Für Paul Celan
Toiles d'Anselm Kiefer et dialogue avec Paul Celan: des blocs de matière picturale composés d'une couche croûteuse, plâtreuse, faite de plis et de replis dans lesquels se cache «la fleur de cendre» (Celan), cette impalpable trace de la vie qui n'est plus.
Paul Celan est né ce jour, le 23 novembre. Il fut peut-être le plus grand poète de langue allemande de l’après-guerre. Né en Roumanie dans une famille juive, il composa une oeuvre où la Shoah tient une place prépondérante.
Dein Haus ritt die finstere Welle, doch barg es ein Rosengeschlecht
Als Arche verliess es die Strasse, so wardst du gerettet ins Unheil.
Ta maison a chevauché la vague ténébreuse, mais elle cachait un lignage de roses
Arche, elle a quitté la route, ainsi fus-tu sauvé, emmené au malheur.
Honorer l’anniversaire de Paul Celan, né un 23 novembre, représente une impérieuse nécessité. En mémoire des tragédies du XXe siècle, dont le poète fut le témoin et la victime. Comme acte de révolte aussi, face aux barbaries qui s’installent de plus belle sous nos yeux.
Dans la tradition juive, l’être humain se définit par ses relations avec les autres, une vie se mesurant ainsi à l’aune d’une autre vie. Paul Celan a remplacé le vide que les absents assassinés ont laissé par des poèmes écrits au sang noir. Puis, il s’est noyé dans son époque (Il se donne la mort à Paris en se jetant dans la Seine le 20 avril 1970). La nôtre peut se retrouver dans Celan.
L’oeuvre de Celan – majeure s’il en est – demeure une leçon de dignité autant que d’esthétique, tant il est vrai qu’il existe une éthique de l’esthétique.