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Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,

DESNOS. Passé le pont.

 

 

 

Passé le pont.

 

La porte se ferme sur l'idole de plomb

Rien désormais ne peut signaler à l'attention publique cette

   maison isolée

Seule l'eau peut-être se doutera de quelque chose

Les clairs matins d'automne la corde au cou plongent dans

   la rivière

Le myosotis petit chien de Syracuse n'appelle jamais

   plus la fermière aux yeux pers de son cri de mauvais

   augure

Du temps de Philippe le Bel à travers les forêts de cristal

   un grand cri vient battre les murs recouverts de lierre

La porte se ferme

Taisez-vous ah taisez-vous laissez dormir l'eau froide au

   bas de son sommeil

Laissez les poissons s'enfoncer vers les étoiles

Le vent du canapé géant sur lequel reposent les murmures

   le vent sinistre des métamorphoses se lève

Mort aux dents mort à la voile blanche mort à la cime

   éternelle

Laissez-la dormir dis-je laissez-la dormir ou bien j'affirme

   que des abîmes se creuseront

Que tout sera désormais fini entre la mousse et le cercueil

Je n'ai pas dit cela

Je n'ai rien dit

Qu'ai-je dit ?

Laissez laissez-la dormir

Laissez les grands chênes autour de son lit

Ne chassez pas de sa chambre cette humble pâquerette à

   demi effacée

Laissez laissez-la dormir.

 

Robert Desnos in Les Ténèbres

 

 

 

Desnos--photo.jpg

 

 


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E
<br /> Sombres ténèbres. J'aimerais tant te réchauffer ... Ici le vent hurle sur les cimes dénudées. On va faire du feu dans la cheminée. Bien amicalement. <br />
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