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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 07:59

 

 

 

 

 

Hier au soir

 

Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse,

Nous apportait l'odeur des fleurs qui s'ouvrent tard ;

La nuit tombait ; l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse.

Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse ;

Les astres rayonnaient, moins que votre regard.

 

Moi, je parlais tout bas. C'est l'heure solennelle

Où l'âme aime à chanter son hymne le plus doux.

Voyant la nuit si pure et vous voyant si belle,

J'ai dit aux astres d'or : Versez le ciel sur elle !

Et j'ai dit à vos yeux : Versez l'amour sur nous !

 

 

Victor HUGO   (1802-1885)

 

 

 

 

hugo.jpg

 

 

 


 

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 07:37

 

 

 

 

Le miroir brisé

 

 

 

Le petit homme qui chantait sans cesse

le petit homme qui dansait dans ma tête

le petit homme de la jeunesse

a cassé son lacet de soulier

et toutes les baraques de la fête

tout d'un coup se sont écroulées

et dans le silence de cette fête

j'ai entendu ta voix heureuse

ta voix déchirée et fragile

enfantine et désolée

venant de loin et qui m'appelait

et j'ai mis ma main sur mon coeur

où remuaient

ensanglantés

les sept éclats de glace de ton rire étoilé.

 

 

Jacques PREVERT in Paroles

 

 

 

 

 

prevert.jpeg

 

 

 


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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 12:12

La fête de Hanouka commence ce soir.

Pour les juifs, Hanouka est la fête des lumières.

La pratique la plus célèbre liée à cette fête est l'allumage de huit bougies.

 

 hanouca.jpg

Illustration : une ménorah (un chandelier) avec ses bougies allumées.


 

La musique klezmer est une musique traditionnelle chère aux ashkénazes, venue des confins de la mémoire et essentiellement chantée en yiddish. On y évoque les tragédies mais aussi et surtout les joies et souvent la mère y représente un acteur primordial de la transmission du savoir dans la culture ashkénaze (A Yiddishe Mame).

 

 

Le clarinettiste juif new-yorkais est devenu le pape de la musique klezmer et l’un de ses réformateurs les plus virtuoses. Avec sa clarinette, David Krakauer s'est distingué en interprétant Brahms, Bartok, Schoenberg ou Bério (devant le maître lui-même) mais, comme de nombreux musiciens juifs américains, il s’est pris de passion pour les vieux airs venus d’Europe de l’Est.

Filmé à la Cité de la Musique, Paris.


 

Un peu d'explications sur HANOUKA

 

Pour les juifs, Hanouka est la fête des lumières. La pratique la plus célèbre liée à cette fête est l'allumage de huit bougies, qui a lieu chaque soir de la fête dans chaque foyer, en mémoire de cette fiole d'huile pure, retrouvée prodigieusement après la victoire du peuple juif contre les grecs, et dont l'huile a brûlé miraculeusement pendant huit jours, temps nécessaire pour fabriquer une nouvelle huile. L'allumage de la première bougie a donc lieu ce mercredi soir et ainsi de suite chaque soir, de droite à gauche, jusqu’à la huitième bougie. 

 

 

HANOUCCAH.jpg

 

 

Un peu d'histoire :    

Le Talmud rapporte que les grecs avaient souillé intentionnellement et systématiquement l'huile destinée  à l'allumage de la ménorah. Ils ne l'ont ni utilisée, ni détruite. Quelle était donc réellement leur intention ?

Pour comprendre ceci, il faut avant tout saisir la nature du conflit entre les juifs et les grecs. Les grecs ne désiraient pas la destruction physique des peuples conquis, mais voulaient les assimiler à leur culture. Ils n'interdisaient pas la pratique de la Torah, dont ils aimaient la sagesse et la beauté, mais ils la refusaient en tant que révélation divine transcendante. Ce principe était contraire à leur philosophie.

On comprend ainsi qu'ils désiraient que l'huile soit souillée. Ils signifiaient ainsi leur volonté que la lumière de la ménorah, symbole de la lumière de la Torah, ne relève pas d'une pureté spirituelle mais simplement du domaine humain.



 

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 08:00

 

 

 

 

« La poésie ne verra peut-être jamais les îles promises,


 mais elle demeure au sommet du grand mât la vigie passionnée.


 Elle connaît les vagues par leur nom.

 

 L'équipage s'endort. Elle veille. »

 

 

 

 

NORGE.

 

 

 

Miro.jpg

Joan Miro.

 

 

"Un tableau doit être comme des étincelles.

Il faut qu'il éblouisse comme le beauté d'une femme

ou d'un poème." Joan Miro.

 

 


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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 07:41

 

 

epiphanie-49

Illustration: Epiphanie, tableau de Emmanuel Bossennec. 

 


 

 

 

Néanmoins, la vie sera élucidée.

Car à vingt ans tu optes pour l'enthousiasme, tu vois rouge, tu ardes, tu arques, tu astres, tu happes, tu hampes, tu décliques, tu éclates, tu ébouriffes, tu bats en neige, tu rues dans les brancards, tu manifestes, tu lampionnes, tu arpentes la lune, tu bois le lait bourru le vin nouveau l'alcool irradiant, tu déjeunes à la branche, tu pars à la découverte, tu visites l'air les champs les ruines les métropoles les stades et les musées les jungles et les églises les arènes les volcans les chutes les fjords les oueds les lagunes les bayous les caftons les toundras les déserts les grandes salles des châteaux les jardins suspendus les pyramides les mégalithes les catacombes les cavernes ornées les blanches montagnes les théâtres étoilés la mer Océane, tu bolides, tu pagaies, tu varappes, tu dribbles, tu crawles, tu voles à voile, tu hameçonnes les filles, tu t'amouraches, tu gamahuches, tu renverses la vapeur, tu déploies les couleurs, tu dérides les bonzes, épouvantes les bigotes, scandalises les vieux birbes, tu convoles un jour dans l'infanterie un jour vers les oiseaux-lyres les aigles-bugles les cygnes au cri de cuivre un jour avec les clartés furieuses les splendeurs d'ombre la nature, tu idéalises, tu ambitionnes, tu adores, tu détestes, tu brilles
.

A quarante ans je te retrouve rongeant ton frein, tu fondes sur la sympathie, il y a un cerne noir à toute chose, tu déshabilles du regard, tu convoites, tu prémédites, tu disposes tes chances, tu te profiles, tu places ton sourire tes phrases tes bouquets tes collets tes canapés, tu estimes, tu escomptes, tu commerces, tu carbures à prix d'argent, tu te pousses dans les milieux, tu médis du tiers et du quart ou fais du plat selon le rang, tu arroses, tu gobichonnes, tu prends du ventre, tu prends des mesures, tu prends médecine, tu te mets au vert, tu récupères, tu remets ça, tu enrobes et te lisses le cheveu, tu ne veux pas avoir l'air, tu opères comme en glissant, tu serpentes, tu attaques par le faible, tu escarmouches à petits coups de champagne, tu endors les chagrins, tu tamises les lampes, tu officies sous le manteau de la nuit... mais se réveiller : la grisaille la routine les manigances la vacherie... comme tu voudrais un jeu neuf! que s'il te l'était donné, tu laverais les sons, ressourcerais les images, procéderais à la toilette des Muses des Grâces des bonnes fées, or tu dissèques, tu calcules, tu cogites, tu épilogues, tu fais silenc
e.

A soixante ans tu dates, tu radotes, tu perds la main l'ouïe tes dents, le coeur te faut, les jambes te flageolent, tu tombes en faiblesse, encore un peu et tu retombes dans une enfance touchée à mort.


 

Henri PICHETTE in Les Epiphanies. Extrait.





Note sur Emmanuel Bossennec, peintre : "Si la toile peinte parvient à l'expression, par la vertu d'une rencontre chair à chair, alors elle offre à la manducation - qui est, à travers l'oeil, mais aussi à travers l'être entier, une écoute par la bouche - la saveur de l'être, devenu et encore à être. Ma peinture voudrait restituer le goût de l'être." Emmanuel Bossennec.

Découvrez ce peintre : http://www.bossennec.com/

 

 


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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 08:09

 

 

 

Passé le pont.

 

La porte se ferme sur l'idole de plomb

Rien désormais ne peut signaler à l'attention publique cette

   maison isolée

Seule l'eau peut-être se doutera de quelque chose

Les clairs matins d'automne la corde au cou plongent dans

   la rivière

Le myosotis petit chien de Syracuse n'appelle jamais

   plus la fermière aux yeux pers de son cri de mauvais

   augure

Du temps de Philippe le Bel à travers les forêts de cristal

   un grand cri vient battre les murs recouverts de lierre

La porte se ferme

Taisez-vous ah taisez-vous laissez dormir l'eau froide au

   bas de son sommeil

Laissez les poissons s'enfoncer vers les étoiles

Le vent du canapé géant sur lequel reposent les murmures

   le vent sinistre des métamorphoses se lève

Mort aux dents mort à la voile blanche mort à la cime

   éternelle

Laissez-la dormir dis-je laissez-la dormir ou bien j'affirme

   que des abîmes se creuseront

Que tout sera désormais fini entre la mousse et le cercueil

Je n'ai pas dit cela

Je n'ai rien dit

Qu'ai-je dit ?

Laissez laissez-la dormir

Laissez les grands chênes autour de son lit

Ne chassez pas de sa chambre cette humble pâquerette à

   demi effacée

Laissez laissez-la dormir.

 

Robert Desnos in Les Ténèbres

 

 

 

Desnos--photo.jpg

 

 


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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 08:00

 

 

 

 

 

emploi-du-temps--.jpg

 

 

 

 

 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 07:58

 

 

L'art de consommer...la rupture.

 

*       *        *

 

 

 

BÉRÉNICE

 

Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez !

 

TITUS

 

Oui, Madame, il est vrai, je pleure, je soupire,

Je frémis. Mais enfin, quand j'acceptai l'empire,

Rome me fit jurer de maintenir ses droits :

Il les faut maintenir. Déjà plus d'une fois

Rome a de mes pareils exercé la constance.

Ah ! si vous remontiez jusques à sa naissance,

Vous les verriez toujours à ses ordres soumis.

L'un, jaloux de sa foi, va chez les ennemis

Chercher avec la mort la peine toute prête;

D'un fils victorieux l'autre proscrit la tête;

L'autre, avec des yeux secs et presque indifférents,

Voit mourir ses deux fils, par son ordre expirants.

Malheureux ! Mais toujours la patrie et la gloire

Ont parmi les Romains remporté la victoire.

Je sais qu'en vous quittant le malheureux Titus

Passe l'austérité de toutes leurs vertus ;

Qu'elle n'approche point de cet effort insigne ;

Mais, Madame, après tout, me croyez-vous indigne

De laisser un exemple à la postérité

Qui sans de grands efforts ne puisse être imité ?

 

BÉRÉNICE

 

Non, je crois tout facile à votre barbarie.

Je vous crois digne, ingrat, de m'arracher la vie.

De tous vos sentiments mon coeur est éclairci.

Je ne vous parle plus de me laisser ici.

Qui ? moi ? j'aurais voulu, honteuse et méprisée,

D'un peuple qui me hait soutenir la risée ?

J'ai voulu vous pousser jusques à ce refus.

C'en est fait, et bientôt vous ne me craindrez plus.

N'attentez pas ici que j'éclate en injures,

Que j'atteste le ciel, ennemi des parjures.

Non, si le ciel encore est touché de mes pleurs,

Je le prie en mourant d'oublier mes douleurs.

Si je forme des voeux contre votre injustice,

Si devant que mourir la triste Bérénice

Vous veut de son trépas laisser quelque vengeur,

Je ne le cherche, ingrat, qu'au fond de votre coeœur.

Je sais que tant d'amour n'en peut être effacée;

Que ma douleur présente et ma bonté passée,

Mon sang, qu'en ce palais je veux même verser,

Sont autant d'ennemis que je vais vous laisser :

Et, sans me repentir de ma persévérance,

Je me remets sur eux de toute ma vengeance.

Adieu.

 

 

RACINE in  BERENICE, Acte IV, scène 5

 


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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 07:56

 

 

 

pages blanches.pg

 

    Aujourd'hui, le mot incipit (du latin incipio, is, ere : « commencer ») désigne les premiers mots d'un texte. Selon une tradition hébraïque reprise dans le christianisme, l'incipit donne son titre au document. Un incipit permet d'introduire une histoire dans un contexte (“contextualiser” comme on dit sur France Culture !...). Il donne le cadre spatio-temporel et des informations de base comme: -caractéristiques physiques et mentales -lieu, -comportements (des animaux ou des personnages) -le temps, l'année –etc...
Ainsi le lecteur dispose de suffisamment d'éléments pour se plonger dans l'intrigue. L'incipit est un moment essentiel où il s'agit d'introduire le lecteur pour lui donner envie de continuer.
    Ainsi, en hébreu, les livres de la Bible sont désignés par leur incipit. Par exemple le premier livre s'appelle Bereshit, c'est-à-dire commencement, premier mot de la Bible : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre...»
 

 

 


La première phrase d'un roman, c'est tout un art. Elle doit nous happer, nous intriguer, bref nous donner le goût de lire la deuxième ! Certaines premières phrases sont devenues des classiques. Voici, à l’unanimité, la plus célèbre:

 

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. (Marcel Proust, Du côté de chez Swann)

 

Et celle-ci, presque aussi connue :

 

Aujourd'hui, maman est morte. (Albert Camus, L'Étranger)

 

Dans un genre tout à fait différent :

 

DOUKIPUDONKTAN, se demanda Gabriel excédé. (Raymond Queneau, Zazie dans le métro)

 

Une des plus célèbres, dans A tale of Two Cities de Charles Dickens :

It was the best of times, it was the worst of times.

 

dont voici la suite :

 

It was the best of times, it was the worst of times; it was the age of wisdom, it was the age of foolishness; it was the epoch of belief, it was the epoch of incredulity; it was the season of Light, it was the season of Darkness; it was the spring of hope, it was the winter of despair; we had everything before us, we had nothing before us; we were all going directly to Heaven, we were all going the other way.

 

 

Celle-ci également est très appréciée :

 

Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself. (Virginia Woolf, Mrs Dalloway)

 

 

 

Nous avons failli en oublier une, vraiment classique, très succincte et universellement connue :

 

Call me Ishmael. (Herman Melville, Moby Dick)

 

 

À l'opposé, une phrase est reconnue pour être une des pires, l'archétype même du cliché, celle de ce pauvre Edward Bulwer-Lytton (un écrivain anglais du XIXème siècle), rendue célèbre par ce cher Snoopy (dont toutes les tentatives littéraires commençaient toujours par ces mots, et se soldaient toutes par des échecs!) :

 

It was a dark and stormy night; the rain fell in torrents, except at occasional intervals, when it was checked by a violent gust of wind which swept up the streets (for it is in London that our scene lies), rattling along the house-tops, and fiercely agitating the scanty flame of the lamps that struggled against the darkness.


 Snoopy typing

 

dark-and-stormy-2nd-sentence.jpg

 


Une devinette, pour terminer (l'excipit de ce billet ?...)

Quel roman commence ainsi ?

 

Colin terminait sa toilette.

 

 


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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 07:52

 

 

 

Tel variait au jour changeant

Tel variait au jour changeant
- Avec l'or de tes boucles,
Le sang d'un collier d'escarboucles
Dans ma tasse d'argent

Qui, tout de roses couronnée,
- Sur la ligne où se joint
L'ombre au soleil - jetait au loin
Une pourpre alternée ;

Lilith, et, telle, un jour d'été,
J'ai vu noircir ta joue,
Quand le désir trouble, et déjoue,
Ta pliante fierté.

(Talmud babylon.)

Paul-Jean TOULET 

 

Cabanel.-La-naissance-de-Venus.jpg

...- Avec l'or de tes boucles,...

 

 

Alexandre CABANEL. La Naissance de Vénus, 1863.

Peintre officiel du Second Empire, il a réalisé la Naissance de Vénus que Napoléon III a lui-même acquis pour sa collection personnelle. Alexandre Cabanel devient célèbre à la fois pour ses portraits, que l’on s’arrache de Baltimore à Saint-Pétersbourg, mais aussi pour son répertoire de grands sujets spectaculaires : Phèdre, Cléopâtre, Othello et Desdémone…


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