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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 05:12


 

 

 

 

- Ah ! Qu’en termes galants ces choses-là sont mises !

Philinte. Acte premier, scène II -  Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux, comédie de Molière - 1666 -

 

Cette réplique de Philinte illustre à dessein – et sans dessins - ce poème de Voltaire, donné ici pour sourire.

 

 *

 

 

Polissonnerie

 

Je cherche un petit bois touffu,

Que vous portez, Aminthe,

Qui couvre, s’il n’est pas tondu

Un gentil labyrinthe.

Tous les mois, on voit quelques fleurs

Colorer le rivage ;

Laissez-moi verser quelques pleurs

Dans ce joli bocage.

 

- Allez, monsieur, porter vos pleurs

Sur un autre rivage ;

Vous pourriez bien gâter les fleurs

De mon joli bocage ;

Car, si vous pleuriez tout de bon,

Des pleurs comme les vôtres

Pourraient, dans une autre saison,

M’en faire verser d’autres.

 

- Quoi ! vous craignez l’évènement

De l’amoureux mystère ;

Vous ne savez donc pas comment

On agit à Cythère ;

L’amant, modérant sa raison,

Dans cette aimable guerre,

Sait bien arroser la gazon

Sans imbiber la terre.

 

- Je voudrais bien, mon cher amant,

Hasarder pour vous plaire ;

Mais dans ce fortuné moment

On ne se connait guère.

L’amour maîtrisant vos désirs,

Vous ne seriez plus maître

De retrancher de nos plaisirs

Ce qui vous donna l’être.

 

 

 

VOLTAIRE 

 

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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 05:10

 

 

 

Rimbaud le Poète, cela suffit, cela est infini.

   René CHAR

 

 

 

 

 

 

Cette fois, c'est la Femme que j'ai vue dans la ville, et à qui j'ai parlé et qui me parle.

 

J'étais dans une chambre sans lumière. On vint me dire qu'elle était chez moi : et je la vis dans mon lit, toute à moi, sans lumière ! Je fus très ému, et beaucoup parce que c'était la maison de famille : aussi une détresse me prit ! j'étais en haillons, moi, et elle, mondaine, qui se donnait ; il lui fallait s'en aller ! Une détresse sans nom, je la pris, et la laissai tomber hors du lit, presque nue ; et dans ma faiblesse indicible, je tombai sur elle et me traînai avec elle parmi les tapis sans lumière. La lampe de la famille rougissait l'une après l'autre les chambres voisines. Alors la femme disparut. Je versai plus de larmes que Dieu n'en a pu jamais demander.

 

Je sortis dans la ville sans fin. ô Fatigue ! Noyé dans la nuit sourde et dans la fuite du bonheur. C'était comme une nuit d'hiver, avec une neige pour étouffer le monde décidément. Les amis auxquels je criais : où reste-t-elle, répondaient faussement. Je fus devant les vitrages de là où elle va tous les soirs : je courais dans un jardin enseveli. On m'a repoussé. Je pleurais énormément, à tout cela. Enfin je suis descendu dans un lieu plein de poussière, et assis sur des charpentes, j'ai laissé finir toutes les larmes de mon corps avec cette nuit. - Et mon épuisement me revenait pourtant toujours.

 

J'ai compris qu'elle était à sa vie de tous les jours ; et que le tour de bonté serait plus long à se reproduire qu'une étoile. Elle n'est pas revenue, et ne reviendra jamais, l'Adorable qui s'était rendue chez moi, - ce que je n'aurais jamais présumé. - Vrai, cette fois, j'ai pleuré plus que tous les enfants du monde.

 

Arthur RIMBAUD

Les Déserts de l'Amour

vers 1871/1872

 

 

 

J.Jacques-Henner-Dormeuse--1893.jpg

Jean-Jacques HENNER

Dormeuse, 1893

Musée d'Orsay

 

 

 

Picasso-La-dormeuse-1932.jpg

PICASSO

La Dormeuse, 1932

 

 

 


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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 05:18

 

 

Poisson d'Avril

 

Un poisson d'avril

Est venu me raconter

Qu'on lui avait pris

Sa jolie corde à sauterla-statue-du-poisson-S.DALI.jpg

 

C'était un cheval

Qui l'emportait sur son coeur

Le long du canal

Où valsaient les remorqueurs

 

Et alors un serpent

S'est offert comme remplaçant

Le poisson très content

Est parti à travers champs

 

Il sauta si haut

Qu'il s'est envolé dans l'air

Il sauta si haut

Qu'il est retombé dans l'eau.

 

Boris VIAN

 

 

 

 

Illustration

Salvador DALI.

Statue du poisson       

 

 

 

 

 

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 05:10

 

 

 

 

Fish.gif.png

 

 

 

 

 

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 05:03

 

 

 

fish---chips.jpg

 

 

 

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 05:18

 

 

 

 Dites ! Dites !

 

 

 

Ah ! dites, dites

Où sont passés les troglodytes ?

 

Où sont passés les troglodytes ?

Où sont passés les Mohicans ?

Et Blériot avec son biplan ?

Et l’Arabie pas Séoudite ?

 

Où sont passés les fiacres

Qu’étaient couverts de nacre ?

Et les cochers boiteux

Qui devenaient le Diable en moins de deux ?

 

Où sont passées les Amazones

Qui n’avaient qu’un sein comme bouclier ?

Où est parti le puits de Dôme ?

Que sont devenus les Alliés ?

 

La guerre de Cent Ans ? Celle de Soixante-Dix ?

Et celle de Trente Ans ?

Et Vercingétorix

Mon ancêtre, mon Gaulois,

Où donc est-il passé avec ses guêtres et ses oies ?

 

Où sont passés les habitants

Des cavernes du bon vieux temps

Qui s’éclairaient modestement

Au moyen de vers luisants ?

 

Où sont passés les Thermopyles ?

Où sont passés les Thermidors ?

Et les Anglais qu’ont pris la pile

Quand Jeanne d’Arc était en or ?

 

Et Léontine la femme à Léon ?

 

Et ce monsieur Napoléon

Qui donnait son foie

A tous les soldats

Et faisait semblant d’être là

Même quand il était dans les draps

Avec la Joséphine extra ?

 

Et Samson ? Et Dalila ?

 

Ah ! dites, dites

Y’en a des choses qui existent.

 

Moi, je veux bien. Moi, je vous crois.

Mais faut vraiment avoir la Foi !

 

 

René de Obaldia    

 

Samson-et-Dalila-G.Moreau.1882jpg.jpg

... Et Samson ? Et Dalila ? ...

 

Gustave MOREAU

SAMSON et DALILA, 1882

 

 

 

milo-manara-17.jpg

 

 

... Où sont passées les Amazones

Qui n’avaient qu’un sein comme bouclier ? ...

 

Milo MANARA


 

 

René de Obaldia aujourd’hui dans un nonagénariat avancé à qui l’on demande  - Quelle vitalité ! Comment faites-vous ? 
répond :

 

« On me dit souvent que je fais plus jeune que mon âge. Je réponds toujours que c'est parce que je n'ai jamais eu la notion du temps. »

 

obaldia1photolot1.jpg

 

 

Textes déjà publiés : ici

 

 


 

René de Obaldia est né le 22 octobre 1918 à Hong-Kong. Il fait ses études à Paris au lycée Condorcet avant d'être mobilisé en 1940. Fait prisonnier, il est envoyé dans un stalag en Silésie. Il est rapatrié comme grand malade en 1944. En 1952, il publie Les richesses naturelles. Après un court passage comme directeur littéraire aux éditions Pierre Horay, il publie son premier roman, Tamerlan des coeurs (1956). Suivront deux récits: Fugue à Waterloo et La passion d'Emile, et un deuxième roman, Le centenaire, «épopée de la mémoire» (1960). Sa carrière de dramaturge commence grâce à Jean Vilar, qui donne Génousie au TNP. Parmi les honneurs dont est ponctuée la carrière de René de Obaldia: le prix de la Critique dramatique pour Génousie (1960) et le grand prix de la poésie de la SACEM pour Innocentines (1988). René de Obaldia a été élu à l'Académie française le 24 juin 1999, au fauteuil de Julien Green.




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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 05:17

 

 

 

 

 

LLS-15-.jpg

 

©Andy RILEY

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 05:14
Quand tout est dit, disons-le encore et encore !
Charles TRENET. M.EMER.
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30 mars 2013 6 30 /03 /mars /2013 06:26

 

 

 

 

Est-ce ainsi que les hommes vivent

 

 

 

Tout est affaire de décor

Changer de lit changer de corps

À quoi bon puisque c'est encore

Moi qui moi-même me trahis

Moi qui me traîne et m'éparpille

Et mon ombre se déshabille

Dans les bras semblables des filles

Où j'ai cru trouver un pays.

Coeur léger coeur changeant coeur lourd

Le temps de rêver est bien court

Que faut-il faire de mes nuits

Que faut-il faire de mes jours

Je n'avais amour ni demeure

Nulle part où je vive ou meure

Je passais comme la rumeur

Je m'endormais comme le bruit.

C'était un temps déraisonnable

On avait mis les morts à table

On faisait des châteaux de sable

On prenait les loups pour des chiens

Tout changeait de pôle et d'épaule

La pièce était-elle ou non drôle

Moi si j'y tenais mal mon rôle

C'était de n'y comprendre rien

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

Dans le quartier Hohenzollern

Entre La Sarre et les casernes

Comme les fleurs de la luzerne

Fleurissaient les seins de Lola

Elle avait un coeur d'hirondelle

Sur le canapé du bordel

Je venais m'allonger près d'elle

Dans les hoquets du pianola.

Le ciel était gris de nuages

Il y volait des oies sauvages

Qui criaient la mort au passage

Au-dessus des maisons des quais

Je les voyais par la fenêtre

Leur chant triste entrait dans mon être

Et je croyais y reconnaître

Du Rainer Maria Rilke.

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent.

Elle était brune elle était blanche

Ses cheveux tombaient sur ses hanches

Et la semaine et le dimanche

Elle ouvrait à tous ses bras nus

Elle avait des yeux de faÏence

Elle travaillait avec vaillance

Pour un artilleur de Mayence

Qui n'en est jamais revenu.

Il est d'autres soldats en ville

Et la nuit montent les civils

Remets du rimmel à tes cils

Lola qui t'en iras bientôt

Encore un verre de liqueur

Ce fut en avril à cinq heures

Au petit jour que dans ton coeur

Un dragon plongea son couteau

Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

 

 

 

Louis ARAGON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

... On prenait les loups pour des chiens ... 

 

 

 

 

loups.jpg

 

... Est-ce ainsi que les hommes vivent ...

 

 

 

 

 

... Elle était brune elle était blanche


MANARA.jpg

 

Milo MANARA

 

 


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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 06:31

 

 

 

Francine MAYRAN expose à Strasbourg 

du 2 avril au 2 juin 2013

 

 

 

 

F.MAYRAN-a-Strasbourg.jpg

 

 

 

 

 

"NOUS SOMMES TOUS DESCENDANTS DE CETTE PÉRIODE BARBARE, TOUS MARQUÉS D’AVOIR RÉALISÉ LA CAPACITÉ DE BARBARIE DE L’HOMME CIVILISÉ.

Lorsque ceux qui ont vécu cette tragédie se seront éteints, nous devrons être prêts à prendre le relais de leur parole, de leur mémoire. Il faut des porteurs de mémoire, pour transmettre un espoir en l’avenir, un espoir en un homme meilleur, qui empêche la haine, qui s’enrichit des différences pour dominer le mal." 

Francine MAYRAN    

 

*

 

Voir nos précédents articles ici

 

 

 


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