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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 05:03

 

 

A l'ombre des arbres 

 

 

A l'ombre des arbres

Comme au temps des miracles,

Au milieu des hommes

Comme la plus belle femme

Sans regrets, sans honte,

J'ai quitté le monde

- Qu'avez-vous vu ?

- Une femme jeune, grande et belle

En robe noire très décolletée.

 

 

 

Paul ELUARD

Capitale de la douleur

 

 

Besnard--le-modele-assis.jpg

Le modèle assis

 

 

Besnard--Femme-nue-musee-des-impression.-Giverny.jpg 

... Une femme jeune, grande et belle ...

 

 

Femme nue

Musée des impressionnistes de GIVERNY

 

Albert BESNARD

1849 - 1934

 

 

 

*

 

    Pino-Dangelico-Vanity.jpg

 

 

 

Pino DANGELICO

Vanity

Le peintre italien Pino Dangelico est mort en 2010. En cliquant sur son nom ci-dessus, on trouvera un article assez complet sur ce peintre qui se faisait appeler Pino.  

 

*

 

Mireille-Darc-Vador.jpg

 

Mireille-DARC.jpeg

 

 

 

Mireille DARC

Le grand blond avec une chaussure noire, 1972


Mireille Darc (— Qui a dit "Vador" ? —) porte ici une robe en noir très décolletée signée Guy Laroche.

 


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13 avril 2013 6 13 /04 /avril /2013 05:04

 

 

 

 

-Combray-

 


    

  Un homme qui dort, tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes. Il les consulte d'instinct en s'éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu'il occupe, le temps qui s'est écoulé jusqu'à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre. Que vers le matin après quelque insomnie, le sommeil le prenne en train de lire, dans une posture trop différente de celle où il dort habituellement, il suffit de son bras soulevé pour arrêter et faire reculer le soleil, et à la première minute de son réveil, il ne saura plus l'heure, il estimera qu'il vient à peine de se coucher. Que s'il s'assoupit dans une position encore plus déplacée et divergente, par exemple après dîner assis dans un fauteuil, alors le bouleversement sera complet dans les mondes désorbités, le fauteuil magique le fera voyager à toute vitesse dans le temps et dans l'espace, et au moment d'ouvrir les paupières, il se croira couché quelques mois plus tôt dans une autre contrée. Mais il suffisait que, dans mon lit même, mon sommeil fût profond et détendît entièrement mon esprit ; alors celui-ci lâchait le plan du lieu où je m'étais endormi, et quand je m'éveillais au milieu de la nuit, comme j'ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j'étais ; j'avais seulement dans sa simplicité première, le sentiment de l'existence comme il peut frémir au fond d'un animal ; j'étais plus dénué que l'homme des cavernes ; mais alors le souvenir - non encore du lieu où j'étais, mais de quelques-uns de ceux que j'avais habités et où j'aurais pu être - venait à moi comme un secours d'en haut pour me tirer du néant d'où je n'aurais pu me sortir tout seul ; je passais en une seconde par dessus des siècles de civilisation, et l'image confusément entrevue de lampes à pétrole, puis de chemise à col rabattu, recomposaient peu à peu les traits originaux de mon moi.

 

 

Valentin Louis Georges Eugène Marcel PROUST

Du côté de chez Swann

 

 

 

Caillebotte.jpg

 

Gustave CAILLEBOTTE

Portraits à la campagne, 1876

(peut-être l'ambiance à Combray ?)

 




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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 05:08

 

 

 

Ainsi, quand j'aurai dit combien je vous adore,

Combien je vous désire et combien je t'attends,

Ivresse de l'année, ineffable Printemps,

Tu seras plus limpide et plus luisant encore

Que mon rêve volant, éclatant et chantant!

 

Les délicats sureaux et la pervenche blanche

Me surprendront ainsi que des yeux inconnus,

Les lilas me seront plus vivants et plus nus,

Le rosier plus empli du parfum qu'il épanche,

Et le gazon plus droit, plus lisse et plus ténu;

 

La juvénile odeur, aiguë, acide, frêle,

Des feuillages naissants, tout en vert taffetas,

Sera plus évidente à mon vif odorat

Que n'est aux dents le goût de la fraise nouvelle,

Que n'est le poids charmant des bouquets dans les bras.

 

 

Anna de Noailles

 

 

 

F.Leger-deux-femmes.jpg

 

Fernand LEGER

Les deux femmes au bouquet, 1921

Au sortir de la Première Guerre mondiale, Fernand Léger, profondément marqué par l'expérience du conflit, abandonne sa manière abstraite et opère un retour à la figure. A la fin des années 1920, alors que s'achève sa période mécanique, Léger peint une série de paysages animés et de nombreuses figures féminines.

 

Deux femmes sont ici représentées debout, dans un intérieur, un bouquet à la main. Vues respectivement de face et de profil, elles sont peintes en grisaille : seul le traitement coloré de leur bras respectivement rose et orange les différencie. Chaque élément de leur corps est traité comme une forme pure : ainsi la sphère du visage, la chevelure ondulée, le cône que forme le cou ou encore les bras cylindriques. Leur chromatisme et leur modelé contrastent avec le traitement géométrique de leur environnement qui laisse toutefois reconnaître un cactus dans son pot, une lampe à abat-jour et le pied torsadé d'un guéridon. L'absence d'expression des visages renforce l'impersonnalité de ces deux figures. La massivité de leur corps renforce le statisme de la composition d'où tout dynamisme est exclu. Avec les œuvres de cette série, Léger inaugure un nouveau style figuratif qui s'inscrit dans la tradition classique de la peinture française.

 

Toile exposée au Musée des Beaux Arts de LYON

 


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11 avril 2013 4 11 /04 /avril /2013 05:04

 

 

 

magritte_mask.jpg

René MAGRITTE

La magie noire – 1935 –

"Les titres des tableaux ne sont pas des explications et les tableaux ne sont

pas des illustrations des titres."  

 René MAGRITTE 


 

*

 

...dans le simple appareil

d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil...

 

 

Narcisse.

Grâces aux dieux, seigneur, Junie entre vos mains

vous assure aujourd'hui du reste des Romains.

Vos ennemis, déchus d'une vaine espérance,

sont allés chez Pallas pleurer leur impuissance.

Mais que vois-je? Vous-même, inquiet, étonné,

plus que Britannicus paraissez consterné.

Que présage à mes yeux cette tristesse obscure

et ces sombres regards errants à l'aventure ?

Tout vous rit: la fortune obéit à vos vœux.

 

Néron.

Narcisse, c'en est fait, Néron est amoureux.

 

Narcisse.

Vous ?

 

Néron.

Depuis un moment, mais pour toute ma vie.

J'aime, que dis-je aimer ? J'idolâtre Junie.

 

Narcisse.

Vous l'aimez ?

 

Néron.

Excité d'un désir curieux,

cette nuit je l'ai vue arriver en ces lieux,

triste, levant au ciel ses yeux mouillés de larmes,

qui brillaient au travers des flambeaux et des armes:

belle, sans ornements, dans le simple appareil

d'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil.

Que veux-tu? Je ne sais si cette négligence,

les ombres, les flambeaux, les cris et le silence,

et le farouche aspect de ses fiers ravisseurs

relevaient de ses yeux les timides douceurs.

Quoi qu'il en soit, ravi d'une si belle vue,

j'ai voulu lui parler, et ma voix s'est perdue:

immobile, saisi d'un long étonnement,

je l'ai laissé passer dans son appartement.

J'ai passé dans le mien. C'est là que solitaire,

de son image en vain j'ai voulu me distraire:

trop présente à mes yeux, je croyais lui parler;

j'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler.

Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce;

j'employais les soupirs, et même la menace.

Voilà comme, occupé de mon nouvel amour,

mes yeux, sans se fermer, ont attendu le jour.

Mais je m'en fais peut-être une trop belle image;

elle m'est apparue avec trop d'avantage:

Narcisse, qu'en dis-tu ?

 

Narcisse.

Quoi, seigneur ? Croira-t-on

qu'elle ait pu si longtemps se cacher à Néron ?

 

Néron.

Tu le sais bien, Narcisse; et soit que sa colère

m'imputât le malheur qui lui ravit son frère;

soit que son cœur, jaloux d'une austère fierté,

enviât à nos yeux sa naissante beauté;

fidèle à sa douleur, et dans l'ombre enfermée,

elle se dérobait même à sa renommée.

Et c'est cette vertu, si nouvelle à la cour,

dont la persévérance irrite mon amour.

Quoi, Narcisse ? Tandis qu'il n'est point de Romaine

que mon amour n'honore et ne rende plus vaine,

qui dès qu'à ses regards elle ose se fier,

sur le cœur de César ne les vienne essayer:

seule dans son palais la modeste Junie

regarde leurs honneurs comme une ignominie,

fuit, et ne daigne pas peut-être s'informer

si César est aimable, ou bien s'il sait aimer ?

Dis-moi: Britannicus l'aime-t-il ?

 

BRITANNICUS     

 ACTE II , SCENE II .

 

 

 

 

La première représentation de Britannicus est donnée en l’hôtel de Bourgogne en 1669. Pièce en cinq actes de Jean Racine, cette tragédie est aujourd’hui la seconde pièce la plus donnée à la Comédie Française, après Cyrano de Bergerac.


 


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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 05:02

 

 

 

 

Y'a du soleil dans la rue

 

 

Y'a du soleil dans la rue

J'aime le soleil mais j'aime pas la rue

Alors je reste chez moi

En attendant que le monde vienne

Avec ses tours dorées

Et ses cascades blanches

Avec ses voix de larmes

Et les chansons des gens qui sont gais

Ou qui sont payés pour chanter

Et le soir il vient un moment où la rue devient autre chose

Et disparaît sous le plumage

De la nuit pleine de peut-être

Et des rêves de ceux qui sont morts

Alors je descends dans la rue

Elle s'étend là-bas jusqu'à l'aube

Une fumée s'étire tout près

Et je marche au milieu de l'eau sèche

De l'eau rêche de la nuit fraîche

Le soleil reviendra bientôt.

 

 

 

 

Boris VIAN

Je voudrais pas crever

 

 

 

 

Gala.JPG

Y'a du soleil dans la rue ...

 

 

DALI

La main de Dali retirant la Toison d'Or en forme de nuage pour montrer Gala l'Aurore, complètement nue, très très loin derrière le soleil, 1977

 

 


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9 avril 2013 2 09 /04 /avril /2013 05:07

 

 

 

 

La chaleur de son corps

 

Je rêvais appuyé sur une table, lorsqu’elle vint par derrière et me prit dans ses bras.

La chaleur de son ventre sur mes reins, le moelleux de ses seins contre mon dos, le désir de ses mains sur ma poitrine m’envahirent.

Son souffle s’effilait sur ma nuque. Son cœur résonnait et se confondait avec le mien.

Nos corps devinrent vivants.

Bien plus tard, alors que le travail me harcelait, que la ville me piégeait et que la fatigue s’épanouissait comme une ivresse, je sentais encore son corps moulé au mien.

Cela me réchauffait sous la pluie comme un soleil posé sur mon dos. 


Gabriel COUSIN
Ces poèmes extraits de divers recueils sont inclus dans l'anthologie Dérober le feu
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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 05:00

    

 

 

 

 

Le Duo d’Amour Fou

 

La scène est au soleil de midi, l’été, entre plaine et forêt.

 

Le Poète : Le lit des choses est grand ouvert. Je me suis endormi, pensant que c’était trop beau et que la terre s’échapperait. Je craignais tout des ventilations absurdes d’une nuit en colère. Les matins me fustigeaient. Je vivais crédulement. Sourcier infatigable, je cherchais l’Orifice originel, premier ouvrage par où passer la tête et crier au Soleil.

J’ai trouvé ! Je confectionne sur mesure une amoureuse. Ma femme sera mon paysage sensuel, le diorama de mon âme. Le monde s’est embelli. J’aspire littéralement l’avenir. La clarté du jour m’assiste. Je grimpe à l’échelle de corde de l’enthousiasme. O c’est plus que jamais l’heure des diamants érectiles !

Les alentours se métamorphosent. De coutume le cœur de la biche ne boule pas ainsi, l’eau a moins de charme, les oiseaux ne tombent pas si verticalement sur le ciel, l’air n’offre pas sa charpente avec autant de pompe ou de vigueur.

Je vois enfin le plus beau frisson de l’arbre. Et le silence a trop vite plongé son glaive dans la pierre pour que je ne devine rien : Tu es là.

 

L’Amoureuse : Je t’aime.

Le Poète : Je t’ai vue de toutes parts. Je n’osais décoller tes lèvres du poème. Il y a tant de choses qui nous invitent aux festins de la terre. Toi présente je n’ai plus que ta vérité pour sauver les mots de leur honte. Je voudrais pouvoir me taire. Or pourquoi ai-je toujours une question à poser ?

L’Amoureuse : Dis-moi.

Le Poète : A quoi reconnais-tu que je t’aime ?

L’Amoureuse : A ta volonté. Et toi ?

Le Poète : Au plaisir que tu as à m’obéir.

L’Amoureuse : Ne suis-je point ta femme ?

Le Poète : Il est vrai. Tu te donnes fière, fine, florissante, agenouillée, rejetée en arrière, arche harmonieuse d’où les serviteurs fous de lumière s’envolent ; étale, pour tracer à la langue les routes fraîches qui mènent au cri.

L’Amoureuse : Quand il fait jour je pense à la nuit

Le Poète : et la nuit je fêle ta voix, je m’initie à ton parfum, tes seins fermissent, tu tires mes yeux

L’Amoureuse : et tu me frises et me tutoies avec des gants.

Le Poète : Je tords la joie de vivre. Je te visite entière. Je t’irise. A mon aise je t’incendie.

L’Amoureuse : Tu me parcours

Le Poète : C’est alors que j’oublie le revers des villes, le souci de vivre au milieu des flèches. Je retrouve intacte mon enfance. Je jouerais des siècles avec tes boucles. Je t’emmènerai au Pays des Manières limpides. Je t’accrocherais un cristal de neige éternelle au corsage. Tu choisirais tes lacs, tes rives, tes chaînes de montagnes. Tu commanderais ton ciel, ta saison, les robes des lendemains. Pour toi, sur les chemins de ronde, nous sortirions minuit de nos poches et nous ferions du feu.

L’Amoureuse : Comme je t’appartiens ! Tu as le sens des mouvements qui me grisent, et la diction d’un fanal. Mes flots se teintent. Tu renverses l’azur en moi. Tu jalonnes mon ventre d’ifs tout allumés. C’est la fête. Je t’accompagne. Nous descendons au ralenti un escalier de pourpre, je me voile dans l’écume, le vent se lève, tu t’effaces devant les portes, où suis-je ? Mais tu ne réponds pas, tu m’inspires des flambeaux de passage, tu déplies soigneusement la volupté, tu détournes ma soif, tu me prolonges, tu me chrysalides et je suis de nouveau élue. Alors je danse, je danse, je danse ! comme une flamme debout sur la mer ! les paupières fermées. Je suis nue, j’en ai conscience et je te remercie parce que la fin de la folie est imprévisible. Tu échafaudes des merveilles. Tu me crucifies à toi. Je suis bien.

Laisse-moi te dire : j’ai besoin d’être voyagée comme une femme. Depuis des jours et des nuits tu me révèles. Depuis des nuits et des jours je me préparais à la noce parfaite. Je suis libre avec ton corps. Je t’aime au fil de mes ongles, je te dessine. Le cœur te lave. Je t’endimanche. Je te filtre dans mes lèvres. Tu te ramasses entre mes membres. Je m’évase. Je te déchaîne

Le Poète : Je t’imprime

L’Amoureuse : je te savoure

Le Poète : je te rame

L’Amoureuse : je te précède

Le Poète : je te vertige

L’Amoureuse : et tu me recommences

Le Poète : je t’innerve te musique

L’Amoureuse : te gamme te greffe

Le Poète : te mouve

L’Amoureuse : te luge

Le Poète : te hanche te harpe te herse te larme

L’Amoureuse : te mire t’infuse te cytise te valve

Le Poète : te balise te losange te pylône te spirale te corymbe

L’Amoureuse : l’hirondelle te reptile t’anémone te pouliche te cigale te nageoire

Le Poète : te calcaire te pulpe te golfe te disque

L’Amoureuse : te langue le lune te givre

Le Poète : te chaise te table te lucarne te môle

L’Amoureuse : te meule

Le Poète : te havre te cèdre

L’Amoureuse : te rose te rouge te jaune te mauve te laine te lyre te guêpe

Le Poète : te troène

L’Amoureuse : te corolle

Le Poète : te résine

L’Amoureuse : te margelle

Le Poète : te savane

L’Amoureuse : te panthère

Le Poète : te goyave

L’Amoureuse : te salive

Le Poète : te scaphandre

L’Amoureuse : te navire te nomade

Le Poète : t’arque-en-ciel

L’Amoureuse : te neige

Le Poète : te marécage

L’Amoureuse : te luzule

Le Poète : te sisymbre te gingembre t’amande te chatte

L’Amoureuse : t’émeraude

Le Poète : t’ardoise

L’Amoureuse : te fruite

Le Poète : te liège

L’Amoureuse : te loutre

Le Poète : te phalène

L’Amoureuse : te pervenche

Le Poète : te septembre octobre novembre décembre et le temps qu’il faudra

 

Henri Pichette

  Les Épiphanies

 


 


C'est en 1947 que Gérard Philipe et Maria Casarès créent la pièce au Théâtre des Noctambules à Paris. La musique originale est de Maurice Roche, la mise en scène de Georges Vitaly.

 


getatt.jpeg

Gérard Philippe et Maria Casares dans "Les Epiphanies".
Photo de spectacle n&b. (cote 4°-PHO-4-481)

Photo : George-Henri

 

 

 

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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 05:12

 

 

 

 

 

L'amour, dans l'anxiété douloureuse comme dans le désir heureux, est l'exigence d'un tout.

Il ne naît, il ne subsiste que si une partie reste à conquérir.

On n'aime que ce qu'on ne possède pas tout entier.

 

Marcel PROUST

La Prisonnière

1923, publié à titre posthume

 

 

kamasutra

 

 

 

 

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 05:09

 

 

 

Sens dessus dessous

 

 

 

Actuellement,

mon immeuble est sens dessus dessous.

Tous les locataires du dessous

voudraient habiter au-dessus!

Tout cela parce que le locataire

qui est au-dessus

est allé raconter par en dessous

que l'air que l'on respirait à l’étage au-dessus

était meilleur que celui que l'on respirait

à l’étage en dessous!

Alors, le locataire qui est en dessous

a tendance à envier celui qui est au-dessus

et à mépriser celui qui est en dessous.

Moi, je suis au-dessus de ça!

Si je méprise celui qui est en dessous,

ce n'est pas parce qu'il est en dessous,

c'est parce qu'il convoite l'appartement

qui est au-dessus, le mien!

Remarquez . . . moi, je lui céderais bien

mon appartement à celui du dessous

à condition d'obtenir celui du dessus!

Mais je ne compte pas trop dessus.

D'abord parce que je n'ai pas de sous!

Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus,

il n'y a plus d'appartement!

Alors, le locataire du dessous

qui monterait au-dessus

obligerait celui du dessus

à redescendre en dessous.

Or, je sais que celui du dessus n'y tient pas!

D'autant que, comme la femme du dessous

est tombée amoureuse de celui du dessus,

celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que

le mari de la femme du dessous

monte au-dessus!

Alors, là-dessus ...

quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous

qu'il avait vu sa femme bras dessus,

bras dessous avec celui du dessus?

Toujours est-il que celui du dessous

l'a su!

Et un jour que la femme du dessous

était allée rejoindre celui du dessus,

comme elle retirait ses dessous ...

et lui, ses dessus ...

soi disant parce qu'il avait trop chaud en dessous ...

Je l'ai su ... parce que d'en dessous,

on entend tout ce qui se passe au-dessus ...

Bref! Celui du dessous leur est tombé dessus!

Comme ils étaient tous les deux soûls,

ils se sont tapés dessus!

Finalement, c'est celui du dessous

qui a eu le dessus!

 

Raymond DEVOS

 

 

 


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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 05:16

 

 

 

Florian, un poète oublié.

 

Jean-Pierre Claris de Florian

1755 - 1794

 

 

Ce protégé de Voltaire, dont nous donnions hier un poème peu connu, est académicien français (1788), romancier, fabuliste, poète et auteur dramatique français. Banni de Paris pendant la Révolution, il fut emprisonné sous la Terreur. Il échappera à la guillotine lors de la chute de Robespierre. Un an après, il meurt des souffrances endurées pendant son emprisonnement, il avait 39 ans... tout comme Boris Vian.

 

Cent douze fables de Florian ont été publiées de son vivant et douze de manière posthume. Ses apologues sont encore cités couramment, comme « Pour vivre heureux, vivons cachés » (Le Grillon), « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées » (Le Vacher et le Garde-chasse) ou « L'asile le plus sûr est le sein d'une mère » (La Mère, l'Enfant et les Sarigues). Quant aux expressions « éclairer sa lanterne » ou « rira bien qui rira le dernier », elles sont tirées respectivement des fables Le Singe qui montre la lanterne magique et Les deux Paysans et le Nuage.

Il est en outre l’auteur de nombreux poèmes dont la plupart ont été mis en musique (plus de 200 partitions). Et son poème Plaisir d’amour est devenu une chanson célèbre.

 


kisling-moise-02 

 

 

 

PLAISIR D'AMOUR

 

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,

Chagrin d'amour dure toute la vie.

 

J'ai tout quitté pour l'ingrate Sylvie,

Elle me quitte et prend un autre amant.

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,

Chagrin d'amour dure toute la vie.

 

Tant que cette eau coulera doucement

Vers ce ruisseau qui borde la prairie,

Je t'aimerai, me répétait Sylvie ;

L'eau coule encor, elle a changé pourtant !

 

Plaisir d'amour ne dure qu'un moment,

Chagrin d'amour dure toute la vie.

 

 

Jean-Pierre Claris de FLORIAN

 

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D’origine polonaise, né à Cracovie en 1891, Moïse Kisling fait partie de ces peintres juifs qui quittent leur pays avant la Première Guerre mondiale, pour rejoindre ce qui sera plus tard nommé l’École de Paris, et venir se frotter à l’ébullition artistique parisienne. C’est sur les conseils de Jozef Pankiewicz, son professeur aux Beaux-arts de Cracovie, qu’il s’installe à Paris en 1910. Il rencontre très vite les acteurs majeurs de l’avant-garde, dont Juan Gris et Picasso, puis Soutine et Modigliani avec lequel il lie une profonde amitié. Son fameux atelier à côté du jardin du Luxembourg, rue Joseph Bara, dès 1912, devient le rendez-vous très animé de nombreux artistes, peintres ou écrivains (dont Max Jacob, Cocteau, Radiguet...) et artistes expatriés auxquels il vient souvent en aide.

 

 

 

 

Moïse Kisling

Nu d'Arletty - 1933 - 

Nu au divan rouge - 1918 - Musée du Petit Palais de Genève. 

 

 

 

 



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