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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 06:44

#476

 

Robert Desnos nous a quitté le 8 juin 1945.

 


lanuitstellaire-van-gogh.jpg

 

 

Illustration : La nuit stellaire. Vincent VAN GOGH -1889 -

 


 

A la faveur de la nuit

 

 

Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.

Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.

Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.

N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.

Ferme les yeux.

Je voudrais les fermer avec mes lèvres.

Mais la fenêtre s'ouvre et le vent, le vent qui balance bizarrement

la flamme et le drapeau entoure ma fuite de son manteau.

La fenêtre s'ouvre : ce n'est pas toi.

Je le savais bien.

 

Robert Desnos in A la Mystérieuse, 1926


  

Note :

Une synthèse de la vie de Desnos à compter du jour de son arrestation.

Son arrestation :

Robert Desnos est arrêté un matin, le 22 février 1944 par la Gestapo. Il est d'abord emprisonné à Fresnes, puis interné dans le camp de Compiègne du 20 mars au 27 avril 1944. En fait, il s’agit du camp de Royallieu.

Il fait partie d'un convoi N° 71 qui arrive à Auschwitz le 30 avril 1944. Il est ensuite déporté vers le camp de Buchenwald (12 au 14 mai 1944), puis sera déplacé vers Flossenburg le 25 mai, puis vers le kommando de Flöha, en Saxe (usine Messerschmitt).

 

Le camp de Royallieu  (sources : l’Amicale des Déportés Tatoués du 27 avril 1944)

Situé dans un faubourg de Compiègne, le camp de Royallieu est l'un des deux principaux centres français de régulation pour la déportation. Il est destiné aux prisonniers politiques, alors que celui de Drancy est réservé aux Juifs.

 

 

Est déclaré prisonnier "politique" toute personne arrêtée pour faits de résistance, appartenance à des partis ou groupements dissous, auditeurs de la radio anglaise, détenteurs d'armes, otages ou malchanceux pris dans des rafles.

 

 

Le camp de Royallieu avait été aménagé par l'armée française avant 1914. Il avait servi d'hôpital militaire pendant la Grande Guerre, puis à nouveau en 1939-40. De juin 1940 à juin 1941, baptisé Frontstalag 122, il accueillait des prisonniers de guerre français.

 

 

Passé ensuite sous le contrôle de la Sicherheitsdienst, il servit de réservoir dans lequel était puisée une partie des otages fusillés par les nazis. Le premier convoi de déportés (convoi N°1) part le 27 mars 1942, avec à son bord 1.112 Juifs, il ne comprend que des hommes. 22 reviendront en 1945. (le dernier convoi, de 300 détenus, part le 26 août 1944 sera libéré par les Alliés à Péronne).

 

 

De mars 1942 à août 1944,  53.787 hommes et femmes ont transité par Royallieu. Vers 14 heures, le 26 avril 1944, a lieu un appel en vue de constituer le convoi qui doit partir le lendemain. 1.700 détenus sont désignés, sans distinction de condition ni d'âge. Lorsqu'ils se préparent fébrilement puis sont rassemblés dans la zone C du camp, ils ne connaissent pas encore leur terrible destination. Quelques-uns signent un formulaire imprimé à destination de leurs proches : "Je suis transféré dans un autre camp, ne m'envoyez plus de colis, attendez ma nouvelle adresse"...

 

 

Au matin du 27 avril, chacun reçoit une boule de pain et un saucisson. La colonne qui se constitue traverse Compiègne derrière un officier SS. Des civils, apeurés et effondrés, osent braver l'interdiction pour faire un dernier adieu aux déportés. En gare de marchandises, on fait s'entasser avec violence les prisonniers dans des wagons à bestiaux. La surpopulation est telle que l'air devient rapidement surchauffé et irrespirable. Il faut se battre pour accéder à tour de rôle aux lucarnes garnies de barbelés et y respirer l'air frais. Suivent quatre jours et trois nuits d'un hallucinant voyage vers la Pologne. Soif, asphyxie et démence transforment certains wagons en cercueils ou cellules d'aliénés. Certains boivent leur urine, d'autres, rendus fous par la souffrance, veulent tuer leurs camarades et ne sont maîtrisés qu'à grand-peine. Les plus forts doivent imposer un semblant de discipline pour éviter le pire. Le 30 avril en fin d'après-midi, le convoi décharge sa marchandise humaine sur un quai apparemment en rase campagne.

 

Sa libération :

Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril,  57 d'entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d'avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisées - dont Desnos - sont acheminés jusqu'à Térézin (Théresienstadt), en Tchécoslovaquie. A Térézin, hospitalisé et soigné avec des moyens de fortune, Desnos est reconnu par ses soignants : Josef Stuna  et Aléna Tesarova. Celle-ci évoque ainsi l'instant où Desnos entendit prononcer son nom :  « Le 4 juin, vers 5 heures du matin, un nom me rejeta dans l'avant-guerre : mon collègue, qui travaillait cette nuit pour la première fois à la baraque voisine de la nôtre, vint m'annoncer qu'il existait, parmi les malades, un certain Desnos. Comme on lui demandait s'il connaissait le poète français Robert Desnos, il répondit : « Oui, oui ! Robert Desnos, poète français, c'est moi ! C'est moi ! »

 desnos2

 

 

 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 07:06

#474

 

 


Plume déjeunait au restaurant, quand le maître d'hôtel s'approcha, la regarda sévèrement et lui dit d'une voix basse et mystérieuse : "Ce que vous avez là dans votre assiette ne figure pas sur la carte."

 

Henri MICHAUX in Plume, 1938

 

eric frechon. Chef au bristol-paris-

 

Illustration : La salle de restaurant de l’hôtel Bristol à Paris.

 

 

   Avertissement : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.


 

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 06:34

#473

 

 

Woody-Allen-lunettes.jpg

 

 

« In the end, like in Stardust Memories (1), we all get flushed. The beautiful ones, the accomplished ones, the Einsteins, the Shakespeares, the homeless guys in the street with the wine bottles, all end up in the same grave. So, I have a very dim view of things, but I think about them, and I do feel that I've come to the conclusion that the artist can not justify life or come up with a cogent reason as to why life is meaningful, but the artist can provide you with a cold glass of water on a hot day »

 

Woody Allen.

 

 

 

stardust-memories.jpeg

(1) Stardust Memories est un film américain de Woody Allen sorti en 1980. Il est considéré comme un de ses meilleurs. Outre W.Allen jouent à ses cotés Charlotte Rampling et Marie-Christine Barrault.

 


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4 juin 2011 6 04 /06 /juin /2011 07:19

#471 

 

En France, à Paris, quand on ravale une façade, ici la Conciergerie, ça donne ça :

 

dior-conciergerie1.jpg

 

 

 pub-a-la-conciergerie-dior-jaabhorr_0.jpg

 

A minima, cela nous vaut le bon mot d'Elisabeth Levy : "Dior, j'abhorre." 

Lire l'article sur Causeur.fr  ici

 



 

 

En Belgique, à Bruxelles, quand on ravale une façade, ici le musée Magritte, ça donne ça :

 

magritte-musee.jpg

 


 

magritteL-empire-des-lumieres-1954.jpg

 

René Magritte. L'empire des lumières, 1954

 

 

En prime, une visite du musée :


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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 07:17

#469    

 

Nous souhaitions revenir à Henri Pichette, déjà évoqué par trois fois dans nos communications. Cf nos extraits de Epiphanies. Sa poésie est en effet un véritable bouleversement des mots et des sonorités (on sait maintenant que les choix de Nuageneuf sont honteusement subjectifs).

Il était donc temps également de situer Pichette. Qui mieux que Raphaël Sorin pouvait bien le faire ? C'est avec une grande courtoisie que ce dernier nous a confié son texte que nous sommes fiers et heureux de vous faire partager, avant de revenir dans les tous prochains jours avec un extrait ébouriffant de Pichette.

 


 

 

 

Raphael-SORIN.png

 

 

Raphaël Sorin, sa biographie :

J’ai traversé, comme éditeur, en plus de quarante ans, le Seuil, Champ Libre, le Sagittaire, Ramsay, Albin Michel, Flammarion, Fayard.

J’ai publié, entre autres, Bukowski, Pessoa, Bizot, Pacadis, Houellebecq, Holder, Ovidie, Bruckner, Guégan, Burroughs, Bourriaud, Adrien, Spinrad, Le Brun, Ribemont-Dessaignes, Thirion, Martinet, Satie, Ravalec, Taraboukine, Gracian, Costes, Kauffmann, Eudeline, Joncour, Jeannet, Borie, Prudon, Crumley.

Critique, j’ai écrit dans la presse (Le Monde, Le Matin, La Quinzaine littéraire, Globe, Les Nouvelles littéraires, L’Express, et même, sous pseudo, Libération), à la radio (Le Masque et la Plume, France Culture), la télévision (Ouvrez les guillemets, Boîte aux lettres, Rive droite-Rive gauche, iTélé, Droit de réponse et, sur Canal, Le Cercle littéraire).

Actuellement, je suis conseiller éditorial au groupe Libella (Buchet-Chastel, Phébus).

Dernier livre publié : 
Produits d’entretiens (éditions Finitude).

 

 


 

Henri Pichette, le poète anti-Char

Il aura suffi que je prononce ce nom, «René Char», pour que Pichette (1924-2000) parte au quart de tour. Le grrrand pouète national, il faut le savoir, était tout le contraire de celui des Épiphanies. Gonflé d’orgueil, enivré par trop de gloire, bouffi de sa réputation de barde, exalté par son Moi, tonitruant ses aphorismes entortillés…Pichette, avec une cruauté d’enfant disséquant un scarabée, arrachait sa superbe verbeuse, la triturait sauvagement, la persiflait et la démantibulait sans recours.

Pichette? Vous l’avez lu? Entendu dire lui-même, pour le cinquantième anniversaire de la première des Épiphanies (un «mystère profane», créé en 1947 par Gérard Philipe et Maria Casarès), le texte incandescent de cette pièce d’extrême jeunesse, au théâtre du Rond-Point, devant une salle pleine de survivants de la création, mêlés à plusieurs générations ? L’auteur, chaussé de sabots, seul à sa table, incarnait, psalmodiait, scandait et propulsait son texte. J’y étais.

Le triomphe ancien des Épiphanies fut suivi d’une non carrière difficile, d’un refus exemplaire et constant des conformismes, sociaux, politiques. On en mesure les étapes en lisant les «Indications biographiques» de l’édition récente d’Ode à chacunsuivi du Tombeau de Gérard Philipe (en Poésie/Gallimard). Pichette ne manqua aucune révolte. Zazou, déserteur des Chantiers de jeunesse, en 1944, F.F.I. à Marseille, complice d’Antonin Artaud, indésirable aux Etats-Unis, censuré par les Soviétiques, il finit, en 1989, par se découvrir une «âme de chouan».

Ode à chacun est un recueil absolument unique où se succèdent l’Ode à la petite enfance, l’Ode à la neige, l’Ode au berger fidèle à son chien, l’Ode à la poésie, l’Ode à Charles Péguy sur la rime de France ou l’Ode à elle. Un épais «lexique» pour lequel Pichette s’est fait aider par des dialectologues, des ornithologues et des ichtyologistes, par le lexicologue Alain Rey et l’écrivain Pierre Jakez Hélias, indique au lecteur de chaque vers du livre des mots et des locutions qui ne figurent ni dansle Petit Robert ni dans le Petit Larousse. Il lui a fallu consulter des ouvrages aussi improbables que le Glossaire du Centre de la France du comte Jaubert ou Trésor du parler percheron d’Albert Dud’huit.

Alain Rey, dans un bref commentaire, salue ce «trésor des mots» qui relie Pichette à Villon et à Péguy. L’érudition se change en mystique. Les «paroles gelées» de Rabelais reviennent à la vie. Le «vipérier», la «sauterelloise» (pêcheuse de crevettes),le «pelleyeur» (ouvrier ostréiculteur qui manie la pelle), le «gouverneau» (ouvrier qui veille à la conduite des moulins), et tant d’autres, ils habitent le chant de ce poète médiéval et contemporain, un artisan modeste et fier.

Ce goût de la saveur des mots, j’en fus le témoin quand, après avoir éclaté Char, Pichette m’amena sur le terrain d’une quête insensée qui n’aboutit qu’après sa mort, avec la publication en 2005, chez Gallimard, des Ditelis du rougegorge. Il avait passé plus de vingt ans à se passionner pour l’oiseau chanteur et, trouvant un auditeur qui ignorait tout de ses recherches, il m’en servit un résumé étourdissant. Il m’envoya ensuite la première édition des Poèmes offerts, publiés en 1982 chez

Granit (éditeur des deux premiers Cahiers Henri Pichette)Gallimard reprend ce livre, dans une version corrigée par l’auteur et complétée.

Parmi les destinataires, on retrouve Alexandre Calder, Georges Perros, Albert Béguin, Antonin Artaud, des amis, des inconnus. Ici encore, un «lexique» éclaire des allusions, des mots rares. Dans l’hommage à Calder, je retiendrai seulement «revolin», qui exprime ce que «le vent emporte des arbres», le tournoiement du vent lorsqu’il rencontre un obstacle et, au Québec, une «fine pluie que projettent les vagues se brisant sous le vent». Quel mot magnifique dans son poudroiement de sens, offert à l’inventeur de «la Sculpture qui danse»!

• ©Raphaël Sorin •  

      Courtoisie de Raphaël Sorin pour Nuageneuf. Article paru dans le Nouvel Obs.

 

 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 07:45

#468

                 Avertissement : Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite.


 

RUY BLAS  

 

La célèbre pièce de Hugo, Ruy Blas, est un drame romantique en cinq actes au cours duquel nous voyons les héros soumis à un destin fatal, et qui tentent vainement d'y échapper. Elle a été représentée pour la première fois  à Paris le 8 novembre 1838.

 

Acte I - Scène première – Don Salluste De Bazan, Gudiel ; par instants Ruy Blas.

 

 

 

Don Salluste.

Ruy Blas, fermez la porte, – ouvrez cette fenêtre.

Ruy Blas obéit, puis, sur un signe de don Salluste,

il sort par la porte du fond. Don Salluste va à la fenêtre.

Ils dorment encor tous ici, – le jour va naître.

Il se tourne brusquement vers Gudiel.

Ah ! C'est un coup de foudre ! ... – oui, mon règne est passé,

Gudiel ! – renvoyé, disgracié, chassé ! –

Ah ! Tout perdre en un jour ! – l'aventure est secrète

Encor, n'en parle pas. – oui, pour une amourette,

– Chose, à mon âge, sotte et folle, j'en conviens ! –

Avec une suivante, une fille de rien !

Séduite, beau malheur ! Parce que la donzelle

Est à la reine, et vient de Neubourg avec elle,

Que cette créature a pleuré contre moi,

Et traîné son enfant dans les chambres du roi ;

Ordre de l'épouser. Je refuse. On m'exile.

On m'exile ! Et vingt ans d'un labeur difficile,

Vingt ans d'ambition, de travaux nuit et jour ;

Le président haï des alcades de cour,

Dont nul ne prononçait le nom sans épouvante ;

Le chef de la maison de Bazan, qui s'en vante ;

Mon crédit, mon pouvoir ; tout ce que je rêvais,

Tout ce que je faisais et tout ce que j'avais,

Charge, emplois, honneurs, tout en un instant s'écroule

Au milieu des éclats de rire de la foule !

 

 

 


 

 

 

Time-magazine-.jpg

 

Illustration : Couverture de TIME Magazine du 31 mai 2011.

Note : à la différence de Victor Hugo, TIME ne semble pas avoir rimé cinq actes.

 


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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 06:56

#467, 1er juin.    

 

 

 

Après le 31 mai, le premier joint ?

 

 

 

 

 


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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 07:08

#466

 

 

      Francis PONGE (1899-1988) est un poète français dont nous avons publié hier l'énigmatique Pain. Quelques éclaircissements s'imposent.

 

 

Jean Cocteau, en 1926, expose sa vision de la poésie dans Rappel à l’Ordre. Pour lui, le poète doit refuser l’exotisme et peindre les objets sur lesquels « son cœur, son œil glissent chaque jour » afin de montrer « nues, sous une lumière qui secoue la torpeur » les choses « surprenantes qui nous environnent ».


Baudelaire, lui, bouleverse le genre poétique en exposant sous un autre angle les sujets ‘classiques’ du genre : la femme aimée devient « serpent », le plaisir « tue », la « Beauté » est toujours inaccessible et cache souvent une certaine cruauté (une Passante, la Beauté.).

 

Victor Hugo déclare vouloir « mettre le bonnet rouge au vieux dictionnaire » et ‘réhabiliter’ les « mots roturiers. »

 

Et Stéphane Mallarmé veut « redonner un sens aux mots de la tribu. »

 

Les poètes surréalistes, quant à eux, explorent l’inconscient. Ils transcrivent directement leurs pensées, avec le minimum de travail de réécriture et refusent toute influence extérieure.

      

 

Cependant le poète qui assigne à la poésie le même rôle que Cocteau est sans doute Francis Ponge. Son œuvre la plus connue, Le Parti pris des Choses (1942) est un recueil de courts poèmes en prose décrivant, d’une façon radicalement différente de ce à quoi l’on peut s’attendre des « choses » à première vue banales et indignes de faire l’objet d’un poème. C’est là toute l’étrangeté et l’originalité de cette œuvre.

 

                Ponge écrit contre le pessimisme existentiel, l’incertitude et l’angoisse  métaphysique, le "silence déraisonné du monde" auquel Camus fait référence dans Le Mythe de Sisyphe (« L’absurde naît de cette confrontation entre l’être humain et le silence »). Ponge entend au contraire faire parler les choses : « le monde muet est notre seule patrie »  déclare-t-il. Il choisit délibérément des objets finis, modestes, circonscrits : 

 

 

« A partir du moment où l’on considère les mots comme une matière, il est très agréable de s’en occuper. Tout autant que peut l’être pour un peintre de s’occuper des couleurs et des formes. Très plaisant d’en jouer.

(…)

Par ailleurs, c’est seulement à partir des propriétés particulières de la matière verbale que peuvent être exprimées certaines choses - ou plutôt les choses.

(…)

S’agissant de rendre le rapport de l’homme au monde, c’est seulement de cette façon qu’on peut espérer réussir à sortir du manège ennuyeux des sentiments, des idées, des théories, etc. »

 

 ponge.jpg

 

Une photographie de Francis PONGE.  

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 06:54

#465

 

 

 

Le pain.

 

" La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. "

 

Francis Ponge in  Le Parti-pris des choses, 1942, 

 

 

Dali-la-corbeille-de-pain-1943.png

Illustration : DALI, La corbeille de pain, 1943

 

 

 

Lire les textes de Francis PONGE déjà publiés ici

 

 



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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 16:20

#464    

 

 

 


 Dieu comprit qu'il ne pouvait être partout,

 alors il a créé la mère. 

proverbe yiddish 

 


 

 

 

 

 

Une interprétation en français par Charles Aznavour.


 

 

Klimt.-La-mere-et-l-enfant-1905--detail-de-les-3-ages-de-.jpg

 

 

Illustration : KLIMT, La mère et l'enfant, détail, 1905.    

 

 

 


 
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