Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 06:42

 

 

 

 

La cigale et la fourmi

 

La cigale peu rancunière,

Reçut la fourmi sa voisine

En son cabinet dentaire :

- Qu’est-ce qui vous amène, ma chère ?

- Des caries jusqu’à la racine

A chacune de mes molaires !

- Je vous opérerai, lui dit-elle

Avant tout, sans aucun mal ;

C’est votre intérêt principal !

La cigale n’est pas curieuse ;

C’est là son moindre défaut.

- Que faisiez-vous de ces chicots ?

Dit-elle à sa solliciteuse.

- Nuit et jour à tout venant,

Je chuintais, ne vous déplaise...

- Vous chuintiez ? J’en suis prothèse :

Eh bien dentier maintenant !

 

Pierre Ferran

 

 

 

 

Joconde-sourire.jpg

 ...- Qu’est-ce qui vous amène, ma chère ?... 

 

 


 

 

Partager cet article
Repost0
26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 06:57

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
25 octobre 2014 6 25 /10 /octobre /2014 09:25

 

C'est l'heure exquise

 

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée…

O bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons : c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…

C’est l’heure exquise.

 


Paul Verlaine

La Bonne Chanson - Chant VI -1870-

 

 

 

cezanne_baigneuses_ng_max.jpg

 

C’est l’heure exquise...

 

 

 

Illustration : Paul Cézanne - Baigneuses - (peint de 1894 à 1905)

 



Partager cet article
Repost0
22 octobre 2014 3 22 /10 /octobre /2014 05:26

 #505

 

 

Un œil, ouvert 

 

Heures, couleur mai, fraîches.

Ce qui n’est plus à nommer, brûlant,
 audible dans la bouche.

 

Voix de personne, à nouveau.


Profondeur douloureuse de la prunelle :


la paupière


 ne barre pas la route, le cil
  

ne compte pas ce qui entre.

 


Une larme, à demi,


lentille plus aiguë, mobile,


capte pour toi les images.

 

 

Paul Celan in Grille de parole (Sprachgitter, 1959) –Traduction de Martine Broda

 

 


 

 

Boltanski.jpg

...Voix de personne, à nouveau...

Paul Celan    

 

 

Monumenta 2010.      

Succédant à Anselm Kiefer, Christian Boltanski occupe le Grand Palais pour son exposition Personnes.

Personnes "désigne tout à la fois quelqu'un et la négation de quelqu'un. Dans ce projet, il s'agit du passage entre "être" et "n'être plus", entre personnes et personne", explique Christian Boltanski . Il s'agit pour lui de questionner, mais "il n'y a pas de réponse", dit-il.  

 

"Voix de personne, à nouveau " écrit Celan, "Il n'y a pas de réponse" dit Boltanski.


Partager cet article
Repost0
18 octobre 2014 6 18 /10 /octobre /2014 05:08

 

 

 

 

 

 Louise-de-Vilmorin.jpeg

 

 

Viens

 

 

 

Viens, allons vivre en cachette,

Garde mon cœur sur ta main,

Ayons des amours secrètes :

Ne nous disons jamais rien.

 

 

Donne, donne…

 

 

Louise de Vilmorin

Le Sable du sablier, 1945

 

 

P.Duval-Lecamus.jpg

Pierre DUVAL-LECAMUS

La réponse ; Dame écrivant une lettre

Cherbourg, musée Thomas Henry

 

 

o   o   o

 

 

 

C'est à l'occasion de cette publication récente que nous avons reçu ce superbe commentaire de Jacques ; nous nous enorgueillissons de le publier ci-dessous ainsi qu'un second texte que Jacques nous a fait parvenir par courriel :

 

 

 

"Verrières.

Le salon bleu de Louise.

On la respire, gracile, profonde, libre.
Présente-passante. Libre. Toujours.

Essuie-Plume et Fourrure (les chats du dernier et prestigieux Hôte de passage) aiment ce luxe distant. Sans autre mépris, d'ailleurs, pour les mulots du château et du parc.

Le bel oiseau de Braque, près du petit bureau, c'est André qui l'a accroché.

Sous son aile, le dernier Homme admis au  Salon Bleu, écrira "La tête d'obsidienne", "Les Chênes qu'on abat", "Lazare" et mille autres feuillets, de cette écriture raffinée, qui s'enroule tels ces "dyables" qu'il dessine souvent.

Jusqu'à ce  jour fatal de novembre.

Jusqu'aux retrouvailles avec elle, Liberté-Louise, présente, passante."

 

 

malraux-et-louise.jpg

Louise de Vilmorin (à gauche)  et André Malraux

 

 

 

 

 

 

"Les amants de Verrières

 

S'il est un rivage délicieux, cher hôte de mes passages, c'est bien ce Nuage que vous dites "sans prétention".
Limpide, oui, si c'est cela l'absence de prétention, et sans affectation.
Chaque nouveau billet y délivre une bouffée de talent, mais barre-haute ! dans cette ensorcelante
langue qui subjugue.
 
Je n'imaginais pas qu'il y eût de tels "archaïques" heureux, heureux de célébrer Louise, encore ! Je me trompais, donc.
 
Je ne l'ai pas rencontrée, bibliquement s'entend. Et pas d'avantage tout court ! Le jeune homme de la fin des années  soixante jure, jure qu'elle ne fut pas son amante  ! Quel gâchis !  D'ailleurs, à ce moment, elle vivait avec André, intensément, ce rendez-vous fascinant qu'elle lui avait donné dans les années 20.
 "Mon petit André, vous dites que vous m'aimez ! Nous en reparlerons dans trente ans". Et cet amour remis, éclatant, fascinant, fascinait. Et lui d'abord, revenu de tant de morts et d'amours mortes.
 
Le Salon Bleu, ce fut plus tard, trois années après sa disparition, le théâtre d' une de ces rencontres improbables que le destin arrange : entrer, entre-apercevoir le Braque, respirer ses couleurs à elle, écouter les mains d' André M... parler-tourbillonner un presque après-midi entier.
 
 Tout est donc très simple.
 
Un billet de blog, une photo envoûtante, quatre vers d'une femme,  unilatéralement aimée et pour cause !
 
Merci !
 
Que le NuageNeuf nous enchante encore !
 
Votre J." 

 

 

louise-et-malraux.gif  

 Louise de Vilmorin et André Malraux à Verrières

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
11 octobre 2014 6 11 /10 /octobre /2014 05:29

 

 

 

J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans.

 

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,

De vers, de billets doux, de procès, de romances,

Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances,

Cache moins de secrets que mon triste cerveau.

C'est une pyramide, un immense caveau,

Qui contient plus de morts que la fosse commune.

—Je suis un cimetière abhorré de la lune,

Où comme des remords se traînent de longs vers

Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers.

Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,

Où gît tout un fouillis de modes surannées,

Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,

Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché.

 

Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,

Quand sous les lourds flocons des neigeuses années

L'ennui, fruit de la morne incuriosité,

Prend les proportions de l'immortalité.

—Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !

Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,

Assoupi dans le fond d'un Saharah brumeux ;

Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,

Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche

Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche.

 

 

Charles BAUDELAIRE

Les Fleurs du mal, 1857

LXXVI. — Spleen

 

 

 

Melle-O-Murphy-Boucher.jpg

...les pastels plaintifs et les pâles Boucher... 

 

 

François Boucher

Mademoiselle O'Murphy, 1752

 

 

 

*   *   *

 


 

 


Partager cet article
Repost0
8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 05:02

braquedeuxoiseaux.1963-JPG.JPG

                                       Illustration : GEORGES BRAQUE. DEUX OISEAUX -1963-

 

Duo

 

 

Dans le taillis

Oyez, oyons

Le gazouillis

De l'oisillon

Sous la charmille

Que l'aube mouille

Perle son trille

Comme il gazouille

 

Dans le taillis

Oyez, oyons

Le gazillon

De l’oisoullis

Sous la charmille

Que l'aube mouille

Perle son trouille

Comme il gazille.

 

            Elle est charmouille

            Non, je bafouille...

 

 

 

ALFRED JARRY in L’objet aimé


 

 

 

Alfred JARRY, auteur dramatique et poète dont l'oeuvre virulente et burlesque annonça les grandes tendances théâtrales et littéraires du XXème siècle, est né en 1873 à Laval. Ubu Roi, son œuvre la plus connue (1896) a été écrite alors qu’il n’était qu’un collégien de 13 ans ! Il meurt de la tuberculose, dans un grand dénuement, en 1907, à l'âge de trente-quatre ans.

 

Précurseur du théâtre de l'absurde, ancêtre des surréalistes, il est l’inventeur d'une logique de l'absurde qu'il nomma Pataphysique, la « science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité. » En d’autres termes, Jarry théorise la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. (Gestes et opinions du Dr. Faustroll, pataphysicien) -1898 (publication posthume en 1911)

 

Cette « science » sera reprise et développée par le mouvement surréaliste (Aragon, Eluard, Breton, Reverdy, Soupault) et par d'autres grands écrivains français comme Vian, Queneau, Perec, Beckett, Ionesco, Pirandello et Genet. 

 


Partager cet article
Repost0
6 octobre 2014 1 06 /10 /octobre /2014 11:00

 

 

 

 

Sempe-2005.jpg

©Jean-Jacques SEMPE

 

 

 

Sempe-arbre.jpg

©Jean-Jacques SEMPE

 

 

Jean-Jacques SEMPE

Un peu de la France, 2005

 

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 05:34

 

 

 

Titus

 

Et c’est moi seul aussi qui pouvais me détruire.

Je pouvais vivre alors et me laisser séduire ;

Mon cœur se gardait bien d’aller dans l’avenir

Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir.

Je voulais qu’à mes vœux rien ne fût invincible,

Je n’examinais rien, j’espérais l’impossible.

Que sais-je ? J’espérais de mourir à vos yeux,

Avant que d’en venir à ces cruels adieux.

Les obstacles semblaient renouveler ma flamme,

Tout l’empire parlait, mais la gloire, Madame,

Ne s’était point encor fait entendre à mon cœur

Du ton dont elle parle au cœur d’un empereur.

Je sais tous les tourments où ce dessein me livre,

Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,

Que mon cœur de moi-même est prêt à s’éloigner,

Mais il ne s’agit plus de vivre, il faut régner.

 

Bérénice

 

Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire :

Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,

Que cette même bouche, après mille serments

D’un amour qui devait unir tous nos moments,

Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,

M’ordonnât elle-même une absence éternelle.

Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.

Je n’écoute plus rien, et pour jamais : adieu...

Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?

Que le jour recommence et que le jour finisse,

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?

Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !

L’ingrat, de mon départ consolé par avance,

Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?

Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

 

Jean Racine.

Bérénice,

acte IV, scène 5.

 

 


Bérénice fut créée le 21 novembre 1670 devant le roi Louis XIV.

 

 

La-comedie-francaise.jpg


 

 


Partager cet article
Repost0
25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 04:28

 

 

 

 

 

best-rosh-hashanah-greetings-shana-tova-20143.jpg

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : nuageneuf.over-blog.com
  • : Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
  • Contact

Recherche

Archives

Pages