Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 08:20

Ce 26 février 1802,

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, 

Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,  "... 

naît Victor Hugo à Besançon. Plutôt qu'une ennuyeuse causette, relisons cet extrait tiré des Misérables -1862 - Tome IV, livre V, chapitre VI. 


 

La rencontre entre Cosette et Marius cosette 

Le soir venu, Jean Valjean sortit, Cosette s’habilla. Elle arrangea ses cheveux de la manière qui lui allait le mieux, et elle mit une robe dont le corsage, qui avait reçu un coup de ciseau de trop, et qui, par cette échancrure, laissait voir la naissance du cou, était, comme disent les jeunes filles, «un peu indécent». Ce n’était pas le moins du monde indécent, mais c’était plus joli qu’autrement. Elle fit toute cette toilette sans savoir pourquoi.


 

 

(…)

 

 

 

Il la prit, elle tombait, il la prit dans ses bras, il la serra étroitement sans avoir conscience de ce qu’il faisait. Il la soutenait tout en chancelant. Il était comme s’il avait la tête pleine de fumée ; des éclairs lui passaient entre les cils ; ses idées s’évanouissaient ; il lui semblait qu’il accomplissait un acte religieux et qu’il commettait une profanation. Ducostte-1.jpg reste il n’avait pas le moindre désir de cette femme ravissante dont il sentait la forme contre sa poitrine. Il était éperdu d’amour.

      Elle lui prit une main et la posa sur son cœur. Il sentit le papier qui y était. Il balbutia :

      — Vous m’aimez donc ?

      Elle répondit d’une voix si basse que ce n’était plus qu’un souffle qu’on entendait à peine :

      — Tais-toi ! tu le sais !

      Et elle cacha sa tête rouge dans le sein du jeune homme superbe et enivré.

      Il tomba sur le banc, elle près de lui. Ils n’avaient plus de paroles. Les étoiles commençaient à rayonner. Comment se fit-il que leurs lèvres se rencontrèrent ? Comment se fait-il que l’oiseau chante, que la neige fonde, que la rose s’ouvre, que mai s’épanouisse, que l’aube blanchisse derrière les arbres noirs au sommet frissonnant des collines ?

      Un baiser, et ce fut tout.

      Tous deux tressaillirent, et ils se regardèrent dans l’ombre avec des yeux éclatants. Ils ne sentaient ni la nuit fraîche, ni la pierre froide, ni la terre humide, ni l’herbe mouillée, ils se regardaient et ils avaient le cœur plein de pensées. Ils s’étaient pris les mains, sans savoir.

 

 


Illustrations

1. (...) elle mit une robe dont le corsage, qui avait reçu un coup de ciseau de trop(...)

2. (...) comme disent les jeunes filles, «un peu indécent»(...)


Note :  Que ce « ce fut tout » est équivoque, hors contexte !

« ce fut tout » et ensuite l'emportement, le ravissement ?
ou
« ce fut tout » et ensuite l'absence puis le silence ?
Autrement dit:
« ce fut tout » : pas de mots pour le dire. 
ou
« ce fut tout » : plus rien à dire.

...

Partager cet article
Repost0
25 février 2011 5 25 /02 /février /2011 07:17

 

 

 

On m'a dit

 

On m'a dit qu'il y a

dans l'eau une pierre et un cercle

et sur l'eau un mot

qui dépose le cercle autour de la pierre.

 

J'ai vu mon peuplier descendre vers l'eau,

j'ai vu comment son bras agrippait les fonds,

j'ai vu ses racines vers le ciel implorer de la nuit.

 

Je ne l'ai pas poursuivi,

je n'ai ramassé que cette miette

qui a la forme de ton œil et sa noblesse,

j'ai retiré de ton cou la chaîne des sentences,

j'en ai bordé la table où la miette fut posée.

 

Et n'ai plus vu mon peuplier.

 

Paul Celan in  De seuil en seuil

 

 

  

Ich hörte sagen

 

 

Ich hörte sagen, es sei

im Wasser ein Stein und ein Kreis

und über dem Wasser ein Wort,

das den Kreis und den Stein legt.

 

Ich sah meine Pappel hinabgehn zum Wasser,

ich sah, wie ihr Arm hinuntergriff in die Tiefe,

ich sah ihre Wurzeln gen Himmel um Nacht flehn.

 

Ich eilt ihr nicht nach,

ich las nur vom Boden auf jene Krume,

die deines Augen Gestalt hat und Adel,

ich nahm dir die Kette der Sprüche vom Hals

und saümte mit ihr den Tisch, wo die Krume nun lag.

 

Und sah meine Pappel nicht mehr.


Paul Celan in  De seuil en seuil

 


 

Roumaine de langue allemande longtemps persécutée sous le régime de Ceaucescu, Herta Müller, Prix Nobel deherta Mueller-Nobel 2009 littérature 2009, a bâti une oeuvre littéraire intense entre résistance et culpabilité.

Elle évoque et invoque souvent Paul Celan. « Pour moi, Celan est le plus grand. Je n'ai pas de mots pour dire ce que je ressens à la lecture de son poème Fugue de mort, écrit trois mois après la libération d'Auschwitz. Mais... je suis issue de la minorité allemande de Roumanie qui a collaboré. Mon père était SS et, en portant l'uniforme nazi, il a contribué à ce que les parents de Paul Celan soient assassinés. Même si je n'étais pas encore née, j'éprouve une culpabilité indicible. Peut-on s'excuser devant des poèmes ? Je ne sais pas... »

 




Partager cet article
Repost0
24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 14:19

 

La chaîne de télévision franco-allemande ARTE diffuse ce soir  VA, VIS ET DEVIENS.

Film franco-israélien que Radu Mihaileanu a réalisé en 2005, il repose sur une histoire vraie et a récolté de nombreux prix. 

 

va--vis-et-deviens.jpg

 

 

Le scénario : en 1984, des milliers d'Africains de 26 pays frappés par la famine se retrouvent dans des camps au Soudan. A l'initiative d'Israël et des Etats-Unis, une vaste action est menée pour emmener des milliers de Juifs éthiopiens vers Israël. Une mère chrétienne pousse son fils de 9 ans à se déclarer juif pour le sauver de la famine et de la mort. L'enfant arrive en Terre Sainte. Déclaré orphelin, il est adopté par une famille française sépharade vivant à Tel-Aviv. Il grandit avec la peur que l'on découvre son double-secret et mensonge: ni juif, ni orphelin, seulement noir. Il découvrira l'amour, la culture occidentale, la judéité mais également le racisme et la guerre dans les territoires occupés. Il deviendra tout à la fois juif - israélien - français - tunisien... une vraie tour de Babel. Mais jamais, il n'oubliera sa vraie mère, restée dans le camp, et que secrètement et obstinément, il rêve de retrouver un jour.

Partager cet article
Repost0
24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 07:57

 

 

 

«La poésie - par des voies inégales et feutrées - nous mène vers la pointe du jour au pays de la première fois.» A. Chedid in  Terre et poésie


 

 

 

La saison des herbes.


 

L'air est libre

 

Les chemins sentent l'orange

Le soleil s'allonge en robe de safran

 

C'est la saison du rire et des herbes

Ô mon amour aux cent patiences

Ce soir tout est une première fois.

 

André Chedid in  Double pays  -1965-


 


 

ladybugxiv-klein 

L'air est libre...

...Ce soir tout est une première fois.

 

 

 



Partager cet article
Repost0
23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 08:00

 

 

20110221PHOWWW00119.jpg

Je ne suis pas seul

 

 

 

Je ne suis pas seul

 

 

 

Chargée

De fruits légers aux lèvres

Parée

De mille fleurs variées

Glorieuse

Dans les bras du soleil

Heureuse

D'un oiseau familier

Ravie

D'une goutte de pluie

Plus belle

Que le ciel du matin

Fidèle

 

 

Je parle d'un jardin

Je rêve

 

 

Mais j'aime justement

 

Paul Eluard in Médieuses.

 


Illustration

 FLORAISON NUPTIALE.  On croirait un tableau à la fois impressionniste et surréaliste. Car ce ne sont pas des feuilles mortes qui s’accrochent à ce bosquet de hêtres espagnols, mais des millions de pinsons du Nord, tous revêtus de leur livrée nuptiale– orange, noir et blanc – dont les couleurs imitent à la perfection celles des feuillus en automne. Très grégaires lorsqu’ils remontent en février vers leurs zones de nidification scandinaves, ces passereaux étaient ce jour-là près de 2 millions à observer une halte dans les Pyrénées. Mais cela n’a rien d’un record : en 1951, des ornithologues suisses ont eu le bonheur et la stupéfaction d’en décompter 72 millions dans l’une de leurs forêts !  (© Biosphoto/Juan-Carlos Muñoz)

Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 16:57

Le 22 février 1942, exilés au Brésil, Lotte et Stefan Zweig mettent fin à leurs jours.

Stefan Zweig a rédigé ce message d'adieu :

 

"...Ma patrie spirituelle, l'Europe, s'est détruite elle-même. [...] Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l'aurore après la longue nuit !..."  

 

Stefan-Zweig-et-son-epouse--Lotte-Altmann--a-Rio-en-1940.jpeg

 

Stefan Zweig et Lotte Altmann - 1940 - Au Brésil.

Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 15:08

 

Dans ses poèmes, Paul Eluard utilise très souvent le mot “fidèle”, comme nom ou adjectif. Ici, le mot est le titre.


 

 

Fidèle


Vivant dans un village calme

D’où la route part longue et dure

Pour un lieu de sang et de larmes

Nous sommes purs.

    

Les nuits sont chaudes et tranquilles

Et nous gardons aux amoureuses

Cette fidélité précieuse

Entre toutes : l’espoir de vivre.       

 

Paul Eluard in Le Devoir et l’inquiétude  

 

 

trois baigneuses au crabe-1897-P.A.Renoir

 

...Et nous gardons aux amoureuses

Cette fidélité précieuse...

Illustration : Trois baigneuses au crabe - Pierre-Auguste RENOIR - 1897 -


Note : La fidélité nous aveugle-t-elle ? Nos baigneuses, tout comme les mousquetaires, sont quatre. Notre titre est donc erroné. Mais Renoir a peint plus de six mille toiles...Confusion des sens ? Merci à l'observateur éclairé qui détiendrait la solution de nous en faire part. 
Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 07:22

 

 

 

« Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde aux solitudes ; mais aussi, nul n'a plus besoin que sa terre soit visitée" » Andrée CHEDID.

 

 

 

Terres chaleureuses

 

Moi, altéré de la vie, enfant des impatiences,

Je chanterai les noces de l’ombre et de l’ardent.

 

Avec mon souffle, jusqu’au matin sans lisière,

Je tiendrai promesse envers l’unique mort.

 

Aux chemins divisés, l’horizon est le même ;

Nos jours furent ce miracle pareil aux moissons.

 

Songe à l’oiseau délié en nos arbres ;

Nous avons eu l’herbe et l’eau du seul amour.

 

Songe à l’espérance, sa tige doublée de terre ;

Songe au coeur dénoué par la voix de l’ami.

 

Un champ écaillé prêta naissance au pavot ;

Et le grain fut, chaque fois, le contraire de la nuit.

 

Mon amertume se noie, si légère est sa trame ;

Si vaste est l’univers où tout s’accomplira.

 

Oui, je te chante ô mort, jusqu’à l’ultime absence,

Gardienne de l’inconnu, douce prairie des errants !

 

Je chante, car ici-bas l’épi échappe aux cendres ;

La parole délivre, l’aile trouve sa raison.

 

Un soir, je m’en irai loin des terres chaleureuses ;

Le masque, couleur d’aube, sur la face de vivant.

 

Un soir je m’en irai, ayant pour seule peine,

De quitter tout amour enlacé aux saisons.

 

O mort, tu me viendras, et je le veux ainsi.

 

 

Andrée Chedid, inTerre regardée, 1957

 

 

 

 

stael-Nice-1954.jpg

 

Moi, altéré de la vie, enfant des impatiences,...

 

Illustration : Nicolas de Staël - NICE 1954 -

 

En 1955, un an après avoir peint ce tableau, Nicolas de Staël (1914-1955) se suicide.

Il a 41 ans.

Partager cet article
Repost0
21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 07:25

reverdy.jpg

Illustration : PIERRE REVERDY peint par MODIGLIANI

 

Pierre Reverdy est né le 11 septembre 1889. Il est mort en 1960.

Profondément religieux, il est un proche de Picasso, de Matisse, de Braque, d’Apollinaire, de Jacob ou encore de Modigliani. Son inspiratrice et maîtresse d’un temps fut Coco Chanel – il lui écrira de très nombreux poèmes -  avant qu’il ne se retirât définitivement en 1926 en l’Abbaye de Solesmes, à l’âge de 37 ans, où il resta jusqu'à sa mort.

 

 

 

 

HORIZONTAL ET TOUT EST DIT

 

Je voudrais tomber de plus haut

Quand le sanglot de la pluie cesse

Un rire humide entr'ouvre la fenêtre

On a encore le temps de venir

 

Le quart est fait puis la demie

Les heures gluantes qui passent

C'est la dernière fois que l'on prendra le train

Le four se fait encore attendre

On peut venir de là ou de plus loin

Ce sera toujours pour descendre

 

Dans la rue vide où personne ne vient

Une seule voiture glisse

Un air triste que l'on retient

Tout tourne plus vite que le temps

Les oiseaux qu'emporte le vent

La glace me regarde et rit

La pendule bat la mesure

A mon coeur qui n'est pas guéri

Tout est remis d'autres blessures

 

Le calme plane

On est tout seul

La chambre n'est pas assez grande

Pour garder pendant le sommeil

Les rêves qui fuient sur la bande

 

Pierre REVERDY – Janvier 1925.


Note : Reverdy est un des poètes favoris des lycées, collèges et institutions privés catholiques.

Partager cet article
Repost0
20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 07:40

 

 

LA LANGUE

 

 


Sans faire attention, j’ai franchi la frontière de ses dents et j’ai avalé sa langue mouvante. Elle vit maintenant en moipoisson-japonais.jpg comme un petit poisson japonais. Elle se frotte contre mon cœur et mon diaphragme, comme contre les parois d’un aquarium. Elle fait monter de la poussière du fond.

 

Celle, que j’ai privée de sa voix, me fixe avec de grands yeux et attend la parole.

 

Mais moi, je ne sais pas en quelle langue m’adresser à elle, celle que j’ai volée ou celle qui fond dans la bouche du trop-plein de la lourde bonté.

 

 

Zbigniew Herbert

 

Traduit par Monika Prochniewicz

 



 

Note : Le poète polonais Zbigniew Herbert (1924 - 1998) est originaire de Lwow (aujourd'hui en Ukraine). On lui doit dix recueils de poèmes, des pièces de théâtre ou radiophoniques (Pièces, 1970), deux recueils d'essais sur des thèmes aussi divers que Lascaux ou la peinture hollandaise...                                                                                          

Resté fidèle à ses idéaux de soldat de la résistance non communiste, Zbigniew Herbert refuse d'accepter le régime imposé par les Soviétiques en 1945, ce qui lui vaut des débuts retardés puisqu'il ne publie son premier recueil Corde de lumière qu'en 1956. Suivront Hermès, le chien et l'étoile (1957), Étude d'objet (1961), Inscription (1969). Herbert a toujours considéré le communisme comme un totalitarisme aussi nuisible que le nazisme. Le public polonais lui en sait gré, et le poète en reçoit une reconnaissance éclatante quand, déjà célèbre, il met tout son prestige dans la lutte contre le régime du général Jaruzelski et publie à Paris en 1983 son recueil Rapport de la ville assiégée.

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : nuageneuf.over-blog.com
  • : Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
  • Contact

Recherche

Archives

Pages