Dans son beau et touchant poème Les passantes, Antoine POL n’utilise pas d'images fulgurantes, pas de métaphores, pas de mots insolites, pas de combinaisons particulières, pas de mots inattendus, pas de structure originale. Pourtant il touche en plein cœur. Ses illustres prédécesseurs sur le même thème furent d’abord Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie et, bien sûr, Baudelaire.
Car Labrunie (!) eut une vie bien courte. Né à Paris en 1808, il y meurt en 1855. Il est à la tête d’une œuvre poétique considérable, souvent ésotérique, aux frontières incertaines du rêve et du réel.
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !
Mais non, ma jeunesse est finie...
Adieu, doux rayon qui m'a lui,
Parfum, jeune fille, harmonie...
Le bonheur passait, il a fui !
Gérard de Nerval in Odelettes (1832-1839)