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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 05:02

 

 

 

 

On a si peu de temps à s’aimer sur la terre !

 
Oh ! qu’il faut se hâter de dépenser son cœur !

 

 

Marceline Desbordes-Valmore

Révélation, 1833.

 

 

 

Appelez la « Marceline » 

La bibliothèque municipale de Douai dans le Nord porte désormais le nom de Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore.
Il n’y a pas eu de baptême officiel mais le nom de « Marceline » est sur le bâtiment et nous pouvions prendre la liberté de donner à la bibliothèque le prénom de cette douaisienne de génie. 

Marceline Desbordes a quitté Douai à l’âge de dix ans en 1796 et n’y est revenue bien plus tard que pour de courts séjours chez des amis, lors de voyages pour des destinations plus lointaines. Elle a gardé toute sa vie une nostalgie de son  enfance douaisienne embellie dans ses souvenirs et a chanté sa ville natale dans ses vers. Elle en a aussi beaucoup parlé dans ses lettres à ses très nombreux correspondants, dont les douaisiens Saudeur, Duthilloeul et Obez, et surtout à son frère Félix Desbordes qui est mort en 1851 à l’Hospice de la rue du Canteleu. 

Donner à la bibliothèque le nom de « Marceline », comme on dit affectueusement et pour faire court, était aussi une justice à rendre à cette autodidacte de génie, grande amoureuse, auteur à succès, épistolière fébrile et femme d’une générosité hors de toute norme commune à son époque. La Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore conserve plus de 10 000 manuscrits de la poétesse : lettres autographes, copies anciennes de lettres, manuscrits d’œuvres poétiques, notes diverses et épreuves imprimées corrigées. 

 

 

 

Pierre-Jacques Lamblin

 Directeur de la bibliothèque

 

 

 

Marceline statue 

La statue de Marceline

photo Nuageneuf

 

 

 

Quelques poèmes de Marceline clic-clic

 

 


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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 06:49

 

 

 

Marceline-Desbordes-Valmore.jpg                           

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)
Copie anonyme d’un original
d’Hilaire Le Dru. Musée de Douai

 

 

Marceline statue

 

Norbert TRECA
Marceline DESBORDES-VALMORE
Jardins de l'église Notre Dame à Douai

 

 

L’OREILLER D’UNE PETITE FILLE

 

 


     

    Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,

    Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi !

    Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,

    Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

     

    Beaucoup, beaucoup d’enfants, pauvres et nus, sans mère,

    Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ;

    Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère !

    Maman ! douce maman ! cela me fait gémir.

     

    Et quand j’ai prié Dieu pour tous ces petits anges

    Qui n’ont pas d’oreiller, moi j’embrasse le mien.

    Seule, dans mon doux nid qu’à tes pieds tu m’arranges,

    Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !

     

    Je ne m’éveillerai qu’à la lueur première

    De l’aube ; au rideau bleu c’est si gai de la voir !

    Je vais dire tout bas ma plus tendre prière :

    Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir !

     

                                PRIÈRE

     

    Dieu des enfants ! le cœur d’une petite fille,

    Plein de prière, (écoute !) est ici sous mes mains ;

    On me parle toujours d’orphelins sans famille :

    Dans l’avenir, mon Dieu, ne fais plus d’orphelins !

     

    Laisse descendre au soir un ange qui pardonne,

    Pour répondre à des voix que l’on entend gémir.

    Mets, sous l’enfant perdu que la mère abandonne,

    Un petit oreiller qui le fera dormir !

 

signature-merceline.png 

Marceline DESBORDES-VALMORE

Le livre des mères et des enfants, 1840


 

 

Vierge-a-l-enfant.jpg

 

Laurent de la Hyre

Vierge à l'enfant, 1642

Musée du Louvre, Paris.

 

 


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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 06:52

 

 

Nous avons obtenu trois indiscrétions à propos de Marceline ; nous vous les livrons telles que nous les avons reçues et en profitons pour remercier ici la confiance manifestée par leurs auteurs, qui comme chacun sait sont des habitués de ces colonnes :

 

Honoré de Balzac, qui admirait sincèrement son talent et la spontanéité de ses vers « assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples » lui écrivait en avril 1834 en parlant d'elle-même :« (...) Elle a donc conservé le souvenir d'un cœur dans lequel elle a pleinement retenti, elle et ses paroles, elle et ses poésies de tout genre, car nous sommes du même pays, Madame, du pays des larmes et de la misère. Nous sommes aussi voisins que peuvent l'être, en France, la prose et la poésie, mais je me rapproche de vous par le sentiment avec lequel je vous admire. ».

 

Paul Verlaine nous déclare (extraits) : « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement […] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles […] ». On lui sait gré d'avoir introduit des formes nouvelles : « […] Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres […] ».

 

Quant à Charles Baudelaire, il affirme : « Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme. »

 



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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 06:37

 

 

 

Qu’en avez-vous fait ?

 

 

Vous aviez mon coeur,

Moi, j'avais le vôtre :

Un coeur pour un coeur ;

Bonheur pour bonheur !

 

Le vôtre est rendu,

Je n'en ai plus d'autre,

Le vôtre est rendu,

Le mien est perdu !

 

La feuille et la fleur

Et le fruit lui-même,

La feuille et la fleur,

L'encens, la couleur :

 

Qu'en avez-vous fait,

Mon maître suprême ?

Qu'en avez-vous fait,

De ce doux bienfait ?

 

Comme un pauvre enfant

Quitté par sa mère,

Comme un pauvre enfant

Que rien ne défend,

 

Vous me laissez là,

Dans ma vie amère ;

Vous me laissez là,

Et Dieu voit cela !

 

Savez-vous qu'un jour

L'homme est seul au monde ?

Savez-vous qu'un jour

Il revoit l'amour ?

 

Vous appellerez,

Sans qu'on vous réponde ;

Vous appellerez,

Et vous songerez !...

 

Vous viendrez rêvant

Sonner à ma porte;

Ami comme avant,

Vous viendrez rêvant.

 

Et l'on vous dira :

" Personne !... elle est morte. "

On vous le dira ;

Mais qui vous plaindra ?

 

 

in Elégies - 1819 -

 


 

beffroi-douai-corot.jpg

 

Note : Pour échapper aux troubles de la Commune, Corot se réfugia à Douai chez Alfred Robaut, le futur historiographe du peintre. Installé au 1er étage d'une maison donnant sur le beffroi, il peignit ce tableau, l'un de ses chefs d'oeuvres en 18 après-midi, au printemps 1871.



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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 07:37

 

 

 

Un billet de femme

 

Puisque c'est toi qui veux nouer encore

Notre lien,

Puisque c'est toi dont le regret m'implore,

Ecoute bien :

 

Les longs serments, rêves trempés de charmes,

Ecrits et lus,

Comme Dieu veut qu'ils soient payés de larmes,

N'en écris plus !

 

Puisque la plaine après l'ombre ou l'orage

Rit au soleil,

Séchons nos yeux et reprenons courage,

Le front vermeil.

 

Ta voix, c'est vrai ! Se lève encor chérie

Sur mon chemin ;

Mais ne dis plus : " A toujours ! " je t'en prie ;

Dis : " A demain ! "

 

Nos jours lointains glissés purs et suaves,

Nos jours en fleurs ;

Nos jours blessés dans l'anneau des esclaves,

Pesants de pleurs ;

 

De ces tableaux dont la raison soupire

Otons nos yeux,

Comme l'enfant qui s'oublie et respire,

La vue aux cieux !

 

Si c'est ainsi qu'une seconde vie

Peut se rouvrir,

Pour s'écouler sous une autre asservie,

Sans trop souffrir,

 

Par ce billet, parole de mon âme,

Qui va vers toi,

Ce soir, où veille et te rêve une femme,

Viens ! Et prends-moi !

 

 

 

marceline

Illustration : La statue de Marceline devant les jardins de l'église Notre-Dame à Douai (Nord). Photo jmt pour Nuageneuf

 


Marceline Desbordes-Valmore nait à Douai le 20 juin 1786 et meurt à Paris le 23 juillet 1859.

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 09:55

 Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est la fille d'un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, Marceline et sa mère partent pour la Guadeloupe, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, où Marceline est comédienne. En mai 1802 la mère de Marceline meurt de la fièvre jaune et en septembre de la même année Marceline, de retour en métropole, joue au théâtre à Lille et à Douai. Comédienne et chanteuse, elle se produit notamment à l'Opéra-Comique et au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, où elle incarne Rosine dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais. Au cours de sa carrière théâtrale elle joue souvent des rôles d'ingénue. Elle crée plusieurs pièces de Pigault-Lebrun, rencontre Talma, qu'elle admire, Marie Dorval et surtout Mademoiselle Mars, qui sera son amie jusqu'à la fin de ses jours.

 

   Elle perd un fils de cinq ans, en 1816, né d'une liaison avec un comédien, qu'elle nomme Olivier dans ses poèmes. Elle se marie en 1817 avec un acteur, Prosper Lanchantin, dit Valmore. Elle en a trois enfants, dont un seul, Hippolyte Valmore, lui survivra. Elle publie en 1819 son premier recueil de poèmes, Élégies, Marie et Romances. Par la suite ses ouvrages les plus importants sont en 1824 des Élégies et poésies nouvelles, en 1833 les Pleurs, en 1839 Pauvres fleurs et en 1843 Bouquets et prières, toutes œuvres dont le lyrisme et la hardiesse de versification sont remarqués, ce qui lui vaut une pension royale sous Louis-Philippe et plusieurs distinctions académiques. Elle donne aussi des nouvelles et compose des Contes, en prose et en vers, pour les enfants.

 

   Son instruction limitée est compensée par son grand travail d'autodidacte. Honoré de Balzac, qui admirait sincèrement son talent et la spontanéité de ses vers « assemblages délicats de sonorités douces et harmonieuses et qui évoquent la vie des gens simples » lui écrivait en avril 1834 en parlant d'elle-même :« (...) Elle a donc conservé le souvenir d'un cœur dans lequel elle a pleinement retenti, elle et ses paroles, elle et ses poésies de tout genre, car nous sommes du même pays, Madame, du pays des larmes et de la misère. Nous sommes aussi voisins que peuvent l'être, en France, la prose et la poésie, mais je me rapproche de vous par le sentiment avec lequel je vous admire. ».

 

   Elle est ainsi considérée comme une poétesse ayant joué un rôle majeur dans l'évolution de l'écriture par Paul Verlaine, qui déclare : « Nous proclamons à haute et intelligible voix que Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement […] la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles […] ». On lui sait gré d'avoir introduit des formes nouvelles : « […] Marceline Desbordes-Valmore a, le premier d’entre les poètes de ce temps, employé avec le plus grand bonheur des rythmes inusités, celui de onze pieds entre autres […] ». Son personnage romantique d'autodidacte dont la vie malheureuse aurait nourri une sensibilité féminine n'est pas non plus étranger à ce succès. Charles Baudelaire s'intéresse plus à la personne qu'aux vers quand il affirme : « Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l’expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme. », suivi en cela par toute une tradition au XXe siècle.

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