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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 00:48

allumette.jpg

 

L’ALLUMETTE

 

Le feu faisait un corps à l’allumette.                 

Un corps vivant, avec ses gestes,                      

son exaltation, sa course, son histoire.

Les gaz émanés d’elle flambaient,

lui donnaient ailes et robes, un corps même :

une forme mouvante,

émouvante.

 

Ce fut rapide.

 

La tête seulement a pouvoir de s’enflammer, au contact d’une réalité dure,

-- et l´on entend alors comme le pistolet du starter.

Mais dès qu’elle a pris,

la flamme,

-- en ligne droite, vite et la voile penchée comme un bateau de régate --

  parcourt le petit bout de bois.

 

Qu’à peine a-t-elle viré de bord

finalement elle laisse

aussi noir qu’un curé.

 

Francis Ponge in  le Parti pris des choses.

 


NoteFrancis Ponge (1899-1988) est un poète français. Sa poésie tend à abolir la distinction entre le mot et la chose qu'il désigne.

 

En 1940, il quitte Paris pour s'engager dans la Résistance. La publication, en 1942, du Parti pris des chosesle fait reconnaître comme un écrivain de grande valeur. Dans ce recueil, il pose les principaux éléments de son projet poétique, loin des convulsions et de l'automatisme dont les surréalistes avaient donné l'exemple et loin de la dimension épique d'un Saint-John Perse, ou de cette forme de sacré qu'on trouve chez René Char, par exemple. Dans ce recueil, Ponge choisit en effet d'être le poète du quotidien, du matériel, des objets et des choses (« l'Huître », « le Savon », « l'Orange », « la Cruche », « l'Appareil du téléphone »). Loin de percevoir et de montrer le monde à travers sa subjectivité de poète, Ponge prend le parti des choses, et cherche à leur donner par les mots la possibilité d'une expression. Le poème, sorte d'équivalent neutre de l'objet, devient alors un véritable objet littéraire, un « objeu ».

Par une savante et complexe utilisation de l'étymologie, de la graphie, des sons, des jeux de mots, des figures, la poésie de Ponge devient une sorte de redoublement du réel.

De retour à Paris après la guerre, Ponge se met à enseigner tout en poursuivant son œuvre poétique (Proêmes, 1948, la Rage de l'expression, 1952, Le Grand Recueil, 1961, Nouveau Recueil, 1967). Il écrit également des essais qui éclairent sa pratique poétique : Pour un Malherbe (1965), Méthodes (1971), la Fabrique du pré (1971), Comment une figue de paroles et pourquoi(1977). Il est consacré, tardivement, par le grand prix de poésie de l'Académie française en 1984. Il meurt à Bar-sur-Loup le 6 août 1988 à 89 ans.

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5 novembre 2010 5 05 /11 /novembre /2010 10:13

 

 

shlalom :  vieille coutume juive qui consiste à dire bonjour chaque fois que l'on passe une porte.

 




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4 novembre 2010 4 04 /11 /novembre /2010 12:19

un credo st jp

 

A la question toujours posée :

"Pourquoi écrivez-vous ?" La réponse

du Poète sera toujours la plus brève :

"Pour mieux vivre."

 




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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 15:39

 

 

 

Si Apollinaire n’est pas l’inventeur des poèmes graphiques formant un dessin, il est sans doute à l’origine du mot valise calligramme, contraction des mots calligraphie  et idéogramme.

En effet, Rabelais avait représenté sous cette forme sa dive bouteille dans le Cinquième livre

 

 




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2 novembre 2010 2 02 /11 /novembre /2010 15:54

chagall_birthday-1915.jpg

 

 

 

 

 

 

 Ce tableau de Chagall date de 1915.

 

Son titre est Anniversaire. Paul Eluard a écrit des poèmes pour son ami Chagall. Ce tableau appartient au MOMA de N.Y.C. (New-York)

 

 

 

On ne peut me connaître

 

On ne peut me connaître

Mieux que tu me connais

 

 

Tes yeux dans lesquels nous dormons

Tous les deux

Ont fait à mes lumières d'homme

Un sort meilleur qu'aux nuits du monde.

Tes yeux dans lesquels je voyage

Ont donné aux gestes des routes

Un sens détaché de la terre

Dans tes yeux ceux qui nous révèlent

Notre solitude infinie

Ne sont plus ce qu'ils croyaient être

 

 

On ne peut te connaître

Mieux que je te connais.

 

 

in  Les Yeux Fertiles


Note : Paul Eluard a toujours milité pour que la poésie soit accessible à tous. Ses poèmes – pas tous – sont souvent d’une grande clarté et d’une grande simplicité dans l’expression. 

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1 novembre 2010 1 01 /11 /novembre /2010 12:45


 

Fabrice Luchini est né le 1er novembre 1951. Il fête aujourd'hui ses 59 ans.

 

Depuis quelques mois, il donne une lecture jubilatoire de textes de Philippe Muray. Le philosophe, disparu en 2006, était un intarissable démolisseur des cultes et religions de notre époque : la charité généralisée, le délire festif, ce qu'il appelait l'Empire du Bien. Petite mise en bouche :

 

« Un bataillon d’agents de développement du patrimoine ouvre la marche, suivi presque aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus, puis arrivent en rangs serrés les compagnies d’agents de gestion locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’adjoints de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents d’entretien d’espaces naturels, d’agents de médiation, d’aide éducateurs en temps péri-scolaire, d’agents d’accueil des victimes et j’en passe énormément. Ferme le cortège un petit groupe hilare d’accompagnateurs de personnes dépendantes placées en institution, talonné par des re-découvreurs de l’histoire des villes et des promoteurs des ressources touristiques en direction des pays émergents. Musique. Vers le ciel d’azur s’envolent des ballons, un camion-grue déguisé en sapin de Noël s’élance en grondant, la foule massée des deux côtés de l’avenue applaudit sauvagement, le monde retrouve enfin sa base. Le Patrimoine est rassuré, la Petite Enfance respire. Le Tissu Social en cour de réparation frémit d’aise les réjouissances ne font que commencer. Non non non, il ne s’agit pas d’une parade des arts de la rue, il s’agit des nouveaux emplois jeunes de Martine Aubry, réunis dans un rassemblement imaginaire tel qu’il pourrait se présenter à l’occasion d’une fête géante, une sorte de, je  sais pas moi, une sorte d’Halloween à l’échelle nationale, une Love-Parade en plein Paris, une Job-Pride, mais oui pourquoi pas ? Une Job-Pride. »

 



MurayLuchini.jpg

 




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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 12:49

 

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 23:39

avenue_de_peupliers_en_automne.JPG

Avenue de peupliers en automne. Vincent Van Gogh. -1884 -

Van Gogh Museum Amsterdam.

 

 

Chanson d'automne

Les sanglots longs

Des violons

                  De l'automne

Blessent mon coeur

D'une langueur

                  Monotone.


Tout suffocant

Et blême, quand

                  Sonne l'heure,

Je me souviens

Des jours anciens

                  Et je pleure,


Et je m'en vais

Au vent mauvais

                  Qui m'emporte


Deçà, delà

Pareil à la

                  Feuille morte.

 

 

Paul VERLAINE in  Poèmes saturniens - Paysages tristes- (1866)

 


Note :  un poème de brume et d'éphémère, tel une musique en état d'âme.

 

Poème déjà évoqué dans le contexte du débarquement du 6 juin 1944, ici


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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 23:12

picabia-francis-01.jpg

Le Canal de Moret, effet d'automne. Francis PICABIA. -1909-

 

 

            Chant d'Automne

 

           

 

I

 

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !

J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres

Le bois retentissant sur le pavé des cours.

 

Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère,

Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,

Et, comme le soleil dans son enfer polaire,

Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

 

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe

L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.

Mon esprit est pareil à la tour qui succombe

Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

 

Il me semble, bercé par ce choc monotone,

Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.

Pour qui ? — C'était hier l'été ; voici l'automne !

Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

 

II

 

J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,

Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,

Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,

Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

 

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur! soyez mère,

Même pour un ingrat, même pour un méchant ;

Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère

D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

 

Courte tâche! La tombe attend — elle est avide !

Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,

Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,

De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!

 

Charles Baudelaire.


 

 

Note : (…) Haine, frissons, horreur (…) / J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,

Douce beauté (…) / mon front posé sur vos genoux (…)

 

Esthétique du spleen, alliance de langueur, de violence et de tourments.

 

 

 

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 11:24

dali-femme-a-la-tete-de-fleur-1937-.jpg

 

Femme à la tête de fleur. S.DALI. -1937-

 

 

 

 

 

À Madame X... en lui envoyant une Pensée

 

Au temps où vous m’aimiez (bien sûr ?)

Vous m’envoyâtes, fraîche éclose,

Une chère petite rose,

Frais emblème, message pur.

 

Elle disait en son langage

Les « serments du premier amour » :

Votre cœur à moi pour toujours

Et toutes les choses d’usage.

 

Trois ans sont passés. Nous voilà !

Mais moi j’ai gardé la mémoire

De votre rose, et c’est ma gloire

De penser encore à cela.

 

Hélas ! si j’ai la souvenance,

Je n’ai plus la fleur, ni le cœur !

Elle est aux quatre vents, la fleur.

Le cœur ? Mais, voici que j’y pense,

 

Fut-il mien jamais ? entre nous ?

Moi, le mien bat toujours le même,

Il est toujours simple. Un emblème

À mon tour. Dites, voulez-vous

 

Que, tout pesé, je vous envoie,

Triste sélam, mais c’est ainsi,

Cette pauvre négresse-ci ?

Elle n’est pas couleur de joie,

 

Mais elle est couleur de mon cœur ;

Je l’ai cueillie à quelque fente

Du pavé captif que j’arpente

En ce lieu de juste douleur.

 

A-t-elle besoin d’autres preuves ?

Acceptez-la pour le plaisir.

J’ai tant fait que de la cueillir,

Et c’est presque une fleur-des-veuves.

 

Paul Verlaine                                                        

in Amour -1873-

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