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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 17:54

 

 

 

L’ennemi

 

 

Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,

Traversé çà et là par de brillants soleils ;

Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,

Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

 

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,

Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux

Pour rassembler à neuf les terres inondées,

Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

 

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve

Trouveront dans ce sol lavé comme une grève

Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

 

- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,

Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur

Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

 

 

 

Charles Baudelaire in  Les Fleurs du Mal – 1857 - 

 

 

 

-tsunami-japon-52572.jpg

 

(...)Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux

Pour rassembler à neuf les terres inondées,

Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.(...)

 

 



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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 08:07

 

 

Robert DESNOS publie La liberté ou l'amour en 1924. Extraits :

 


 

Je crois encore au merveilleux de l’amour,

je crois à la réalité des rêves.


 

Je ne crois pas en Dieu, mais j'ai le sens de l'infini.


 

L'univers meurt chaque fois que meurt un homme.


 

Les dents des femmes sont des objets si charmants qu'on ne devrait les voir qu'en rêve ou à l'instant de la mort.


 

 

icare.matisse.jpg

Je ne crois pas en Dieu, mais j'ai le sens de l'infini.

 

 

Illustration : La chute d'Icare de Henri Matisse - 1943 -

Matisse rapporte un dialogue avec une nonne de la chapelle de Vence qui lui demanda  «Croyez-vous en Dieu ?» et à laquelle il répond « Oui, quand je travaille».

 


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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 10:43

 

Le Renard, le Singe et les Animaux

 

 

 

Les animaux, au décès d'un lion,

En son vivant prince de la contrée,

Pour faire un roi s'assemblèrent, dit-on.

De son étui la couronne est tirée :

Dans une chartre un dragon la gardait.

Il se trouva que, sur tous essayée,

A pas un d'eux elle ne convenait:

Plusieurs avaient la tête trop menue,

Aucuns trop grosse, aucuns même cornue.

Le singe aussi fit l'épreuve en riant;

Et par plaisir la tiare essayant,

Il fit autour force grimaceries,

Tours de souplesse, et mille singeries,

Passa dedans ainsi qu'en un cerceau.

Aux animaux cela sembla si beau,

Qu'il fut élu: chacun lui fit hommage.

Le renard seul regretta son suffrage,

Sans toutefois montrer son sentiment.

Quand il eut fait son petit compliment,

Il dit au roi: « Je sais, Sire, une cache,

Et ne crois pas qu'autre que moi la sache.

Or tout trésor, par droit de royauté,

Appartient, Sire, à Votre Majesté. »

Le nouveau roi bâille après la finance;

Lui-même y court pour n'être pas trompé.

C'était un piège: il y fut attrapé.

Le renard dit, au nom de l'assistance :

« Prétendrais-tu nous gouverner encor,

Ne sachant pas te conduire toi-même? »

Il fut démis; et l'on tomba d'accord

Qu'à peu de gens convient le diadème.

 

 

Jean de La Fontaine, Fable VI du livre VI

 

 

DSK.jpg

(...) Le nouveau roi bâille après la finance;

Lui-même y court pour n'être pas trompé.

C'était un piège: il y fut attrapé. (...)

 



 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 08:15

 

 

 

Hugo.jpg

 

Je suis enragé. J'aime

 


Je suis enragé. J'aime et je suis un vieux fou.

- Grand-père ? - Quoi ? - Je veux m'en aller. - Aller où ?

- Où je voudrai. - C'est bien. - Je veux sortir, grand-père.

- Sortons. - Grand-père ? - Quoi ? - Pleuvra-t-il ? - Non, j'espère.

Je veux qu'il pleuve, moi. - Pourquoi ? - Pour faire un peu

Pousser mon haricot dans mon jardin. - C'est Dieu

Qui fait la pluie. - Eh bien, je veux que Dieu la fasse.

- Tu veux ! tu veux ! - Grand-père ? - Eh bien quoi ? - Si je casse

Mon joujou, le bon Dieu ne peut pas m'empêcher.

C'est donc moi le plus fort. - Parlons sans nous fâcher.

- Je ne me fâche pas. je veux qu'il pleuve. - Ecoute.

Je te donne raison. - Il va pleuvoir ? - Sans doute.

Viens, prenons l'arrosoir du jardinier jacquot,

Et nous ferons pleuvoir. - Où ? - Sur ton haricot.

 

Victor HUGO 


 


Note :

AIMER, verbe trans. : Éprouver, par affinité naturelle ou élective, une forte attirance pour quelqu'un ou quelque chose. 

Exemples :

« Il y a des moments où c'est trop et c'est trop et c'est trop et c'est assez, et je n'en puis plus, et je suis trop seule, arrachée, arrachée à ce que j'aime! Et je suis trop malheureuse, et je suis trop punie, et je prie de mourir, et j'ai peur de mourir, et je suis contente de mourir! »

Paul CLAUDEL  in Partage de midi 1949 -

 

« Il savait ce que sa mère pensait et qu'elle l'aimait en ce moment. Mais il savait aussi que ce n'est pas grand-chose que d'aimer un être ou du moins qu'un amour n'est jamais assez fort pour trouver sa propre expression. Ainsi, sa mère et lui s'aimeraient toujours dans le silence. Et elle mourrait à son tour, ou lui, sans que, pendant toute leur vie, ils pussent aller plus loin dans l'aveu de leur tendresse. »

 A. CAMUS in  La Peste 1947 - 




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12 mars 2011 6 12 /03 /mars /2011 08:35

 

 

 

 

 

Un enfant veut répondre

 

Un enfant veut répondre

Il a levé le doigt

Dans une vieille école

Qui n'existe plus.

La neige a fondu sous les bancs

Il fait chaud comme à l'écurie

Et l'instituteur

A souligné tous les verbes à la craie bleue.

L'enfant qui veut répondre

Fait claquer ses doigts

Tachés d'encre violette

Dans la vieille école

Qui n'existe plus.

 

Paul Vincensini in Le point mort - 1969 -

 

 

Constantin.jpg

 

 

 

Illustration :

Le doigt levé de la célèbre statue colossale de l'empereur Constantin au musée du Capitole à Rome. 

 


 

Relire nos publications de poèmes de Vincensini ici



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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 16:44

11mars 2011 - 16h45 -

 

 

Je-ne-pense-pas.jpg

 

Rien ne sert d'avoir quelque idée stupide et de la partager simplement pour rire entre amis. Dans les années 60, je me plaisais à dire : Je ne pense pas mais quand je pense, je ne pense qu'à ça ! 50 ans plus tard, des anglais futés - est-ce un pléonasme ? - viennent de publier ce livre dont seule la couverture est imprimée, le reste du livre, soit 200 pages, est vierge.

Les ventes dépassent 500 000 exemplaires... 

En cas de traduction française, peut-être n'est-il pas trop tard pour déposer à l'INPI ma traduction ? Lechim Authex

 

 




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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 07:14

 

 

 

 moi-dans-l-arbre.jpg

 

 

 

 

 

 

Moi dans l'arbre

 

T'es fou

Tire pas

C'est pas des corbeaux

C'est mes souliers

Je dors parfois dans les arbres

 

 

Paul Vincensini

in Quand même

Saint-Germain-des-Prés, 1976

 

 


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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 08:00

 

 

 

 

 

Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D'une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleilpourquoi-je-vis.png
Pour la voile ronde
D'un pointu du port
Pour l'ombre des stores
Le café glacé
Qu'on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l'eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c'est joli

 

      in Je voudrais pas crever


 

Illustration : représentation de la vitesse du son. Boris Vian est mort à 39 ans.

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10 mars 2011 4 10 /03 /mars /2011 07:10

- 10 mars 1920 - 10 mars 2011 -     

 

 

Tout a été dit cent fois

Et beaucoup mieux que par moi

Aussi quand j'écris ces vers

C'est que ça m'amuse

C'est que ça m'amuse

C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez

 

Boris-Vian.jpg 

 

Boris Vian (1920-1959)

      - Quelle drôle d'idée de mourir à 39 ans.

On ne meurt pas à 39 ans

Quand on s'appelle Boris Vian.L.A.

 


Notes :

 

Boris Vian est né le 10 mars. Heureux anniversaire.

Ce poème a été publié à titre posthume dans le recueil

Je voudrais pas crever paru en 1962. 



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9 mars 2011 3 09 /03 /mars /2011 07:47

 

 

 

L'interprétation des Barricades mystérieuses par Blandine Verlet est un enchantement dans les enchantements. A l'inverse de Marcelle Meyer, exceptionnelle tempétueuse qui nous embrasse jusques aux lisières de l'épectase, Blandine Verlet parvient à suggérer par d'imperceptibles soupirs notre tendance perpétuelle à trébucher, à mettre à nu nos hésitations et les doutes qui nous emplissent. Jusqu'à quelle marche continuerons-nous de tenter gravir l'escalier ?

 

 

 

 

 


 

Blandine Verlet, née en 1942, est une claveciniste et professeur de clavecin. Elle a mené une carrière internationale dès l'âge de 20 ans.En 1963, elle a obtenu un Premier Prix de clavecin à l’unanimité et le Prix spécial du Concours International de Munich.

Elle fut professeur de clavecin au Conservatoire Claude Debussy à Paris, de 1983 à 1985, au Conservatoire Gabriel Fauré d’Angoulême de 1985 à 1987 et au CNR de Bordeaux de 1987 à 1990. Elle a enseigné au CRR de Rueil-Malmaison ainsi qu’au Conservatoire Jean-Philippe Rameau à Paris jusqu'en 2007. Elle a obtenu le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros et le Grand Prix du Disque de l’Académie du Disque Français.


Hommage à Patrick FOURNILLIER

Hommage soit ici rendu à celui qui nous fit découvrir en son temps François Couperin et lePATRICK-FOURNILLIER.jpeg clavecin, Patrick Fournillier. Rencontré par le plus pur fruit des hasards lors d’un dîner en 1983 - il n’avait pas 30 ans - il “débarquait” dans le nord de la France suite à sa nomination au poste de chef en second à l’Orchestre National de Lille. Au fil des mois et des ans, c’est lui qui fidèlement et courageusement nous révéla à Couperin, grâce à de patients éclaircissements et en restant toujours à notre portée (c’est le cas de le dire !...). Claveciniste lui-même, il connaissait Couperin comme son frère. Il mène depuis une carrière internationale, en plus d’assumer la direction musicale du Nouvel Orchestre de Saint Etienne. 

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