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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 08:00




"...L’homme qui, dès le commencement, a été longtemps baigné dans la molle atmosphère de la femme, dans l’odeur de ses mains, de son sein, de ses genoux, de sa chevelure, de ses vêtements souples et flottants, y a contracté une délicatesse d’épiderme et une distinction d’accent, une espèce d’androgynéité, sans lesquelles le génie le plus âpre et le plus viril reste, relativement à la perfection dans l’art, un être incomplet..."

Charles BAUDELAIRE in
Les Paradis artificiels

 


La Géante

Au temps que la nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J'eusse aimé vivre auprès d'une jeune géante,
Comme aux pieds d'une reine un chat voluptueux.

J'eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement dans ses terribles jeux ;
Deviner si son cœur couve une sombre flamme

Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;

Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,

Lasse, la font s'étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l'ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d'une montagne.


 

 

Charles BAUDELAIRE, 19ème poème des Fleurs du mal

 

 

Renoir.Nu-dans-une-chaise.jpg

 

 

Pierre-Auguste RENOIR, Nu dans une chaise, 1900.

 


 

 


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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 08:00

 

 

 Amoureuse de Pyrrhus, Hermione se voit supplantée par Andromaque dans le cœur de celui-ci. Furieuse, elle a chargé Oreste de le tuer. Mais, pendant que le mariage de Pyrrhus et d'Andromaque est près d'être célébré, elle semble encore hésiter.

 

 

 

Hermione.

 

Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?

 

Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?

 

Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.

 

Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?

 

Le cruel ! de quel oeil il m'a congédiée :

 

Sans pitié, sans douleur au moins étudiée !

 

L'ai-je vu s'attendrir, se troubler un moment ?

 

En ai-je pu tirer un seul gémissement ?

 

Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,

 

Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes ?

 

Et je le plains encore ! Et, pour comble d'ennui,

 

Mon coeur, mon lâche coeur s'intéresse pour lui !

 

Je tremble au seul penser du coup qui le menace !

 

Et, prête à me venger, je lui fais déjà grâce !

 

Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :

 

Qu'il périsse ! aussi bien il ne vit plus pour nous.

 

Le perfide triomphe et se rit de ma rage :

 

Il pense voir en pleurs dissiper cet orage :

 

Il croit que, toujours faible, et d'un coeur incertain,

 

Je parerai d'un bras les coups de l'autre main.

 

Il juge encor de moi par mes bontés passées.

 

Triomphant dans le temple, il ne s'informe pas

 

Si l'on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas.

 

Il me laisse, l'ingrat, cet embarras funeste.

 

Non, non, encore un coup, laissons agir Oreste.

 

Qu'il meure, puisque enfin il a dû le prévoir,

 

Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir...

 

À le vouloir ? Eh quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne ?

 

Sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione ?

 

Ce prince, dont mon coeur se faisait autrefois

 

Avec tant de plaisir redire les exploits,

 

À qui même en secret je m'étais destinée

 

Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée ;

 

Je n'ai donc traversé tant de mers, tant d'États,

 

Que pour venir si loin préparer son trépas,

 

L'assassiner, le perdre ? Ah ! devant qu'il expire...

 

 

Jean RACINE,  Andromaque (1667), acte V, scène I.

 

 

 

 

Comedie-francaise.jpg

 

 

Andromaque.jpg

Représentation à la Comédie Française, dans une mise en scène de Muriel Mayette, en janvier 2011. Photo© Christophe Raynaud de Lage

 

 


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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 07:55

 

 

 

Conseils donnés par une sorcière

 


(A voix basse, avec un air épouvanté,

à l'oreille du lecteur.)

 

Retenez-vous de rire

dans le petit matin

N'écoutez pas les arbres

qui gardent les chemins !

 

Ne dites votre nom

à la terre endormie

qu'après minuit sonné !

 

A la neige, à la pluie

ne tendez pas la main !

 

N'ouvrez votre fenêtre

qu'aux petites planètes

que vous connaissez bien !

 

Confidence pour confidence

vous qui venez me consulter

méfiance, méfiance,

on ne sait pas ce qui peut arriver.

 

 

Jean TARDIEU

 

 

 

dali.jpg

...Confidence pour confidence

vous qui venez me consulter...

 

 

 

S.DALI. Daddy Longlegs of the Evening – Hope !  (incluant un avion mou vomi par un canon, fourmis, la victoire naissant d’une aile brisée, violoncelle en mastic blanc et ange qui pleure)1940

 



La Fondation Dali, St.Petersburg, Floride. Etats-Unis présente une collection de plus de 2000 oeuvres. Ce musée privé américain, sur les rives du golfe du Mexique, est le plus grand musée consacré au peintre, hors l'Espagne. Il a été récemment entièrement reconstruit, comme on peut le voir ci-dessous. Il a rouvert début 2011.

 

musee-dali-floride.jpg 

 

 

Visiter The Dali museum

 


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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 08:04

 

 

Kiefer-05G.jpg

 

 

kiefer 1 

Anselm Kiefer. 

 Für Paul Celan

Toiles d'Anselm Kiefer et dialogue avec Paul Celan : "des blocs de matière picturale composés d'une couche croûteuse, plâtreuse, faite de plis et de replis dans lesquels se cache «la fleur de cendre» (Celan), cette impalpable trace de la vie qui n'est plus..."

 

 


 

Paul Celan est né ce 23 novembre, il y a quatre-vingt-onze ans. Il fut sans doute le plus grand poète de langue allemande de l’après-guerre. Né en Roumanie dans une famille juive, il composa une oeuvre où la Shoah tient une place prépondérante.

 

 

Dein Haus ritt die finstere Welle, doch barg es ein Rosengeschlecht

Als Arche verliess es die Strasse, so wardst du gerettet ins Unheil.

 

Ta maison a chevauché la vague ténébreuse, mais elle cachait un lignage de roses

Arche, elle a quitté la route, ainsi fus-tu sauvé, emmené au malheur.

 

 

anselm-kiefer-4

 

 

Honorer l’anniversaire de Paul Celan, né un 23 novembre il y a 91 ans, représente une impérieuse nécessité. En mémoire des tragédies du XXe siècle, dont le poète fut le témoin et la victime. Comme acte de révolte aussi, face aux barbaries qui s’installent sous nos yeux. Dans la tradition juive, l’être humain se définit par ses relations avec les autres, une vie se mesurant ainsi à l’aune d’une autre vie. Paul Celan a remplacé le vide que les absents assassinés ont laissé par des poèmes écrits au sang noir. Puis, il s’est noyé dans son époque (Il se donne la mort à Paris en se jetant dans la Seine le 20 avril 1970). La nôtre peut se retrouver dans Celan.

 

L’oeuvre de Celan – majeure s’il en est – demeure une leçon de dignité autant que d’esthétique, tant il est vrai qu’il existe une éthique de l’esthétique.

 

S'il venait,

venait un homme,

venait un homme, au monde,

aujourd'hui, avec

la barbe de clarté

des patriarches: il devrait,

s'il parlait de ce

temps, il

devrait

bégayer seulement, bégayer,

toutoutoujours

bégayer.

 

Paul Celan

 

 

Paul-Celan.jpg


 

 


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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 08:00

 

 

 

 

Bruno-Bebert.Nice.jpeg

©Bruno Bebert/SIPA

 

 

 

On croirait un tableau de Magritte, mais c’est un «coup de mer» qui a déferlé le 8 novembre sur une partie de la Côte d’Azur. Le décor, naturel, est celui de la Promenade des Anglais, à Nice. La vague est très haute puisqu’elle a déjà traversé la plage, son écume se confond ici avec celle des nuages, encadrée par une architecture épurée dont elle ne franchit pas la barrière, éclaboussant tout d’un camaïeu de blancs qui respire la sérénité. Seul un peintre aurait pu normalement inventer un tel contraste avec la fureur des éléments, mais c’est un photographe qui l’a capturé. 

 

 

 

 

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 08:01

 

 

Brueghel-La Tour de babel

 

 

 

BABEL

 

 

Babel, ce fut d’abord des fondations profondes.

 

Puis des murs, enfin des fenêtres,

 

des corniches où l’hirondelle commençait à pondre.

 

Alors, les bâtisseurs parlèrent et la tour s’écroula.

 

Le tonnerre ? non, les paroles.

 

Fallait des chants, voilà !

 

 

 

 

NORGE.

 

 

 

Illustration : Pieter Brueghel l’Ancien (vers 1525 – 1569) La Tour de Babel, 1563

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 07:55

 

Toujours et Jamais de Paul Vincensini

  est le poème le plus consulté sur Nuageneuf.

 

 

Toujours et Jamais

 

Toujours et Jamais étaient toujours ensemble, ne se

quittaient jamais. On les rencontrait dans toutes les

foires. On les voyait le soir traverser le village sur un

tandem. Toujours guidait, Jamais pédalait. C'est du

moins ce qu'on supposait !

 

Ils avaient tous les deux une jolie casquette : l'une était

noire à carreaux blancs, l'autre blanche à carreaux noirs.

 

A cela on aurait pu les reconnaître ; mais ils passaient

toujours le soir et avec la vitesse...

 

Certains d'ailleurs les soupçonnaient, non sans raison

peut-être, d'échanger certains soirs leur casquette. Une

autre particularité aurait dû les distinguer : l'un disait

toujours bonjour, l'autre toujours bonsoir.

 

Mais on ne sut jamais si c'était Toujours qui disait

bonjour, ou Jamais qui disait bonsoir, car - entre

nous - comme ils étaient toujours ensemble, ils ne

s'appelaient jamais.

 

 

Paul Vincensini

 



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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 07:50

 

 

      Où c'qu'est la 'tit' minoiselle

  est le second poème le plus consulté sur Nuageneuf.


 

 

Où c’qu’est la ‘tit’ minoiselle,


La florette des minous,


La mignote si joiselle


Qui florissait parmi nous ?

 

 

 

NORGE.

 


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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 08:00

 

 

 

Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?
 
Ô saisons, ô châteaux,
 
J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.
 
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq Gaulois.
 
Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.
 
Ce Charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.
 
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !
 
Ô saisons, ô châteaux !
 
[ Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !

- Ô Saisons, ô Châteaux !
Quelle âme est sans défauts ? ]


A.Rimbaud.

 

...Ce Charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.
 
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !
 
Ô saisons, ô châteaux !...

 

 


 

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 07:59

 

 

 

 

 

 

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