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13 septembre 2013 5 13 /09 /septembre /2013 05:00

 

 

 

 

Il pleut

 

 

Il pleut. C'est merveilleux, Je t'aime.

Nous resterons à la maison :

Rien ne nous plaît plus que nous-mêmes

Par ce temps d’arrière-saison.

 

 

Il pleut. Les taxis vont et viennent.

On voit rouler les autobus

Et les remorqueurs sur la Seine

Font un bruit... qu’on ne s’entend plus !

 

 

C’est merveilleux : il pleut. J’écoute

La pluie dont le crépitement

Heurte la vitre goutte à goutte...

Et tu me souris tendrement.

 

 

Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,

Qui sanglote comme un adieu.

Tu vas me quitter tout à l’heure :

On dirait qu’il pleut dans tes yeux.

 

 

Francis Carco

 

 

 

 

(...) Je t’aime. Oh ! ce bruit d’eau qui pleure,

Qui sanglote comme un adieu.

Tu vas me quitter tout à l’heure :

On dirait qu’il pleut dans tes yeux.

Nu-couche.N-de-Stael-54.jpg
Nicolas de Staël
Nu couché, 1954
(sans doute la dernière toile avant son suicide)

 

 

Francis Carco est né à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 3 juillet 1886.

Poète, conteur, critique, auteur dramatique et romancier, sa jeunesse s'écoule au milieu de la bohème du Quartier latin et de la butte Montmartre. Surnommé le « Romancier des Apaches », Francis Carco a fréquenté tous les peintres, poètes et écrivains de sa génération : Paul-Jean Toulet, Jules Romain, Apollinaire, Picasso, Colette, son mari Willy, Utrillo, Maurice de Vlaminck, Derain, Suzanne Valadon, Marie Laurencin, etc…

En 1923, l'Académie française lui décerne le grand prix du roman pour L’Homme traqué. En 1937, il est élu membre de l'académie Goncourt.

Il meurt à Paris en 1958.

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 05:09

 

 

 

 

LLS45.jpg

©Andy RILEY

 

 


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11 septembre 2013 3 11 /09 /septembre /2013 05:00

 

 

 

La communauté juive de Lens

 

Principalement venus de Pologne dans l’entre-deux-guerres, pour fuir la discrimination antisémite et les pogroms, les immigrants juifs s’installent en grande majorité dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, qui accueille depuis 1910 une population polonaise, implantée à l’initiative des organisations patronales des Houillères. Le Pas-de-Calais, en particulier dans l’arrondissement de Béthune, est le département où cette immigration ouvrière est la plus massive. En 1924, on recense 95 000 Polonais dans les cités minières. La très grande majorité est catholique. Les juifs, qui ne bénéficient pas des réseaux de recrutement des Houillères, sont parfois clandestins et, après un long périple à travers l’Europe, s’installent à Lens ou dans les villes voisines dans le sillage des mineurs, venus comme eux de Pologne et qui parlent leur langue. Souvent artisans, marchands ambulants ou propriétaires de modestes commerces, ils voient également dans cette communauté polonaise une clientèle potentielle. Pourtant, les juifs lensois s’intègrent difficilement, mal acceptés à la fois par les juifs français qui les décrivent comme des campagnards mal dégrossis dont il faut rougir et par les mineurs polonais catholiques qui les excluent à cause de leur religion et de leur culture (en particulier la pratique du yiddish). À plusieurs reprises, les journaux de langue polonaise Narodowiec et Wiarus Polski publient dans leurs colonnes des propos antisémites. Les commerçants français voient également d’un mauvais œil ces concurrents qui détournent la clientèle polonaise. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, près d’un millier de juifs vivent à Lens et dans les communes alentour. Mais ils forment une communauté isolée qui va souffrir plus qu’ailleurs des persécutions raciales.

 

Une communauté persécutée

 

 

Dès l’été 1940, les premières lois antisémites sont mises en place. En septembre, tous les juifs doivent être recensés. Cette identification ouvre la voie à une longue série de mesures qui visent à mettre la communauté juive au ban de la société et à l’exclure de la vie économique. Ainsi, durant l’automne 1940, commence l’aryanisation des biens qui touche tous les propriétaires juifs, y compris les vendeurs ambulants. Les fonds de commerce, les immeubles et les entreprises sont confisqués et gérés par des administrateurs provisoires. À Lens, la spoliation des biens juifs est appliquée avec rigueur. Un couvre-feu de 20 heures à 6 heures est en outre instauré pour les juifs, qui ont interdiction de fréquenter les établissements publics et les jardins, de posséder un poste de TSF ou des pigeons voyageurs, etc. De nombreuses professions leur sont interdites (les emplois de la fonction publique, le métier d’avocat, de juge ou de journaliste) et un numerus clausus est mis en place pour réduire l’accès des étudiants juifs à l’Université. Face à ces mesures qui les appauvrissent en les privant de leurs ressources et devant la menace nazie et son antisémitisme féroce, les juifs de Lens quittent par centaines la Zone interdite. En 1942, ils ne sont plus que 400 à vivre encore dans la région lensoise.

 

 

11 septembre 1942

 

 

En juin 1942, une ordonnance impose le port de l’étoile jaune à tous les juifs de plus de six ans. Cette nouvelle mesure coïncide avec l’amplification de la Shoah et l’intensification de la solution finale dans toute l’Europe. En juillet, les autorités allemandes lancent l’opération "vent printanier", qui vise l’arrestation et la déportation massive des juifs réfugiés en France. Les 16 et 17 juillet, 12 884 personnes, dont 4 051 enfants, sont arrêtées en région parisienne lors d’une rafle communément appelée la rafle du Vel d’hiv, et sont emmenées au Vélodrome d’hiver, qui sert alors de prison provisoire, puis déportées à Auschwitz.

 

À Lens comme ailleurs, le port de l’étoile jaune a permis la mise à jour des fichiers de recensement des juifs. L’administration préfectorale du Pas-de-Calais et le commissariat de Lens apportent leur aide à ce travail d’identification et répondent avec application aux ordres des occupants. Le 11 septembre 1942, à 4 heures du matin, la Feldgendarmerie, soutenue par la police française, lance une effroyable rafle à Lens et dans le bassin minier. Alors que les accords Laval-Oberg ne concernent que les juifs apatrides et réfugiés et semblent épargner les ressortissants français, 50 juifs français sont aussi arrêtés lors de la rafle de Lens. Il s’agit pour la presque totalité d’entre eux d’enfants de moins de 17 ans, nés en France de parents étrangers. Ainsi, sans distinction d’âge ni de sexe, 317 personnes (dont 223 Lensois) sont arrêtées, regroupées et emmenées à la gare. Désignées pour la déportation, elles sont conduites à Auschwitz-Birkenau avec les 1 048 déportés du Transport X qui part de Malines le 15 septembre. Lors de leur arrestation, les juifs lensois n’ont bénéficié d’aucune aide, d’aucun secours de la part de la population indifférente. Toutefois, à la gare Saint-André de Lille, d’où part le convoi qui emmène les déportés à Malines, des cheminots résistants permettent à quelques-uns d’entre eux et notamment à des enfants de s’échapper du train.

 

 

Au total, sur les 991 juifs présents dans le bassin minier avant la guerre, 487 sont arrêtés entre 1941 et 1944. Parmi eux, 467 sont déportés, majoritairement à Auschwitz. Seules 18 personnes sont revenues des camps de la mort.

 

 


 

 

 

 

 

Etoile-de-David.jpg

 

 

 

 

 

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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 05:45

 

 

 

 

Un poème pour toi 

 

 

Je ne te donne qu'un poème,

la musique de quelques mots,

une lumière de syllabes

qui brille et s'efface aussitôt.

 

Je ne te donne qu'un reflet

de la lune sur la rivière,

l'image d'une fine rose 

que la brise emporte bientôt.

 

Je ne te donne qu'un soupir,

je ne te donne qu'une larme,

un peu de songe, un peu de vent

qui se dispersent comme l'eau

 

Je ne te donne qu'un poème,

je ne te donne qu'un collier

de mots légers et transparents

s'envolant comme des oiseaux.

 

Regarde au creux de tes mains nues,

regarde au fond de ta mémoire,

regarde dans ton cœur, regarde :

mon poème est toujours vivant !

 

Pierre Gamarra

 

 

 

(...) regarde dans ton cœur, regarde :

mon poème est toujours vivant !

 

Entrecoeur.jpg

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8 septembre 2013 7 08 /09 /septembre /2013 05:07

 

 

 

 

Figures

 

 

Je bats comme des cartes

Malgré moi des visages,

Et, tous, ils me sont chers.

Parfois l'un tombe à terre

Et j'ai beau le chercher

La carte a disparu.

Je n'en sais rien de plus.

C'était un beau visage

Pourtant, que j'aimais bien.

Je bats les autres cartes.

L'inquiet de ma chambre,

Je veux dire mon coeur,

Continue à brûler

Mais non pour cette carte

Q'une autre a remplacée :

C'est nouveau visage,

Le jeu reste complet

Mais toujours mutilé.

C'est tout ce que je sais,

Nul n'en sait d'avantage.

 

 

 

 

Jules Supervielle

Les Amis inconnus, 1934

 

 

klimt---Music.-1895.jpg

... C'est tout ce que je sais,

Nul n'en sait d'avantage....

 

 

 

 

 

 

Gustav KLIMT

Musique 1, 1895

 

 

 


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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 09:26

 

 

bandeau_haut2010.jpg

 

 

 

Dimanche 8 sept. 2013, 10h15 au Mémorial de la Shoah, Paris -     


Comme chaque année, une commémoration dédiée aux victimes de la Shoah mortes sans sépulture se tiendra sur le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris. Raphaël Esrail, Président de l’Union des Déportés d’Auschwitz, prononcera la traditionnelle allocution suivie par la récitation d’un Kaddish. 

 

 

 

Memorial-Le-mur-des-noms.jpg

Mémorial de la Shoah, Paris.

Le mur des noms

 

 

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7 septembre 2013 6 07 /09 /septembre /2013 05:46

 

 

 

 

Elle s'appelle Marie-France, elle a tout juste vingt ans...

 

 

 

 

 

Elle s'appelle Marie-France, elle a tout juste vingt ans

Et elle vient d'épouser un inspecteur des finances

Un jeune homme très brillant, qui a beaucoup d'espérances

Mais depuis son mariage, chacun dit en la voyant :

Bourrée de complexes

Elle a bien changé

Faut la faire psychanalyser

Chez un docteur pour la débarrasser

De ses complexes à tout casser

Sinon elle deviendra cinglée

Elle s'ennuie tout le jour dans son bel appartement

Et pour passer le temps, elle élève dans sa baignoire

Des têtards et le soir quand son mari est rentré

Elle préfère s'enfermer avec ses invertébrés

Bourrée de complexes

Elle est dérangée

Il n'y a rien à espérer

Il n'y a vraiment qu'à la laisser crever

Tout ça pas' qu'elle a épousé

Un coqu'licot déjà fané

Elle s'est inscrite au Racing pour y apprendre à nager

Les têtards tôt ou tard ont fini par l'inspirer

Et là-bas un beau soir, elle a enfin rencontré

Un sportif, un mastard, un costaud bien baraqué…mais…

Bourré de complexes

Et tout a changé

Car il est v'nu vivre chez eux

Et l' coqu'licot soudain s'est senti mieux

Ayant repris toute sa vigueur

Il a enlevé le maître nageur.

Adieu les complexes

Finis les complexes

Elle a changé d' sexe

Tout est arrangé...

 

Ce qui est assez parisien !

 

 

Boris VIAN

 

 

 

 

 

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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 05:35

 

 

 

 

Que ceux qui ont des couilles lèvent la main !

 

g8-copie-1.jpg

 

 

 

 

 

      ...En attendant la photo du G20 2013.

 

 

*   *   *  

 

 

Plus sérieusement, c’est quoi le G20 ?

Le G20 a été créé en décembre 1999 en réponse aux crises financières qui ont frappé les pays émergents à la fin des années 1990. Il s’agissait à l’origine de réunir une fois par an de façon informelle les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales des pays industrialisés et des pays émergents pour faciliter la concertation internationale en matière économique.

Traversant la plus grave crise économique et financière depuis la seconde guerre mondiale, le G20 s’est transformé fin 2008, sous l’impulsion de la France, en instance de pilotage économique, réunissant au plus haut niveau les grands responsables publics. Lors du Sommet fondateur de Washington de novembre 2008, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont mis d’accord sur des mesures conjointes exceptionnelles pour éviter l’effondrement du système financier et de l’économie mondiale.

Depuis, le G20 s’est réuni régulièrement : à Londres en avril 2009, à Pittsburgh en septembre 2009, à Toronto en juin 2010, à Séoul en novembre 2011, et à Cannes en novembre 2011.

 Il est devenu la principale enceinte de coopération économique et financière, pour refonder la croissance mondiale sur des bases plus saines et plus solides.

 

 

 

 

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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 05:00

 

 

 

 

 

Gérard de Nerval, Aurélia

 

Le Rêve est une seconde vie. Je n'ai pu percer sans frémir ces portes d'ivoire ou de corne qui nous séparent du monde invisible. Les premiers instants du sommeil sont l'image de la mort ; un engourdissement nébuleux saisit notre pensée, et nous ne pouvons déterminer l'instant précis où le moi, sous une autre forme, continue l'oeuvre de l'existence. C'est un souterrain vague qui s'éclaire peu à peu, et où se dégagent de l'ombre et de la nuit les pâles figures gravement immobiles qui habitent le séjour des limbes. Puis le tableau se forme, une clarté nouvelle illumine et fait jouer ces apparitions bizarres : - le monde des Esprits s'ouvre pour nous. Swedenborg appelait ces visions Memorabilia ; il les devait à la rêverie plus souvent qu'au sommeil ; L'Âne d'or d'Apulée, La Divine Comédie de Dante, sont les modèles poétiques de ces études de l'âme humaine. Je vais essayer, à leur exemple, de transcrire les impressions d'une longue maladie qui s'est passée tout entière dans les mystères de mon esprit ; - et je ne sais pourquoi je me sers de ce terme maladie, car jamais, quant à ce qui est de moi-même, je ne me suis senti mieux portant. Parfois, je croyais ma force et mon activité doublées ; il me semblait tout savoir, tout comprendre ; l'imagination m'apportait des délices infinies. En recouvrant ce que les hommes appellent la raison, faudra-t-il regretter de les avoir perdues ?... Cette Vita nuova a eu pour moi deux phases. Voici les notes qui se rapportent à la première. - Une dame que j'avais aimée longtemps et que j'appellerai du nom d'Aurélia, était perdue pour moi. Peu importent les circonstances de cet événement qui devait avoir une si grande influence sur ma vie. Chacun peut chercher dans ses souvenirs l'émotion la plus navrante, le coup le plus terrible frappé sur l'âme par le destin ; il faut alors se résoudre à mourir ou à vivre : - je dirai plus tard pourquoi je n'ai pas choisi la mort. Condamné par celle que j'aimais, coupable d'une faute dont je n'espérais plus le pardon, il ne me restait qu'à me jeter dans les enivrements vulgaires ; j'affectai la joie et l'insouciance, je courus le monde, follement épris de la variété et du caprice; j'aimais surtout les costumes et les moeurs bizarres des populations lointaines, il me semblait que je déplaçais ainsi les conditions du bien et du mal ; les termes, pour ainsi dire, de ce qui est sentiment pour nous autres Français. « Quelle folie, me disais-je, d'aimer ainsi d'un amour platonique une femme qui ne vous aime plus ! Ceci est la faute de mes lectures : j'ai pris au sérieux les inventions des poètes ; et je me suis fait une Laure ou une Béatrix d'une personne ordinaire de notre siècle... Passons à d'autres intrigues et celle-là sera vite oubliée. » L'étourdissement d'un joyeux carnaval dans une ville d'Italie chassa toutes mes idées mélancoliques. J'étais si heureux du soulagement que j'éprouvais, que je faisais part de ma joie à tous mes amis, et, dans mes lettres, je leur donnais pour l'état constant de mon esprit ce qui n'était que surexcitation fiévreuse.

 

 

Gérard de Nerval

Aurélia ou Le Rêve et le Vie, 1853  

Venise.jpeg

 

Venise1.jpeg

 

... L'étourdissement d'un joyeux carnaval dans une ville d'Italie ...

 

 

 


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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 07:00

 

 

 

Rentrée

 

Rentrée des classes    

 

rentree.jpeg 

 

À quoi bon apprendre tant de choses qu'on s'empressera d'oublier sitôt les examens passés ? À cette critique si souvent entendue contre l'enseignement scolaire, Jacqueline de Romilly oppose ici quelques arguments simples, et dont chacun de nous a pu faire l'expérience.

Entre un savoir précis et l'oubli total, il y a bien des degrés. Nos souvenirs peuvent être partiels, flous, incertains : pourtant nous sentons bien qu'ils sont présents en nous. Ils ont laissé des traces et constituent pour l'esprit des repères intellectuels, mais aussi affectifs ou moraux.
 Extraits : 

 

 

(...) l'élève n'aura pas seulement rencontré des exemples de raisonnement. Il n'aura pas fait l'expérience seulement de verdicts, d'opinions, de propositions : il fera aussi, avec les auteurs ou personnages du passé, connaissance avec toutes les émotions possibles ; il aura rencontré tous les bonheurs et tous les malheurs, toutes les causes d'indignation et d'ingratitude, et toutes les aventures : cela aura élargi et enrichi son horizon intérieur. Laissons pour le moment de côté l'enrichissement moral qui, on le devine, compte beaucoup - on y reviendra. Mais d'ores et déjà il est clair que cet enrichissement intérieur joue aussi dans la formation de son esprit. Ce n'est plus le jugement proprement dit qui se forme ici : c'est la compréhension.

 

Compréhension des êtres et des sentiments, compréhension des situations et des passions. Or, le meilleur moyen de réagir sainement dans la vie, est de percevoir les idées et les problèmes avec une profondeur humaine qui seule leur donne leur vrai sens. La compréhension qui naît ainsi chez l'élève est la forme la plus haute de l'intelligence.

 

L'élève qui aura fait ses classes, même modestement, aura ajouté aux souvenirs des contes qui charmaient son enfance tout l'héritage de l'expérience humaine. Il aura conquis un empire avec Alexandre ou Napoléon, il aura perdu une fille avec Victor Hugo, il aura lutté seul sur les mers comme Ulysse ou bien comme Conrad, il aura vécu l'amour, la révolte, l'exil, la gloire. En fait d'expériences, ce n'est pas mal ! Et même s'il a oublié tous les détails, la possibilité de ces grandes aventures reste en lui comme une forme imprécise, mais capable d'éclairer sa très modeste expérience quotidienne et de faire de lui un esprit mieux informé, i.e., plus large et plus sûr.

De plus - et cela compte ! - il aura été habitué à la diversité des jugements possibles et au contraste des divers sentiments ; il aura dû choisir, il aura dû prendre position. Ainsi se forme l'esprit critique. Par rapport à ces opinions de toutes sortes qu'il aura rencontrées, il aura été contraint de s'en former une à lui, qui ne soit pas due à une imitation hâtive des propos entendus autour de lui, mais qui soit éclairée, mûrie, personnelle.

 

Jacqueline de ROMILLY

Le trésor des savoirs oubliés

 

 

 

 

jacqueline-de-romilly.jpg

Jacqueline de Romilly

 

 


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