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22 mai 2013 3 22 /05 /mai /2013 10:15

 

 

 

 

desnos

 

 

 

Jamais d'autre que toi

 

 

Jamais d'autre que toi en dépit des étoiles et des solitudes

En dépit des mutilations d'arbre à la tombée de la nuit

Jamais d'autre que toi ne poursuivra son chemin qui est le mien

Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s'agrandit

Jamais d'autre que toi ne saluera la mer à l'aube quand

Fatigué d'errer moi sorti des forêts ténébreuses et

Des buissons d'orties je marcherai vers l'écume

Jamais d'autre que toi ne posera sa main sur mon front

Et mes yeux

Jamais d'autre que toi et je nie le mensonge et l'infidélité

 

 

L'aigle prisonnier dans une cage ronge lentement les barreaux

De cuivre vert-de-grisés

Quelle évasion!

C'est le dimanche marqué par le chant des rossignols

Dans les bois d'un vert tendre l'ennui des petites

Filles en présence d'une cage où s'agite un serin

Tandis que dans la rue solitaire le soleil lentement

Déplace sa ligne mince sur le trottoir chaud

Nous passerons d'autres lignes

Jamais jamais d'autre que toi

Et moi seul seul seul comme le lierre fané des jardins

De banlieue seul comme le verre

Et toi jamais d'autre que toi.

Ce navire à l'ancre tu peux couper sa corde

Jamais d'autre que toi.

 

Robert DESNOS

Corps et biens, 1927

section Les ténèbres, XXI

 

 

 

 

Plus-tu-t-eloignes-et-plus-ton-ombre-s-agrandit.jpg

    ... Jamais d'autre que toi ...

 

 


 

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21 mai 2013 2 21 /05 /mai /2013 15:03

 

 

 

 

 

maquette.jpg

 

 

 

« En avançant sur le parvis et dans les jardins qui relieront le centre-ville de Metz et la gare au Centre Pompidou-Metz, le visiteur découvrira un édifice aux tons clairs et lumineux, puissant et léger à la fois, invitant à s’abriter sous son toit protecteur. Nous avons imaginé une architecture qui traduise l’ouverture, le brassage des cultures et le bien-être, dans une relation immédiate et sensorielle avec l’environnement. »

Shigeru Ban et Jean de Gastines

 

pompidou-metz.jpg

 

Le nouveau musée du Centre Pompidou de Metz. Hall d'accueil.

 

 

  se traduit comme suit : Shigeru Ban. Ban, né à Tokyo en 1957, est l'architecte et le concepteur du nouveau musée du Centre Pompidou de Metz, associé à Jean de Gastines. La toiture en forme de chapeau chinois se déploie sur 10 700m2. C’est une immense charpente en lamellé-collé, composée d’un singulier assemblage maillé d’étoiles de David. A ce jour, aucune explication ne semble avoir été donnée sur le rapport entre le chapeau chinois dont Ban a dit s'être inspiré et les étoiles de David.

 

 

 


Fleur-de-Lys.jpg

                Une fleur de lys

 

 

Pour les Hébreux, le lys est l’emblème des douze tribus d’Israël, ce qui s’explique par le fait que vue de haut, cette fleur épouse la forme de l’étoile de David, cette étoile se divisant en douze triangles équilatéraux, chacun représentant une des tribus.

 

 

 

 

 

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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 05:04


 

À MONSIEUR GASTON CALMETTE


Comme un témoignage de profonde et affectueuse reconnaissance.

Marcel Proust.


Première partie


Combray


I


Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je m'endors. » Et, une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait ; je voulais poser le volume que je croyais avoir dans les mains et souffler ma lumière ; je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n'était plus allumé. Puis elle commençait à me devenir inintelligible, comme après la métempsycose les pensées d'une existence antérieure ; le sujet du livre se détachait de moi, j'étais libre de m'y appliquer ou non ; aussitôt je recouvrais la vue et j'étais bien étonné de trouver autour de moi une obscurité, douce et reposante pour mes yeux, mais peut-être plus encore pour mon esprit, à qui elle apparaissait comme une chose sans cause, incompréhensible, comme une chose vraiment obscure. Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j'entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d'un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu'il suit va être gravé dans son souvenir par l'excitation qu'il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.


J'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance. Je frottais une allumette pour regarder ma montre. Bientôt minuit. C'est l'instant où le malade, qui a été obligé de partir en voyage et a dû coucher dans un hôtel inconnu, réveillé par une crise, se réjouit en apercevant sous la porte une raie de jour. Quel bonheur ! c'est déjà le matin ! Dans un moment les domestiques seront levés, il pourra sonner, on viendra lui porter secours. L'espérance d'être soulagé lui donne du courage pour souffrir. Justement il a cru entendre des pas ; les pas se rapprochent, puis s'éloignent. Et la raie de jour qui était sous sa porte a disparu. C'est minuit ; on vient d'éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.


Je me rendormais, et parfois je n'avais plus que de courts réveils d'un instant, le temps d'entendre les craquements organiques des boiseries, d'ouvrir les yeux pour fixer le kaléidoscope de l'obscurité, de goûter grâce à une lueur momentanée de conscience le sommeil où étaient plongés les meubles, la chambre, le tout dont je n'étais qu'une petite partie et à l'insensibilité duquel je retournais vite m'unir. Ou bien en dormant j'avais rejoint sans effort un âge à jamais révolu de ma vie primitive, retrouvé telle de mes terreurs enfantines comme celle que mon grand-oncle me tirât par mes boucles et qu'avait dissipée le jour – date pour moi d'une ère nouvelle – où on les avait coupées. J'avais oublié cet événement pendant mon sommeil, j'en retrouvais le souvenir aussitôt que j'avais réussi à m'éveiller pour échapper aux mains de mon grand-oncle, mais par mesure de précaution j'entourais complètement ma tête de mon oreiller avant de retourner dans le monde des rêves.

 

 

Marcel PROUST

Du côté de chez Swann

 

 

Un excellent document sur Marcel Proust

©ARTE, 1992

 

 

 

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19 mai 2013 7 19 /05 /mai /2013 10:09

 

 

 

Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux. 

Comme le soleil fait serein ou pluvieux 

L'azur dont il est l'âme et que sa clarté dore, 

Tu peux m'emplir de brume ou m'inonder d'aurore. 

Du haut de ta splendeur, si pure qu'en ses plis, 

Tu sembles une femme enfermée en un lys, 

Et qu'à d'autres moments, l'oeil qu'éblouit ton âme 

Croit voir, en te voyant, un lys dans une femme. 

Si tu m'as souri, Dieu! tout mon être bondit! 

Si, Madame, au milieu de tous, vous m'avez dit, 

A haute voix: «Bonjour, Monsieur», et bas: «Je t'aime!» 

Si tu m'as caressé de ton regard suprême, 

Je vis! je suis léger, je suis fier, je suis grand; 

Ta prunelle m'éclaire en me transfigurant; 

J'ai le reflet charmant des yeux dont tu m'accueilles; 

Comme on sent dans un bois des ailes sous les feuilles, 

On sent de la gaîté sous chacun de mes mots; 

Je cours, je vais, je ris; plus d'ennuis, plus de maux; 

Et je chante, et voilà sur mon front la jeunesse! 

Mais que ton coeur injuste, un jour, me méconnaisse; 

Qu'il me faille porter en moi, jusqu'à demain, 

L'énigme de ta main retirée à ma main; 

-- Qu'ai-je fait? qu'avait-elle? Elle avait quelque chose. 

Pourquoi, dans la rumeur du salon où l'on cause, 

Personne n'entendant, me disait-elle vous? -- 

Si je ne sais quel froid dans ton regard si doux 

A passé comme passe au ciel une nuée, 

Je sens mon âme en moi toute diminuée; 

Je m'en vais, courbé, las, sombre comme un aïeul; 

Il semble que sur moi, secouant son linceul, 

Se soit soudain penché le noir vieillard Décembre; 

Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre; 

Le chagrin -- âge et deuil, hélas! ont le même air, -- 

Assombrit chaque trait de mon visage amer, 

Et m'y creuse une ride avec sa main pesante. 

Joyeux, j'ai vingt-cinq ans; triste, j'en ai soixante.                

 

Paris, juin 18... 

 

 

 

Victor Hugo 

Les Contemplations

Livre II, L’âme en fleur, VIII, 1856

 

 

 

lys--.jpg

(...)Du haut de ta splendeur, si pure qu'en ses plis, 

Tu sembles une femme enfermée en un lys, (...)

 

 

 

poete-sans-Ch.png

(...) Comme un loup dans son trou, je rentre dans ma chambre; ...
... Joyeux, j'ai vingt-cinq ans; triste, j'en ai soixante.
  

* Merci à l'une de nos lectrices pour l'envoi de ce poème de V.HUGO.
** Merci également à l'une de nos lectrises de nous avoir confié sa photo illustrant sa passion d'Ulysse



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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 12:00

 

 

 

 

TRENET.jpeg

 

 

18 mai 1913 - 18 mai 2013

 

 

 

Charles Trenet (né Louis-Charles-Augustin-Georges Trenet

le 18 mai 1913 à Narbonne - mort le 19 février 2001 à Créteil) est

un poète auteur-compositeur-interprète français.

 

 

Surnommé « le Fou chantant », il est l'auteur de près de mille

chansons, dont certaines, comme La Mer, Y'a d'la joie,

L'Âme des poètes, ou encore Douce France, demeurent des succès

populaires intemporels, bien au-delà même de la francophonie.

 

 

 

 

A la porte du garage, 1958

      (enregistré lors de l'émission 36 chandelles de Jean Nohain)

 

 

Le fou chantant aurait cent ans. Toute sa vie, de Narbonne à Paris, il est resté « fidèle » à « la mer » qu’on voit danser les « jolies sardanes » sous « le soleil et la lune ».

Il était difficile de « passer sans le voir », le Fou qui entonnait « Je chante »  de « Ménilmontant » à « la Cité de Carcassonne » en passant par « la gare de Perpignan », pour aller dans ce port, tout là-bas : « Barcelone » .

 

Tantôt « Fleur Bleue », tantôt « Juste Pour Rire », Trenet avait « l’âme d’un poète » sous son chapeau mou. Et « Vrai ! Vrai ! Vrai ! », « y’avait d’la joie » dans ses « pauvres chansons », auxquelles il laissait toujours une « chance ». Qu’il « pleuve sur nos chaumières »  ou sur « la Nationale 7 » il y a toujours un Trenet qui s’avance pour « Faire la course avec le train » et s’écrier « Boum », « Grand-maman, c’est New York ». Oui, Trenet a cultivé son « jardin extraordinaire » sur tous les continents et le voilà aujourd’hui « En tournée » dans les Nuages.

« Le dernier troubadour » pourra encore chanter « Au revoir mes amis », on continuera de l’attendre « à la porte du garage » et tant pis si le ciel est gris, « quand les beaux jours seront là », Trenet y sera…

 

 

 

Anecdote :
TRENET n'a jamais caché son homosexualité. Dans cette chanson, il précisait qu'il convenait d'entendre " Je tâte André etc..." et non "Je t'attendrai". 

 

 

 

 

 

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17 mai 2013 5 17 /05 /mai /2013 08:20

 

 

 

Nous deux

 

 

Nous deux nous tenant par la main

 

 

Nous nous croyons partout chez nous

 

 

Sous l’arbre doux sous le ciel noir

 

 

lire la suite ici

 

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16 mai 2013 4 16 /05 /mai /2013 05:09

 

 

paul-jean-toulet.jpg

 

Paul-Jean TOULET    

 

 

*

 

 

Il pleuvait    

 

Il pleuvait. Les tristes étoiles
    Semblaient pleurer d’ennui.
Comme une épée, à la minuit,
    Tu sautas hors des toiles.

— Minuit ! Trouverai-je une auto,
    Par ce temps ? Et le pire,
C’est mon mari. Que va-t-il dire,
    Lui qui rentre si tôt ?

— Et s’il vous voyait sans chemise,
    Vous, toute sa moitié ?
— Ne jouez donc pas la pitié.
    — Pourquoi ?... Doublons la mise.

 

Paul-Jean Toulet 

Contrerimes, 6.

 

 

 

 

Buffet

...— Et s’il vous voyait sans chemise, ...

 

Bernard BUFFET

 Jeux de dames, 1970.



Paul-Jean Toulet (1867-1920) est un écrivain et poète français, célèbre par ses Contrerimes, une forme poétique qu’il a créée.

 
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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 07:08

 

 

 

 

STOP-ART--.jpg

 

 

 

 

 

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 06:55

 

 

 

 

LLS-17-.jpg
©Andy RILEY
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14 mai 2013 2 14 /05 /mai /2013 05:02

 

 

 

 

On a si peu de temps à s’aimer sur la terre !

 
Oh ! qu’il faut se hâter de dépenser son cœur !

 

 

Marceline Desbordes-Valmore

Révélation, 1833.

 

 

 

Appelez la « Marceline » 

La bibliothèque municipale de Douai dans le Nord porte désormais le nom de Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore.
Il n’y a pas eu de baptême officiel mais le nom de « Marceline » est sur le bâtiment et nous pouvions prendre la liberté de donner à la bibliothèque le prénom de cette douaisienne de génie. 

Marceline Desbordes a quitté Douai à l’âge de dix ans en 1796 et n’y est revenue bien plus tard que pour de courts séjours chez des amis, lors de voyages pour des destinations plus lointaines. Elle a gardé toute sa vie une nostalgie de son  enfance douaisienne embellie dans ses souvenirs et a chanté sa ville natale dans ses vers. Elle en a aussi beaucoup parlé dans ses lettres à ses très nombreux correspondants, dont les douaisiens Saudeur, Duthilloeul et Obez, et surtout à son frère Félix Desbordes qui est mort en 1851 à l’Hospice de la rue du Canteleu. 

Donner à la bibliothèque le nom de « Marceline », comme on dit affectueusement et pour faire court, était aussi une justice à rendre à cette autodidacte de génie, grande amoureuse, auteur à succès, épistolière fébrile et femme d’une générosité hors de toute norme commune à son époque. La Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore conserve plus de 10 000 manuscrits de la poétesse : lettres autographes, copies anciennes de lettres, manuscrits d’œuvres poétiques, notes diverses et épreuves imprimées corrigées. 

 

 

 

Pierre-Jacques Lamblin

 Directeur de la bibliothèque

 

 

 

Marceline statue 

La statue de Marceline

photo Nuageneuf

 

 

 

Quelques poèmes de Marceline clic-clic

 

 


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