Une mise en avant un peu débridée du (grand) romancier éthylique irlandais James Joyce (1882-1941), à l’œuvre considérable : la fin de Ulysses.
And then I asked him with my eyes to ask again yes
Une mise en avant un peu débridée du (grand) romancier éthylique irlandais James Joyce (1882-1941), à l’œuvre considérable : la fin de Ulysses.
And then I asked him with my eyes to ask again yes
Tallulah Brockman Bankhead, 1902-1968 , est une actrice américaine.
Elle joua notamment pour Alfred Hitchcock dans Lifeboat, et inspira en partie le personnage de Cruella d'Enfer dans le long-métrage animé Les 101 Dalmatiens, de Disney. Elle épousa l'acteur John Emery en 1937 avant de divorcer en 1941. Elle fut l’amante de l'actrice Alla Nazimova et de Billie Holiday, ainsi que la meilleure amie d'enfance de Zelda Fitzgerald. Dans Lifeboat, son film le plus célèbre, elle incarne le personnage de Connie Parker, une journaliste réputée dans le domaine de la mode.
A Very Special Request,
To Whom il May Concern.
"Dieu est mort, Marx est mort et moi-même, je ne me sens pas très bien..."
Illustration : Woody Allen et Diane Keaton
in Play it Again, Sam - 1972 -
© Whom it May Concern
Si le poète se décourageait
Si le poète se décourageait,
les feuilles tomberaient des arbres -
et leurs branches prendraient
le profil de potences.
Si le poète se décourageait,
les femmes enceintes
ne donneraient plus la vie,
ne donneraient plus jamais la vie.
Mais de grâce et de misère, le poète,
de grâce et de misère,
meurt toujours, toujours,
avant de se décourager.
Nichita Stănescu
(1933–1983)
Art poétique (Artă poetică)
Traduit du roumain par Jan H. Mysjkin
Nichita Stănescu est né le 31 mars 1933 à Ploieşti, d’une mère russe et d’un père roumain ; il meurt, peu après son cinquantième anniversaire, à Bucarest, le 13 décembre 1983. Il a été proposé à deux reprises, en 1978 et 1980, pour le prix Nobel de Littérature.
Il est l’auteur d’une vingtaine de recueils de poésie ainsi que de nombreux articles et textes en prose de caractère théorique, regroupés par lui peu avant sa mort mais publiés effectivement seulement après décembre 1989, sous le titre La Physiologie de la Poésie.
Nicolas de STAEL
Oiseaux en vol, 1951
Nicolas de STAEL
Nature morte au marteau, 1954
Sonia WIEDER-ATHERTON
Chants juifs, 2011
Sonia Wieder-Atherton est une violoncelliste française née en 1961 à San Francisco.
Comme un verre de Venise
Comme un verre de Venise
sait en naissant ce gris
et la clarté indécise
dont il sera épris,
ainsi tes tendres mains
avaient rêvé d’avance
d’être la lente balance
de nos moments trop pleins.
Rainer Maria Rilke
Vergers, 1924-1925
>> Tous les poèmes du recueil Vergers sont écrits en français.
Qui que tu sois
Qui que tu sois, le soir sors,
sors de ta chambre où tout est connu ;
ta maison, c’est la dernière avant l’étendue,
qui que tu sois.
Avec tes yeux qui fatigués peinent
à se délivrer de l’usure du seuil,
tu lèves un arbre noir, lentement, à peine,
et le plantes devant le ciel : svelte, seul.
Et tu as fait le monde. Et il est grand,
pareil à un mot qui mûrit encore dans le silence.
Et comme ta volonté comprend son sens,
tes yeux de lui se détachent tendrement…
Rainer Maria RILKE
Le livre d'images, 1899
Wer du auch seist
Wer du auch seist: am Abend tritt hinaus
aus deiner Stube, drin du alles weißt;
als letzes vor der Ferne liegt dein Haus:
wer du auch seist.
Mit deined Augen, welche müde kaum
von der verbrauchten Schwelle sich befrein,
hebst du ganz langsam einen schwarzen Baum
und stellst ihn vor den Himmel: schlank, allein.
Und hast die Welt gemacht. Und sie ist groß
und wie ein Wort, das noch im Schweigen reift.
Und wie dein Wille ihren Sinn begreift,
lassen sie deine Augen zärtlich los …
Rainer Maria RILKE
Das Buch der Bilder, 1899
tu lèves un arbre noir, lentement, à peine,
et le plantes devant le ciel : svelte, seul.
Éteins mes yeux
Éteins mes yeux : je te verrai encore
Bouche-moi les oreilles : je t’entendrai encore
Sans pieds, je marcherai vers toi
Sans bouche, je t’invoquerai encore
Coupe-moi les bras : je te saisirai
Avec mon cœur comme avec une main
Arrache-moi le cœur et mon cerveau battra
Et si tu mets aussi le feu à mon cerveau
Je te porterai dans mon sang.
Rainer Maria Rilke
Le Livre d’images, 1899
Lösch mir die Augen aus
Lösch mir die Augen aus: ich kann dich sehn,
wirf mir die Ohren zu: ich kann dich hören,
und ohne Füße kann ich zu dir gehn,
und ohne Mund noch kann ich dich beschwören.
Brich mir die Arme ab, ich fasse dich
mit meinem Herzen wie mit einer Hand,
halt mir das Herz zu, und mein Hirn wird schlagen,
und wirfst du in mein Hirn den Brand,
so werd ich dich auf meinem Blute tragen.
Rainer Maria Rilke
1875-1926
RILKE
Fondation Rainer Maria RILKE à SIERRE (Valais) SUISSE.
A l’origine, mon âme
Et la tienne étaient unies,
Elles étaient l’apparence
Et le secret de toi,
l’apparence et le secret de moi,
Il serait vain de dire
« la mienne et la tienne »
Car il n’y a ni moi
Ni toi, entre toi et moi.
Rûmî
Surnommé aussi Mawlanna, qui signifie maître ou seigneur, Rûmî est considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane et l'un des plus hauts génies de la littérature spirituelle universelle.
Né en 1207, à Balkh, dans le Khorasan (aujourd'hui en Afghanistan), il vécut la plus grande partie de son existence en Turquie au terme d'une errance de plusieurs années avec sa famille qui avait fui les massacres de Gengis Khan.
Son père, théologien et enseignant, assura à son fils une éducation d'érudit. Sa vie durant, Rûmî fut obsédé par le désir de trouver la voie qui aboutirait à la fusion de l'âme en Dieu. Il s'initia aux pratiques du soufisme, à la méditation jusqu'à l'extase.
Son oeuvre principale demeure le Mesnevi, recueil de quelque cinquante mille vers. Sa philosophie, sa morale, sa doctrine mystique y sont contenues. Rûmî est mort en 1273, à Konya, où son tombeau fait l'objet d'une grande vénération. Les traductions sont très tardives et datent pour la plupart du XXe siècle.
Rumi
Christine commentait hier sur Nuageneuf comme suit :
Kipling mériterait d'être cité en entier. Ce poème découvert alors que j'avais 14 ans m'a été donné à lire par un merveilleux poète qui était à l'époque documentaliste de mon collège Michel Cosem. Il m'en fit découvrir bien d'autres et pas des moindres, c'était il y a très longtemps, nos routes se sont parfois croisées...
(déjà publié le 5 mars 2011)
Chère Christine, le poème l'a été, cité en entier, en anglais et en français. Nous le publions donc à nouveau mais
Seulement
Pour Christine,
for a very very special request !
Voici le poème de Kipling. Traduit par André Maurois, il nous donne l’opportunité de nous remémorer cet écrivain prolifique, fou des femmes, biographe de talent, tombé dans l’oubli des professeurs de français ou plutôt des programmes qui leur sont imposés. Son roman le plus connu et apprécié est bien entendu Climats.
Émile Salomon Wilhelm Herzog (1885-1967) est issu d’une famille d’industriels juifs alsaciens. Il ne restera dans l’entreprise qu’une dizaine d’années avant de se consacrer, à la fin de la guerre, à sa carrière littéraire. C’est d’ailleurs pendant la guerre qu’il se retrouve à Maurois, petit village sur la célèbre chaussée Brunehaut, à quelques kilomètres du Cateau-Cambrésis. Son pseudonyme est trouvé !
En haut, à droite, André Maurois, peint par Philip Alexius de László -1934-
Le cimetière militaire du village de Maurois, dans le Nord, sur la chaussée Brenehaut.
Le célèbre poème "If-" de Rudyard Kipling (1865-1936) a été beaucoup (trop) traduit et en de fort nombreuses langues. En français, c’est la traduction de André Maurois qui est généralement donnée. Elle paraît dans Les silences du colonel Bramble (1918). Cette traduction, il convient de le souligner, est librement adaptée pour l’esprit français et ne s’attache pas beaucoup à la lettre de la poésie originale de Kipling.
D’autres traductions vinrent à la suite, plus sérieuses, plus littérales, comme celles de Germaine Bernard-Cherchevsky en 1942, Jules Castier en 1949, Hervé-Thierry Sirvent en 2003, Jean-François Bedel en 2007 et Leslie Tourneville en 2009.
Tu seras un homme, mon fils
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.
Traduction d'André Maurois (1918)
* * *
Ecrit en 1895 mais publié en 1910 dans , Rudyard Kipling a dédié ce poème à son fils John, âgé de 12 ans. John fut tué lors de la 1e guerre mondiale.
If...
If you can keep your head when all about you
Are losing theirs and blaming it on you,
If you can trust yourself when all men doubt you.
But make allowance for their doubting too;
If you can wait and not be tired by waiting.
Or being lied about, don't deal in lies,
Or being hated, don't give way to hating,
And yet don't look too good, nor talk too wise:
If you can dream -and not make dreams your master
If you can think -and not make thoughts your aim
If you can meet Triumph and Disaster
And treat those two impostors just the same;
If you can bear to hear the truth you've spoken
Twisted by knaves to make a trap for fools.
Or watch the things you gave your life to broken,
And stoop and build'em up with worn-out tools:
If you can make one heap of all your winnings
And risk it on one turn of pitch-and-toss,
And lose, and start again at your beginnings
And never breathe a word about your loss;
If you can force your heart and nerve and sinew
To serve your turn long after they are gone,
And so hold on when there is nothing in you
Except the Will which says to them: "Hold on!"
If you can talk with crowds and keep your virtue,
Or walk with Kings -nor lose the common touch,
If neither foes nor loving friends can hurt you,
If all men count with you, but none too much;
If you can fill the unforgiving minute,
With sixty seconds' worth of distance run.
Yours is the Earth and everything that's in it,
And -which is more- you'll be a Man, my son!
Rudyard Kipling
(1910)