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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 06:20

#484

 

 

L’histoire de France retient un autre 18 juin. Le 18 juin 1815, date de la bataille de Waterloo. On connaît les poèmes de Victor Hugo, ou son récit dans Les Misérables. On connaît la relation de Stendhal dans La chartreuse de Parme (1ère partie, ch.3).

Voici la narration qu’en fait Chateaubriand dans Les Mémoires d’Outre-tombe.

 

 

 

« Le 18 juin 1815, vers midi, je sortis de Gand par la porte de Bruxelles ; j'allai seul achever ma promenade sur la grande route. J'avais emporté les Commentaires de César et je cheminais lentement, plongé dans ma lecture. J'étais déjà à plus d'une lieue de la ville, lorsque je crus ouïr un roulement sourd : je m'arrêtai, regardai le ciel assez chargé de nuées, délibérant en moi-même si je continuerais d'aller en avant, ou si je me rapprocherais de Gand dans la crainte d'un orage. Je prêtai l'oreille ; je n'entendis plus que le cri d'une poule d'eau dans des joncs et le son d'une horloge de village. Je poursuivis ma route : je n'avais pas fait trente pas que le roulement recommença, tantôt bref, tantôt long et à intervalles inégaux ; quelquefois il n'était sensible que par une trépidation de l'air, laquelle se communiquait à la terre sur ces plaines immenses, tant il était éloigné. Ces détonations moins vastes, moins onduleuses, moins liées ensemble que celles de la foudre, firent naître dans mon esprit l'idée d'un combat. Je me trouvais devant un peuplier planté à l'angle d'un champ de houblon. Je traversai le chemin et je m'appuyai debout contre le tronc de l'arbre, le visage tourné du côté de Bruxelles. Un vent du sud s'étant levé m'apporta plus distinctement le bruit de l'artillerie. Cette grande bataille, encore sans nom, dont j'écoutais les échos au pied d'un peuplier, et dont une horloge de village venait de sonner les funérailles inconnues, était la bataille de Waterloo !

 

Waterloo.jpg

Auditeur silencieux et solitaire du formidable arrêt des destinées, j'aurais été moins ému si je m'étais trouvé dans la mêlée : le péril, le feu, la cohue de la mort ne m'eussent pas laissé le temps de méditer ; mais seul sous un arbre, dans la campagne de Gand, comme le berger des troupeaux qui paissaient autour de moi, le poids des réflexions m'accablait : Quel était ce combat ? Etait-il définitif ? Napoléon était-il là en personne ? Le monde comme la robe du Christ, était-il jeté au sort ? Succès ou revers de l'une ou de l'autre armée, quelle serait la conséquence de l'événement pour les peuples, liberté ou esclavage ? Mais quel sang coulait ! chaque bruit parvenu à mon oreille n'était-il pas le dernier soupir d'un Français ? Etait-ce un nouveau Crécy, un nouveau Poitiers, un nouvel Azincourt, dont allaient jouir les plus implacables ennemis de la France ? S'ils triomphaient, notre gloire n'était-elle pas perdue ? Si Napoléon l'emportait que devenait notre liberté ? Bien qu'un succès de Napoléon m'ouvrit un exil éternel, la patrie l'emportait dans ce moment dans mon coeur ; mes voeux étaient pour l'oppresseur de la France, s'il devait, en sauvant notre honneur, nous arracher à la domination étrangère.

Wellington triomphait-il ? La légitimité rentrerait donc dans Paris derrière ces uniformes rouges qui venaient de reteindre leur pourpre au sang des Français ! La royauté aurait donc pour carrosses de son sacre les chariots d'ambulance remplis de nos grenadiers mutilés ! Que sera-ce qu'une restauration accomplie sous de tels auspices ?... Ce n'est là qu'une bien petite partie des idées qui me tourmentaient. Chaque coup de canon me donnait une secousse et doublait le battement de mon coeur. A quelques lieues d'une catastrophe immense, je ne la voyais pas ; je ne pouvais toucher le vaste monument funèbre croissant de minute en minute à Waterloo comme du rivage de Boulaq, au bord du Nil, j'étendais vainement mes mains vers les Pyramides. »

 

Mémoires d'Outre-tombe, IIIe partie, Ière époque, livre VI, ch. 16

 

François-René, vicomte de Chateaubriand, naît à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et meurt à Paris le 4 juillet 1848.

 


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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 06:32

#483

 

Loi-du-16-juin-1881-.jpg

©Soares.Fotolia.com

 

 

Il y a 130 ans aujourd'hui,

Les grandes lois

de la République :

 

 

Loi du 16 juin 1881
 instituant la gratuité absolue

de l'enseignement primaire public

(dite Loi Jules Ferry)

 

Article premier

Il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans les écoles primaires publiques, ni dans les salles d'asile publiques.

Le prix de pension dans les écoles normales est supprimé.

 

Etc…

 

Parution au Journal Officiel le 17 juin 1881.

Signé :

Le président du conseil, ministre de

l’instruction publique et des beaux-arts,

JULES FERRY.

 

 


 

Note : 

Luc Ferry, arrière petit-neveu de Jules Ferry, est un philosophe contemporain.

Il est agrégé de philosophie (1975), docteur d’Etat en science politique (1981) et agrégé de science politique (1982). Ses publications connaissent un large succès dû à l’accessibilité des sujets qu’il traite. Récemment, il a malheureusement trébuché. Peut-être pris de court, on l’a découvert philosophe de cour, pas de cours.

 


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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 09:47

#482

 

 

 

Pour retenir un amant.

 

 

Pour retenir un amant en servage,

II faut aimer et non dissimuler,

De même flamme amoureuse brûler,

Et que le cœur soit pareil au langage :

 

Toujours un rire, toujours un bon visage,

Toujours s'écrire et s'entre-consoler :

Ou qui ne peut écrire ni parler,

A tout le moins s'entrevoir par message.

 

II faut avoir de l'ami le portrait,

Cent fois le jour en rebaiser le trait :

Que d'un plaisir deux âmes soient guidées,

 

Deux corps en un rejoints en leur moitié.

Voilà les points qui gardent l'amitié,

Et non pas vous qui n'aimez qu'en idées.

 

 

 

Pierre de Ronsard in Les Amours d’Astrée, Sonnet III, 1578.

 


 

Note : Ronsard (1524-1585), précurseur éclairé du courrier électronique, de Skype, de Messenger, des "chats" amoureux par SMS, de Facebook etc... ?


 

 

Amadeo-Modigliani-Portrait-de-Madame-Kisling.1917jpg.jpg

Illustration : Amadeo Modigliani. Portrait de Madame Kisling, 1917

Ici, comme souvent chez Modigliani, on note la troublante absence de regard, comme si les yeux étaient tournés vers l'intérieur...    

 

moise-kisling-55.jpg 

Illustration : Moïse Kisling.

 

 


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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 07:39

 #481

 

 

 

9H58 – dépêche AFP – DÉCLARATION DES LETTRES -

 

 

             Faire le plein de déliés

 

Les lettres appellent à la mobilisation :

Nous profitons de cette période de baccalauréat pour appeler à manifester. Pour tremper notre plume dans les touches de nos claviers. Oui, NOUS. Les lettres. C’est comme si tout le monde s’en moquait ou ne voulait s’en rendre compte. Même minuscules, ne sommes-nous pas capitales ?

Essayz d  vous fair compr ndr  si l’E  st  n  grv !

Alors nous revendiquons instamment d’être utilisées sans faute et sans faute de goût.

Ca y est ! la ponctuation vient de proclamer qu’elle se joignait solidairement au mouvement.

Alors tous au travail !

Car si notre revendication restait lettre morte, qu’on se le dise, nous ferions intervenir les coquilles. Sans sommation. Et pour preuve de notre détermination, nous entamons trois lignes de silence.

 

 

 

 

 

Ces trois lignes de silence passées, nous avons décidé de lancer une grande manifestation. Pas moins de 500 caractères ont défilé. Chiffre exceptionnellement confirmé par... la police

 


 

 

Joël Guegoun, le Typoète

Faut-il aimer les lettres pour offrir une telle sensibilité !    

 

 

guenoun.jpg

© Joël Guenoun 

 

 

Joël Guenoun est graphiste. Il est né à Paris en 1959. Le lien vers son site : Joël Guenoun

 

 

 

 

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 07:18

  #479

 

Tanya est une charmante mère de famille américaine d'origine russe qui tient un blogue réjouissant et très cosmopolite, Mushrooms & berries. C'est une joie aujourd'hui de livrer un de ses textes percutant et empli d'humour. Merci Tanya !

 

 

 

Why I love nice Jewish boys

 

 

Going to bed with Jewish men is great fun and more than just a mind-fuck. Jews don't have that deep-rooted mixture of fear and revulsion that so many non-jews express towards women. Maybe it's to do with coming from a less misogynistic culture, where religion is passed down through the women. God knows, may be Jewish boys are often stuck on their mothers. So, perhaps they are a little neurotic. But Jewish men like sex! They are good in bed! Without being macho!

 


And there is a cock thing! Who knows, - may be there is a connection between a big Shnozzle and a long Shlong. But apart from Shlong, there is style! And lets face it, circumcision is definitely a perk. Less premature ejaculation and, of course, no aesthetic worries. A prick with a foreskin looks, frankly , embarrassing. A circumcised penis says, "Yeah, look at me. I am a Shmuck. I'm open to suggestion. You got a problem with that?"

 

(à suivre)

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 07:15

#480    

 

(suite)

 

But Jewish sex appeal isn't simply reducible to a flap of skin. The crux seems to be that all-important organ that's getting low in the WASP gene pool; a brain. There is no getting away from it: Jews invented Dialectical Materialism, Psychoanalysis, The Theory of Relativity, Hollywood and Christianity. They've never been shy about being clever. It's the ideas, conversation , opinions that make all Jewish men sexy - not the frozen narcissism or the inarticulate grants of their fellow caveman Wasps (for example).
Jewish guys are brilliant and that's why they are hot!!!
But then again, if you are not Jewish, don't despair! BTW, Tim - you are the sexiest of them all!

 

 

      ©Tanya Roessler, march 2011.

 


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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 07:16

#478    

 

L'incommunicabilité fait les cent pas. Tout est boniment, désolation. Les rapports sont javellisés. C'est le début de l'ère du ressentiment.
 
 
Le repos me fuit
Je devine

         Tout trahit

Une présence s'impose jusqu'à l'aube blême
À la rencontre des tempes
Près des bougies assoupies

 

          Un fauteuil au parfum de lilas
 
Où l'enchantement est sans voix
S'y abrite la solitude
S'y pressent les jours fanés
A jamais

 


Lechim Authex

 

Note : L.Authex est un contributeur de Nuageneuf. Il nous envoie parfois des textes que nous publions.

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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 07:18

#477     

 

 

 

UN BAL DE COMPTABLES

 

Ce bal ressemble à tous les bals.

Il ne manque pas d’entrain.

Les jeunes aides-comptables ont un pas léger

et les dames comptables révèlent sous les lustres

un nombre de charmes très élevé,

quelques souplesses de jeunes vagues.

Non, rien ne trahirait si le peintre n’avait réussi à conférer à ses couleurs

une indicible façon de comptabilité.

 

 

Norge.

 

 

 

 

Sonia-Delaunay-Triptique-1963.jpg

 

Illustration : Sonia DELAUNAY. Triptyque, 1963

Note brève : Sonia Delaunay, née Sarah Stern, (1885-1979) nait en Ukraine. Elle s'installe à Paris en 1905 où elle rencontre Charles Delaunay, qu'elle épouse en 1909. Tous deux travaillèrent en étroite coopération pendant une trentaine d'année.

 

Bien entendu, pour ce poème de Norge, il convenait de l'illustrer par la célèbre toile de Sonia Le Bal Bullier (1913). Les versions disponibles sur l'internet sont peu nombreuses et très réduites, comme on le constatera un peu tristement ci-dessous. Pour contempler l'original, il ne vous reste plus qu'à courir au Centre Pompidou ! 

 

 

sdelaunaybalbulier.jpg

 

 Illustration : Sonia DELAUNAY. Le bal Bullier, 1913

 

 

relire Norge ici

 



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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 07:33

#476    

 

Cet article a été écrit par Patrick Mandon en mai 2011 sur Causeur.fr. © Patrick Mandon. Avec son aimable autorisation. Qu'il soit ici chaleureusement remercié.


 

 

 

Forain, peintre de la comédie humaine 

Qu’espère-t-on de la contemplation d’un tableau ? Qu’elle nous permette d’éprouver de la sympathie pour « les efforts et les douleurs de la vie humaine »1 ? C’est possible. Qu’elle ouvre devant nous une faille, au fond de laquelle la beauté de l’œuvre nous retient de tomber ? C’est probable. Qu’elle expose le spectacle de notre humanité imparfaite ? C’est certain. Les peintres qui nous intéressent chercheraient donc le beau et le vraisemblable, augmentés de quelques traits, constitutifs de notre nature, que nous aimons ignorer ? La peinture, parmi tant d’autres objets, suivrait-elle la piste, qui mène aux origines du mal, et rejoint ses compagnons d’infortune, le rire et la compassion ?
Ah nous voilà bien ! Nous souhaitions partager un moment de plaisir avec le lecteur, et nous l’assommons d’emblée sous l’ennui d’une métaphysique de vieux jouisseur, sortant, accablé, d’un laboratoire d’analyses biologiques ! Bref, nous ressentions du bonheur et de l’accablement, l’autre matin, en sortant du Petit Palais, où nous avait été révélé le grand talent d’un peintre, que nous connaissions auparavant comme dessinateur : Jean-Louis Forain (1852-1931).

Il faut imaginer Paris, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Louis-Napoléon Bonaparte, alors qu’il était prisonnier au fort de Ham (Picardie), démontra sa perspicacité politique, lorsqu’il rendit compte de l’état lamentable du prolétariat2, des ravages engendrés par la première révolution industrielle, de sa cruauté sociale, qu’il avait observés à Londres. Napoléon III ne tînt pas les promesses de Louis-Napoléon, idéaliste saint-simonien ; les grands travaux conduits par Haussmann, s’ils améliorent considérablement l’hygiène, favorisent la classe moyenne et la grande bourgeoisie. Cependant, contrairement à son homologue londonien, le lumpen parisien n’est pas systématiquement relégué dans l’atroce délabrement de taudis excentrés ; il réside souvent au cœur de la ville. Certes, il forme l’essentiel de ce qu’on nomme la « classe dangereuse », mais il se mêle, plus ou moins harmonieusement, à la population aisée. Et, la nuit, il n’en est point éloigné3.

Et Forain dans tout ça ? Nous revenons à lui par la misère et le vice

Paris est la grande cité « luciférienne », qui fascinait Baudelaire, où se forme un précipité de faste, d’ambition, de défi et d’audace. C’est à Paris que s’agrègent, en une confrérie éphémère et joyeuse baptisée « bohème », des jeunes gens parfois doués, souvent brillants. C’est à Paris que se concluent des affaires considérables, que naissent des scandales « panaméens ». C’est à Paris qu’une jolie femme, sortie du ruisseau, peut espérer finir ses jours dans un hôtel particulier de l’avenue des Champs-Élysées4. Mais c’est aussi dans le ruisseau de Paris que roulent les filles vouées aux servitudes. La ronde de l’amour tarifé tourne sans cesse ; sur le manège, les plus prisées sont les danseuses, vieillies « dans la connaissance des dépravations parisiennes »5, et, plus jeunes encore, plus tendres, à peine pubères, les petits rats de l’Opéra. Au foyer de la danse, les habitués mâles, souvent des messieurs prospères, viennent choisir leurs protégées, devant les mères, faussement attendries, et vraiment intéressées.

 

 JLF-la-confidence-au-bal.jpg

Illustration :  Jean-Louis Forain. La confidence au bal

L’un de ces rats est passé à la postérité : Marie Van Goethem. Ses parents, immigrés de Belgique, se sont établis à Paris. La mère est blanchisseuse, le père taille des vêtements. Les deux Belges succombent à la funeste tentation de l’humanité : ils se reproduisent ! Trois filles naissent, Marie est la deuxième. Elle suit les cours de l’école de danse. Edgar Degas, l’un des « patrons » de l’impressionnisme, la choisit pour modèle de sa sculpture « Petite danseuse de quatorze ans », chef d’œuvre étrange : Marie y adopte la position des pieds dite quatrième, les bras dans le dos, le menton dressé, tendue, « offerte à tous en tout mignonne »6. Cette enfant triste subvient aux besoins de sa famille en se prostituant, avec le « soutien » de sa maman… Elle opère dans le IXe arrondissement, où Pigalle, au nord, et l’Opéra, au sud, attirent la grande débauche parisienne ; le premier, sur le mode populaire, le second, sous les ors et les stucs des cafés mondains du boulevard des Italiens. Marie, chassée de l’Opéra, disparaît : on perd sa trace sur le trottoir.

Dans les tableaux de Forain, comme dans ceux de Degas qui fut son initiateur, les hommes sont vêtus de noirs ; tels de gros insectes, ils tournent autour des ballerines, s’illusionnant de leur pouvoir de séduction physique. Grand bourgeois réservé, artisan raffiné de la révolution dans l’art, sensible à la misère sociale et par ailleurs réactionnaire, méprisant le spectacle de la nature, Degas voulut saisir l’élégance de ses contemporains, le mouvement de leurs corps dans l’espace urbain, la grâce des chevaux de course, la splendeur fugace d’une tête féminine inclinée… Il vient au foyer de la danse pour y analyser la technique du ballet. Plus voyou, plus féroce, Forain suggère le sordide commerce de concupiscence et de chair fraîche qui se tient dans ce temple laïque. 

Forain-Le-Buffet-1884.jpg

Illustration :  Jean-Louis ForainLe buffet, 1884

La biographie d’un homme comporte des zones d’ombre, et apporte son lot de déceptions à ses admirateurs, voire à ses proches. Celui que Rimbaud et Verlaine surnommaient Gavroche fut, lors de l’affaire Dreyfus, un antisémite virulent. Allié à Caran d’Ache, il fonda le journal Psst, où il dénonçait le « péril juif » avec un terrible entrain.

 

Cela ne doit pas vous décourager ; pressez le pas jusqu’au Petit Palais, un grand peintre vous y attend !

 

Jean-Louis Forain, La comédie parisienne, Petit Palais, Paris 75008. Jusqu’au 5 juin 

 

 

  1. John Ruskin, Les sept lampes de l’architecture 
  2. Louis-Napoléon Bonaparte, Extinction du paupérisme
  3. En passant, on notera qu’il aura fallu un maire et ses adjoints « socialisants », pour accélérer la désertion de la capitale française par sa population pauvre, voire par sa classe moyenne ! 
  4. telle Liane de Pougy, courtisane fameuse, née Anne-Marie Chassaigne : devenue princesse Ghika par mariage, elle s’éteint, dans la paix du Seigneur, sous le nom de Anne-Marie-Madeleine de la Pénitence (1869-1950) 
  5. Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes
  6. Guillaume Apollinaire, Marizibill

lire ce que Patrick Mandon nous a déjà confié ici

 

 

 


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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 06:22

#475

 

 

Les pas

 

Tes pas, enfants de mon silence,

Saintement, lentement placés,

Vers le lit de ma vigilance

Procèdent muets et glacés.

 

Personne pure, ombre divine,

Qu'ils sont doux, tes pas retenus !

Dieux !... tous les dons que je devine

Viennent à moi sur ces pieds nus !

 

Si, de tes lèvres avancées,

Tu prépares pour l'apaiser,

A l'habitant de mes pensées

La nourriture d'un baiser,

 

Ne hâte pas cet acte tendre,

Douceur d'être et de n'être pas,

Car j'ai vécu de vous attendre,

Et mon coeur n'était que vos pas.

 

 

Paul Valéry in Charmes, 1922

 

 

 

Note : En 1922, Paul Valéry (1871-1945) publie Charmes. Le titre du recueil revêt un double sens. En latin, en effet, « charmes » (carmina) signifie à la fois « poèmes » et « chants magiques », la magie étant censée percer les secrets de la Nature. Cette ambivalence du titre a souvent incité à rechercher, au-delà des apparences, un sens caché aux vingt et un poèmes qui composent le volume.

 

Dans ce poème, Valéry joue sur divers registres et l’analyse de la vie intérieure, sentimentale ou intellectuelle se double d’une forte "imagination" auditive. S'agit-il ici de la lente ferveur qui s’empare de l’homme à l’approche de la femme aimée ou de celle du poète devant la montée de l’inspiration ?

 « Les Pas » sont une incantation et justifient le titre de Charmes...

 

 

 

relire Paul Valéry ici

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