Que reste-t-il…
Que reste-t-il de ton passage, Ulysse ?
Un vieux chant grec auquel nous avons bu.
Ulysse ! J’aurais tout aussi bien pu
Dire César, Hannibal. Le temps glisse
Lentement sur les rails de leurs exploits,
Tramway nommé non pas Désir mais Nebel.
Nebel und Nacht. Quid du renom ? J’ai froid
Jusque dedans ma charpente. Mon bel
Oranger s’est déjà flétri. Tout passe.
Tout est passé. Nous sommes encor là
Comme y furent César, Ulysse et la
Reine, laquelle était-ce ? Tout s’efface,
(S’écoule, disait l’autre avec raison.)
Et moi je dis : de ton passage, Ulysse
(Ou bien Dupont), que reste-t-il ? Saisons
D’antan, avec ou sans leurs neiges, lisses
Les traits d’Ulysse (ou de Durand). Sappho
Ne nous a laissé qu’un peu d’herbe et Jeanne
Qui fut pucelle rien que cendre. Il faut
Clore ici, ne plus trop penser, Liliane.
Je sais. Mais je vois que mes jours s’en vont
Et que j’irai bientôt dans le cortège
Des Césars, des Ulysses, des Dupont
Préposés à d’antan chercher les neiges.
Liliane WOUTERS
État provisoire
Liliane Wouters est née en 1930 à Ixelles. Elle maîtrise souverainement un univers poétique rare et foisonnant, d’une originalité sans vains ornements. Elle est l’auteur (seule ou avec Alain Bosquet) de plusieurs anthologies consacrées à la poésie francophone de Belgique.
On peut relire de Liliane Wouters ce poème , publié il y environ un an.