Aujourd'hui, j'aimerais être là.
Aujourd'hui, j'aimerais être là.
"La dictée de Mérimée"
La dictée faisait partie des passe-temps de la cour de l'empereur Napoléon III.
Mythe ou réalité, la dictée attribuée à Mérimée a mis à l'épreuve les souverains ainsi que leurs invités.
Napoléon III commit 75 fautes, l'impératrice Eugénie, 62, Alexandre Dumas fils, 24. Seul un étranger, le prince de Metternich, ambassadeur d'Autriche, n'en fit que 3. Voici le texte de "la fameuse dictée" publiée par Léo Claretie en 1900.
La fameuse dictée :
Pour parler sans ambiguïté, ce dîner à Sainte-Adresse, près du Havre, malgré les effluves embaumés de la mer, malgré les vins de très bons crus, les cuisseaux de veau et les cuissots de chevreuil prodigués par l'amphitryon, fut un vrai guêpier. Quelles que soient et quelqu'exiguës qu'aient pu paraître, à côté de la somme due, les arrhes qu'étaient censés avoir données la douairière et le marguillier, il était infâme d'en vouloir pour cela à ces fusiliers jumeaux et mal bâtis et de leur infliger une raclée alors qu'ils ne songeaient qu'à prendre des rafraîchissements avec leurs coreligionnaires. Quoi qu'il en soit, c'est bien à tort que la douairière, par un contresens exorbitant, s'est laissé entraîner à prendre un râteau et qu'elle s'est crue obligée de frapper l'exigeant marguillier sur son omoplate vieillie. Deux alvéoles furent brisés, une dysenterie se déclara, suivie d'une phtisie. - Par saint Martin, quelle hémorragie, s'écria ce bélître ! À cet événement, saisissant son goupillon, ridicule excédent de bagage, il la poursuivit dans l'église tout entière.
La dictée du bicentenaire de Mérimée :
En septembre 2003, en hommage à Mérimée, Bernard Pivot a créé la dictée de Compiègne du bicentenaire de Mérimée, texte qui est publié dans l'ouvrage de Françoise Maison, La Dictée de Mérimée, Château de Compiègne, Séguier, 2003, 64p.
La dictée de Bernard Pivot :
NAPOLÉON III : MA DICTÉE D'OUTRE-TOMBE
Moi, Napoléon III, empereur des Français, je le déclare solennellement aux ayants droit de ma postérité et aux non-voyants de ma légende : mes soixante-quinze fautes à la dictée de Mérimée, c'est du pipeau ! De la désinformation circonstancielle ! De l'esbroufe républicaine ! Une coquecigrue de hugoliens logorrhéiques ! Quels que soient et quelque bizarroïdes qu'aient pu paraître la dictée, ses tournures ambiguës, Saint-Adresse, la douairière, les arrhes versées et le cuisseau de veau, j'étais maître du sujet comme de mes trente-sept millions d'autres. Pourvus d'antisèches par notre très cher Prosper, Eugénie et moi nous nous sommes plu à glisser çà et là quelques fautes. Trop sans doute. Plus que le cynique prince de Metternich, à qui ce fieffé coquin de Mérimée avait probablement passé copie du manuscrit. En échange de quoi ? D'un cuissot de chevreuil du Tyrol ?
Bonne dictée, bonnes vacances !
Il vous plaira peut-être de retrouver Bernard Pivot, il y a un mois, lors de l'inauguration du premier établissement scolaire portant son nom. Un reportage de FR3.
Viens
Viens, allons vivre en cachette,
Garde mon cœur sur ta main,
Ayons des amours secrètes :
Ne nous disons jamais rien.
Donne, donne…
Louise de Vilmorin
Le Sable du sablier, 1945
Pierre DUVAL-LECAMUS
La réponse ; Dame écrivant une lettre
Cherbourg, musée Thomas Henry
Rimbaud masque Musset.
Il faut exagérer.
Joyce et Beckett : infatigables plumitifs vengeurs polyglottes provinciaux affairés.
L'utérus est une usine.
Si on ne se déplace plus, l'espace va disparaître.
"Je suis grosse, vieille, moche et j'attends l'amour" (roman).
Marlon Brando ne signait d'autographes qu'aux enfants.
"The Boredom to Be Unhappy" (Christopher Isherwood).
Il y a toujours un dernier jour.
Jeu d'échecs : étalage méchant d'intelligence stérile.
Le centre du pouvoir est une toute petite chose.
Les chiens belgradois continuent de courir, idéalistes, derrière les pigeons.
Les oiseaux, dans tous les pays, premiers réveillés.
Pourquoi dit-on vieux con et pas vieux intelligent ?
L'autosatisfaction du coureur à pied.
On n'a jamais de problème avec une femme intelligente, même quand on est un peu bête.
Hors de l'absurde, point de philosophie.
La disparition du pacifisme.
99 % des films meurent, les autres deviennent vieux.
J'aurais gâché la vie de n'importe qui.
À la recherche du perdu dans le temps.
L'évasion : mon mythe fondateur.
Je savais que la vie était une farce, mais je ne pensais pas que c'était à ce point-là.
Les artistes sortent avec leurs soigneurs.
Ai tout fait pour retenir le temps, ça n'a pas marché.
Quel missionnaire a eu l'idée de la position ?
Pas de concurrence entre squelettes.
© Patrick BESSON pour LE POINT
SI LES POÈTES ÉTAIENT MOINS BÊTES
Si les poètes étaient moins bêtes
Et s’ils étaient moins paresseux
Ils rendraient tout le monde heureux
Pour pouvoir s’occuper en paix
De leurs souffrances littéraires
Ils construiraient des maisons jaunes
Avec des grands jardins devant
Et des arbres pleins de zoizeaux
Des mirliflûtes et des lizeaux
Des mésongres et des feuvertes
Des plumuches, des picassiettes
Et des petits corbeaux tout rouges
Qui diraient la bonne aventure
Il y aurait de grands jets d’eau
Avec des lumières dedans
Il y aurait deux cents poissons
Depuis le crousque au ramusson
De la libelle au pépamule
De l’orphie au rara curule
Et de l’avoile au canisson
Il y aurait de l’air tout neuf
Parfumé de l’odeur des feuilles
On mangerait quand on voudrait
Et l’on travaillerait sans hâte
À construire des escaliers
Des formes encor jamais vues
Avec des bois veinés de mauve
Lisses comme elle sous les doigts
Mais les poètes sont très bêtes
Ils écrivent pour commencer
Au lieu de s’mettre à travailler
Et ça leur donne des remords
Qu’ils conservent jusqu’à la mort
Ravis d’avoir tellement souffert
On leur donne des grands discours
Et on les oublie en un jour
Mais s’ils étaient moins paresseux
On ne les oublierait qu’en deux.
Boris VIAN
Cantilènes en gelée
(...) Et l’on travaillerait sans hâte
À construire des escaliers
Des formes encor jamais vues (...)
Gravir un escalier sans fin
Le graphiste néerlandais Maurits Cornelis Escher (1898 - 1972) a introduit des illusions optico-géométriques dans ses tableaux. Ses œuvres traduisent les contradictions en matière de perspective avec le nombre infini d'archétypes à trois dimensions que toute image à deux dimensions peut receler.
Le premier dessin d'Escher présenté ci-dessus intitulé «Montée et descente d'escaliers» montre des moines montant et descendant des escaliers sans fin. Il a choisi des moines pour illustrer l'expression néerlandaise «Travail de bénédictin», synonyme de travail inutile. L'illusion d'optique utilisée par Escher consiste en un mélange de vues de la droite et de la gauche (ou par en haut et par en bas).
Ou une définition prémonitoire du blog
1913 - 2013
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût, c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé, les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience.
(…) Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau.
Marcel Proust
Du côté de chez Swann
A la recherche du temps perdu, 1913
Musée Marcel Proust.
Dans À la recherche du temps perdu, la tante Léonie, hypocondriaque, quittait très peu cette chambre. Sur la table, dont Proust écrit qu’elle servait à la fois d’officine et de maître-autel, s’amoncellent livres de messe, statuette de la Vierge et nécessaire à tisane.
©Joël GUENOUN, 16 juillet 2013
billet donné l'an dernier, légèrement remanié.
Une majorité (57 à 67 %) des moins de 35 ans ne sait pas ce qu'est la rafle du Vél' d'Hiv, qui conduisit il y a 71 ans à la déportation de plus de 13 000 juifs arrêtés à Paris par la police française, selon un sondage* publié lundi.
Selon ce sondage CSA, 67 % des 15-17 ans, 60 % des 18-24 ans et 57 % des 25-34 ans répondent "non" à la question "Avez-vous déjà entendu parler de la rafle du Vél' d'Hiv ?". Mais 25 % des plus de 65 ans n'en ont pas non plus entendu parler, pour une moyenne tous âges confondus de 42 %.
Moins d'un tiers des étudiants français savent que c'est la police française qui a procédé à la rafle du Vél' d'Hiv (32 %), et moins de la moitié des Français dans leur ensemble (46 %).
* Sondage réalisé par CSA les 4 et 5 juillet 2012 auprès de 1 056 Français selon la méthode des quotas.
16 juillet 2012. Cérémonie du souvenir devant le wagon au Mémorial de Drancy.©AFP
16-17 juillet 2013
© Francine MAYRAN
Le Vel' d'Hiv.
2009
(Re)voir les tableaux de Francine MAYRAN ici
Bref rappel sur la Rafle
Ces 16 et 17 juillet 1942,
1 129 hommes,
2 916 femmes et
4 115 enfants
ont été arrêtés par la police française et enfermés au Vélodrome d’Hiver.
Simultanément, 1 989 hommes et 3 003 femmes, couples sans enfants et célibataires, avaient été arrêtés et enfermés dans le camp de Drancy.
La quasi-totalité des 13 152 raflés furent déportés après séparation brutale dans les camps de Beaune-la-Rolande et Pithiviers des enfants en bas âge, environ 3 000, de leurs parents qui furent déportés les premiers.
Quant aux enfants, transférés à Drancy, ils en furent déportés entre le 17 et le 31 août 1942, mélangés à des adultes juifs en provenance de la zone libre où ils avaient également été arrêtés par les forces de police vichystes.
Ces ordres, dès l'origine, ont été donnés par un prétendu état français présidé par P.Pétain qui en a décidé ainsi. Pétain a signé de sa main la rafle des enfants. Ce crime est imprescriptible.
16 juillet 1995. Jacques Chirac :
"La France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable"
Après la guerre, le Vél d'Hiv « temple du sport et du malheur » est redevenu le haut-lieu du cyclisme à Paris. Il sera détruit en mai 1959. Le 20 juin 1986, le carrefour entre le quai de Grenelle, le quai Branly et le boulevard de Grenelle a été baptisé « place des Martyrs Juifs du Vélodrome d'Hiver » par arrêté du maire de Paris de l'époque, Jacques Chirac.
Le 17 juillet 1994, François Mitterrand a inauguré en bordure du quai de Grenelle, un monument commémorant le drame du Vel' d'Hiv, signé du sculpteur Walter Spitzer et de l'architecte Mario Azagury.
Et c'est devant ce monument que, le 16 juillet 1995, Jacques Chirac, devenu président de la République, a prononcé un discours historique : « Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays (...) Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français. (…) le 16 juillet 1942, quatre mille cinq cent policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis. Ce jour-là, dans la capitale et en région parisienne, près de dix mille hommes, femmes et enfants juifs furent arrêtés à leur domicile, au petit matin, et rassemblées dans les commissariats de police (…) La France, patrie des Lumières et des droits de l'homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux...»