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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 06:53

#462    

 

 

 

CERTITUDE

 

Si je te parle c'est pour mieux t'entendre

Si je t'entends je suis sûr de te comprendre

 

Si tu souris c'est pour mieux m'envahir

Si tu souris je vois le monde entier

 

Si je t'étreins c'est pour me continuer

Si nous vivons tout sera à plaisir

 

Si je te quitte nous nous souviendrons

En te quittant nous nous retrouverons

 

 

Paul Eluard in Derniers poèmes d’amour

 

 

 

 

 

Magritte.1937-In-Praise-of-the-dialectic.jpg

      ...Si je te quitte nous nous souviendrons...

 

 

 

Illustration : 

 

René Magritte, L'Eloge de la dialectique. -1937-

 

 



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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 06:44

#461

 

 

 

Nous deux

 

Nous deux nous tenant par la main

Nous nous croyons partout chez nous

Sous l'arbre doux sous le ciel noir

Sous tous les toits au coin du feu

Dans la rue vide en plein soleil

Dans les yeux vagues de la foule

Auprès des sages et des fous

Parmi les enfants et les grands

L'amour n'a rien de mystérieux

Nous sommes l'évidence même

 

 

Paul Eluard in Derniers poèmes d’amour

 

 

Klimt--1862-1918--Water-serpents-1907.jpg

 

Illustration :  Gustav Klimt, Serpents d'eau II, 1904-07  


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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 06:51

#460    

 

 

 

Je crois qu’il profita,  pour son évasion,  d’une migration d’oiseaux sauvages. Au matin du départ il mit sa planète bien en ordre. Il ramona soigneusement ses volcans en activité. Il possédait deux volcans en activité. Et c’était bien commode pour faire chauffer le petit-déjeuner du matin. Il possédait aussi un volcan éteint. Mais, comme il disait, « On ne sait jamais ! ». Il ramona donc également le volcan éteint. S’ils sont bien ramonés, les volcans brûlent doucement et régulièrement, sans éruptions. Les éruptions volcaniques sont comme des feux de cheminée. Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop petits pour ramoner nos volcans. C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis.

 

Antoine de Saint-Exupéry in Le petit prince. -1943-  Chapitre IX.

 

 

 

 

un-nuage-de-cendres-grimsvoetn-image afp-mai-2011

 

....Évidemment sur notre terre nous sommes beaucoup trop                                              petits pour ramoner nos volcans.

                        C’est pourquoi ils nous causent des tas d’ennuis.

 

 

 

lire les extraits du Petit prince déjà publiés ici  


 


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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 07:01

 

 

 

Dit de la force et de l'amour

 

Entre tous mes tourments entre la mort et moi

Entre mon désespoir et la raison de vivre

Il y a l'injustice et ce malheur des hommes

Que je ne peux admettre il y a ma colère

 

Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne

Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce

Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir

Pour tous les innocents qui haïssent le mal

 

La lumière toujours est tout près de s'éteindre

La vie toujours s'apprête à devenir fumier

Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini

Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe

 

Et la chaleur aura raison des égoïstes

Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas

J'entends le feu parler en riant de tiédeur

J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert

 

Toi qui fus de ma chair la conscience sensible

Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé

Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure

Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre

Tu rêvais d'être libre et je te continue.

 

 

Paul Eluard 

 

 

Burki.jpg 

 

...Il y a l'injustice et ce malheur des hommes

Que je ne peux admettre il y a ma colère...


 Dessin de ©BURKI paru dans 24 heures (quotidien suisse du canton de Vaud)

 


 

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 06:44

#458

 

 

 

L’enfance

 

Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance

Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,

je coulai ma douce existence,

Sans songer au lendemain.

Que me servait que tant de connaissances

A mon esprit vinssent donner l’essor,

On n’a pas besoin des sciences,

Lorsque l’on vit dans l’âge d’or !

Mon coeur encore tendre et novice,

Ne connaissait pas la noirceur

De la vie en cueillant les fleurs,

Je n’en sentais pas les épines,

Et mes caresses enfantines

Étaient pures et sans aigreurs.

Croyais-je, exempt de toute peine

Que, dans notre vaste univers,

Tous les maux sortis des enfers,

Avaient établi leur domaine ?

 

 

Nous sommes loin de l’heureux temps

Règne de Saturne et de Rhée,

Où les vertus, les fléaux des méchants,

Sur la terre étaient adorées,

Car dans ces heureuses contrées

Les hommes étaient des enfants.


Gérard de Nerval in Poésies de jeunesse -1822 -

 


Renoir-vers-1905.jpg 

 

...toujours gai, sans soucis, sans chagrin,

je coulai ma douce existence,

Sans songer au lendemain...


 

De nombreux peintres ont pris comme modèles leurs enfants. Ici, une toile de :

Pierre-Auguste RENOIR (1841 - 1919), qui représente son fils. Le titre est Claude Renoir jouant - vers 1905 -

 

 


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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 07:07

#457

 

Gérard de Nerval, l'état de poésie

 

Nerval.jpg

 

 

Gérard de Nerval, de son vrai nom Gérard Labrunie, naît à Paris le 22 mai 1808, belle occasion de lui souhaiter un heureux anniversaire ce matin.

 

        ( Comme on l’aura peut-être remarqué auparavant à la lecture de nos notes ou articles, nous donnons cette courte biographie au présent. Simplement parce que nous vivons heureux et sereins, au fil de ces pages, avec tous ces poètes en les évoquant au présent.  )

 

Il passe son enfance dans le Valois, dans la propriété de son grand-oncle. Il s'initie à la poésie rustique et populaire, puis, lors de ses études à Paris, à la littérature allemande. 



 

On rappellera cette phrase célèbre d’Albert Béguin qui dit de lui : « Gérard de Nerval, de tous les êtres qui ont vécu, est certainement un de ceux qui se sont maintenus de la façon la plus constante dans l'état de poésie. »



 

Il publie très jeune ses premiers écrits : Élégies nationales (1827) et une traduction du Faust de Goethe. Rien que ça !

 

Mais, dès 1832, il se retrouve emprisonné pour avoir manifesté sesJenny-Colon.jpeg convictions républicaines. Deux ans plus tard, au retour d'un voyage en Italie, il fonde Le Monde dramatique destiné à soutenir Jenny Colon, une actrice dont il est follement amoureux.

 

Portrait de Jenny Colon

 

 

Nerval, qui n'a encore écrit que des articles de critique - il est particulièrement pointilleux et attentif - part ensuite pour l'Allemagne, en compagnie d'Alexandre Dumas. Ensemble, ils écriront un drame: Léo Burckart, représenté en 1839.

 

C'est en 1841 que la raison de Nerval se déchire pour la première fois. Le séjour qu'il fait alors dans une maison de santé, puis la nouvelle tragique de la mort de Jenny Colon contribuent sans aucun doute à faire germer en son esprit le désir de fuite... Il part alors pur un long Voyage en Orient qu'il décrit avec lyrisme et mystère. Ainsi visite-t-il l’Egypte, la Syrie, le Liban, l’île de Rhodes et la Turquie. Son sens de l’observation et de la description méticuleuse font de ces récits une lecture passionnante et particulièrement enrichissante, l’ensemble souvent truffé de réflexions humoristiques très drôles. À son retour, il reprend son activité de journaliste, de critique et de librettiste, jusqu'en 1851.

 

Interné à plusieurs reprises -il souffre d’hallucinations et de délires - il écrit ses plus belles oeuvres : Lorely, souvenirs d’Allemagne (1852), Les Filles du feu (1854), Les Petits Châteaux de bohème (1853), Promenades et souvenirs (1854) et Aurélia ou le Rêve et la vie (1855), entre deux séjours dans la maison de santé du Dr. Blanche à Passy. Sur sa demande, ses amis obtiennent alors de la Société des gens de lettres, en 1854, sa « remise en liberté ».  Mais notre poète affronte de bien « mauvaises heures » dans la détresse matérielle et mentale. 



 

Il a 48 ans le 26 janvier 1855.  A l'aube, on le trouve pendu rue Basse-de la Vieille-Lanterne, « la rue la plus noire qu’il pût trouver » comme le note Baudelaire. Bien des hypothèses seront évoquées sur les circonstances de ce suicide.

 

 

Rue-de-la-Vieille-Lanterne.jpg

Une gravure de la rue de la Vieille-Lanterne

 

 

Relire Gérard de Nerval ici

 


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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 07:13

#456

 

 

A Londres je connus Bella

 

A Londres je connus Bella,

Princesse moins lointaine

Que son mari le capitaine

Qui n’était jamais là.

 

Et peut-être aimait-il la mangue ;

Mais Bella, les Français

Tels qu’on le parle : c’est assez

Pour qui ne prend que langue ;

 

Et la tienne vaut un talbin.

Mais quoi ? Rester rebelle,

Bella, quand te montre si belle

Le désordre du bain ?

 

 

Paul-Jean Toulet in  Contrerimes

 

 

Paul-Jean Toulet (1867-1920) est un écrivain et poète français, célèbre pour son recueil Contrerimes, une forme poétique qu’il a créée. 

 

 

 *                      *                      * 

 

 Degas vers 1895

 

...Rester rebelle,

Bella, quand te montre si belle

Le désordre du bain ?

 

 

 

Edgar DEGAS (1834 - 1917) Après le bain, femme s'essuyant la Nuque - vers 1895 -

On retient essentiellement chez E.DEGAS ses toiles représentants les danseuses. D'ailleurs lui-même écrit un jour : " On m'appelle le peintre des danseuses". Toutefois, on rappellera que le thème essentiel de son oeuvre s’inscrit dans ce que l’on pourrait appeler “Femmes à leur toilette”.  

 

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 07:26

#455    

 

 

 

 

Tout change, rien ne change

 

 

 

"La pensée d'un homme est avant tout sa nostalgie."

 

Albert CAMUS in Le mythe de Sisyphe

 

 



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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 06:31

 

 

 

Allez ! Allez ! (Re)lisons vite pour ensoleiller la journée le premier poème des Cahiers de Douai. Le tout premier. Première soirée. C’est le titre. Rimbaud a 16 ans !

 

Première soirée

 

- Elle était fort déshabillée

Et de grands arbres indiscrets

Aux vitres jetaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.

 

Assise sur ma grande chaise,

Mi-nue, elle joignait les mains.

Sur les planchers frissonnaient d'aise

Ses petits pieds si fins, si fins.

 

- Je regardai, couleurs de cire,

Un petit rayon buissonnier

Papillonner dans son sourire

Et sur son sein, - mouche au rosier.

 

- Je baisai ses fines chevilles.

Elle eut un doux rire brutal

Qui s'égrenait en claires trilles,

Un joli rire de cristal.

 

Les petits pieds sous la chemise

Se sauvèrent: "Veux-tu finir!"

- La première audace permise,

Le rire feignait de punir!

 

- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,

Je baisai doucement ses yeux:

- Elle jeta sa tête mièvre

En arrière: "Oh! C'est encor mieux!...

 

Monsieur, j'ai deux mots à te dire..."

-Je lui jetai le reste au sein

Dans un baiser, qui la fit rire

D'un bon rire qui voulait bien...

 

- Elle était fort déshabillée

Et de grands arbres indiscrets

Aux vitres jetaient leur feuillée

Malinement, tout près, tout près.

 

A.RIMBAUD

première publication le 13 août 1870 sous le titre "Trois baisers". 

 



Note: Que d'enthousiasme que l'éveil sentimental d'un adolescent nommé Rimbaud ! Ce sont là quelques vers de ses premiers poèmes, écrits avant sa troisième fugue de Douai, à partir de laquelle il connaîtra les mutations que l'on connait. N'a-t-il pas demandé à Monsieur Demeny (dans une lettre du 10 juin 1871), de brûler tous ces vers « qu'il fut assez sot d'écrire ». Demeny a bien fait de ne pas les brûler, ce qui nous permet aujourd'hui d'apprécier son incroyable précocité… poétique.


 

bouguereau.1880-jpg.jpg

 

Illustration: William BOUGUEREAU. Jeune fille se défendant contre Eros, 1880.

 

 

 


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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 07:46

 

 

Avertissement : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.

 

 

 

La Chatte métamorphosée en femme

 

Un homme chérissait éperdument sa Chatte ;

Il la trouvait mignonne, et belle, et délicate,

Qui miaulait d'un ton fort doux.

Il était plus fou que les fous.

Cet Homme donc, par prières, par larmes,

Par sortilèges et par charmes,

Fait tant qu'il obtient du destin

Que sa Chatte en un beau matin

Devient femme, et le matin même,

Maître sot en fait sa moitié.

Le voilà fou d'amour extrême,

De fou qu'il était d'amitié.

Jamais la Dame la plus belle

Ne charma tant son Favori

Que fait cette épouse nouvelle

Son hypocondre de mari.

Il l'amadoue, elle le flatte ;

Il n'y trouve plus rien de Chatte,

Et poussant l'erreur jusqu'au bout,

La croit femme en tout et partout,

Lorsque quelques Souris qui rongeaient de la natte

Troublèrent le plaisir des nouveaux mariés.

Aussitôt la femme est sur pieds :

Elle manqua son aventure.

Souris de revenir, femme d'être en posture.

Pour cette fois elle accourut à point :

Car ayant changé de figure,

Les souris ne la craignaient point.

Ce lui fut toujours une amorce,

Tant le naturel a de force.

Il se moque de tout, certain âge accompli :

Le vase est imbibé, l'étoffe a pris son pli.

En vain de son train ordinaire

On le veut désaccoutumer.

Quelque chose qu'on puisse faire,

On ne saurait le réformer.

Coups de fourche ni d'étrivières

Ne lui font changer de manières ;

Et, fussiez-vous embâtonnés,

Jamais vous n'en serez les maîtres.

Qu'on lui ferme la porte au nez,

Il reviendra par les fenêtres.

 

 

Jean de la Fontaine, Livre II, fable 18

 

 

 


 

Note : 

Dans  Le Loup et le Renard (Livre XII, fable 9), nous lisons une morale semblable :

 

Que sert-il qu’on se contrefasse ?

Prétendre ainsi changer est une illusion :

L’on reprend sa première trace

A la première occasion.

 



 

Leonor-Fini.-Psyche.jpg

Illustration :

Léonor FINI. Psyché.

 

 

 


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