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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 00:58

 

Je parle et l’on me parle et je connais l’espace
Et le temps qui sépare et qui joint toutes choses
Et je confonds les yeux et je confonds les roses
Je vois d’un seul tenant ce qui dure ou s’efface

La présence a pour moi les traits de ce que j’aime

C’est là tout mon secret ce que j’aime vivra
Ce que j’aime a toujours vécu dans l’unité
Les dangers et les deuils l’obscurité latente
N’ont jamais pu fausser mon désir enfantin

De tous les points de l’horizon j’aime qui m’aime

Je ne vois clair et je ne suis intelligible
Que si l’amour m’apporte le pollen d’autrui
Je m’enivre au soleil de la présence humaine
Je m’anime marée de tous ses éléments

Je suis créé je crée c’est le seul équilibre
C’est la seule justice

Paul Eluard

 

 

Note : Ce poème de Paul Eluard est protégé à jamais par une grâce infinie, tout simplement.



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Illustration : Survivre ou les traces de la deshumanisation. Francine Mayran. - 2010 -

Francine Mayran est née à Strasbourg en 1958. Psychanalyste et peintre, elle peint depuis l’âge de vingt ans, influencée entre autres par Soutine et Anselm Kiefer. De sa peinture exhale une ardente nécessité de transmettre sa jeune réflexion sur la question de l’indifférence face au drame de la Shoah. “ Mes peintures sont au service de la mémoire, dans les lieux de mémoire, pour transmettre la mémoire de ceux qui ont disparu et de ceux qui en sont revenus.”

 

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      Illustration : Destination Pitchipoï. Francine Mayran. - 2010 -

F.Mayran s'est consacrée tout particulièrement au cours de cette année écoulée au génocide et à l'assassinat des tsiganes.

Elle dit : " Il s’agit ici, d’un nouveau travail pour transmettre la mémoire des souffrances tsiganes pendant la 2ème guerre mondiale, tant dans les camps d’internements français que dans les camps nazis, que ce soit par l’internement, le travail forcé et l’extermination. Il m’apparaît nécessaire de participer à un effort de transmission, en espérant que peu à peu les crimes soient reconnus, que le monde lutte contre les discriminations et ses dérives, que la vigilance se renforce.

Il faut aujourd’hui parler de cette page d’histoire que le monde a oubliée, avant que les derniers survivants ne s’éteignent, que nous soyons prêts à les écouter, eux qui commencent seulement à ressentir le besoin de parler. Outre la reconnaissance publique de leur génocide et la part française à ce désastre, il est temps que le génocide tsigane prenne sa place dans les lieux de mémoire à part entière et que ce peuple puisse commencer à retrouver sa dignité publique."

 

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 Illustration : Destination Pitchipoï




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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 02:23

 

 

Quelle bonne farce


Brusquement,
un jour d’été,
les démons ôteront leur masque et,
désignant vingt millions de cadavres alignés,
éclateront de rire :
« Hein! quelle bonne farce ! »

Aussitôt les vrais hommes
remonteront au grand jour.
Même ceux qui sont morts.
Ils parleront droit et juste,
à haute voix.
Alors il y aura de nouveau
des arbres, des pierres, des fleuves.

Tu longeras un mur :
il te répondra gentiment.
Tu prendras une branche, elle te dira:
« Je t’aime »,
tu pourras la serrer sur ton coeur.

Jean TARDIEU.      

 

 

kiefer-l'espoir accidenté2

 

Anselm KIEFER.

L'espoir accidenté. Monumenta 2007.

 

 


 

relire ici TARDIEU

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 00:34

 

 

la-lecture-defendue-rene-magritte

 

 

 

 

La lecture défendue. René MAGRITTE. -1936 -
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.
 

 

 

 

 

 

Le citadin

Avancez ! Reculez ! Arrêtez ! – Des ordres
chuchotés haletants à l’oreille. Obéis !
(Capitaines cachés dans la faim et la soif)
Fuis ! Montre-toi ! Un salut !
Signe, tais-toi, réponds, prends garde!

Que d’ordres venus de partout !
Le soleil ? – La main sur les yeux !
La pluie ? – Courbe le dos !
L’amour qui arrive ? – Attention !
Et ces morts en travers du chemin tout à coup !

Chocs et contretemps de la ville
et de la vie, je suis tranquille
seulement si mon souffle et mon pas vous ressemblent.

L’instable est mon repos.

Jean TARDIEU.
 

 


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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 11:54

 

 

La Maline


Dans la salle à manger brune, que parfumait
Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
Je ramassais un plat de je ne sais quel met
Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.

En mangeant,  j'écoutais l'horloge,  - heureux et coi.
La cuisine s'ouvrit avec une bouffée,
Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
Fichu moitié défait, malinement coiffée

Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,

Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser ;
- Puis, comme ça, - bien sûr pour avoir un baiser,-
Tout bas : « Sens donc, j'ai pris un froid sur la joue... »

A.RIMBAUD. Charleroi, octobre 1970. Lire : octobre 1870 !

 


4 juin 2012

 

Cédric nous signale ce jour que nous avions rajeuni Rimbaud de 100 ans !

Cent ans ! Rien que cela !

Mais quand on aime, on a toujours cent ans, de moins !

(On rectifiera donc pour le bon ordre que le poème date d'octobre 1870, bien entendu.)

 


 

On notera que RIMBAUD utilise par deux fois le mot malinement, une première fois dans son premier poème du Cahier de Douai, Première soirée.  Relire Première soirée ici.

 

ou extrait : le dernier vers du dernier quatrain :
- Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.


 

puis ci-dessus, dans ce poème La Maline.

 


On notera également que ces deux poèmes ouvrent et closent le recueil dit Le cahier de Douai. L’occasion d’évoquer cette ville de Douai et l’un de ses enfants, artiste peintre, H.E.Delacroix, né en 1856, juste deux années après Arthur. Mais quelle drôle d’idée de se nommer Delacroix quand on veut être peintre. Fatigué d’être en permanence confondu avec son illustre devancier, Henri-Edmond choisit malinement le pseudonyme de Cross ! Très lié avec Georges Seurat et Paul Signac, son oeuvre est essentiellement pointilliste. Il peindra essentiellement la Provence, où il séjourne jusqu’à sa mort, il y a cent ans, en 1910. 

 

Cross.La toison1892

 


      Peinture d' Henri-Edmond CROSS - La Toison - 1892 -

Le rendu à l'écran est bien fade et triste. Nous en sommes désolés. Parfois, comme aurait dit Roxane à Christian, l'internet a "la goutte à l'imaginative" ! ...


 

 

 


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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 10:26

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Illustration : Les deux Miss France.    

 

En exclusivité mondiale, notre correspondant Lechim Authex livre ici un extrait de l'émission qui a été pré enregistrée. Madame Arlette Chabot y interviewe Madame Martine Aubry. Extrait exclusif :

 

- AC : Alors Mme Aubry, quelles sont les grandes lignes du programme du PS pour 2012 ?

- MA : Eh bien, nous souhaitons une France plus humaine, plus juste, plus accueillante, plus tolérante, plus égalitaire, plus fraternelle, plus généreuse…

- AC : Bien sûr Martine Aubry, mais pouvez vous préciser votre pensée ?

- MA : Oui, mais avant, si vous le permettez, je voudrais vous dire que, quand je vois les infirmières, les employés, les ouvriers, les sans abris, les malades, les retraités, les handicapés, les étudiants, les professeurs, les greffiers, les cheminots, les routiers, les vendeuses, les maçons, les patrons de PME, les chômeurs en fin de droit, les infirmières, les sans papiers, les intermittents du spectacle, …

- AC : Excusez-moi Martine Aubry, mais peut-on quand même avoir quelques détails sur les moyens que…

- MA : Excusez-moi à mon tour Mme Chabot, mais nous allons travailler, nous allons travailler sérieusement, avec méthode, nous allons mettre le parti au travail, nous réunir, nous allons analyser la situation, nous allons débattre, discuter entre-nous, confronter nos idées…

... 

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 00:54

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Illustration : Léonor FINI.

 

Les Chats

 

Les amoureux fervents et les savants austères

Aiment également, dans leur mûre saison,

Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

 

Amis de la science et de la volupté,

Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres ;

L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,

S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

 

Ils prennent en songeant les nobles attitudes

Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,

Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin ;

 

Leurs reins féconds sont plein d'étincelles magiques

Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,

Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

 

C.BAUDELAIRE in  Les fleurs du mal - 1847 -


Note : écrit en 1847 mais publié en 1857.

 



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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 00:07

 

 

Le Cygne et le Cuisinier 

Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le cygne et l'oison (1) :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal (2) du jardin ; l'autre de la maison.
Des fossés du château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour oison le cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
" Quoi ? je mettrais, dit-il, un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s'en sert si bien ! "
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.


Jean de La Fontaine – Fables – Livre III -


Quelques éclaircissements pour les jeunes lecteurs (et peut-être pour les moins jeunes également !) : 

(1) L’oisin : l’oison est une oie mâle. 

(2) Commensal : très beau mot malheureusement tombé en désuétude. Le commensal est un compagnon de table. Les commensaux sont ceux qui partagent avec nous, à table, le repas.


Quelques notes sur l'histoire ce cette fable : Le rhéteur grec Aphtonius (IIIe siècle avant J.-C., auteur d’un recueil de fables à caractère pédagogique) a repris l’idée de cette fable à Esope (« Le Cygne pris pour une Oie »). Il a voulu en faire un éloge de l’éloquence. Guillaume Haudent en latin et Verdizotti en italien traiteront le même sujet (« Del Cigno e dell ‘Occa »). La Fontaine se basera sur le texte du secrétaire du Titien pour le début et la moralité de cette fable. Cette fin disait ceci « L’éloquence a souvent eu le pouvoir d’écarter les périls, et même la mort menaçante ».


La_Fontaine-2.jpgJean de la Fontaine est né à Chateau-Thierry le 8 juillet 1621. Ses fables, au nombre de 243 restent son chef d'oeuvre. Certains considèrent la Fontaine comme un copieur qui n'a rien inventé, mais il est certain que sans sa contribution essentielle, les noms d'Esope et de Phèdre, entre autres, n'auraient pas le retentissement qu'ils ont maintenant. La Fontaine s'est certes inspiré de ces fables anciennes, mais il les a considérablement améliorées et écrites dans une langue belle et douce à lire. Plus  de 12 000 vers, rien que pour les fables ! Il mourut le 13 Avril 1695.
 


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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 00:26

 

 

En somme

 

La vie en somme

M’aura donné de tout
A satiété

Poil à gratterpages blanches.pg
Poudre à éternuer
Et d’escampette

Et la sagesse
D’aller sans cesse ailleurs
Cerner
Gratter
Creuser le vide

Le vide seul en fin de compte
N’a pas changé
Le vide seul

Aussi j’y tiens

Paul Vincensini
 

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 00:08

 

 

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Les vaches regardent passer les trains. Les manchots, eux, regardent passer les bateaux.

 



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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 00:46

 

toilette-240x300.jpg

Illustration : Henri de Toulouse Lautrec – 1889 -
Couramment appelée La toilette, cette œuvre est celle envoyée par Toulouse-Lautrec à l’exposition du groupe des XIX à Bruxelles en février 1890 sous le titre de Rousse, et qu’il nomme quelques mois plus tard dans une lettre : « Femme rousse assise par terre, de dos, nue» .


A une mendiante rousse

Blanche fille aux cheveux roux,
Dont la robe par ses trous
Laisse voir la pauvreté
Et la beauté,

Pour moi, poète chétif,
Ton jeune corps maladif,
Plein de taches de rousseur,
A sa douceur.

Tu portes plus galamment
Qu'une reine de roman
Ses cothurnes de velours
Tes sabots lourds.

Au lieu d'un haillon trop court,
Qu'un superbe habit de cour
Traîne à plis bruyants et longs
Sur tes talons ;

En place de bas troués,
Que pour les yeux des roués
Sur ta jambe un poignard d'or
Reluise encor ;

Que des noeuds mal attachés
Dévoilent pour nos péchés
Tes deux beaux seins, radieux
Comme des yeux ;

Que pour te déshabiller
Tes bras se fassent prier
Et chassent à coups mutins
Les doigts lutins,

Perles de la plus belle eau,
Sonnets de maître Belleau
Par tes galants mis aux fers
Sans cesse offerts,

Valetaille de rimeurs
Te dédiant leurs primeurs
Et contemplant ton soulier
Sous l'escalier,

Maint page épris du hasard,
Maint seigneur et maint Ronsard
Épieraient pour le déduit
Ton frais réduit !

Tu compterais dans tes lits
Plus de baisers que de lis
Et rangerais sous tes lois
Plus d'un Valois !

- Cependant tu vas gueusant
Quelque vieux débris gisant
Au seuil de quelque Véfour
De carrefour ;

Tu vas lorgnant en dessous
Des bijoux de vingt-neuf sous
Dont je ne puis, oh ! pardon !
Te faire don.

Va donc ! sans autre ornement,
Parfum, perles, diamant,
Que ta maigre nudité,
Ô ma beauté !

Charles BAUDELAIRE in Tableaux parisiens. Les Fleurs du mal.
 

 


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