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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 13:59

Bien difficile de choisir entre « Une dame très très morte », « Yous pique angliche », « Le col du fémur », « Berceuse de l'enfant qui ne veut pas grandir », « Ouiquenne », « Julot-Mandibule », « Antoinette et moi » , alors voici :

Manège

 

Les chevaux de bois sont pas tous en bois

Les petits cochons vont pas tous en rond.

 

La dernière fois

Le cheval de bois

Que j'avais monté

Voulait m'renverser.

J'ai pris son oreille

Je lui ai mordu

Le sang de l'oreille

Je lui ai tout bu.

Alors il m'a dit :

"Pourquoi tu m'fais mal ?

Je n'suis qu'un cheval

Tu n'es pas gentil."

Et il m'a promis

Que quand je voudrais

Il m'emporterait

Jusqu'au Paradis !

 

Le petit cochon

Aux yeux de mouton

Que j'avais monté

Un beau jour d'été

Voulait s'échapper

Des autres cochons.

Il courait si vite

Qu'il faillit me tuer,

Ça sentait les frites

De tous les côtés !

Mais j'tirai si fort

Sur sa queue en or

Qu'elle me resta

Entre les dix doigts.

Je l'ai rapportée

L'soir à la maison,

Ça sert aux dîners

Comme tir'bouchon.

 

Les chevaux de bois sont pas tous en bois

Les petits cochons vont pas tous en rond.

 

René de Obaldia  in « Innocentines »

 

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 13:48

L'emploi:
On fit le monde en six jours, comme prévu. On se reposa le septième jour et le huitième jour, on créa Dieu.
Tout le monde se trouva bien ennuyé parce qu'on ne savait pas trop quoi en faire. Puis quelqu'un se leva et dit:
- Si on donnait Dieu aux Terriens ? Ils lui trouveront bien un emploi.
Et il en fut ainsi.
 

 

Fred Thellery

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 10:58

Le plus beau vers de la langue française

 

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin »

Voici, mes zinfints

Sans en avoir l’air

Le plus beau vers

De la langue française.

Ai, eu, ai, in

Le geai gélatineux geignait dans le jasmin…

Le poite aurait pu dire

Tout à son aise :

« Le geai volumineux picorait des pois fins »

Eh bien ! non, mes zinfints

Le poite qui a du génie

Jusque dans son délire

D’une main moite

A écrit :

« C’était l’heure divine où, sous le ciel gamin,

LE GEAI GÉLATINEUX GEIGNAIT DANS LE JASMIN. »

Gé, gé, gé, les gé expirent dans le ji.

Là, le geai est agi

Par le génie du poite

Du poite qui s’identifie

À l’oiseau sorti de son nid

Sorti de sa ouate.

Quel galop !

Quel train dans le soupir !

Quel élan souterrain!

Quand vous serez grinds

Mes zinfints

Et que vous aurez une petite amie anglaise

Vous pourrez murmurer

À son oreille dénaturée

Ce vers, le plus beau de la langue française

Et qui vient tout droit du gallo-romain:

« Le geai gélatineux geignait dans le jasmin. »

Admirez comme

Voyelles et consonnes sont étroitement liées

Les zunes zappuyant les zuns de leurs zailes.

Admirez aussi, mes zinfints,

Ces gé à vif,

Ces gé sans fin

 

René de Obaldia in Innocentines

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 10:51

matisse.jpg

Illustration : La mer. Henri Matisse. 1946.

 

Le tapis.

 
L'enfant avait placé une vaste caisse au fond de la chambre, et, depuis quelques heures déjà, il naviguait ainsi, brassant le vide, dévisageant l'horizon enfoui dans le mur, le tapis figurant l'océan, la caisse un voilier de gros tonnage.

Vers six heures, comme chaque soir à cette heure, le père rentra du travail.

Il pénétra dans le salon, il eut le temps de désapprouver l'idée de son fils, il atteignit à cet instant le tapis, coula à pic et se noya.
 

 

Fred Thellery

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 09:45

 

 

 

81022488.jpg

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 09:28

 

Ayant été tancés, réprimandés, admonestés par le biais d’un commentaire peu amène sur la brièveté de l’extrait de La mort du loup nous allons tenter de nous faire pardonner.  

La mort du loup parut le 1er février 1843 dans la Revue des Deux Mondes. Depuis longtemps Vigny était hanté par cette idée du sacrifice impassible. N’écrivait-il pas, en 1831, : “J’aime ceux qui se résignent sans gémir et portent bien leur fardeau”, et dès 1836,n'avait-il pas intitulé “La mort du loup”, un épisode d’une nouvelle restée inédite où “le loup” était un chouan blessé qui se laissait fusiller plutôt que d’obéir ?

Sans doute, en même temps que des battues au loup auxquelles il assista lui-même et des histoires de chasse que sa jeunesse entendit conter si souvent, s’est-il souvenu du passage de Byron (in Childe Harold) : “La vie et la douleur jettent surtout de profondes racines dans les coeurs solitaires et désolés : le chameau supporte sans se plaindre les plus pesants fardeaux et le loup sait mourir en silence..."

la-mort-du-loup.jpg

LA MORT DU LOUP


I


Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; bientôt,
Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse,
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cr
i.


II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre; et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du roc
her.


III

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
-- Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!
Il disait : « Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans par
le
r. »


Écrit au château du M**
*, 1843

Alfred de VIGNY, Les Destinées (posthume)
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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 07:00

Je porte au coeur une maison secrète


Je porte au cœur une maison secrète,
Un temps, un lieu, quelque tiède retraite
Où vous et moi, la nuit comme le jour,
Tout ne serait qu’entreprises d’amour,
Mais d’un amour de qui l’esprit travaille
Car sans génie il n’est d’amour qui vaille.
                   
Quoi de plus doux que d’orner le baiser
Qu’après les corps, les âmes composer
Et recréer par adorable échange
L’être total que font la bête et l’ange ?
Oh … Que je vois ce tendre Paradis …
J’y suis … Dis-moi si toi tu le vois, DIS ?


Note : Ecrivain, poète et philosophe, Paul Valery (1871-1945) connaît une grande célébrité de son vivant, dont il dit “ ne pas être dupe”. Anecdotes significatives : élu à l’Académie française en 1927, il fait l’éloge dans son discours de réception d’A.France, son prédécesseur, sans prononcer son nom une seule fois. Plus tard, sous l’occupation allemande, en qualité de secrétaire de cette même Académie, il est amené à prononcer l’éloge funèbre de Bergson, qu’il qualifie de “juif Henri Bergson”. Ce qui lui vaudra de perdre illico ce poste ainsi que certains autres postes universitaires.

Déjà publié : http://nuageneuf.over-blog.com/article-ry-51999015.html
 

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 09:53

Ma pauvre dame, tout fout le camp ! Demain, dès l'aube, que nous venons de publier, est un des très grands poèmes français. Nous tentons une traduction en langage actuel, le sms :

 

2min dé lob a leur ou blanchi la campagn

je partiré voi tu je sé ke tu matan

jiré par la foré jiré par la montagn

je ne pui 2meré loin de toa plu lontan

 

je marcheré lé ieu fixé sur mé pansé

san rien voir o deor san antandr oc 1 brui

trist et le jour pour moa sera kom la nui

 

je ne regarderé ni lor du soar ki tomb

ni lé voal o loin désandant ver arfleur

et kan j’ariveré je métré sur ta tomb

un bouké de hou ver et de bruièr an fleur

 

Viktor Ugo 

 

Note : vous pouvez voter pour la version que vous préférez...

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 09:48

Manuscrit_-_Demain_des_l-aube-._-.jpg

Illustration : le manuscrit d'Hugo.

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.

J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.

Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

 

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,

Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,

Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,

Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

 

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,

Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,

Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe

Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

 

 

Note : composé de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées, ce court poème n’a pas de titre, si bien qu’on le désigne traditionnellement par son incipit, c’est-à-dire les premiers mots qui le composent : Demain, dès l’aube .Il constitue le poème XIV de Pauca meae (quelques vers pour ma fille), livre quatrième des Contemplations dont il ouvre la deuxième partie intitulée Aujourd’hui 1843-1855.

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 10:39

615.jpg

L’orthographe française en prend un coup. Ca ne date pas d’aujourd’hui. Relevé à la lecture d’un prétendu grand quotidien « du soir » : lire la suite ici

 

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