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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 05:07

 

 

 

 

 

Un poète

 

Un poète

C'est un être unique

A des tas d'exemplaires

Qui ne pense qu'en vers

Qui n'écrit qu'en musique

Sur des sujets divers

Des rouges ou des verts

Mais toujours magnifiques.

 

 

Boris VIAN

 

 

 

 

rouge-et-vert.jpg

... Des rouges ou des verts ...

 

 

 

 


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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 05:04

 

 

 

M.Proust.jpg

 

 

La mer fascinera toujours ceux chez qui le dégoût de la vie et l'attrait du mystère ont devancé les premiers chagrins, comme un pressentiment de l'insuffisance de la réalité à les satisfaire. Ceux-là qui ont besoin de repos avant d'avoir éprouvé encore aucune fatigue, la mer les consolera, les exaltera vaguement. Elle ne porte pas comme la terre les traces des travaux des hommes et de la vie humaine. Rien n'y demeure, rien n'y passe qu'en fuyant, et des barques qui la traversent, combien le sillage est vite évanoui! De là cette grande pureté de la mer que n'ont pas les choses terrestres. Et cette eau vierge est bien plus délicate que la terre endurcie qu'il faut une pioche pour entamer. Le pas d'un enfant sur l'eau y creuse un sillon profond avec un bruit clair, et les nuances unies de l'eau en sont un moment brisées; puis tout vestige s'efface, et la mer est redevenue calme comme aux premiers jours du monde. Celui qui est las des chemins de la terre ou qui devine, avant de les avoir tentés, combien ils sont âpres et vulgaires, sera séduit par les pâles routes de la mer, plus dangereuses et plus douces, incertaines et désertes. Tout y est plus mystérieux, jusqu'à ces grandes ombres qui flottent parfois paisiblement sur les champs nus de la mer, sans maisons et sans ombrages, et qu'y étendent les nuages, ces hameaux célestes, ces vagues ramures.

 

 

La mer a le charme des choses qui ne se taisent pas la nuit, qui sont pour notre vie inquiète une permission de dormir, une promesse que tout ne va pas s'anéantir, comme la veilleuse des petits enfants qui se sentent moins seuls quand elle brille. Elle n'est pas séparée du ciel comme la terre, est toujours en harmonie avec ses couleurs, s'émeut de ses nuances les plus délicates. Elle rayonne sous le soleil et chaque soir semble mourir avec lui. Et quand il a disparu, elle continue à le regretter, à conserver un peu de son lumineux souvenir, en face de la terre uniformément sombre. C'est le moment de ses reflets mélancoliques et si doux qu'on sent son coeur se fondre en les regardant. Quand la nuit est presque venue et que le ciel est sombre sur la terre noircie, elle luit encore faiblement, on ne sait par quel mystère, par quelle brillante relique du jour enfouie sous les flots.

 

 

Elle rafraîchit notre imagination parce qu'elle ne fait pas penser à la vie des hommes, mais elle réjouit notre âme, parce qu'elle est, comme elle, aspiration infinie et impuissante, élan sans cesse brisé de chutes, plainte éternelle et douce. Elle nous enchante ainsi comme la musique, qui ne porte pas comme le langage la trace des choses, qui ne nous dit rien des hommes, mais qui imite les mouvements de notre âme. Notre coeur en s'élançant avec leurs vagues, en retombant avec elles, oublie ainsi ses propres défaillances, et se console dans une harmonie intime entre sa tristesse et celle de la mer, qui confond sa destinée et celle des choses.

 

 

Marcel Proust

Les plaisirs et les jours

 

 

 

 

Les Plaisirs et les Jours est un recueil de poèmes en prose et de nouvelles publié par Marcel Proust en 1896 chez Calmann-Lévy.

Il s'agit du premier ouvrage de son auteur, qui cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction de son grand œuvre À la recherche du temps perdu.

 

 

Gala nue...75

 

DALI

Gala nue regardant la mer qui à 18 mètres apparaît le president Lincoln

1975

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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 11:16

 

 

 

 

cJoel-GUEGOUN.jpg

©Joël GUENOUN

 

 

 

 

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 08:50

 

 

 

 

 

 

Nous restons où nous sommes

Nous restons où nous sommes arrivés.

 

Pourtant nous ne restons pas là où nous sommes

Nous ne restons pas où nous sommes arrivés.

 

Là où nous sommes tantôt nous restons, tantôt non.

Là où nous ne sommes pas arrivés, tantôt nous restons

tantôt nous ne restons pas (nous partons).

 

Là où nous sommes venus il se peut

Que nous restions il se peut que nous ne restions pas.

 

Là où tu es venu, resteras-tu?

Ne cesseras-tu de partir, au lieu d'arriver, de rester?

Ne finiras-tu pas d'arriver

et tantôt de rester et tantôt de partir?

 

Toi qui restes, penses-tu ne jamais partir?

Toi qui pars, saurais-tu, pourrais-tu rester ou revenir?

Est-il possible à la fois de rester de partir,

de ne pas rester de ne pas partir?

 

Tout est dissemblable tout se ressemble

ce qui part ce qui reste

ce qui est ce qui n'est pas

Ce que l'on dit a trop de sens n'a pas de sens.

 

 

Jean TARDIEU

Formeries

1976

 

 

Jean-Tardieu.jpg

Né à Saint-Germain-de-Joux (Ain) le 1er novembre 1903, Jean Tardieu fait ses études à Paris. Il devient rédacteur aux Musées nationaux, puis aux Editions Hachette jusqu'en 1939. Après la guerre il entre à la Radiodiffusion française. Traducteur de Goethe et de Hölderlin, il a reçu le Grand Prix de la Société des gens de lettres en 1986. Il meurt le 27 janvier 1995 à Créteil.

 


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23 juin 2013 7 23 /06 /juin /2013 09:00

 

 

 

 

 

…Le langage de la poésie m'est toujours apparu comme celui qui rend le compte le plus juste de nos vies dans toutes leurs dimensions, celui qui peut réconcilier fumée et parfum; celui qui sait tirer un chant, ou une simple chanson, de nos peines légères ou violentes, de nos voyages - dans le temps, dans l'espace du dehors comme dans celui du dedans -, qui bâtit une musique même à partir de l'ombre et de l'absence, qui fait scintiller pour notre joie même la course des jours. Oui, cela brille, cela luit ou brûle dans la main ouverte. Une constellation tout près de nous, dans la main ouverte, dans le livre ouvert. Je ne crois pas qu'il faille en dire plus...

 

 

 

Philippe JACCOTTET


Extrait de : Une Constellation, tout près - choix de poètes d'expression française du XXè siècle, Editions La Dogana, mars 2002

 

      *      *

 

Incipit de l'ouvrage :    

«Was bleibet aber» («Mais ce qui demeure»), tel est, emprunté à un vers de Hölderlin dans «Souvenir» (Mais ce qui demeure, les poètes le fondent), l'intitulé d'un cahier qui, à la date d'avril 1984, s'ouvre sur ces mots: «une idée qui durera ce qu'elle durera: noter, par une relecture non systématique des poètes ce qui demeure pour moi - ce qui m'atteint encore, sans esprit d'objectivité ou intention d'histoire littéraire. En me bornant d'abord aux oeuvres d'après 1900, et françaises.» La page continue, très significativement, ainsi: «Je rouvre cette Cantate à trois voix achetée en 1942. Là, la recherche du mot «joie» n'avait pas lieu d'être, car la plénitude y est, presque sans faille: la rose, le cercle - celui des montagnes», et s'achève par une première citation: Toutes les sources de bien loin entendent sa voix, comme les vaches qui de cime en cime répondent à la corne du pasteur.(...)

 

Philippe-Jaccottet-1991-Erling-Mandelmann.jpg

Photo ©Erling Mandelmann, 1991

 

 

 

Ndlr

«Une idée qui durera ce qu'elle durera: noter, par une relecture non systématique des poètes ce qui demeure pour moi - ce qui m'atteint encore, sans esprit d'objectivité ou intention d'histoire littéraire.» Cette phrase de Jaccottet définit et illustre à la lettre l'objet du travail effectué sur Nuageneuf.

 

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 05:00

 

 

 

 

A Madame G

 

Dans dix ans d’ici seulement,

Vous serez un peu moins cruelle.

C’est long, à parler franchement.

L’amour viendra probablement

Donner à l’horloge un coup d’aile.


Votre beauté nous ensorcelle,

Prenez-y garde cependant :

On apprend plus d’une nouvelle

                  En dix ans.


Quand ce temps viendra, d’un amant

Je serai le parfait modèle,

Trop bête pour être inconstant,

Et trop laid pour être infidèle.

Mais vous serez encor trop belle

                  Dans dix ans.

 

Alfred de Musset

1810 - 1857

 

 

 

Jeune-femme-Raphael.jpg

...Votre beauté nous ensorcelle,...

 

RAPHAEL

Portrait de Jeune femme, vers 1520

La toile est conservée au musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

 


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20 juin 2013 4 20 /06 /juin /2013 09:00

 

 

 

 

NOUVELLE LUNE

 

 

 

L’ongle de la lune repousse.

 

Le soleil a disparu. On se retourne : la lune est là. Elle suivait, sans rien dire, modeste et patiente imitatrice.

 

La lune exacte est revenue. L’homme attendait, le cœur comprimé dans les ténèbres, si heureux de la voir qu’il ne sait plus ce qu’il voulait lui dire.

 

De gros nuages blancs s’approchent de la pleine lune comme des ours d’un gâteau de miel.

 

Le rêveur s’épuise à regarder la lune sans aiguilles et qui ne marque rien, jamais rien.

 

On se sent tout à coup mal à l’aise. C’est la lune qui s’éloigne et emporte nos secrets. On voit encore à l’horizon le bout de son oreille.

 

 

 

 

Jules RENARD

Histoires naturelles

 


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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 05:00

 

 

Il y a des choses que je ne dis à Personne Alors 


Il y a des choses que je ne dis à Personne Alors

Elles ne font de mal à personne Mais

Le malheur c’est

Que moi

Le malheur le malheur c’est

Que moi ces choses je les sais

 

Il y a des choses qui me rongent La nuit

Par exemple des choses comme

Comment dire comment des choses comme des songes

Et le malheur c’est que ce ne sont pas du tout des songes

 

Il y a des choses qui me sont tout à fait

Mais tout à fait insupportables même si

Je n’en dis rien même si je n’en

Dis rien comprenez comprenez-moi bien

 

Alors ça vous parfois ça vous étouffe

Regardez regardez-moi bien

Regardez ma bouche

Qui s’ouvre et ferme et ne dit rien

 

Penser seulement d’autre chose

Songer à voix haute et de moi

Mots sortent de quoi je m’étonne

Qui ne font de mal à personne

 

Au lieu de quoi j’ai peur de moi

De cette chose en moi qui parle

 

Je sais bien qu’il ne le faut pas

Mais que voulez-vous que j’y fasse

Ma bouche s’ouvre et l’âme est là

Qui palpite oiseau sur ma lèvre

 

O tout ce que je ne dis pas

Ce que je ne dis à personne

Le malheur c’est que cela sonne

Et cogne obstinément en moi

Le malheur c’est que c’est en moi

Même si n’en sait rien personne

Non laissez-moi non laissez-moi

Parfois je me le dis parfois

Il vaut mieux parler que se taire

 

Et puis je sens se dessécher

Ces mots de moi dans ma salive

C’est là le malheur pas le mien

Le malheur qui nous est commun

Épouvantes des autres hommes

Et qui donc t’eut donné la main

Étant donné ce que nous sommes

 

Pour peu pour peu que tu l’aies dit

Cela qui ne peut prendre forme

Cela qui t’habite et prend forme

Tout au moins qui est sur le point

Qu’écrase ton poing

Et les gens Que voulez-vous dire

Tu te sens comme tu te sens

Bête en face des gens Qu’étais-je

Qu’étais-je à dire Ah oui peut-être

Qu’il fait beau qu’il va pleuvoir qu’il faut qu’on aille

Où donc Même cela c’est trop

Et je les garde dans les dents

Ces mots de peur qu’ils signifient

 

Ne me regardez pas dedans

Qu’il fait beau cela vous suffit

Je peux bien dire qu’il fait beau

Même s’il pleut sur mon visage

Croire au soleil quand tombe l’eau

Les mots dans moi meurent si fort

Qui si fortement me meurtrissent

Les mots que je ne forme pas

Est-ce leur mort en moi qui mord

 

Le malheur c’est savoir de quoi

Je ne parle pas à la fois

Et de quoi cependant je parle

 

C’est en nous qu’il nous faut nous taire

 

Louis Aragon

Le fou d'Elsa 

 

 

aragon-par-Matisse.jpg 

Henri Matisse

Aragon

 

 

... O tout ce que je ne dis pas

Ce que je ne dis à personne

Le malheur c’est que cela sonne

Et cogne obstinément en moi ...


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17 juin 2013 1 17 /06 /juin /2013 07:02

 

 

 

 

Sonnet

 

 

A madame G. 

 

 

C'est mon avis qu'en route on s'expose à la pluie,

Au vent, à la poussière, et qu'on peut, le matin,

S'éveiller chiffonnée avec un mauvais teint,

Et qu'à la longue, en poste, un tête-à-tête ennuie.

 

 

C'est mon avis qu'au monde il n'est pire folie

Que d'embarquer l'amour pour un pays lointain.

Quoi qu'en dise Héloïse ou madame Cottin,

Dans un miroir d'auberge on n'est jamais jolie.

 

 

C'est mon avis qu'en somme un bas blanc bien tiré,

Sur une robe blanche un beau ruban moiré,

Et des ongles bien nets, sont le bonheur suprême.

 

 

Que dites-vous, madame, à ce raisonnement ?

Un point, à ce sujet, m'étonne seulement :

C'est qu'on n'a pas le temps d'y penser quand on aime.

 

 

 

 

Alfred de MUSSET   

1810-1857

 

 

 

1936--Deshabille-in-Femina.jpg

Magazine FEMINA, 1936

 

 

Robe-de-Lucien-Lelong-mai-34.jpg

Lucien Lelong, couturier.

Magazine FEMINA, mai 1934

 

 

...Sur une robe blanche un beau ruban moiré, ...

 

 


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16 juin 2013 7 16 /06 /juin /2013 05:00

 

 

 

"Le génie c'est l'enfance retrouvée à volonté."  

Charles Baudelaire

 

 

      * * *

 


Festins de poèmes, cocktails de fables !

Les poèmes ne croquent pas le monde de l'enfance mais l'enfance du monde. Ils mitonnent la saveur épicée de la vie, de l'amour et de la mort...

Les enfants, en fins gourmets, les dégustent goulûment et, après les avoir digérés, les font mijoter dans la grande casserole de leur imagination gourmande pour les resservir à leur sauce à d'autres affamés salivant d'impatience.

Les poèmes sont éternels et intemporels, ils sautent d'enfants en enfants, ils reviennent de bouches en oreilles, ils changent souvent de goût, de couleur, de ton, de style mais, quel que soit le régime subi, ils ne perdent jamais leur sens symbolique.

Tous les enfants sont des goûteurs d'histoires ou (et) des conteurs, gourmands impénitents ou ogres plus affamés que ceux des fables.

 

Tous les enfants ont la langue bien pendue

et les oreilles aussi grandes que le monde. 

 

 

Lechim Authex

 

 

 

Mere-et-enfant-Tamara-de-lempicka.jpg

Tamara de Lempicka

Mère et enfant

 

 

 

Wayne-F.Miller.jpg

©Wayne F.MILLER.

Merci à Pop9

 

 

 

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