoi se résumerait son histoire. Guerres, colonies, racisme, la France a été de tous les mauvais coups, de toutes les embrouilles, de toutes les lâchetés. Défaite en 1940 par une armée de jeunes gens athlétiques conduits par des officiers blonds magnanimes, elle aurait comblé de caresses ses vainqueurs, à la manière d’une créature vouée aux servitudes. Par la suite, en Algérie, elle commit des actes qui signalerait parfaitement sa crapulerie constitutive. Notre légende s’enracine dans le crime, nous sommes ontologiquement lamentables et pervers. Et nous ne laissons derrière nous que des plaignants ; ils forment une file interminable, se bousculent près du guichet des réclamations, où leur sont distribués des titres de martyrs.

Nous avons beau protester, montrer des certificats, donner des références, énumérer des faits, citer Le Chagrin et la Pitié (1) Français si vous saviez (2) rien ne peut ébranler nos contempteurs. Pour ces furieux, la France est un organisme en état de léthargie postdigestive, « torturé de crampes séniles » (3). Sa mémoire lui fait défaut quand elle ne constitue pas son défaut majeur. Elle n’a rien appris, ou bien elle n’a rien retenu, dans les deux cas, il convient de la blâmer. Alors, les gardiens de la contrition brandissent leur petit matériel de punisseur et d’exorciste : car, c’est bien connu, la France, Satan l’habite…

Pourtant, cette vieille nation, si elle résiste aux esprits simplistes, fournit volontiers aux esprits déliés des explications plutôt que des excuses. Sous les coups et les menaces, elle avouera plus de crimes qu’elle n’en a commis ; mais interrogée sans rudesse, elle fera des aveux circonstanciés, elle reconnaîtra ses torts. Elle sera ainsi au plus près de sa vérité. La France est un pays qui murmure ses fautes. Il fallait la délicatesse, la sensibilité qu’Isabelle Clarke et Daniel Costelle ont maintes fois démontrées, mais également leur fine perception des êtres, pour examiner l’Occupation sous l’angle seul des sentiments, et atteindre ainsi à la tragédie nationale sans jamais s’éloigner des petites comédies sentimentales si légères et si graves. Quelle maîtrise de l’exercice du tête-à-tête pour obtenir, de la part des interlocuteurs, ces confessions si justement et profondément intimes !

1940 : la France est belle. Ses vainqueurs en demeurent éblouis. Un ventripotent citoyen trinque avec eux, des petites foules pactisent… malaise dans la civilisation ! Nos compatriotes sortent à peine d’un cauchemar. Comme il est dit dans le commentaire, ils goûtent au premier ersatz de café, puis toute leur vie sera un ersatz.

Francine avait seize ans : « Je préférais les garçons plus âgés. » Cette inclination fera le bonheur de Willy, soldat de la Wermacht. Il lui apprend à nager. Elle tombe enceinte. Le médecin parle d’avorter, les parents de Francine refusent. Elle accouche. Aujourd’hui, celle dont on ne verra jamais le visage tant sont grandes, peut-être, sa honte et sa crainte, pleure doucement en évoquant la mémoire de Willy tombé sur le front russe : « C’était le premier ! »

Yvette Lebon a fêté cent un an. Vedette de cinéma avant la guerre, maîtresse de Jean Luchaire, homme de presse influent, père de l’actrice Corinne Luchaire, elle dit simplement : « On était inconscient. » Et c’est sans cynisme qu’elle avoue avoir été surtout « occupée » par le cinéma et le théâtre.

Le père de la petite Gisèle Marcovitch était un héros français de la Première Guerre mondiale. On ne sait s’il portait ses décorations dans le convoi qui l’emmenait, en tant que juif, vers Auschwitz, d’où il ne revint pas. Affolée, perdue, Gisèle sonne chez les parents de Benoîte Groult. Je vous laisse découvrir la suite.

Gisèle Guillemot, communiste, s’est engagée dans la Résistance. Elle connut l’envers du décor, c’est-à-dire l’enfer : Ravensbrück.
Jacqueline Dufour, treize ans, écrit à son père, prisonnier : « Je sais que tu as eu très froid. À la maison, il y a un homme, et je suis très malheureuse. » 1940-1945 : années érotiques ? « Si vous ne vouliez pas que je couche avec les Allemands, fallait pas les laisser entrer », répondra crânement Arletty à ses juges. Deux cent mille enfants naîtront de la coexistence amoureuse suscitée par la défaite et l’omniprésence des Roméos en vert-de-gris.

Après la projection, Alain Delon (4), assailli de questionneurs, aura ces mots, accompagnés d’un geste de lassitude : « Aujourd’hui, certes, le monde est en crise, nous nous plaignons, mais le vrai malheur, c’est cela ! »

 

 

1- Documentaire de Marcel Ophüls et André Harris (1969), dont l’ORTF préféra épargner la vision à nos concitoyens

2- Documentaire d’André Harris et Alain de Sedouy (1972), en trois époques : En passant par la Lorraine, Général, nous voilà, Je vous ai compris

3- Menace de Prospéro à l’adresse de Caliban dans La Tempête, de William Shakespeare  

 4- Le commentaire est dit par Alain Delon, sur un ton de sobriété poignante, et par sa fille, Anouchka

 

 Patrick MANDON

 

 

DELON_PORTRAIT_SERR_.jpg 

    Alain Delon lors de la présentation à la presse du documentaire L'Occupation intime,

dont il est avec sa fille le récitant.

La photo est de P.MANDON.©Patrick Mandon.

 

 


 


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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 06:45

 

Nous poursuivons la publication d'extraits choisis arbitrairement

dans le Journal de Jules RENARD.

 

 

 

26 septembre.

 

 

Peindre les hommes ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Il faudrait peindre le fond, mais on ne le voit pas. Nous n'observons que l'extérieur. Or, il n'est pas d'homme, même de grande valeur, qui, par ses paroles, ses attitudes et ses gestes, ne soit un peu ridicule. Nous ne retenons que ses ridicules. Impitoyable, l'art ne respecte aucune vertu, et, le résumé de toutes les expressions d'art, c'est que la vie semble surtout comique.

 

 

Une réflexion de paysan qui éclaire un homme jusqu'à l'âme, comme si son corps s'entrouvrait.

 

 

Je ne devrais écrire qu'après avoir entendu un air de musique. Des manchettes ne me mettraient pas en état d'inspiration.

 

 

Nos admirations dont nous ne sommes pas bien sûrs. Un simple « vraiment, vous aimez ça ? », du premier venu, nous trouble. Nous sentons que nous nous sommes peut-être trompés. De là à lâcher notre admiration, il n'y a qu'un jeu d'enfant.

 

 

Ah ! sauter sur le dos d'un lièvre et filer vers l'horizon.

 

 

-- Nous allions dans le monde avec Lavedan, dit Guiches, et nous récitions des monologues. Il y avait un orchestre composé de trois musiciens et d'un colonel, comme chef, qui battait ainsi la mesure : « Un, deux, trois, feu ! »

 

 

Mirbeau est un réaliste qui traite la vérité sans tact, avec des procédés tout romantiques.

 

 

Il ne faut point passer plus de temps à parler d'une pièce que l'auteur n'en a mis à l'écrire.

 

 

Je ne suis aimable avec les gens que si je suis bien sûr de leur être supérieur.

 

 

Tel qui veut se griser d'air pur, s'enivrer sur les hauteurs, n'arrive qu'à s'enrhumer.

 

 

 


 

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 06:55

 

 

 

L'oiseau du Colorado

 

L'oiseau du Colorado

Mange du miel et des gâteaux

Du chocolat et des mandarines

Des dragées des nougatines

Des framboises des roudoudous

De la glace et du caramel mou.

 

L'oiseau du Colorado

Boit du champagne et du sirop

Suc de fraise et lait d'autruche

Jus d'ananas glacé en cruche

Sang de pêche et navet

Whisky menthe et café.

 

L'oiseau du Colorado

Dans un grand lit fait dodo

Puis il s'envole dans les nuages

Pour regarder les images

Et jouer un bon moment

Avec la pluie et le beau temps.

 

Robert DESNOS

 

 

11.jpg

Illustration : ciel du Touquet, le 17/9/2011.

 

...Puis il s'envole dans les nuages

Pour regarder les images...

 

 


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21 septembre 2011 3 21 /09 /septembre /2011 06:58

 

 

 

J'ai trempé mon doigt dans la confiture

turelure

Ca sentait les abeilles

Ca sentait les groseilles

Ca sentait le soleil

J'ai trempé mon doigt dans la confiture

Puis je l'ai sucé

Comme on suce les joues de bonne grand-maman

Qui n'a plus mal aux dents

Et qui parle de fées...

Puis je l'ai sucé

Sucé

Mais tellement sucé

Que je l'ai avalé.

 

René de Obaldia in  Les innocentines

 

 Obaldia.jpeg

 

obaldia.png 

 

 

L'atelier de René de Obaldia

Dimanche après-midi, sur France Inter, Vincent Josse rendait visite à René de Obaldia en son appartement parisien. Il sonne. Obaldia lui ouvre. Josse : - Vous fumez !... Obaldia : - Oui, je fume, je bois, je respire, je vis !...Mais écoutons donc l'émission. Elle dure une trentaine de minutes. Voici le lien :

  

http://www.franceinter.fr/emission-l-atelier-l-atelier-de-rene-de-obaldia

 

 


Après avoir rappelé que René de Obaldia a 93 ans...voici de courts extraits d'un entretien qu'il donna à François Busnel il y a quelques temps :

 

R.De Obaldia La littérature rime avec aventure. Il faut qu’écrire soit une nécessité. Les surréalistes posaient la question : « Pourquoi écrivez-vous ? » C’était une grande question. On peut renverser la question et demander : « Pourquoi n’écrivez-vous pas ? » C’est encore autre chose... À  la question « Pourquoi écrivez-vous ? », certains affirmaient : « J’écris pour être riche, pour être célèbre. » François Mauriac répondait à peu près : « J’écris pour emmerder ma famille. » André Breton déclarait : « J’écris pour faire des rencontres. » Je prends cette formule à mon compte. Borges disait : « J’écris pour moi, pour mes amis et pour adoucir le cours du temps. » C’est superbe, ça ! J’ai écrit pour communiquer, pour dire des choses sans penser que je pourrais avoir de l’argent, parce que c’était naturel chez moi, parce que c’était une nécessité.

 

F.Busnel : Lorsque, en des temps sans doute plus durs que d’autres, vous avez été fait prisonnier de guerre et que vous avez passé quatre ans au stalag, vous avez écrit les Innocentines. Mais il s’agit de pièces très gaies, pas du tout tragiques. Dans la littérature des camps, c’est assez inédit...


R.De Obaldia  C’était un camp de discipline en Pologne. Je n’avais rien pour écrire. C’était en 1942, un moment de barbarie totale. J’avais besoin de revenir à une certaine virginité, à une certaine innocence. C’est pour cela que j’ai eu l’idée d’écrire ce premier poème pour enfants, Innocentines, sur des sacs d’engrais. Face à la sauvagerie, aux abominations, j’ai voulu revenir à une source même de la vie, de l’émerveillement, de l’étonnement, de l’innocence. Vous vous demandez pourquoi je n’ai pas écrit quelque chose de tragique ? C’était un besoin qu’on ne peut pas expliquer.

 

 

 


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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 06:52

 

 

 

 

Balançoire

 

Quand tu parles bien, tu me berces,

Et je m'envole avec ta voix.

Les étoiles à la renverse,

Je m'élance au ciel, un, deux, trois !

 

Si tu bégaies, je me balance

A petits coups secs, cahoté,

Quand tu déclames, la cadence

Me fait descendre et remonter.

 

Tu accélères ton effort,

Je fais des bonds comme une chèvre.

Attention ! Ne crie pas trop fort

Je suis suspendu à tes lèvres.

 

 

 

Jacques CHARPENTREAU

 

 

 

renoir-pierre-auguste-la-balancoire

Illustration : Auguste RENOIR. La balançoire, 1876

 


 

 


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19 septembre 2011 1 19 /09 /septembre /2011 06:44

 

 

 

 

Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent,

Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,


Comme deux sorcières qui font

Tourner un philtre noir dans un vase profon
d.




Charles Baudelaire in Les fleurs du mal, 1857 - Spleen et Idéal.

 

 

polina-semionova.jpeg

Illustration : Polina Semionova (en russe : Полина Семионова) est une danseuse étoile russe, née à Moscou le 13 septembre 1984. 

 

*  *  *

 

Le quatrain sélectionné ci-dessus est extrait du poème Le Beau Navire que voici in extenso :

 

Le Beau Navire

 

Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !

Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;

Je veux te peindre ta beauté,

Où l'enfance s'allie à la maturité.

 

Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,

Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,

Chargé de toile, et va roulant

Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.

 

Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,

Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ;

D'un air placide et triomphant

Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.

 

Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !

Les diverses beautés qui parent ta jeunesse ;

Je veux te peindre ta beauté,

Où l'enfance s'allie à la maturité.

 

Ta gorge qui s'avance et qui pousse la moire,

Ta gorge triomphante est une belle armoire

Dont les panneaux bombés et clairs

Comme les boucliers accrochent des éclairs,

 

Boucliers provoquants, armés de pointes roses !

Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,

De vins, de parfums, de liqueurs

Qui feraient délirer les cerveaux et les coeurs !

 

Quand tu vas balayant l'air de ta jupe large,

Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large,

Chargé de toile, et va roulant

Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.

 

Tes nobles jambes, sous les volants qu'elles chassent,

Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,

Comme deux sorcières qui font

Tourner un philtre noir dans un vase profond.

 

Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,

Sont des boas luisants les solides émules,

Faits pour serrer obstinément,

Comme pour l'imprimer dans ton coeur, ton amant.

 

Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,

Ta tête se pavane avec d'étranges grâces ;

D'un air placide et triomphant

Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.

 

 

Charles Baudelaire

 

 


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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 07:36

 

 

Bien qu’averti de l’arrivée imminente de la Gestapo, Robert Desnos refuse de fuir de crainte qu’on emmenât Youki. Ce 22 février 1944, il est arrêté, interrogé et aussitôt incarcéré à Fresnes. Il sera transféré à Royallieu le 20 mars. On connaît la suite. Voici une lettre qu'il envoie à Youki le 15 juillet.

 

 

Lettre à Youki

 

 

 

 

15 juillet 1944.

 

 

 

Mon Amour,

Notre souffrance serait intolérable si nous ne pouvions la considérer comme une maladie passagère et sentimentale. Nos retrouvailles embelliront notre vie pour au moins trente ans. De mon côté, je prends une bonne gorgée de jeunesse, je reviendrai rempli d'amour et de forces ! Pendant le travail un anniversaire, mon anniversaire fut l'occasion d'une longue pensée pour toi. Cette lettre parviendra-t-elle à temps pour ton anniversaire? J'aurais voulu t'offrir 100 000 cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l'appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous. En mon absence achète toujours les fleurs, je te les rembourserai. Le reste, je te le promets pour plus tard.

 

Mais avant toute chose bois une bouteille de bon vin et pense à moi. J'espère que nos amis ne te laisseront pas seule ce jour. Je les remercie de leur dévouement et de leur courage. J'ai reçu il y a une huitaine de jours un paquet de J.-L. Barrault. Embrasse-le ainsi que Madeleine Renaud, ce paquet me prouve que ma lettre est arrivée. Je n'ai pas reçu de réponse, je l'attends chaque jour. Embrasse toute la famille, Lucienne, Tante Juliette, Georges. Si tu rencontres le frère de Passeur, adresse-lui toutes mes amitiés et demande-lui s'il ne connaît personne qui puisse te venir en aide. Que deviennent mes livres à l'impression? J'ai beaucoup d'idées de poèmes et de romans. Je regrette de n'avoir ni la liberté ni le temps de les écrire Tu peux cependant dire à Gallimard que dans les trois mois qui suivront mon retour, il recevra le manuscrit d'un roman d'amour d'un genre tout nouveau. Je termine cette lettre pour aujourd'hui.

 

Aujourd'hui 15 juillet, je reçois quatre lettres, de Barrault, de Julia, du Dr Benet et de Daniel. Remercie-les et excuse-moi de ne pas répondre. Je n'ai droit qu'à une lettre par mois. Toujours rien de ta main, mais ils me donnent des nouvelles de toi; ce sera pour la prochaine fois. J'espère que cette lettre est notre vie a venir. Mon amour, je t'embrasse aussi tendrement que l'honorabilité l'admet dans une lettre qui passera par la censure. Mille baisers. As-tu reçu le coffret que j'ai envoyé à l'hôtel de Compiègne?

Robert

 

 

 

Foujita.jpg 

Illustration : Tsuguharu Foujita.
 Nu à la toile de Jouy,
1922

 

 Man-Ray-le-violon-d-Ingres-1921-.jpg

 

Illustration : Man Ray. Le violon d’Ingres, 1921 

 

 

 

 


 

 

              Pour parcourir les précédentes publications sur Robert Desnos, on clique ici !

 

 

 



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