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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 06:29

 

 

 

Plût-il à Dieu n’avoir jamais tâté

 

 

Plût-il à Dieu n’avoir jamais tâté

Si follement le tétin de m’amie !

Sans lui vraiment l’autre plus grande envie,

Hélas ! ne m’eût, ne m’eût jamais tenté.

 

Comme un poisson, pour s’être trop hâté,

Par un appât, suit la fin de sa vie,

Ainsi je vois où la mort me convie,

D’un beau tétin doucement apâté.

 

Qui eût pensé, que le cruel destin

Eût enfermé sous un si beau tétin

Un si grand feu, pour m’en faire la proie ?

 

Avisez donc, quel serait le coucher

Entre ses bras, puisqu’un simple toucher

De mille morts, innocent, me froudroie.

 

 

Pierre de RONSARD

Premier Livre des amours, 1553

 

Hermaphrodite_endormi3.jpg

 

 

Hermaphrodite_endormi2-Lankaart.jpg

Crédit photo ©Lankaart

 

 

Cet hermaphrodite serait une copie romaine de l'époque impériale (IIe siècle ap. JC) d'un original grec du IIe siècle av. JC. Redécouverte à Rome en 1608, la statue est alors acquise par le Cardinal Borghèse qui demanda à Le Bernin de réaliser le matelas (1619). Napoléon a acheté l'oeuvre en 1807. Elle se trouve désormais au musée du Louvre à Paris, dans la salle des Caryatides.


 

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 05:05

 

 

à F.


 

 

 

Sonnet à Marie

 

 

Je vous envoie un bouquet que ma main

Vient de trier de ces fleurs épanouies ;

Qui ne les eût à ce vêpre cueillies,

Chutes à terre elles fussent demain.

 

Cela vous soit un exemple certain

Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,

En peu de temps cherront toutes flétries,

Et, comme fleurs, périront tout soudain.

 

Le temps s'en va, le temps s'en va, ma dame ;

Las ! le temps, non, mais nous nous en allons,

Et tôt serons étendus sous la lame ;

 

Et des amours desquelles nous parlons,

Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle.

Pour ce aimez-moi, ce-pendant qu'êtes belle.

 

 

Pierre de Ronsard

Continuation des Amours, 1555.

 

 

                 Cette version de l'Ode à Marie Dupin, jeune et ravissante amante de notre "Prince des poètes" ne peut être lue comme la version originale. Elle est ici légèrement aménagée pour être aisément compréhensible, la version en vieux françois est pour le moins ardue !

 

Rose--PierreDeRonsard-.jpg

Il existe plus de 3 000 variétés de roses de par le monde. Toutes ont un nom.

Voici la rose Pierre de Ronsard.

 

 

Déjà publiés, des poèmes de Ronsard, ici 

 


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30 août 2011 2 30 /08 /août /2011 06:45

 

 

Bientôt la rentrée !... (2)


*    *    * 

 

Maîtresse, embrasse-moi...


  

Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,

Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,

Mille et mille baisers donne-moi je te prie,

Amour veut tout sans nombre, amour n'a point de loi.

 

Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi

Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie,

A baiser (de Pluton ou la femme ou l'amie),

N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?

 

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,

Bégaie, en me baisant, à lèvres demi closes

Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

 

Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,

Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas,

Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

 

Pierre de Ronsard in Sonnet pour Hélène -1578 –

 


 

 

 

Toulouse-Lautrec-le-baiser-1892.jpg

Illustration : Le baiser. Henri de Toulouse Lautrec, 1892.

 

 

Henri-Marie de Toulouse-Lautrec

naît à Albi en 1864, dans une famille aristocratique. Très jeune il se montre fort doué pour le dessin, auquel il s'adonne intensément.Lautrec

Dès 1882, il travaille à Paris, se lie avec Van Gogh, ouvre son propre atelier à Montmartre où il fréquente les cafés-concerts, les bals et les théâtres. A la peinture, il préfère souvent le dessin dont le trait nerveux et elliptique lui permet de saisir le geste ou l'expression caractéristique. Mais « l’âme de Montmartre » et l'excès... de tous les excès finissent par le détruire.

En 1899, il est interné à Neuilly, rentre à Paris en 1901 où il meurt au mois de septembre.

Il nous laisse 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies et environ 5000 dessins ! (source : Catalogue raisonné, 1971)

 


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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 07:17

#487

 

 

 

Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie

 

 

                 Chanson

 

Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.

Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,

Hé ! bonjour ma toute belle,

Ma mignardise, bonjour,

Mes délices, mon amour,

Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,

Mon doux plaisir, ma douce colombelle,

Mon passereau, ma gente tourterelle,

Bonjour, ma douce rebelle.

 

Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche

Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche

De t'avoir laissée, maîtresse,

Pour aller suivre le Roi,

Mendiant je ne sais quoi

Que le vulgaire appelle une largesse ?

Plutôt périsse honneur, court, et richesse,

Que pour les biens jamais je te relaisse,

Ma douce et belle déesse.

 

 

Pierre de Ronsard in Second livre des Amours.

 

 

Matisse-nu-bleu-II.jpg

Illustration : MATISSE. Nu bleu II, 1952

 


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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 09:47

#482

 

 

 

Pour retenir un amant.

 

 

Pour retenir un amant en servage,

II faut aimer et non dissimuler,

De même flamme amoureuse brûler,

Et que le cœur soit pareil au langage :

 

Toujours un rire, toujours un bon visage,

Toujours s'écrire et s'entre-consoler :

Ou qui ne peut écrire ni parler,

A tout le moins s'entrevoir par message.

 

II faut avoir de l'ami le portrait,

Cent fois le jour en rebaiser le trait :

Que d'un plaisir deux âmes soient guidées,

 

Deux corps en un rejoints en leur moitié.

Voilà les points qui gardent l'amitié,

Et non pas vous qui n'aimez qu'en idées.

 

 

 

Pierre de Ronsard in Les Amours d’Astrée, Sonnet III, 1578.

 


 

Note : Ronsard (1524-1585), précurseur éclairé du courrier électronique, de Skype, de Messenger, des "chats" amoureux par SMS, de Facebook etc... ?


 

 

Amadeo-Modigliani-Portrait-de-Madame-Kisling.1917jpg.jpg

Illustration : Amadeo Modigliani. Portrait de Madame Kisling, 1917

Ici, comme souvent chez Modigliani, on note la troublante absence de regard, comme si les yeux étaient tournés vers l'intérieur...    

 

moise-kisling-55.jpg 

Illustration : Moïse Kisling.

 

 


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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 09:43

 

Chanson

Bonjour mon cœur, bonjour ma douce vie.

Bonjour mon œil, bonjour ma chère amie,

Hé ! bonjour ma toute belle,

Ma mignardise, bonjour,

Mes délices, mon amour,

Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,

Mon doux plaisir, ma douce colombelle,

Mon passereau, ma gente tourterelle,

Bonjour, ma douce rebelle.

 

In le Second livre des Amours.

 


 

Maîtresse, embrasse-moi...

 

Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,

Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,

Mille et mille baisers donne-moi je te prie,

Amour veut tout sans nombre, amour n'a point de loi.

 

Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi

Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie,

A baiser (de Pluton ou la femme ou l'amie),

N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?

 

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,

Bégaie, en me baisant, à lèvres demi closes

Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

 

Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,

Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas,

Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

 

In Sonnet pour Hélène (1578)

 

Note 1 : le « Prince des poètes », longtemps tombé dans l’oubli, revint en lumière au XIX ème grâce à Sainte-Beuve, Maupassant et Flaubert. Il inspira dès lors de nombreux compositeurs comme Debussy, Saint-Saens, Ravel, Poulenc et Milhaud.

Note 2 : dans le second poème, l'évocation du Carpe Diem d'Horace parait avec force.



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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 13:52

Comme on voit sur la branche est un extrait du recueil Sur la mort de Marie publié en 1578 par Pierre de Ronsard. Contemporain de Du Bellay, que nous évoquâmes il y a peu, ils suivirent les mêmes études, et fondèrent ensemble un groupe de 7 poètes auto-proclamé La Pléiade. Des copains, en somme ! Quoique. Mais c'est une autre histoire, trop longue à narrer ici. Au moins avaient-ils tous en commun le désir d’enrichir la langue française.
      

Ce sonnet est un poème officiel écrit sur demande du roi Henri III, c'est-à-dire de circonstance : ne venait-il pas de perdre sa maîtresse Marie de Clèves, décédée à 21 ans en 1574 ...

Comme on voit sur la branche     

Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose :
 
La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :
 
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
 
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.

 

Note sur les poètes du groupe de la Pléiade :

Outre Ronsard, la Pléiade regroupe Joachim du Bellay, Jacques Pelletier du Mans, Rémy Belleau, Antoine de Baïf, Pontus de Tyard et Étienne Jodelle. À la mort de Jacques Pelletier du Mans, Jean Dorat prendra sa place au sein de la Pléiade. Et c'est en 1556 que Ronsard prit, pour désigner ce groupe, le mot « Pléiade » entériné par la postérité.

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