Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
Le fossoyeur qui chante et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l’air, lançant son svelte trille,
Le prêtre en blanc surplis, qui prie allègrement,
L’enfant de choeur avec sa voix fraîche de fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S’installe le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux drille,
Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis tout rondelets, sous leur frac écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,
Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, coeurs élargis, fronts où flotte une gloire,
Les héritiers resplendissants !
Note : Ce poème ne figure dans aucun recueil. Il a été publié dans deux revues : L'Écho de Paris (10 mai 1891) et La Plume (février 1896). La date de composition est incertaine.
Source : Verlaine. Œuvres poétiques complètes, La Pléiade, note p. 1091.
Illustration : Pour égayer les enterrements, une rare Maserati quattroporte
transformée en corbillard.