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2 mai 2013 4 02 /05 /mai /2013 09:06

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER -

COMMENT CANDIDE FUT ÉLEVÉ DANS UN BEAU CHÂTEAU,

ET COMMENT IL FUT CHASSÉ D'ICELUI

 

Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps.

Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.

Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère.

Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.

« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »

Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment ; car il trouvait Mlle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le quatrième, d'entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre.

Un jour, Cunégonde, en se promenant auprès du château, dans le petit bois qu'on appelait parc, vit entre des broussailles le docteur Pangloss qui donnait une leçon de physique expérimentale à la femme de chambre de sa mère, petite brune très jolie et très docile. Comme Mlle Cunégonde avait beaucoup de dispositions pour les sciences, elle observa, sans souffler, les expériences réitérées dont elle fut témoin ; elle vit clairement la raison suffisante du docteur, les effets et les causes, et s'en retourna tout agitée, toute pensive, toute remplie du désir d'être savante, songeant qu'elle pourrait bien être la raison suffisante du jeune Candide, qui pouvait aussi être la sienne.

Elle rencontra Candide en revenant au château, et rougit ; Candide rougit aussi ; elle lui dit bonjour d'une voix entrecoupée, et Candide lui parla sans savoir ce qu'il disait. Le lendemain après le dîner, comme on sortait de table, Cunégonde et Candide se trouvèrent derrière un paravent ; Cunégonde laissa tomber son mouchoir, Candide le ramassa, elle lui prit innocemment la main, le jeune homme baisa innocemment la main de la jeune demoiselle avec une vivacité, une sensibilité, une grâce toute particulière ; leurs bouches se rencontrèrent, leurs yeux s'enflammèrent, leurs genoux tremblèrent, leurs mains s'égarèrent. M. le baron de Thunder-ten-tronckh passa auprès du paravent, et voyant cette cause et cet effet, chassa Candide du château à grands coups de pied dans le derrière ; Cunégonde s'évanouit ; elle fut souffletée par madame la baronne dès qu'elle fut revenue à elle-même ; et tout fut consterné dans le plus beau et le plus agréable des châteaux possibles.


VOLTAIRE

Candide ou l'optimiste

Chapitre 1

 

 

Candide-manuscrit.jpeg

 

Le manuscrit de Candide – dit « manuscrit La Vallière », du nom du célèbre bibliophile à qui Voltaire offrit ce manuscrit a récemment été mis en ligne sur le site de Gallica, clic-clic

Ce manuscrit a été numérisé en début d’année dans les ateliers, sur site, de la société Azentis.

 


Ce manuscrit, qui est le seul connu à porter des corrections autographes de Voltaire, est une copie de la main de son secrétaire, Nicolas Wagnière. Il fut offert par l’écrivain au duc de La Vallière avant même la publication de Candide en février 1759. Il est aujourd’hui conservé à la bibliothèque de l’Arsenal.

 

 


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1 mai 2013 3 01 /05 /mai /2013 05:02

 

 

 

 

De premier mai en premier mai

 

 

 

Comme si nous étions les feuilles d'un même arbre

Nous sommes rassemblés par le vent étouffant

Misère c'est la nuit et guerre le déluge

Du miroir qu'on nous tend ne reste que le plomb.

 

Et ce n'est pas d'hier mais de toujours qu'on ose

Nous promettre au néant nous qui rajeunissons

À chaque bon baiser comme à chaque printemps

Nous qui puisons dans l'avenir notre lumière.

 

D'un ciel mal étalé nos maîtres sont marqués

Nous notre force est nue elle est une et première

Toujours et pour demain sur terre nous les hommes

Nous ne connaîtrons que le poids du bonheur.

 

Le poids léger et doux des bourgeons et des fruits !

 

 

Paul ELUARD

Poèmes politiques

 

 

 

Ritsuo-Sugiyama-muguet.jpg

 Ritsuo Sugiyama

 

 

RITSUO.jpg

Comme si nous étions les feuilles d'un même arbre...

 

 Ritsuo Sugiyama

Copyright(©Ritsuo Sugiyama. All rights reserved.

 

 

Born in Kasugai City, Aichi Pref., Japan. During his adolescent days, Ritsuo wandered Mexico alone. After that, he started to paint, studying in University of Veracruz and collecting butterflies and rubbed copies of ruins. In 1970 he returned to Japan, but immediately jumped to Spain to study in University of Valencia. European paintings moved him into his own root Japanese paintings. Now he enjoys his original "SUMI" world. In 1991, Ritsuo got a prize of cultural merits from Kasugai City. He is a member of Hakushikai (Japanese Painting Association) and a part time teacher in Nanzan University. Ritsuo likes to make a cultural exchange with International Students through his paintings.

 

 

 

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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 05:01

 

 

 

 

Marc-Chagall---Lilies-of-the-Valley-.png

Marc CHAGALL

Lillies of the valley

 

 

 

 

Audrey-Hepburn-muguet.jpg

Audrey HEPBURN

Muguet

 

 

 

 

 

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 05:07

 

 



À peine défigurée

 


À peine défigurée
Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage.

Paul Eluard  

 

 

magritte_The-Great-War.jpg 

René Magritte

La grande guerre1964


"Les titres doivent être une protection supplémentaire qui découragera toute tentative de réduire la poésie véritable à un jeu sans conséquence." 

 Magritte.

 

 

* *

 

Françoise Sagan est née le 21 juin 1935. 

C’est à 18 ans qu’elle publie Bonjour tristesse, en 1954. La première phrase de son roman est :

 

« Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

 

 

 

***

 

Le graffeur inconnu

 

 bonjour-trsitesse-Berlin.jpg

Immeuble à Berlin.

 

 

La maison d'habitation de Schlesisches Tor (Wohnhaus Schlesisches Tor), également connue sous le nom Bonjour Tristesse, est un bâtiment berlinois à environ 100 mètres au sud-ouest de la station de U-Bahn Schlesisches Tor, au numéro 7 de la Schlesische Straße, dans le quartier de Kreuzberg.

Le bâtiment, dessiné par Álvaro Siza Vieira a été réalisé dans le cadre de l'exposition d'architecture 1984 (Internationale Bauausstellung 1984). 


L'immeuble d'habitation Schlesisches Tor a été construit en 1982/1983, dans un vide interstitiel laissé par la guerre dans un ensemble d'immeubles anciens. 


Le nom Bonjour Tristesse n'a pas été donné à l'immeuble par les architectes, mais par un graffeur inconnu, qui a tagué ces mots sur le pignon du bâtiment. Ce graffiti est probablement une critique à la façade grise et aux fenêtres monotones.

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 05:08

Déjà publié le 24/09/2010

Texte enrichi de témoignages.

 

 

 

delvaux-copie-1.jpg

 

 

Illustration : Paul Delvaux

 

Les passantes


Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets

A celles qu'on connaît à peine

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais

 

A celle qu'on voit apparaître

Une seconde à sa fenêtre

Et qui, preste, s'évanouit

Mais dont la svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en demeure épanoui

 

A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage

Font paraître court le chemin

Qu'on est seul, peut-être, à comprendre

Et qu'on laisse pourtant descendre

Sans avoir effleuré sa main

 

A la fine et souple valseuse

Qui vous sembla triste et nerveuse

Par une nuit de carnaval

Qui voulut rester inconnue

Et qui n'est jamais revenue

Tournoyer dans un autre bal

 

A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises

Près d'un être trop différent

Vous ont, inutile folie,

Laissé voir la mélancolie

D'un avenir désespérant

 

A ces timides amoureuses

Qui restèrent silencieuses

Et portent encor votre deuil

A celles qui s'en sont allées

Loin de vous, tristes esseulées

Victimes d'un stupide orgueil.

 

Chères images aperçues

Espérances d'un jour déçues

Vous serez dans l'oubli demain

Pour peu que le bonheur survienne

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin

 

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre

Aux coeurs qui doivent vous attendre

Aux yeux qu'on n'a jamais revus

 

Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir.

 

Antoine POL

Emotions Poétiques - 1918 - 

            

 

                * *                    

 

 

Emotions poétiques appartient à un recueil publié par Antoine POL à compte d'auteur, à 110 exemplaires (!), et que Brassens découvrit par hasard chez un bouquiniste en 1942.               

 

 

 

Pour l’écouter, chantée par Georges Brassens : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci dessous, le témoignage de Bruno Antoine POL, Petit-fils de Antoine POL :

 

 

 


 brassens_zoom.jpg

 

 

*   *   *


Ce petit livre, édité par Antoine POL fin octobre 1918 à compte d’auteur à 110 exemplaires pour ses amis, a une histoire.

En effet, l’avant-veille de sa mort le 19 juin 1971, mon grand père savait déjà que son poème Les Passantes lui survivrait. Il était heureux malgré sa maladie et la mort qu’il savait proche. Il me dit : « - Moi j’ai écrit Les Passantes, toi tu les entendras chanter pour moi… » Je lui demandais la permission de rééditer son livre plus tard et lui en fis la promesse. 35 ans plus tard, je rencontrais les amis de Brassens à Vaison la Romaine, ceux-ci me demandaient de rééditer le livre à l’identique où figure le Poème, j’accédais à leurs désirs en 2005 . Les 600 volumes partirent comme une volée de moineaux, je dus faire une seconde réédition en avril 2011.



En 1944, Georges Brassens trouve ce recueil chez un bouquiniste de la Porte de Vanves et en le feuilletant découvre le poème, il achète le livre pour 2 ou 3 francs se privant d’un sandwich aux dires de René Fallet. Il se met alors aussitôt à écrire les premières notes de musique. Sa mélodie va le travailler jusqu’en 1964 et longtemps encore après. Les Passantes figurent dans les livres de Français de troisième et quatrième.

Une thèse a été écrite sur l’auteur. Et ce poème est traduit en plus de 18

langues grâce à la merveilleuse mélodie de Brassens. Il a 102 ans cette année car il fut composé en 1911. 


Bruno Antoine POL

Petit-fils de Antoine POL

 

 

 


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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 21:09

 

 

Dimanche 28 avril 2013

Journée nationale du souvenir des victimes et des héros

de la déportation.

 

 

Dès le début des années 1950, les anciens déportés et les familles de disparus exprimèrent le souhait de voir inscrite dans le calendrier une date réservée au souvenir de la déportation. La loi du 14 avril 1954 fait du dernier dimanche d’avril une journée de célébration nationale. Pour cette année 2013, c'est ce dimanche 28 avril que sont organisées dans toute la France des cérémonies.

 

Un hommage particulier est rendu au Mémorial de la Shoah,

 

 

memorial-photos.jpg

  Mémorial de la Shoah. Paris.

 

 

La crypte

La crypte. Mémorial de la Shoah. 

 

 

journee-nationale-du-souvenir-des-victimes-et-heros-de-la-d.jpg 

Au Mémorial, on ne ranime pas la flamme. Elle brûle 24h/24 toute l'année.

 


puis au Mémorial des martyrs de la déportation. La commémoration se termine par le ravivage de la flamme à lArc de triomphe.

 


Flamme.jpg

La flamme ranimée. Arc de Triomphe. Paris.

 

 

Merkel-et-Sarkozy.jpeg

Instantané d'espoir et de recueillement.

Mme Angela Merkel et M.Nicolas Sarkozy

accompagnés de deux adolescents 

déposent une gerbe au tombeau du soldat inconnu.

      C'était il y a un an.

 





 

 

Memorial-Washington.jpeg

Ils sont tous deux récipiendaires du prix Nobel de la Paix. L'an dernieur, aux côtés de Elie Wiesel, Barack Obama a inauguré lundi 23 avril 2012 le Musée de l'Holocauste, à Washington. Le président a déclaré que prévenir les atrocités et les génocides dans le monde était, pour les Etats-Unis, une obligation morale mais aussi une question de sécurité nationale. Lors de cette cérémonie, le chef d'état américain a fait savoir que les États-Unis feraient le nécessaire pour éviter que l'Iran ne se procure l'arme nucléaire. 
Crédits photo : Abaca USA/Abaca USA/ABACA
 

 

 


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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 05:01

 

 

 

 

 

Couvre-feu

 

 

 

 

Que voulez-vous la porte était gardée

 

Que voulez-vous nous étions enfermés

 

Que voulez-vous la rue était barrée

 

Que voulez-vous la ville était matée

 

Que voulez-vous elle était affamée

 

Que voulez-vous nous étions désarmés

 

Que voulez-vous la nuit était tombée

 

Que voulez-vous nous nous sommes aimés.

 

 

 

PAUL ELUARD 

Poésie et Vérité

 

 

 

 

 

 


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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 05:00

 

 

 

 

Brumes et pluies

Ô fins d'automne, hivers, printemps trempés de boue,
Endormeuses saisons ! je vous aime et vous loue
D'envelopper ainsi mon coeur et mon cerveau
D'un linceul vaporeux et d'un vague tombeau.

Dans cette grande plaine où l'autan froid se joue,
Où par les longues nuits la girouette s'enroue,
Mon âme mieux qu'au temps du tiède renouveau
Ouvrira largement ses ailes de corbeau.

Rien n'est plus doux au coeur plein de choses funèbres,
Et sur qui dès longtemps descendent les frimas,
Ô blafardes saisons, reines de nos climats,

Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.


Charles BAUDELAIRE



Ingres.jpg

(...) Que l'aspect permanent de vos pâles ténèbres,
- Si ce n'est, par un soir sans lune, deux à deux,
D'endormir la douleur sur un lit hasardeux.
Ingres-2.jpg


INGRES
Etudes
Musée Ingres, Montauban


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25 avril 2013 4 25 /04 /avril /2013 05:05

 

 

(...)

Père, garde-moi le goût de vivre, de jubiler pour Toi. Que la nostalgie, la fatigue, la morosité, le manque d'élan soient évacués, pour laisser place à l'éblouissement, à une ouverture du coeur à toutes choses saintes, amicales, généreuses.

Replonger immédiatement à la source de l'Amour, caché, existant, ne demandant qu'à vivre, s'épanouir, envahir toute occupation et tout lieu. Que la porte du coeur généralement entrouverte soit poussée et que Tu viennes chez Toi, dans l'essence même de notre être
.

Visite, occupe, assainis tous les recoins! Fais sauter les gonds, que rien ne Te soit dissimulé. Que le Soleil que Tu es fasse le grand ménage printanier. Installe-Toi, occupe Ta maison, Tu es là, Seigneur, chez Toi. Viens, entre, vite, vite !
 (...)

 

 

Michael Lonsdale

Oraisons
(coll. Souffle de l'Esprit chez Actes Sud, 2011
)
 

 

 

Bacon-.jpg

 

Francis Bacon

Two Figures At A Window, 1953

 

 


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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 06:35

 

 

 

 

Une grande dame

 

Belle "à damner les saints", à troubler sous l'aumusse

Un vieux juge ! Elle marche impérialement.

Elle parle - et ses dents font un miroitement -

Italien, avec un léger accent russe.

 

Ses yeux froids où l'émail sertit le bleu de Prusse

Ont l'éclat insolent et dur du diamant.

Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement

De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce

 

Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,

N'égale sa beauté praticienne, non !

Vois, ô bon Buridan : "C'est une grande dame !"

 

Il faut - pas de milieu ! - l'adorer à genoux,

Plat, n'ayant d'astre aux cieux que ses lourds cheveux roux,

Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !

 

 

Paul VERLAINE

Poèmes saturniens

4eme poème in Caprices  - 1866 -

Fini-Carrefour-d-Hecate--Circa-1985-jpg.jpg

Leonor Fini.

Carrefour d'Hécate d'après une lithographie de 1985

 


 

 

 

leo-fini.jpg

 

 


Leonor Fini naît à Buenos Aires le 30 août 1908. Elle décède à Paris le 18 janvier 1996.

Elle passe son adolescence à Trieste dont elle fréquente les grandes figures littéraires et artistiques. Elle s'y forge très tôt un style minutieux et onirique qui la rapproche des surréalistes, mais auxquels elle refuse toujours de s'assimiler, cultivant une excentricité résolue.

Arrivée à Paris en 1937, Leonor Fini est l'amie d'Éluard et de Mandiargues, puis d'Audiberti et de Genet, auteurs dont elle illustre de nombreux textes. Cosmopolite et éclectique, elle est elle- même auteur de plusieurs textes, publiés dans les années 70, et une prolifique décoratrice de théâtre et de ballets. 


En 1938, elle expo­se pour la première fois chez Julian Lévy à New York, puis à Paris. En 1942, elle expose à Zurich et, pendant la guerre, se fixe à Monte-Carlo où elle réalise une série de dessins dont les principaux sont Mandiargues (1935), Genêt (1948), Audiberti (1950) et Suzanne Flon (1955). Entre 1944 et 1945, elle illustre Juliette de Sade et, dès 1947, réalise de nombreux décors de ballets et de théâtre. En 1950 elle publie Portraits de famille, une série d'eaux-fortes et en 1955 illustre les Contes fantastiques d'Edgard Poe. 

 

 


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