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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 05:47

 

 

 

 

PRINTEMPS-DES-POETES.jpg

 

 

 

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 06:10

 

 

 

Préface de Le Spleen de Paris, 1869

 

                                                                             A Arsène Houssaye   

 

 

    Mon cher ami, je vous envoie un petit ouvrage dont on ne pourrait pas dire, sans injustice, qu'il n'a ni queue, ni tête, puisque tout, au contraire y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Considérez, je vous prie, quelles admirables commodités cette combinaison nous offre à tous, à vous, à moi et au lecteur. Nous pouvons couper où nous voulons, moi ma rêverie vous le manuscrit, le lecteur sa lecture. Enlevez une vertèbre, et les deux morceaux de cette tortueuse fantaisie se rejoindront sans peine. Hachez-la en nombreux fragments, et vous verrez que chacun peut exister à part. Dans l'espérance que quelques-uns de ces tronçons seront assez vivants pour vous plaire et vous amuser, j'ose vous dédier l'ensemble du serpent tout entier.
    

 

J'ai une petite confession à vous faire. C'est en feuilletant, pour la vingtième fois au moins, le fameux Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand (un livre connu de vous, de moi, et de quelques-uns de nos amis, n'a-t-il pas tous les droits d'être appelé fameux ?), que l'idée m'est venue de tenter quelque chose d'analogue, et d'appliquer à la description de la vie moderne, ou plutôt d'une vie moderne et plus abstraite, le procédé qu'il avait appliqué à la peinture de la vie ancienne, si étrangement pittoresque.
    

 

Quel est celui de nous qui n'a pas, dans ses jours d'ambition, rêvé le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience ?
    

 

C'est surtout de la fréquentation des villes énormes, c'est du croisement de leurs innombrables rapports que naît cet idéal obsédant. Vous-même, mon cher ami, n'avez-vous pas tenté de traduire en une chanson le cri strident du Vitrier, et d'exprimer dans une prose lyrique toutes les désolantes suggestions que ce cri envoie jusqu'aux mansardes, à travers les plus hautes brumes de la rue ?
    

Mais, pour dire le vrai, je crains que ma jalousie ne m'ait pas porté bonheur. Sitôt que j'eus commencé le travail, je m'aperçus que non seulement je restais bien loin de mon mystérieux et brillant modèle, mais encore que je faisais quelque chose (si cela peut s'appeler quelque chose) de singulièrement différent, accident dont tout autre que moi s'enorgueillirait sans doute, mais qui ne peut qu'humilier profondément un esprit qui regarde comme le plus honneur du poète d'accomplir juste ce qu'il a projeté de faire.
    

 

Votre bien affectionné,

 

 

 

 

                                                        C. Baudelaire.

 

 



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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 06:00

 

 

 

 

Vincensini.jpg

 

 

 

Vincensini-theatre.jpeg

 

 

Maële VINCENSINI est la petite fille de PAUL VINCENSINI. Nuageneuf vous la présentera plus avant très prochainement.

 

 


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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 06:04

 

 

 

L'invitation au voyage

 


 

Il est un pays superbe, un pays de Cocagne, dit-on, que je rêve de visiter avec une vieille amie. Pays singulier, noyé dans les brumes de notre Nord, et qu’on pourrait appeler l’Orient de l’Occident, la Chine de l’Europe, tant la chaude et capricieuse fantaisie s’y est donné carrière, tant elle l’a patiemment et opiniâtrement illustré de ses savantes et délicates végétations. Un vrai pays de Cocagne, où tout est beau, riche, tranquille, honnête ; où le luxe a plaisir à se mirer dans l’ordre ; où la vie est grasse et douce à respirer ; d’où le désordre, la turbulence et l’imprévu sont exclus ; où le bonheur est marié au silence ; où la cuisine elle-même est poétique, grasse et excitante à la fois ; où tout vous ressemble, mon cher ange. 
Tu connais cette maladie fiévreuse qui s’empare de nous dans les froides misères, cette nostalgie du pays qu’on ignore, cette angoisse de la curiosité ? Il est une contrée qui te ressemble, où tout est beau, riche, tranquille et honnête, où la fantaisie a bâti et décoré une Chine occidentale, où la vie est douce à respirer, où le bonheur est marié au silence. C’est là qu’il faut aller vivre, c’est là qu’il faut aller mourir !
 Oui, c’est là qu’il faut aller respirer, rêver et allonger les heures par l’infini des sensations.

 

Un musicien a écrit l’Invitation à la valse ; quel est celui qui composera l’Invitation au voyage, qu’on puisse offrir à la femme aimée, à la sœur d’élection ?
 Oui, c’est dans cette atmosphère qu’il ferait bon vivre, — là-bas, où les heures plus lentes contiennent plus de pensées, où les horloges sonnent le bonheur avec une plus profonde et plus significative solennité.
Sur des panneaux luisants, ou sur des cuirs dorés et d’une richesse sombre, vivent discrètement des peintures béates, calmes et profondes, comme les âmes des artistes qui les créèrent. Les soleils couchants, qui colorent si richement la salle à manger ou le salon, sont tamisés par de belles étoffes ou par ces hautes fenêtres ouvragées que le plomb divise en nombreux compartiments. Les meubles sont vastes, curieux, bizarres, armés de serrures et de secrets comme des âmes raffinées. Les miroirs, les métaux, les étoffes, l’orfévrerie et la faïence y jouent pour les yeux une symphonie muette et mystérieuse ; et de toutes choses, de tous les coins, des fissures des tiroirs et des plis des étoffes s’échappe un parfum singulier, un revenez-y de Sumatra, qui est comme l’âme de l’appartement.


 

Un vrai pays de Cocagne, te dis-je, où tout est riche, propre et luisant, comme une belle conscience, comme une magnifique batterie de cuisine, comme une splendide orfévrerie, comme une bijouterie bariolée ! Les trésors du monde y affluent, comme dans la maison d’un homme laborieux et qui a bien mérité du monde entier. Pays singulier, supérieur aux autres, comme l’Art l’est à la Nature, où celle-ci est réformée par le rêve, où elle est corrigée, embellie, refondue. 
Qu’ils cherchent, qu’ils cherchent encore, qu’ils reculent sans cesse les limites de leur bonheur, ces alchimistes de l’horticulture ! Qu’ils proposent des prix de soixante et de cent mille florins pour qui résoudra leurs ambitieux problèmes ! Moi, j’ai trouvé ma tulipe noire et mon dahlia bleu ! 
Fleur incomparable, tulipe retrouvée, allégorique dahlia, c’est là, n’est-ce pas, dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? Ne serais-tu pas encadrée dans ton analogie, et ne pourrais-tu pas te mirer, pour parler comme les mystiques, dans ta propre correspondance ?


 

Des rêves ! toujours des rêves ! et plus l’âme est ambitieuse et délicate, plus les rêves l’éloignent du possible. Chaque homme porte en lui sa dose d’opium naturel, incessamment sécrétée et renouvelée, et, de la naissance à la mort, combien comptons-nous d’heures remplies par la jouissance positive, par l’action réussie et décidée ?

 

Vivrons-nous jamais, passerons-nous jamais dans ce tableau qu’a peint mon esprit, ce tableau qui te ressemble ?
 Ces trésors, ces meubles, ce luxe, cet ordre, ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesses, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; — et quand, fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’infini vers toi.

 

 

 

C. Baudelaire

"Le Spleen de Paris",

Poèmes en proses, 1862

 

 

 

 

Van-Gogh-Les_roulottes-campement-de-bohemiens.jpg 

 

Vincent VAN GOGH

Les roulottes, campemant de bohémiens

1888 ©Musée d'Orsay

 

 

 

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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 06:04

 

 

 

 

Semaines

 


Lundi, mardi, mercredi :

Roulis, fourbis, cliquetis.

Cœurs et jours à folles ailes

Dans leur fuite de gazelles.

Jeudi : soucis. Vendredi :

giboulis, torticolis,

Joues au vent, à petits sauts

Joutent les jours jouvenceaux.

De lundi à samedi,

La course aux maravédis.

Florins, francs, ducats, roupies !

Tournez les ans, les toupies,

Les monts, les mers, les mâtures

Et plusieurs lunes futures.


Mais où est, fleur de pervenche

Sur son ineffable branche,

Naïve et douce de hanche,

Ma dimanche ? O ma dimanche.

 

NORGE

 

 

mathieu--LA-FUREUR-D-ETRE.jpg

Georges MATHIEU

La fureur d'être

 

 

mathieu--thuir-1964.jpeg

Georges MATHIEU

THUIR, 1964

 


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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 06:00

 

 

Vous

 

Ce qu'il y a de bon en vous c'est vous

Tout le reste ne vaut rien du tout

Tout ce qu'il y a autour

N'est que matière à discours

Pour le reste je me tais c'est vous

 

Quand je vais à notre rendez-vous

Je me dis ce que les gens sont fous

De ne pas venir avec moi

C'est vrai qu'ils ne savent pas

Ce que c'est que d'être auprès de vous

 

Certains me disent du mal de vous

Mais vous voyez bien que je m'en fous

Tout le bien et tout le mal

S'additionnent c'est normal

Ce qu'il en sort de meilleur c'est vous

 

Ah ! j'aimerais tant jouer avec vous

Même si je reste sans atout

Sans un as mes rois abdiquent

Je n'ai plus le moindre pique

Me reste un seul coeur il est à vous

 

C'est fini je reste au garde à vous

Et je ne dirai plus rien du tout

Ah ! j'aurais pu dire encor

Que j'aime tant votre corps

C'est faux ce que j'aime en vous c'est vous

 

Guy BEART

Paroles et Musique

1958 © 1958 Editions Espace

 

 

 

 

 

 

 

cross--Les-excursionnistes.JPG

Charles-Edmond CROSS

Les excursionnistes

 

... Je me dis ce que les gens sont fous

De ne pas venir avec moi

C'est vrai qu'ils ne savent pas

Ce que c'est que d'être auprès de vous ...


 

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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 06:13

 

 

 

 

Dans un de ses récits, l'écrivain Christian BOBIN évoque son expérience de la peinture de Pierre SOULAGES. C’est pour lui un bouleversement total.

 

 

"Mon âme prend un bain de nuit devant ses tableaux. Pour moi, Soulages n'est pas un peintre, mais l'un des plus grands penseurs de tous les temps. Il a des noirs pascaliens. Il se sert du noir comme d'un ambassadeur pour faire venir la lumière. C'est inouï et génial. En jouant sur le relief, les sillons, la pâte de sa peinture, Pierre Soulages fait venir la lumière du ciel à partir de quelque chose qui devrait être morne, constant, sans nuances, comme le sont souvent nos jours. La matière de sa peinture a à voir avec le silence qu'une page heureuse peut modeler. C'est un peu comme une main qui se pose sur le coeur et qui commence à le masser, à l'apaiser, à le purifier. C'est une grande joie de voir ça. Ce sont des montagnes noires, heureuses. Des paradoxes. Heureuses, car la pensée est suscitée, réveillée, à son maximum. Les peintures de Soulages atteignent en moi LE grand lac des images ; le lieu souterrain de la psyché d'où vient toute poésie. Et il est très curieux qu'il atteigne ce lac en ayant supprimé toute représentation."

 

Christian BOBIN

L'homme-joie, extrait   

 

Soulages-1-copie-1.jpg

Pierre SOULAGES

Photo prise au Musée des Beaux Arts de Lyon, jan 2013, lors d'une rétrospective SOULAGES.

 

 

Christian BOBIN, un poète :

Auteur du Très-Bas, roman pris ici au hasard parmi des dizaines d'autres, un livre sur saint François d'Assise paru en 1992, Bobin enthousiasme une fois encore ses nombreux lecteurs. N'en déplaise à ses détracteurs qu'exaspère son côté «cui-cui les petits oiseaux», son penchant rousseauiste qui lui fait préférer la compagnie des fourmis à celle des traders de Wall Street. C'est un recueil de textes en prose. Le chapitre sur les vieillards, ravagés mais royaux, la méditation sur  «un cheval brun enfoncé dans l'herbe haute noyée de boutons d'or», le passage sur l'âme ensoleillée d'un bouquet de mimosa font mouche. Et c'est dans ces instants de grâce que Bobin parvient à capter la beauté de la vie.

Car il nous fait voir ce que nous ne voyons pas ou plus, trop accaparés que nous sommes par la mécanique du quotidien. En cela, c'est un vrai poète.

 

 

Pierre SOULAGES, un peintre-poète :    


Il écrit: «Un livre est voyant ou il n'est rien. Son travail est d'allumer la lumière dans les palais de nos cerveaux déserts».

Et encore: «Expliquer n'éclaire jamais. La vraie lumière ne vient que par illuminations». 

 

 

 

 

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 06:19

 

 

Audrey-Hepburn.jpg

Audrey Hepburn

 

 

 

... un regard dans la glace

Changent l'ordre du temps...

La même vie

Un geste, une caresse, un regard dans la glace

Changent l'ordre du temps.

 

 

 

la suite ici clic-clic

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 06:09

 

 

 

 

 

Eluard-et-Nusch.jpg

 

 

Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous.

 

Paul ELUARD

 

 

 


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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 08:01

 

 

 

 

« […]Notre monde est le premier à avoir inventé des instruments de persécution ou de destruction sonores assez puissants pour qu'il ne soit même plus nécessaire d'aller physiquement fracasser les vitres ou les portes des maisons dans lesquelles se terrent ceux qui cherchent à s'exclure de lui, et sont donc ses ennemis. A ce propos, je dois avouer mon étonnement de n'avoir nulle part songé, en 1991, à outrager comme il se devait le plus galonné des festivocrates, je veux parler de Jack Lang ; lequel ne se contente plus d'avoir autrefois imposé ce viol protégé et moralisé qu'on appelle Fête de la Musique, mais entend s'illustrer encore par de nouveaux forfaits, à commencer par la greffe dans Paris de la Love Parade de Berlin. Je suis véritablement chagriné de n'avoir pas alors fait la moindre allusion à ce dindon suréminent de la farce festive, cette ganache dissertante pour Corso fleuri, ce Jocrisse du potlatch, cette combinaison parfaite et tartuffière de l'escroquerie du Bien et des méfaits de la Fête. L'oubli est réparé.[…] »

 

 

Philippe MURAY

 

... Il y a un peu plus de vingt ans...

 

*

*

 

 

Lang.jpeg

... aujourd'hui.

 


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