Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 05:28

 

 

                                                      Abbe_de_Lattaignant.jpg

 

L'abbé de LATTAIGNANT (1697-1779), coureur, buveur et poète libertin, ne s'est pas contenté de composer (pour partie) les paroles de J'ai du bon tabac ... Il est surtout l'auteur d'un très remarquable poème galant : Le Mot et la Chose, tout en nuances coquines.

 

Aussi, composer dans un style élégant et racé, six couplets de huit vers qui ne comprennent pas d'autres rimes alternées que les substantifs mot (28 fois) et chose (29 fois) relève-t-il de la performance extrême !

 

 

 

Le Mot et la Chose

 

1

 

Madame, quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose ?

On vous a souvent dit le mot,

On vous a souvent fait la chose.

Ainsi, de la chose et du mot

Pouvez-vous dire quelque chose

Et le gagerai que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose !

 

2

 

Pour moi, voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose :

J'avouerai que j'aime le mot,

J'avouerai que j'aime la chose

Mais, c'est la chose avec le mot

Et c'est le mot avec la chose ;

Autrement, la chose et le mot

A mes yeux seraient peu de chose.

 

3

 

Je crois même, en faveur du mot

Pouvoir ajouter quelque chose

Une chose qui donne au mot

Tout l'avantage sur la chose

C'est qu'on peut dire encor le mot

Alors qu'on ne peut plus la chose ...

Et, si peu que vaille le mot,

Enfin, c'est toujours quelque chose.

 

4

 

De là, je conclus que le mot

Doit être mis avant la chose

Que l'on doit n'ajouter un mot

Qu'autant que l'on peut quelque chose

Et que, pour le temps où le mot

Viendra seul, hélas, sans la chose

Il faut se réserver le mot

Pour se consoler de la chose !

 

5

 

Pour vous, je crois qu'avec le mot

Vous voyez toujours autre chose

Vous dites si gaiement le mot,

Vous méritez si bien la chose,

Que, pour vous, la chose et le mot

Doivent être la même chose ...

Et, vous n'avez pas dit le mot,

Qu'on est déjà prêt à la chose.

 

6

 

Mais, quand je vous dis que le mot

Vaut pour moi bien plus que la chose,

Vous devez me croire, à ce mot,

Bien que peu connaisseur en la chose !

Eh bien, voici mon dernier mot

Et sur le mot et sur la chose

Madame, passez-moi le mot ...

Et je passerai la chose !

 

 

 

 

 

On peut écouter le merveilleux Guillaume Galliènne réciter avec brio le poème, lors de l'émission La Grande Librairie, en juin 2010 au théâtre de l'Atelier.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

Pour ce qui est de J'ai du bon tabac dans ma tabatière, la chanson originale est un chant politique d'avant la Révolution française écrite au 17e siècle par un compositeur anonyme.

C'est au 18e qu'elle sera reprise et développée (c'est un très long texte !) par notre cher abbé pour un opéra comique de son cru !

 

 

 

J-ai-du-bon-tabac.jpg

 

 

 

 

Note : ce billet a été publié initialement en décembre 2010.

 


Partager cet article
Repost0
14 octobre 2012 7 14 /10 /octobre /2012 08:01

 

 

 

 

celine--beurk--.jpg 

« Je n’ai jamais dans mes livres recommandé aucune mesure antisémite, j’ai recommandé l’émulation, le réveil des aryens abrutis, et l’union franco-allemande pour la Paix. Enfin et surtout il n’y a jamais eu de persécution juive en France. Les juifs ont toujours été parfaitement libres (comme je ne le suis pas) de leur personne et de leurs biens dans la zone de Vichy pendant toute la guerre. Dans la zone nord ils ont dû arborer pendant quelques mois une petite étoile. (Quelle gloire ! je veux bien en arborer dix !) »

L-F Céline, Lettre à Thorvald Mikkelsen, 5 mars 1946

 

 

 

Ainsi débute la longue et brillante étude réalisée et mise en ligne récemment par Le Moine bleu. La suite se trouve ci-dessous. Nous vous conseillons de mettre un signet dans votre barre de favoris pour y accéder directement par la suite.

 

 

 

Retour sur l'affaire Céline

 

 

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 05:06

 

 

Louise-1940-Cecil-Beaton.jpg

 

     Louise de Vilmorin à Verrieres-le-Buisson

1940. Photo Cecil Beaton

 

 

Hôtel Crillon

15 juillet (St Henri) 1939

 



   Mon Poupoul chéri,


  

 

 Ta lettre m’a fait un immense plaisir. Les Fiançailles pour rire, c’est à toi que je les aurais dédiées si je n’avais pas épousé mon Pálffy*. Mais mon Pálffy* m’a épousée et tu n’en as pas fait autant. Un jour il faudra que je te raconte ma vie d’à-présent. Toi qui m’as toujours connue à Verrières, entourée de mes frères et de mes amoureux, peux-tu m’imaginer dans un château, en Slovaquie ? Le vaste parc se perd dans la forêt et les monts des petites Carpathes bornent mon horizon. Viens voir ça et profites-z’en pour me jeter un coup d’oeil, si le cœur t’en dit. Mais la question n’est pas là, ou, plutôt, je n’ai pas encore répondu à la question que tu m’as posée. Tu me demandes pourquoi le texte du poème « Eau de vie, au-delà » édité par Gallimard dans le volume que j’ai intitulé Fiançailles pour rire, n’est pas semblable au texte original que tu as reçu de moi longtemps avant la parution de ce volume. Eh bien, voilà : ce poème que j’avais écrit sans y mêler la moindre intention, la moindre pensée inconvenantes m’a valu de la part de Marie-Blanche des taquineries dont je suis encore éberluée. Elle m’a démontré que ce poème était l’indécence même et contenait des images et des aveux dignes de faire rougir le confesseur le plus large d’esprit. Et quand je lui ai dit qu’elle avait l’esprit mal tourné elle m’a répondu que mon inconscience n’était pas, à ses yeux, une preuve d’innocence. Elle riait, tu la vois d’ici, mais moi je te jure que je faisais une vraie figure d’omelette, et aux fines herbes encore. Bref, je n’ai pas osé le faire paraître tel qu’il était. Je l’ai modifié pour tout le monde et si je ne l’ai pas changé pour toi c’est que je l’avais écrit pour toi et que je savais que ta musique aurait le pouvoir de l’innocence sous sa forme originelle.
   Ne m’en veuille pas de cette longue explication. J’ai le style filandreux. Je voudrais te voir et t’embrasser. Je le fais en pensée aujourd’hui et c’est de tout cœur que je suis ta

 

Loulette.

 

 

 

 

*Paul Palffy d'Erdöd, époux - à l'époque - de Louise de Vilmorin.

 

 Francis Poulenc

Correspondance 1915-1963, Editions du Seuil, 1967, pp. 110-111.

Correspondance établie par Hélène De Wendel.

 


Partager cet article
Repost0
12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 05:13

 

 

 

 MO-YAN.jpeg

 

 

Mo Yan, écrivain de la Chine, entre truculence et réalisme.


L'auteur chinois, dont le nom signifie "ne pas dire",

a été sacré Prix Nobel de littérature 2012.

 

 

 

 

 

Le Nobel de littérature a été décerné jeudi au Chinois Mo Yan. Un choix historique, puisqu'il s'agit du premier écrivain chinois de Chine à recevoir ce prix, et qui vient récompenser une écriture au réalisme hallucinatoire et à la truculence toute rabelaisienne. "C'est un satiriste très ancré dans la tradition populaire, qui mélange conte et réalisme. Au travers de scènes de banquets ou de grands massacres, d'histoires de paysanneries ou d'animaux doués de paroles, c'est la Chine contemporaine qu'il raconte. Au point qu'il a un jour déclaré usurper la place des journalistes !" analyse Marie-Françoise Leclère, journaliste au Point.

 

Best-sellers

 

Son réalisme d'écriture et l'attachement à son terroir en Chine orientale valent à ce romancier de 57 ans d'être également comparé à l'Américain William Faulkner ou au Colombien Gabriel García Márquez. Deux illustres prédécesseurs qu'il a rejoints jeudi sur la liste des lauréats du Nobel de littérature, succédant au poète suédois Tomas Tranströmer, Prix Nobel 2011.(Voir le poème déjà publié le 6 octobre 2011 en cliquant sur le lien)

 

Mo Yan, visage piriforme et chevelure clairsemée poivre et sel, est aujourd'hui l'un des auteurs chinois les plus réputés, dans son pays et à l'étranger. Il a atteint la notoriété avec Le clan du sorgho, porté à l'écran sous le titre Le sorgho rouge par le fameux réalisateur Zhang Yimou. Même si ses oeuvres sont fréquemment des "pavés" dépassant les 500 pages après traduction, elles figurent régulièrement parmi les best-sellers en Chine. On peut donc gager du contentement que suscitera ce prix au sein de la population chinoise.

 

"Les Chinois seront évidemment d'autant plus contents qu'il s'agit du premier écrivain chinois de Chine à être récompensé. Mais il y aura aussi de la contestation de la part de ses pairs, certains l'accuseront d'être une caution du régime. Même s'il n'est pas tendre, il n'attaque pas frontalement et n'a été que très peu censuré, notamment pour Beaux seins, belles fesses", estime Marie-Françoise Leclère. "Mo Yan est un grand auteur (...) qui rédige le grand roman de la Chine, tout en étant très malin quant à ce qui peut ou ne peut pas être écrit", résume de son côté Eric Abrahamsen, expert américain en littérature chinoise.

 

Sauvé par l'armée

 

De son vrai nom Guan Moye, Mo Yan est né en 1955 au sein d'une famille rurale qui a connu la faim lors du Grand Bond en avant (1958-1961). Dans sa région natale du Shandong, il vit donc une jeunesse marquée par les privations, une scolarité perturbée et vite interrompue, en pleine Révolution culturelle. "Enfant, il était très taciturne, il parlait peu, il était très renfermé sur lui-même", rappelle Sylvie Gentil, l'une des premières traductrices de l'auteur. Plus tard, il choisira comme nom de plume Mo Yan, qui signifie "ne pas dire". Et c'est paradoxalement l'embrigadement qui lui permettra de s'épanouir. "Il fait partie de ces paysans de familles illettrées qui ont été plus ou moins sauvés par l'armée, en y étant enrôlé et en réussissant à y faire carrière en devenant écrivain", poursuit la traductrice.

 

Le paysan-soldat-écrivain gardera longtemps l'uniforme, ce qui ne l'empêchera pas de publier. Lui-même gros lecteur, il apprécie les auteurs occidentaux, les littératures russe, japonaise, sud-américaine, explique à l'AFP Noël Dutrait, qui a traduit en français Le pays de l'alcool, une autre oeuvre-phare du répertoire picaresque de l'auteur. "Mo Yan a une particularité : il s'efforce toujours de changer son style à chaque roman", souligne Noël Dutrait. Une richesse que l'on retrouve dans la variété des thèmes qu'il choisit, du conflit sino-japonais aux tortures chinoises, en passant par l'abattage des porcs ou la corruption des cadres communistes. "Un écrivain se doit d'exprimer des critiques et son indignation face au côté sombre de la société et à la laideur de la nature humaine", a un jour affirmé Mo Yan.

 

Pourtant, devenu vice-président de l'Association des écrivains chinois, une organisation officielle, il a parfois été accusé d'avoir manqué de solidarité avec la dissidence, dans le seul pays du monde qui emprisonne encore un Nobel de la paix, l'intellectuel et écrivain Liu Xiaobo. "Il y a des gens qui lui reprochent de ne pas se démarquer du pouvoir, confirme Noël Dutrait, mais en tout cas, il écrit et il dit ce qu'il pense."

 

 

Source : Le Point.fr et quelques précisions de L.A.

 

 


Partager cet article
Repost0
11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 05:26

 

 

 

 

Que reste-t-il…

 

Que reste-t-il de ton passage, Ulysse ?

Un vieux chant grec auquel nous avons bu.

Ulysse ! J’aurais tout aussi bien pu

Dire César, Hannibal. Le temps glisse

Lentement sur les rails de leurs exploits,

Tramway nommé non pas Désir mais Nebel.

Nebel und Nacht. Quid du renom ? J’ai froid

Jusque dedans ma charpente. Mon bel

Oranger s’est déjà flétri. Tout passe.

Tout est passé. Nous sommes encor là

Comme y furent César, Ulysse et la

Reine, laquelle était-ce ? Tout s’efface,

(S’écoule, disait l’autre avec raison.)

Et moi je dis : de ton passage, Ulysse

(Ou bien Dupont), que reste-t-il ? Saisons

D’antan, avec ou sans leurs neiges, lisses

Les traits d’Ulysse (ou de Durand). Sappho

Ne nous a laissé qu’un peu d’herbe et Jeanne

Qui fut pucelle rien que cendre. Il faut

Clore ici, ne plus trop penser, Liliane.

 

Je sais. Mais je vois que mes jours s’en vont

Et que j’irai bientôt dans le cortège

Des Césars, des Ulysses, des Dupont

Préposés à d’antan chercher les neiges.

 

 

Liliane WOUTERS

État provisoire  

 

 

Liliane Wouters est née en 1930 à Ixelles. Elle maîtrise souverainement unwouters.jpg univers poétique rare et foisonnant, d’une originalité sans vains ornements. Elle est l’auteur (seule ou avec Alain Bosquet) de plusieurs anthologies consacrées à la poésie francophone de Belgique.

 


 

 

 

 

 

 

 

On peut relire de Liliane Wouters ce poème , publié il y environ un an.

 

 

 


Partager cet article
Repost0
10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 05:19

 

 

 

Couv.-Nys-Mazure.jpg 

 

 

Lucas a douze ans ; au cours des vacances de
Noël, un événement vient bouleverser sa vie. Il
est à l’âge où tout pose question. Il souffre de
ne pas être « un type simple ». La mort comme
l’amour ou le quotidien le mettent au défi.
Avec tendresse et lucidité, il pose un regard
curieux sur les membres de sa famille proche
ou éloignée, ses amis, les visiteurs de passage.
De janvier à août, au gré des rencontres, des
plaisirs et des peines, il cherche son chemin à
lui, et ce n’est pas simple effectivement.
C’est dans une télécabine qu’entre terre et ciel,
s’est fissuré le monde de l’innocence : le doute
à propos de Papa et Jana, la mort, la beauté,
l’amitié et l’amour, la trahison peut-être...

 

 

 

 

 


Colette Nys-Mazure est belge. Poète, nouvelliste, essayiste, elle a été longtemps professeur de lettres.

Elle anime des ateliers de lecture et d’écriture et collabore à différentes revues.

Elle correspond avec des peintres, des musiciens, des poètes au-delà des frontières pour faire connaître la littérature de son pays.

Après avoir publié de très nombreux recueils de poésie, elle signe ici un premier roman pour la jeunesse.

Elle est notamment l’auteur de « Célébration du quotidien » et de « L’enfant neuf ».

Elle collabore à « La Croix » et au mensuel « Panorama ».

 

 

 

Colette-N-M.jpg

 

 

Une sélection des publications de Colette NYS-MAZURE :    

- Poète: La criée d'aube (L'arbre à paroles), réédition de Pénétrance: Prix Charles Plisnier, Petite fugue pour funambules et Haute enfance: Grand Prix de Poésie pour la Jeunesse - Ministère de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, Maison de Poésie, Paris), Le for intérieur (Le Dé bleu): Prix Max-Pol Fouchet, Singulières et plurielles (Desclée de Brouwer), Feux dans la nuit (anthologie rééditée parLabor)

- Nouvelliste: Battements d'elles (Desclée de Brouwer), Sans y toucher (réédition Labor): Prix Gauchez-Philippot 2006

- Essayiste: Célébration du quotidien , Secrète présence, La liberté de l'amour (Desclée de Brouwer), La chair du poème, petite initiation à la vie poétique (Albin Michel), L'Enfant neuf (Bayard), Célébration de la lecture (La Renaissance du livre)

- L'auteur aime aussi écrire pour le théâtre et la jeunesse: Depuis ce jour (Labor)

- Ses livres les plus récents:

-Tu n'es pas seul ( Albin Michel)

-L'âge de vivre( Desclée de Brouwer)

-À nous deux! (Bayard). Été 2008

 

Les questions de Lucas est sorti en librairie de 30 septembre. Disponible également sur Amazon ( clic)


Partager cet article
Repost0
8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 08:14

 

 

 

 

LLS-5.jpg

©Andy Riley

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 05:25

 

 

rostand.jpg

Edmond ROSTAND. Décidément, Jules RENARD l'appréciait peu !

 

 


1er février.

 

Chantecler. 131 et 133, dans un petit coin. A Cyrano et à L'Aiglon, pour la répétition générale et pour la première, nous avions des places au premier rang. C'est l'échelle de la gloire.

 

Rostand est surtout un indifférent littéraire. Nous sommes tout au moins ses confrères : il ne nous lit pas.

 

L'artificiel lui suffit au point qu'il se passionne pour lui comme si c'était la vérité.

 

Il ne recherche pas, mais il accepte.

 

Est-il plus tranquille ? Touche-t-il la gloire ? Ne souffre-t-il pas du moindre succès d'un autre ?

 

Il peut marcher tout le temps sur un tapis, mais il est obligé de vivre la bouche dans l'air, à tous les miasmes.

 

Servitude. Etre l'obligé d'un homme qui se conduit comme une fripouille.

 

Certains menteurs ont un tel besoin de mentir qu'on a pitié d'eux et qu'on les aide.

 

Je connais quelques vers de Chantecler, dit Capus. Ils sont beaux et stupides : beaux quand Guitry me les dit, stupides quand je les écoute.

 

 Jules RENARD 

1er février 1910. 

 

 

 

autographe-rostand.jpeg

Pas rancunier, E.ROSTAND !...

 

(fac-similé d'une correspondance de ROSTAND à RENARD)    

 

 


Partager cet article
Repost0
5 octobre 2012 5 05 /10 /octobre /2012 05:18

 

 

in THE FAR SIDE, GALLERY 3

1988

 

 

 

 

 

Larson-Wilde.jpg

©LARSON. The portrait of Dorian Cow

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 04:54

 

 

    ...à propos des "Cydalises"


 

Le terme "Cydalise(s)" ne figure dans aucun dictionnaire. En classe de troisième, nous fumes amenés à découvrir l'œuvre de Gérard de Nerval. Ses poèmes nous séduisaient beaucoup, en tout cas plus que ses romans. Deux éléments restèrent gravés dans notre mémoire. Primo, le suicide d'icelui que l'on retrouva pendu. Déjà le professeur de français retenait notre attention frondeuse par cette anecdote qu'il semblait agréer : Nerval se serait pendu, le 26 janvier 1855, à une grille d'égout rue de la Vieille-Lanterne, à l'endroit même où se trouvait le trou du souffleur du Théâtre de la Ville ! L'image etait trop belle pour n'y pas croire !... Secundo, le mot "Cydalises" devint pour nous un des plus mots de la langue française et remplaça sans difficultés "anorexie" qui en faisait office jusque là.

Près de soixante ans plus tard, l'internet nous a permis d'interroger les très distingué(e)s correspondant(e)s du Dictionnaire de l'Académie française. Nous vous livrons leur réponse particulièrement éclairée :" (...) Quant à "Cydalises", le terme désigne d'abord, du nom de l'une d'entre elles, les jeunes amies des artistes, de la "bohême galante" qui entourait Théophile Gautier et Gérard de Nerval rue du Doyenné. Mais ce nom à consonance grecque est peut-être forgé aussi à partir des mots grecs "kudos", gloire, renommée et "lusis", action de délier, dissolution. Outre le sens qu'on peut ainsi déduire, l'intérêt du terme "cydalises" tient assurément à ses sonorités et son harmonie."

 

 

 

 

 


 

Les Cydalises

 


Où sont nos amoureuses ?

Elles sont au tombeau.

Elles sont plus heureuses,

Dans un séjour plus beau !

 

Elles sont près des anges,

Dans le fond du ciel bleu,

Et chantent les louanges

De la mère de Dieu !

 

Ô blanche fiancée !

Ô jeune vierge en fleur !

Amante délaissée,

Que flétrit la douleur !

 

L'éternité profonde

Souriait dans vos yeux ...

Flambeaux éteints du monde,

Rallumez-vous aux cieux !

 

 

Gérard de NERVAL 

Odelettes 

 

 

Fragonardp.jpg

Jean-Honoré FRAGONARD

L'adoration des bergers, 1775

 

 

 

A.Cabanel

Alexandre CABANEL

La naissance de Vénus, 1863

 

 

Evoquant cette toile de CABANEL, Théophile Gauthier écrit : " Son corps divin semble pétri avec l'écume neigeuse des vagues. Les pointes des seins, la bouche et les joues sont teintées d'une imperceptible nuance rose..."

 

 

 

      °  °  °

A l'évidence, ce poème aurait dû paraître hier plutôt qu'hui puisque l'on fêtait la saint Gérard ! Honte à nous donc. Gageons que Gérard Labrunie, tel est son patronyme, nous pardonnera. Car Labrunie est homme délicieux...

°  °  °


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : nuageneuf.over-blog.com
  • : Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
  • Contact

Recherche

Archives

Pages