Voyage
(pour Michel Julliard)
J’en ai fait des périples
Et navigué longtemps
Voyage
(pour Michel Julliard)
J’en ai fait des périples
Et navigué longtemps
Soleils transparents
D'une voix à l'autre les passerelles résistent
Chargés d'empreintes
Allons à cette mort
Où tout va
Nos vies ont leurs fissures
Nos vies ont leur feuillage
Des soleils transparents
Quand l'amour germe
A neuf.
Andrée Chedid
Claude MONET
Impression, soleil levant
1873
Monet avait d'abord appelé ce tableau représentant le port du Havre au petit matin "Marine".
Mais comme Edmond Renoir, le frère de l'autre..., réclamait un titre plus précis pour l'inscrire au catalogue de l'exposition de 1874 chez le photographe Nadar, Claude Monet lui répondit : "Mettez donc : "Impression, soleil levant".
Le tableau déchaîna la critique et donna son nom au mouvement.
L’Autre
« Je est un autre. » Arthur R.
À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Je recherche l’Autre
J’aperçois au loin
La femme que j’ai été
Je discerne ses gestes
Je glisse sur ses défauts
Je pénètre à l’intérieur
D’une conscience évanouie
J’explore son regard
Comme ses nuits
Je dépiste et dénude un ciel
Sans réponse et sans voix
Je parcours d’autres domaines
J’invente mon langage
Et m’évade en Poésie
Retombée sur ma Terre
J’y répète à voix basse
Inventions et souvenirs
À force de m’écrire
Je me découvre un peu
Et je retrouve l’Autre.
Andrée CHEDID
Poème inédit, écrit pour le Printemps des Poètes 2008
« Il est vital pour le poète de lever des échos,
et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde
aux solitudes ; mais aussi, nul n'a plus besoin
que sa terre soit visitée »
Andrée CHEDID.
De cet amour ardent je reste émerveillée
Je reste émerveillée
Du clapotis de l’eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
Je reste émerveillée
D’un amour
Invincible
Toujours présent
Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés
Dans mon miroir
Défraîchi
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n’y fait
L’amour s’est implanté
Une fois
Pour toutes.
De cet amour ardent je reste émerveillée.
Andrée CHEDID
Poème écrit pour le Printemps des poètes 2007.
Andrée CHEDID.
Photo ©Anne Craver, 1995
Andrée Chedid, née le 20 mars 1920 au Caire est morte de la maladie d' Alzheimer le 6 février 2011 à Paris.
"Je suis née au Caire, en Égypte. J'habite Paris par choix, parce que j'aime cette ville depuis l'enfance. J'écris depuis l'âge de dix-huit ans, en plusieurs genres : poésie, roman, théâtre.
J'écris pour essayer de dire des choses vivantes qui bouillonnent au fond de chacun ; j'espère ainsi communiquer. Les sujets que je choisis sont en général marqués par la tragédie et par l'espérance. Je veux garder les yeux ouverts sur les souffrances, le malheur, la cruauté du monde ; mais aussi sur la lumière, sur la beauté, sur tout ce qui nous aide à nous dépasser, à mieux vivre, à parier sur l'avenir."
Andrée CHEDID
Je reste émerveillée
Je reste émerveillée
Du clapotis de l’eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
Je reste émerveillée
D’un amour
Invincible
Toujours présent
Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés
Dans mon miroir
Défraîchi
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n’y fait
L’amour s’est implanté
Une fois
Pour toutes
De cet amour ardent
je reste émerveillée
Andrée CHEDID
Poème offert par Andrée Chedid au Printemps des poètes 2007.
... Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés
Dans mon miroir
Défraîchi...
Pablo PICASSO
Femme au miroir
Toile 1, 1932
Toile 2, 1937
Toile 3, 1959
« Il est vital pour le poète de lever des échos,
et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde
aux solitudes ; mais aussi, nul n'a plus besoin
que sa terre soit visitée. »
Andrée CHEDID.
Nos jours sont éphémères
Nos jours sont éphémères
Plus rapides que le temps
La clarté nous surprend
Déjà c'est crépuscule
C'est si court
Un seul jour
Mais si vaste à la fois
Chaque journée est une fête
Une vraie épiphanie
Pleine de tous les rêves
De toutes les panoplies
Dont le futur est maître
Retenant nos mémoires
Et chroniques du temps
Si longue est notre vie
Ces journées éphémères
Pas le temps
De les perdre
Si brève est notre vie !
Andrée Chedid
___________________
« Ce qui nous dépasse, et dont nous portons le grain aussi certainement que nous portons notre corps, cela s’appelle : Poésie. » André Chedid.
Edvard Munch
Jeunes filles sur le pont, 1901
Saisir
Recueillir le grain des heures
Eteindre l’étincelle
Ravir un paysage
Absorber l’hiver avec le rire
Dissoudre les nœuds du chagrin
S’imprégner d’un visage
Moissonner à voix basse
Flamber pour un mot tendre
Embrasser la ville et ses reflux
Ecouter l’océan en toutes choses
Entendre les sierras du silence
Transcrire la mémoire des miséricordieux
Relire un poème qui avive
Saisir chaque maillon d’amitié.
Andrée CHEDID in Par-delà les mots
* * *
...S’imprégner d’un visage...
Francis PICABIA. Tableau vivant.
Francis PICABIA. Portrait de femme.
#522
La faille
Prenez garde, porteurs de cicatrices !
Eteignez dans vos chairs les volcans de la haine,
Piétinez l’aiguillon et crachez le venin qui vous apparenterait un jour aux bourreaux,
Etouffez ces clairons, ces sonneries qui forcent la ressemblance qui commandent le talion.
Questionnez vos viscères, percez vos propres masques.
Soyez autres.
Andrée CHEDID
...Questionnez vos viscères, percez vos propres masques...
Illustration : LUCIAN FREUD. Autoportrait.
"Lucian Freud, né le 8 décembre 1922 à Berlin, est mort paisiblement la nuit dernière à son domicile à Londres" a fait savoir l'avocate du défunt.
Le petit-fils de Sigmund Freud, Lucian, est en effet décédé le 20 juillet des suites d'une brève maladie. Le peintre de la chair, comme il était surnommé, avait donné ses lettres de noblesse à l'art figuratif grâce à ses corps nus qu'il peignait de manière si crue. Lucian Freud était l'artiste vivant le plus cher au monde et son œuvre se compose presque exclusivement de portraits et de nus. On se rappellera notamment le fameux Benefits Supervisor Sleeping peint en 1995 et représentant une femme obèse avec des escarres allongée nue sur un canapé. Le Centre Pompidou lui avait consacré une rétrospective en 2010.