Surligner : marquer un texte avec un surligneur
Ce qu'on sait
n'est pas à soi.
Marcel PROUST
A la recherche du temps perdu, 1918
Surligner : marquer un texte avec un surligneur
Ce qu'on sait
n'est pas à soi.
Marcel PROUST
A la recherche du temps perdu, 1918
Du 5 au 18 mars 2012
Le Printemps des Poètes est une manifestation francophone créée en 1999 se déroulant en France et au Québec. Le thème retenu cette année est « ENFANCES ».
En milieu scolaire, les objectifs sont de :
- sensibiliser les publics scolaires à la poésie ;
- encourager la lecture de poèmes comme pratique culturelle ;
- susciter les rencontres entre poètes contemporains et élèves ;
- lutter contre l'illettrisme et restaurer un lien actif et prolongé avec le patrimoine littéraire et la langue.
Les papillons
I
De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? — Moi, les roses ;
— Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
— Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
— Moi, le rossignol qui chante ;
— Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...
Gérard DE NERVAL
Petits châteaux de Bohème, 1853
(début du poème)
— Moi, les roses
Salvador DALI
Rose méditative, 1959
— Moi, l'aspect d'un beau pré vert
Berthe Morisot
La chasse aux papillons, 1874
— Et moi, les beaux papillons !
Salvador DALI
Paysage aux papillons, 1956
« Vous pourriez déranger la chance »
Le funambule
Un sentier de fil tendu et si mince qu’un ange n’y pourrait cheminer que les ailes ouvertes ;
Rien que l’espace alentour -, très bas et très haut l’espace charmeur et mortel.
Ô funambule, il n’est pas de solitude comparable à la tienne et tu n’as d’autre compagnon
Que cette mort toujours te parlant à l’oreille et te pressant de lui céder.
Ah ! quelle danse étrange où le moindre faux pas punit de mort le danseur !
Quelle fidélité où le moindre mensonge immole le menteur.
De ton pied intelligent, tu choisis le nombre d’or entre cent nombres perfides — et chacun de tes orteils est vainqueur de cent énigmes.
Tandis que tes bras levés et tes paumes bien ouvertes semblent toucher une rampe de vent ou calmer les sirènes du vide.
Une grâce vigoureuse dicte la foi forte et chaste à tes genoux, à ta nuque.
Et tu poursuis un voyage dans la pure vérité.
Tu marches ; plus rien en toi ne peut dormir ou rêver. Ô justice, ô vigilance.
Et tu es comme l’avare qui perdrait tout son trésor en perdant un seul denier.
L’oiseau des cimes t’admire en ta haute pauvreté. Il a dans l’air vaste et nu mille soutiens transparents :
Toi, tu n’as pour seul appui qu’un fil nié par les yeux, le plus frêle fil du monde entre deux bords de cristal.
Tu inventes la balance où rien d’impur ne survit et quel juste partage est fait dans l’équilibre du monde.
Entre huit grains de poussière et deux plumes de mésange !
Si ta main va s’emparer de quelque invisible pêche, tu sais la fondre en toi-même et goûter son jus profond de la lèvre au bout des pieds.
Ô prince du suspens, ô maître de l’audace, chaque pas que tu fais engendre des musiques en des lieux bercés hors du temps ;
Et la terre envieuse et l’abîme dompté ne pouvant t’engloutir, ont pris parti de t’adorer.
Règne donc dans un tourment aux figures de délice ; caresse d’une main savante les grands fauves endormis,
Puisque tu vois danser ton âme à la distance d’un seul pas et que ta main va l’atteindre.
Ô solitaire, ô lucide, risque à chaque instant de perdre un séjour obéissant, un empire de saisons pour gagner un pas de plus.
NORGE
Oeuvres poétiques
Edgar DEGAS
Miss Lola au cirque Fernando, 1879
Voici la très belle affiche du Salon du livre 2012
(une suite au poème publié hier, Les Colombes
de Théophile Gautier)
Les colombes
Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
Un beau palmier, comme un panache vert,
Dresse sa tête, où le soir les colombes
Viennent nicher et se mettre à couvert.
Mais le matin elles quittent les branches ;
Comme un collier qui s'égrène, on les voit
S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches,
Et se poser plus loin sur quelque toit.
Mon âme est l'arbre où tous les soirs, comme elles,
De blancs essaims de folles visions
Tombent des cieux en palpitant des ailes,
Pour s'envoler dès les premiers rayons.
Théophile GAUTIER (1811-1872)
Poésies.
...Mais le matin elles quittent les branches...
Illustration : Bernard Buffet.
"Mon objectif est de transmettre la mémoire des victimes de la barbarie de la déportation, de ceux qui ont disparu comme ceux qui en sont revenus et qui ont essayé de survivre avec les traces du traumatisme, qu'il s'agisse des victimes de la Shoah, du Samudaripen tsigane, ou encore des résistants.
En peignant l'holocauste, je voudrais sensibiliser au danger de l’intolérance, de la soumission passive à une idéologie et à l’indifférence, susciter une réflexion pour amener la jeunesse à rester en éveil face aux prémisses d’autres génocides, pour renforcer les solidarités et refuser la haine et faire sentir la valeur de la vie humaine et de tout individu.
Par mes peintures, je souhaite représenter les victimes de tous les génocides, de toutes les intolérances, la souffrance de tout peuple discriminé, la souffrance d'un individu, la souffrance d'un survivant, la souffrance d'un descendant."Francine MAYRAN.
Francine Mayran expose, du 1er au 26 mars,
Conseil Régional
Maison de la Région
Place Adrien Zeller à Strasbourg
TEMOIGNER DE CES VIES
On retrouvera toutes nos publications précédentes sur le parcours européen
et l'œuvre de Francine Mayran en cliquant ici
Sous nos fenêtres, ©Francine Mayran
Devant nos yeux, ©Francine Mayran
Nouveaux portraits, ©Francine Mayran
Tout a été dit, tout a été écrit sur ce poème, considéré à juste titre
comme l'un des plus grands de Baudelaire.
Tout reste donc à dire, tout reste à écrire...
Le Cygne
A VICTOR HUGO
I
Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve,
Pauvre et triste miroir où jadis resplendit
L'immense majesté de vos douleurs de veuve,
Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,
A fécondé soudain ma mémoire fertile,
Comme je traversais le nouveau Carrousel.
Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville
Change plus vite, hélas! que le coeur d'un mortel) ;
Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques,
Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts,
Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques,
Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus.
Là s'étalait jadis une ménagerie ;
Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux
Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie
Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux,
Un cygne qui s'était évadé de sa cage,
Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec,
Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage.
Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec
Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre,
Et disait, le coeur plein de son beau lac natal :
« Eau, quand donc pleuvras-tu? quand tonneras-tu, foudre ? »
Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,
Vers le ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide,
Vers le ciel ironique et cruellement bleu,
Sur son cou convulsif tendant sa tête avide,
Comme s'il adressait des reproches à Dieu !
II
Paris change ! mais rien dans ma mélancolie
N'a bougé ! palais neufs, échafaudages, blocs,
Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie,
Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.
Aussi devant ce Louvre une image m'opprime :
Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous,
Comme les exilés, ridicule et sublime,
Et rongé d'un désir sans trêve ! et puis à vous,
Andromaque, des bras d'un grand époux tombée,
Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus,
Auprès d'un tombeau vide en extase courbée ;
Veuve d'Hector, hélas ! et femme d'Hélénus !
Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique,
Piétinant dans la boue, et cherchant, l'oeil hagard,
Les cocotiers absents de la superbe Afrique
Derrière la muraille immense du brouillard ;
A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
Jamais, jamais ! à ceux qui s'abreuvent de pleurs
Et tètent la Douleur comme une bonne louve !
Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs !
Ainsi dans la forêt où mon esprit s'exile
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor !
Je pense aux matelots oubliés dans une île,
Aux captifs, aux vaincus !... à bien d'autres encor !
Charles BAUDELAIRE
Section « Tableaux parisiens » in Les Fleurs du mal (1857)
Les yeux
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore.
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore...
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre.
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh ! Qu'ils aient perdu le regard
Non, non, cela n'est pas possible,
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible.
Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent
Les prunelles ont leur couchant
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
Sully Prudhomme
1839-1907
...Les yeux qu'on ferme voient encore.
...Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore...
Toiles de Ferdinand Hodler, 1853-1918, peintre suisse.
toile du haut : Valentine sur son lit de mort, 1915
toile du bas : Jeune fille au pavot, vers 1889
Valentine Godé-Darel fut sa jeune maîtresse. Holder l’adorait et l'a peinte presque tout le long de sa vie.
Hodler, sur sa peinture, dit : « Tous les objets ont une tendance horizontale. La montagne s’arrondit par les siècles jusqu’à ce qu’elle soit plane comme la surface de l’eau. »
Les papillons
De toutes les belles choses
Qui nous manquent en hiver,
Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
- Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
- Moi, la moisson blondissante,
Chevelure des sillons ;
- Moi, le rossignol qui chante ;
- Et moi, les beaux papillons !
Le papillon, fleur sans tige,
Qui voltige,
Que l'on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie,
Harmonie
Entre la plante et l'oiseau !...
Gérard de Nerval
Les papillons, extrait.
- Et moi, les beaux papillons !
©Campagne de publicité Hermès, printemps été 2012
Carrés géants en summer twill. Carrés en twill de soie.