Anselm Kiefer, souvent évoqué ici, est né le 8 mars 1945. En 2005, il exposait à la Villa Médicis à Rome.
(à suivre)
Anselm Kiefer, souvent évoqué ici, est né le 8 mars 1945. En 2005, il exposait à la Villa Médicis à Rome.
(à suivre)
8 mars
Journée Internationale de la Femme
Une lectrice mystérieuse et lyonnaise d’adoption nous interpella il y a quelques temps, arguant haut et fort qu’aucune poétesse n’avait place en nos publications. Bigre ! Si la charge était un peu vive - quelques poèmes y trouvent place (*) - on conviendra volontiers que la sacro-sainte parité homme/femme est bien loin d’être respectée.
Louise Labé nait à Lyon en 1524 dans une famille aisée de cordiers. On dit qu'elle monte dans les jardins de la place Bellecour, habillée comme un homme et même qu'elle s'illustre aux jeux martiaux de la joute. Elle apprend l'italien, le latin et écrit des vers. Moins de mille certes mais qui, publiés de son vivant, ont beaucoup de succès. Certains grincheux doutent encore de leur authenticité.
Les vers de Louise sont-ils tout aussi mystérieux que notre lectrice ?
Baise m'encor, rebaise-moy et baise
Baise m'encor, rebaise-moy et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendray quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soy et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Tousjours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moy ne fais quelque saillie.
Louise Labé (1524-1566)
De grandes et belles femmes sont à portée d'un clic de souris (!) ci-dessous :
L'étoile a pleuré rose au coeur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins ;
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
Arthur Rimbaud. -1871-
Ce quatrain isolé est un poème sans titre.
Dans les trois premiers vers, Rimbaud sculpte en douceur les contours idéalisés de la femme, les oreilles, la nuque et les reins, puis les seins ; on découvre que l’étoile est rose, l’infini blanc et la mer rousse.
Puis vient le dernier vers, féroce et inattendu : il souligne toutes les souffrances imposées à l’homme par cette femme. Et le noir remplace les couleurs précédentes. L’homme saigne.
Madrigal ou épigramme ?
Un madrigal est ainsi défini dans le TLFI (Trésor de la langue française informatisé) :
"Pièce de poésie consistant en une pensée exprimée avec finesse en quelques vers de forme libre et prenant souvent, à l'égard d'une femme, la tournure d'un compliment galant. Exemple :
"Quand roucoulerez-vous, ô reines de salon!
Ces madrigaux ouvrés et ces fadaises tendres
Qu'improvisaient pour vous de précieux Clitandres?"
Théodore de BANVILLE in Cariatides, 1842, p. 28)
Une épigramme est ainsi définie par le même TFLI : "petit poème satirique se terminant par un trait d'esprit."
Alors ? Aventurons nous à définir ce quatrain comme une épigramme dont les trois premiers seraient un madrigal !
Paul DELVAUX - Pygmalion - 1939 -
RAPPEL / L'exposition TEMOIGNER DE CES VIES a débuté à COMPIEGNE au MEMORIAL de l'internement et de la déportation - Camp de ROYALLIEU (2 bis rue des Martyrs). Elle durera jusqu'au 1 mai, avant qu'elle ne parte vers la Belgique pour continuer son parcours de mémoire. 75 peintures à l'huile, céramiques et poèmes-textes y sont exposés.
C’est à la lumière du passé que nous dessinons l’avenir, écrivions-nous ici le 27 janvier dernier à l’évocation du parcours et donc des toiles de Francine Mayran. Cette peintre peint ce qu’elle n’a pas connu, ce qu’elle n’a pas vécu. Elle nous explique aujourd’hui son cheminement.
" LA SHOAH N’EST PAS SEULEMENT UN CRIME CONTRE LES JUIFS, MAIS BIEN UN CRIME CONTRE L’HUMANITÉ.
À travers la Shoah, c’est ce qu’il y a d’humain en tout homme qui est nié, c’est la dignité personnelle et l’appartenance à une culture, qui sont contestées. Il m’est alors devenu nécessaire que dans les groupes de déportés émerge l’individu, l’homme derrière chaque survivant, la souffrance individuelle derrière la souffrance collective des génocides.
JE TENTE DE PARLER AU NOM DES MORTS
pour qu’ils puissent être considérés comme des individus à part entière, avec leur histoire singulière, leur personnalité propre. J’ai eu besoin de témoigner pour ces morts, mais surtout de témoigner de ces vies.
MAIS JE TENTE AUSSI DE PARLER AU NOM DES RESCAPÉS
qui après leur retour, ont essayé de vivre, de revivre, ou plutôt de survivre. Comment vivre aujourd’hui, alors qu’on a voulu anéantir et faire disparaître leur peuple de la terre ?
Elie Wiesel - © Toile de Francine MAYRAN
NOUS SOMMES TOUS DESCENDANTS DE CETTE PÉRIODE BARBARE, TOUS MARQUÉS D’AVOIR RÉALISÉ LA CAPACITÉ DE BARBARIE DE L’HOMME CIVILISÉ.
Lorsque ceux qui ont vécu cette tragédie se seront éteints, nous devrons être prêts à prendre le relais de leur parole, de leur mémoire. Il faut des porteurs de mémoire, pour transmettre un espoir en l’avenir, un espoir en un homme meilleur, qui empêche la haine, qui s’enrichit des différences pour dominer le mal."
(à suivre)
RAPPEL / L'exposition TEMOIGNER DE CES VIES a débuté à COMPIEGNE au MEMORIAL de l'internement et de la déportation - Camp de ROYALLIEU (2 bis rue des Martyrs). Elle durera jusqu'au 1 mai, avant qu'elle ne parte vers la Belgique pour continuer son parcours de mémoire. 75 peintures à l'huile, céramiques et poèmes-textes y sont exposés.
C’est à la lumière du passé que nous dessinons l’avenir, écrivions-nous ici le 27 janvier dernier à l’évocation du parcours et donc des toiles de Francine Mayran. Cette peintre peint ce qu’elle n’a pas connu, ce qu’elle n’a pas vécu. Elle nous explique aujourd’hui son cheminement.
" JE PEINS DEPUIS TOUJOURS.
Je ne sais pas si peindre est pour moi un plaisir, une nécessité ou si la peinture s’est imposée à moi, pour servir à la transmission d’un intransmissible, celui du génocide d’hommes, de femmes et d’enfants dont le seul crime était d’être juifs ou tziganes, comme celui d’autres d’avoir été arméniens, cambodgiens ou encore tutsis. Je dirais, comme le peintre Samuel Bak, que ce n’est pas moi qui ai choisi l’Holocauste, c’est plutôt l’Holocauste, qui m’a choisie pour être l’un de ses porteurs de témoignage.
IL Y A 4 ANS, DES IMAGES DE DÉPORTÉS
SE SONT IMPOSÉES À MOI.
Je n’ai dès lors pu peindre que ces groupes unis dans un même terrible destin, celui de la mort, celui de la perte de l’identité, ces hommes, ces femmes, ces enfants déportés, auxquels on voulut enlever toute humanité, seulement parce qu’ils étaient juifs ou tziganes. Mon inspiration s’est alors nourrie de témoignages et de photos d’archives de rescapés de la Shoah.
Primo LEVI - © Toile de Francine MAYRAN
TÉMOINS PASSIFS, TÉMOINS COUPABLES ?
fut mon premier axe de travail. Il questionnait la position de témoin de la Shoah ou de tout génocide et la responsabilité du monde et de son indifférence. "
(à suivre...)
Deux petits éléphants
C'était deux petits éléphants,
Deux petits éléphants tout blancs.
Lorsqu'ils mangeaient de la tomate,
Ils devenaient tout écarlates.
Dégustaient-ils un peu d'oseille,
On les retrouvait vert bouteille.
Suçaient-ils une mirabelle,
Ils passaient au jaune de miel.
On leur donnait alors du lait :
Ils redevenaient d'un blanc frais.
Mais on les gava, près d'Angkor,
Pour le mariage d'un raja,
D'un grand sachet de poudre d'or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,
D'un tel éclat que plus jamais,
Même en buvant des seaux de lait,
Ils ne redevinrent tout blancs,
Ces jolis petits éléphants.
Maurice CAREME in Pomme de reinette
© Fondation Maurice Carême
...D'un grand sachet de poudre d'or.
Et ils brillèrent, ce jour-là,...
Faire le silence n'est pas se taire. L.A.
Folclore : Achever une culture en ne gardant d’elle que ses chants populaires, ses danses et ses recettes de cuisine.
Frottocole : Rituel obligatoire des premiers attouchements.
Grandiloloquence : Discours vibrant et creux sur la volupté d’être mère et les joies de l’allaitement.
Improvidence : Dieu gouvernant la création au jugé et sans plan d’ensemble.
Jadisponible : Curieux du temps passé, ouvert à toutes les suggestions, toutes les séductions de la mémoire.
Marathon laveur : Longue course purificatrice.
in Le Petit fictionnaire illustré. Alain FINKIELKRAUT. 1981 - Seuil.