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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 06:03

 

 

 

 

Je mènerai mon enfant

 

 

 

 

Je mènerai mon enfant partout où je n’ai pas été

Avec lui sur du marbre blanc, dans les palais d’orient

Je rirai aux gens de couleur

Et aussi sous le soleil clair qui éclaire toute la Terre

Pour ceux qui n’ont jamais pu faire tout ce que j’ai fait,

Pour ceux qui n’ont pas vu

Tout ce que j’ai vu.

 

 

PAUL ELUARD

 

 

 

Picasso.Homme-portant-un-enfant-1965.jpg

PICASSO

Homme portant un enfant, 1965

 

 

 


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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 06:23

 

 

 

 

 

La dame de carreau 

 

 

 

 

Tout jeune, j’ai ouvert mes bras à la pureté. Ce ne fut qu’un battement d’ailes au ciel de mon éternité, qu’un battement de coeur amoureux qui bat dans les poitrines conquises. Je ne pouvais plus tomber.

Aimant l’amour. En vérité, la lumière m’éblouit.

J’en garde assez en moi pour regarder la nuit, toute la nuit, toutes les nuits.

Toutes les vierges sont différentes. Je rêve toujours d’une vierge.

A l’école, elle est au banc devant moi, en tablier noir. Quand elle se retourne pour me demander la solution d’un problème, l’innocence de ses yeux me confond à un tel point que, prenant mon trouble en pitié, elle passe ses bras autour de mon cou.

Ailleurs, elle me quitte. Elle monte sur un bateau. Nous sommes presque étrangers l’un à l’autre, mais sa jeunesse est si grande que son baiser ne me surprend point.

Ou bien, quand elle est malade, c’est sa main que je garde dans les miennes, jusqu’à en mourir, jusqu’à m’éveiller.

Je cours d’autant plus vite à ses rendez-vous que j’ai peur de n’avoir pas le temps d’arriver avant que d’autres pensées me dérobent à moi-même.

Une fois, le monde allait finir et nous ignorions tout de notre amour. Elle a cherché mes lèvres avec des mouvements de tête lents et caressants. J’ai bien cru, cette nuit-là, que je la ramènerais au jour.

Et c’est toujours le même aveu, la même jeunesse, les mêmes yeux purs, le même geste ingénu de ses bras autour de mon cou, la même caresse, la même révélation.

Mais ce n’est jamais la même femme.

Les cartes ont dit que je la rencontrerai dans la vie, mais sans la reconnaître.

Aimant l’amour.

 

 

 

Paul Eluard

Les Dessous d’une vie, 1926.

 

 

 

Man-Ray.-Le-baiser.1922.jpeg

... mais sa jeunesse est si grande

que son baiser ne me surprend point. 

 

MAN RAY

Le baiser, 1922

 

 


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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 06:09

 

 

 

 

 

Eluard-et-Nusch.jpg

 

 

Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.

 

Paul ELUARD

 

 

 


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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 06:02

 

 

Paul-Eluard.jpeg

 

      « Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre »

 

 

 

 

Je t’aime

Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd’hui
Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
Pour la santé
Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
Pour ce cœur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n’es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

 

Paul Eluard 

Le Phénix

 

 

Soutine-Femme-en-rouge.jpeg

Chaïm Soutine

La Femme en rouge

vers 1923-1924

 

 

 

La Femme en rouge (peinte vers 1923-1924) est l’un des plus beaux portraits de Chaïm Soutine. Assis dans un fauteuil au dossier et accoudoirs chantournés, sur un fond gâché vert, le corps désarticulé d’une femme suit les courbes du siège. Ses mains noueuses et surdimensionnées, faites de touches épaisses et mouvementées, sont traitées comme les cous ou les pattes de ses volailles. Le visage, surmonté d’un chapeau improbable, « monstrueux, brouillé, bosselé de meurtrissures, raviné de trous » (Elie Faure), affiche un rictus niais et annonce les déformations psychologiques des idiots de village, des folles, des vieillards séniles qu’il n’a cessé de peindre à la même période. La couleur rouge domine – couleur qu’il affectionne dans ses portraits (robes, éléments d’uniformes des grooms, valets de chambre ou enfants de chœurs) – et crée une sorte de chaos où lignes et volumes se confondent. Par son expressivité et son matiérisme, l’artiste traduit une vision tragique de l’humanité, qu’il partage avec ses maîtres que sont Rembrandt et Goya.

 

Eluard.jpeg 

 

Eugène Emile Paul GRINDEL, dit Paul ELUARD

 

Il meurt le 28 novembre 1952.

Cela fait tout juste soixante ans aujourd'hui.

Retrouvez trente-six poèmes de Paul Eluard en cliquant  ici

 

 

 



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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 06:38

 

 

 

Prête aux baisers résurrecteurs

 

Pauvre je ne peux pas vivre dans l’ignorance

Il me faut voir entendre et abuser

T’entendre nue et te voir nue

Pour abuser de tes caresses

 

Par bonheur ou par malheur

Je connais ton secret par cœur

Toutes les portes de ton empire

Celle des yeux celle des mains

Des seins et de ta bouche où chaque langue fond

Et la porte du temps ouverte entre tes jambes

La fleur des nuits d’été aux lèvres de la foudre

Au seuil du paysage où la fleur rit et pleure

Tout en gardant cette pâleur de perle morte

Tout en donnant ton coeur tout en ouvrant tes jambes

 

Tu es comme la mer tu berces les étoiles

Tu es le champ d’amour tu lies et tu sépares

Les amants et les fous

Tu es la faim le pain la soif l’ivresse haute

 

Et le dernier mariage entre rêve et vertu.

 

 

Paul Eluard

Derniers poèmes d'amour

 

 

 

 

Inspirés par Gala, Dominique et Nusch,

ces vers comptent parmi les plus beaux poèmes d'amour

de la langue française.

 

 

Gala-et-Dali.jpg

Gala et Dali 

C'est dix ans après la disparition d'Eluard, en 1962, que Seghers a rassemblé en un volume les «Derniers Poèmes d'amour», publiés d'abord séparément dans quatre plaquettes: «Le Dur Désir de durer», «Le Temps déborde», «Corps mémorable» et «Le Phénix».On sait que, parmi les surréalistes, Eluard fut le poète de l'amour. Souvent taxée d'ésotérisme, la poésie d'Eluard montre avec éclat qu'elle peut rester accessible, directe, sans rien sacrifier de la profondeur. Les derniers recueils rassemblés dans ce volume s'imposent par leur simplicité, qui n'exclut ni l'audace ni la gravité.

 

 

Picasso-Portrait-d-Nusch-Eluard.-1941.jpg

PICASSO

Portrait de Nusch

1941

 

 

 

 


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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 05:12

 

 

 

Et un sourire particulier pour Emilie...

 

 

Et un sourire

 

 

La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours, puisque je le dis

Puisque je l'affirme

Au bout du chagrin

Une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

Désir à combler, faim à satisfaire

Un coeur généreux

Une main tendue, une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie, la vie à se partager.

 

 

 

Paul Eluard

Le Phénix, 1951

 

 

 

Picabia-Adam-et-Eve-1931.jpg

...Il y a toujours, puisque je le dis...

 

Francis PICABIA

Adam et Eve, 1931

 

 

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11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 05:33

 

 

 

 

Pour se prendre au piège

 

C'est un restaurant comme les autres. Faut-il croire que je ne ressemble à personne ? Une grande femme, à côté de moi, bat des oeufs avec ses doigts. Un voyageur pose ses vêtements sur une table et me tient tête. Il a tort, je ne connais aucun mystère, je ne sais même pas la signification du mot : mystère, je n'ai jamais rien cherché, rien trouvé, il a tort d'insister. L'orage qui, par instants, sort de la brume me tourne les yeux et les épaules. L'espace a alors des portes et de fenêtres. Le voyageur me déclare que je ne suis plus le même. Plus le même ! Je ramasse les débris de toutes mes merveilles. C'est la grande femme qui m'a dit que ce sont des débris de merveilles, ces débris. Je les jette aux ruisseaux vivaces et pleins d'oiseaux. La mer, la calme mer est entre eux comme le ciel dans la lumière. Les couleurs aussi, si l'on me parle des couleurs, je ne regarde plus. Parlez-moi des formes, j'ai grand besoin d'inquiétude.
 Grande femme, parle-moi des formes, ou bien je m'endors et je mène la grande vie, les mains prises dans la tête et la tête dans la bouche, dans la bouche bien close, langage intérieur.

 

Paul Éluard

Mourir de ne pas mourir, 1924

 

 

Marie-Laurencin-Gabrielle-Chanel-1923.jpg

Marie Laurencin

Portrait de Coco Chanel, 1923

 

 


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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 05:12

 

 

 

Mon cœur s'éveille

 

 

Mon corps s'éveille je suis jeune et belle

Et je murmure un air de mon enfance

 

Sur un lit doux mon corps comme un aimant

Dessine un ciel d'étoiles vues en songe

 

Tous m'ont perdue je ne suis à personne

Pourtant je suis comme un miroir tournant

J'offre mon rire aux conquêtes faciles

 

Mes seins ont l'âge d'être caressés

Comme une cloche par l'orage atroce

Comme un pain rare par qui n'a plus faim

 

Je puis borner la puissance des dieux

Et mettre à bas leur imagination

 

Etre mortelle en me reproduisant

Etre éternelle en détruisant le temps

 

Je rougirai quand le froid me prendra

Et je serai de neige dans les flammes

 

Paul ELUARD

Le dur désir de durer, 1946

 

 

 

 

DEGAS.jpg

Mon corps s'éveille je suis jeune et belle...

 

 

 

 

Edgar Degas

 

Degas est au Musée d'Orsay jusqu'au 1er juillet 2012

 

Cette exposition explore l'évolution de Degas dans la pratique du nu, de l'approche académique et historique de ses débuts à l'inscription du corps dans la modernité au cours de sa longue carrière. Occupant avec les danseuses et les chevaux une place prédominante dans l'oeuvre de l'artiste, les nus sont présentés à travers toutes les techniques pratiquées par Degas, la peinture, la sculpture, le dessin, l'estampe et surtout le pastel qu'il porte à son plus haut degré d'achèvement.
Organisée avec le Museum of Fine Arts, Boston, l'exposition bénéficie du très riche fonds d'oeuvres graphiques du musée d'Orsay, rarement montré pour des raisons de conservation, auxquels s'adjoignent des prêts exceptionnels des plus grandes collections, comme celles du Philadelphia Museum of Art, de l'Art Institute de Chicago ou du Metropolitan Museum of Art de New York. (source Musée d'Orsay)

 


 

degas-2.jpeg

 


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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 05:48

 

 

 

Alphaville est un film de Jean-Luc Godard sorti en 1965. Le rôle principal est incarné par son épouse, la très belle et très troublante Anna Karina. Elle y récite Eluard. 

 

 

 

 

 

 

 

Ta voix, tes yeux, tes mains, tes lèvres.
Nos silences, nos paroles. 
La lumière qui s'en va, la lumière qui revient.
Un seul sourire pour nous deux. Pas besoin de savoir.
J'ai vu la nuit créer le jour sans que nous changions d'apparence.
O bien aimée de tous, bien aimée d'un seul, en silence ta bouche a promis d'être heureuse.
De loin en loin dit la haine, de proche en proche dit l'amour.
Par la caresse nous sortons de notre enfance.
Je vois de mieux en mieux la forme humaine, comme un dialogue d'amoureux.
Le coeur n'a qu'une seule bouche.
Toutes les choses au hasard, tous les mots dits sans y penser.
Les sentiments à la dérive.
Les hommes tournent dans la ville.
Le regard, la parole et le fait que je t'aime, tout est en mouvement.
Il suffit d'avancer pour vivre, d'aller droit devant soi vers tous ceux que l'on aime.
J'allais vers toi. J'allais sans fin vers la lumière.
Si tu souris, c'est pour mieux m'envahir. 
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard.

 

 

Paul Eluard

Capitale de la Douleur, 1926

 

 


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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 05:12

 

 

 

 

Merci Corinne, Nadia, Patrick, Soluto, Joël,  

 Merci à tous ceux, inconnus, qui se sont manifestés par courriel.

 

Voici pour tous, choisi dans Le Phénix, le dernier recueil publié avant sa mort, un poème d’espoir de Paul Eluard :

 

 

Et un sourire

 

 

La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours, puisque je le dis

Puisque je l'affirme

Au bout du chagrin

Une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

Désir à combler, faim à satisfaire

Un coeur généreux

Une main tendue, une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie, la vie à se partager.

 

 

 

Paul Eluard

Le Phénix, 1951

 

 

 



 

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