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5 octobre 2013 6 05 /10 /octobre /2013 05:00

 

 

 

 

 

Mon âme a son secret

 

 

 


 

Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,

Un amour éternel en un moment conçu :

Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,

Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.

 

 

Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,

Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.

Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,

N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.

 

 

Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,

Elle suit son chemin, distraite et sans entendre

Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.

 

 

À l’austère devoir, pieusement fidèle,

Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle

"Quelle est donc cette femme ?" et ne comprendra pas.

 

 

 

Félix ARVERS


 

 

 


Alexis-Félix Arvers a vécu de 1806 à 1850. Ce seul sonnet l’a rendu célèbre. Ce timide personnage se serait consumé pour une femme mariée bien mystérieuse que les critiques désignent en général comme Marie Mennessier, la fille de Charles Nodier (dont on peut voir le portrait par Achille Devéria ci-dessous).


 

Marie-Mennessier-Nodier.jpg

 

Marie Mennessier-Nodier

Portrait de Marie Mennessier-Nodier, inspiratrice du sonnet qui assura la gloire de Félix Arvers. Gravure extraite de l'Illustration de 1931 (volume 1, page 439). [Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris.]

Photo Jean-Loup Charmet © Archives Larbor

 

 

 

 

 

 

 

Dans son Journal, Jules RENARD note :

 

"En littérature, il avait assez de courage pour soutenir que le sonnet d'Arvers n'est pas un chef-d'oeuvre."

 

Journal, 1887-1892, daté de l'année 1887, (sans autre précision)    

 

 


 


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4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 09:02

gainsbourg.jpg

 

 

Le sable et le soldat         



Oui, je défendrai le sable d'Israël,

La terre d'Israël, les enfants d'Israël;

Quitte à mourir pour le sable d'Israël,

La terre d'Israël, les enfants d'Israël;

 

Je défendrai contre tout ennemi,

Le sable et la terre, qui m'étaient promis

 

Je défendrai le sable d'Israël,

Les villes d'Israël, le pays d'Israël;

 

Quitte à mourir pour le sable d'Israël,

Les villes d'Israël, le pays d'Israël;

 

Tous les Goliaths venus des pyramides,

Reculeront devant l'étoile de David.

 

Je défendrai le sable d'Israël,

 

La terre d'Israël, les enfants d'Israël;

 

Quitte à mourir pour le sable d'Israël,

La terre d'Israël, les enfants d'Israël;

 

 

Quitte à mourir pour le sable d'Israël,

La terre d'Israël, les enfants d'Israël.

 

 

 

Paroles et Musique: Serge Gainsbourg, 1967

 

 

 

 

Cette chanson, peu connue, fut offerte par Serge Gainsbourg à l'Etat d'Israël en 1967.

 

 

 


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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 07:01

 

 

 

 

Amours Rouges (extrait)

 

 

(...)    

Se regardant toujours et s’attirant l’un l’autre,

Ils se sont abattus, haletants et troublés.

Et c’est alors un cri des sens, une fringale,

Un assouvissement de désirs et d’instincts,

Un combat chair à chair de gouge avec son mâle,

Des étreintes de corps à se briser les reins,

Des vautrements si fous que l’herbe en est broyée

Comme après un assaut de vents et de grêlons,

Les buissons cassés net et la terre rayée

D’un grattage lascif de pieds et de talons.

Elle sert de sa chair autant qu’elle en demande,

Sans crier, se débattre ou simuler des peurs,

Ne craignant même plus que le village entende

L’explosion d’amour qui saute de leurs cœurs.

Ils songent aux fureurs échauffantes des bêtes,

Aux printemps allumant l’ardeur dans les troupeaux,

Aux chevaux hennissants, aux vaches toujours prêtes

A se courber au joug amoureux des taureaux.

Et lui, - roi de ce corps pâmé, lui maître d’elle,

Le choisi, parmi tous, pour mener le déduit,

La voyant dans ses bras frissonner comme une aile,

Sent son orgueil de gars puissant monter en lui.

Ses assauts enfiévrés comme un choc de rafales

Traversent la fureur de leurs accouplements,

Ses spasmes ont des cris plus profonds que des râles,

Son rut bondit sur elle avec des jappements,

Il voudrait l’accabler dans une ardeur plénière,

Et lui broyer les sens sous des poids de torpeur,

Et ce débordement de lutte dernière

Devient rage à tel point que leur amour fait peur.

 

 

 

Emile Verhaeren

Extraits du poème AMOURS ROUGES  

Les flamandes, 1883

 

 

 

Egon-Schiele--l-etreinte-1917.jpg 

 

Egon SCHIELE

L'étreinte, 1917   

 

 

 

 

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 11:00

 

L-Avare.jpg 

      

Le rideau s'ouvre. Valère, le fils d'Anselme aime Elise, Elise, la fille d'Harpagon l'aime tout autant. Difficile de faire plus simple comme situation. Leur dialogue amoureux est une pure merveille.

 

     

Valère
Hé quoi ? charmante Elise, vous devenez mélancolique, après les obligeantes assurances que vous avez eu la bonté de me donner de votre foi ? Je vous vois soupirer, hélas ! au milieu de ma joie ! Est−ce du regret, dites−moi, de m'avoir fait heureux, et vous repentez−vous de cet engagement où mes feux ont pu vous contraindre ?

Elise
Non, Valère, je ne puis pas me repentir de tout ce que je fais pour vous. Je m'y sens entraînée par une trop douce puissance, et je n'ai pas même la force de souhaiter que les choses ne fussent pas. Mais, à vous dire vrai, le succès me donne de l'inquiétude ; et je crains fort de vous aimer un peu plus que je ne devrais.

Valère
Hé ! que pouvez−vous craindre, Elise, dans les bontés que vous avez pour moi ?

Elise
Hélas ! cent choses à la fois : l'emportement d'un père, les reproches d'une famille, les censures du monde ; mais plus que tout, Valère, le changement de votre coeur, et cette froideur criminelle dont ceux de votre sexe payent le plus souvent les témoignages trop ardents d'une innocente amour.

Valère
Ah ! ne me faites pas ce tort, de juger de moi par les autres. Soupçonnez−moi de tout, Elise, plutôt que de manquer à ce que je vous dois : je vous aime trop pour cela, et mon amour pour vous durera autant que ma vie.

Elise
Ah ! Valère, chacun tient les mêmes discours. Tous les hommes sont semblables par les paroles ; et ce n'est que les actions qui les découvrent différents.

Valère
Puisque les seules actions font connaître ce que nous sommes, attendez donc au moins à juger de mon coeur par elles, et ne me cherchez point des crimes dans les injustes craintes d'une fâcheuse prévoyance. Ne m'assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d'un soupçon outrageux, et donnez−moi le temps de vous convaincre, par mille et mille preuves, de l'honnêteté de mes feux.

Elise
Hélas ! qu'avec facilité on se laisse persuader par les personnes que l'on aime ! Oui, Valère, je tiens votre coeur incapable de m'abuser. Je crois que vous m'aimez d'un véritable amour, et que vous me serez fidèle ; je n'en veux point du tout douter, et je retranche mon chagrin aux appréhensions du blâme qu'on pourra me donner.



MOLIERE
L'avare
Scène 1 de l'acte premier



Molière écrit L'Avare en 1668, une comédie en cinq actes et en prose. L'Avare est la seconde pièce de Molière la plus jouée derrière Tartuffe.







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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 05:21

 

 

 

 

 

"Aimer les mots. Aimer un mot, le répéter, s'en gargariser.

Comme un peintre aime une ligne, une forme, une couleur." 

Max Jacob.

 

 

 

 

 

un_petit_coin_de_parapluie.jpg

 

 

 

 

 

La pluie

 


 

Monsieur Youssouf a oublié son parapluie

Monsieur Youssouf a perdu son parapluie

Madame Youssouf, on lui a volé son parapluie

Il y avait une pomme d'ivoire à son parapluie

Ce qui m'est entré dans l'oeil c'est le bout du parapluie

Est-ce que je n'ai pas laissé mon parapluie

Hier soir dans votre porte-parapluies

Il faudra que j'achète un parapluie

Moi je ne me sers jamais de parapluie

J'ai un cache poussière avec un capuchon pour la pluie 

 

 

 

 

 

Max Jacob

 

 

 

 

 

Paul Eluard

"Max Jacob assassiné"

Article publié peu après sa mort

 

 

« Après Saint-Pol-Roux, Max Jacob vient d'être assassiné par les nazis. Comme Saint-Pol-Roux, Max Jacob a eu contre lui son innocence, innocence : la candeur, la légèreté, la grâce du coeur et de l'esprit, la confiance et la foi. La plus vivace intelligence, la véritable honnêteté intellectuelle. Il était, avec Saint-Pol-Roux, un de nos plus grands poètes.

Né le 11 juillet 1876, à Quimper-Corentin, Max Jacob, qui vint de bonne heure se fixer à Paris, s'était lié avec les poètes et les peintres les plus ardents et les plus audacieux de notre temps. On a pu dire de lui qu'il fut non seulement poète et peintre, mais précurseur et prophète : son œuvre si diverse, où l'ironie laisse toujours transparaitre la plus chaude tendresse et la sensibilité la plus fine, marque une véritable date dans la poésie française. Depuis Aloysius Bertrand, Baudelaire et Rimbaud, nul plus que lui n'avait ouvert à la prose française toutes les portes de la poésie. Entre les poèmes en prose du Cornet à dés et les poèmes en vers du Laboratoire Central, entre les Œuvres Mystiques et Burlesques du frère Matorel et Le Terrain Bouchaballe, la poésie occupe le domaine entier de la vie parlée, dans la réalité, et en rêve. »  Paul Eluard

 

 

 

 

260px-ChristopherWoodPortraitofMaxJacob1930.jpg

Christopher WOOD

Max JacoB, 1929

musée des Beaux-Arts de Quimper

 

 

 


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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 10:33

 

 

 

 

 

 

30 septembre 1928 - 30 septembre 2013

 

 

Bonjour monsieur Wiesel  

et heureux anniversaire ! 

 

Elie-Wiesel.jpg 

Elie WIESEL

 

(...)  Un jour que nous revenions du travail, nous vîmes trois potences dressées sur la place d'appel, trois corbeaux noirs. Appel. Les S.S. autour de nous, les mitrailleuses braquées : la cérémonie traditionnelle. Trois condamnés enchaînés - et parmi eux, le petit pipel, l'ange aux yeux tristes.

        Les S.S. paraissaient plus préoccupés, plus inquiets que de coutume. Pendre un gosse devant des milliers de spectateurs n'était pas une petite affaire. Le chef du camp lut le verdict. Tous les yeux étaient fixés sur l'enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L'ombre de la potence le recouvrait.

        Le Lagerkapo refusa cette fois de servir de bourreau. Trois S.S. le remplacèrent.

        Les trois condamnés montèrent ensemble sur leurs chaises. Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants.

- Vive la liberté ! crièrent les deux adultes.

        Le petit, lui, se taisait.

- Où est le bon Dieu, où est-il ? demanda quelqu'un derrière moi.

        Sur un signe du chef du camp, les trois chaises basculèrent.

        Silence absolu dans tout le camp. A l'horizon, le soleil se couchait.

- Découvrez-vous ! hurla le chef de camp. Sa voix était rauque. Quant à nous, nous pleurions.

- Couvrez-vous !

        Puis commença le défilé. Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n'était pas immobile : si léger, l'enfant vivait encore...

        Plus d'une demi-heure il resta ainsi à lutter entre la vie et la mort, agonisant sous nos yeux. Et nous devions le regarder bien en face. Il était encore vivant lorsque je passai devant lui. Sa langue était encore rouge, ses yeux pas encore éteints.

        Derrière moi, j'entendis le même homme demander :

- Où donc est Dieu ?

        Et je sentais en moi une voix qui lui répondait :

- Où il est ? Le voici - il est pendu ici, à cette potence...

        Ce soir-là, la soupe avait un goût de cadavre. (...)

 

Elie Wiesel

La Nuit, 1958

 

 

 

 

 

--    

Originellement, le titre  La Nuit donné par Elie Wiesel en 1955 était  Un di Velt Hot Geshvign (littéralement : Et le monde se taisait), un témoignage en yiddish de sa déportation à Auschwitz-Birkenhau puis à Buchenwald, qui fut traduit/condensé en français sous le titre La Nuit.

 

Elie, diminutif de Eliezer, est né le 30 septembre 1928 à Sighet en Roumanie. 

 

Il avait été vivement pressé par François Mauriac de porter à la connaissance des lecteurs tous ses affres concentrationnaires. 

 

 


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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 05:23

 

 

 

berliet_glc_2.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LES CONDUCTEURS DE POIDS LOURDS

 

Midi, Boulevard Saint Germain.

L'élégante foule défile, se promène, se guette. Que faire sous un masque ? Comment vivre sans aucun ongle cassé ?

Spleen aux terrasses des cafés, rêves aux affiches de cinémas, scepticisme aux rayons des immenses librairies, ennui mortel de la décadence.

Un énorme camion manœuvre pour tourner entre les devantures transparentes et les cuisses lustrées des longues autos.

Centimètre par centimètre, sous les regards désœuvrés mangeant derrière la façade de verre du restaurant végétarien, il tourne en marche arrière.

C'est impossible, jugent les regards blasés et les mains parasites, en attendant la toute petite jouissance, quand l'aile lustrée se froissera.

Le conducteur ne voit rien. Cela se passe loin derrière. Mais il regarde son camarade planté devant lui, qui le guide.

Les yeux dans les yeux, dans des visages de sculpture, sous des maillots laissant passer des muscles dorés et des poils noirs, l'un fondu à son engin, l'autre avec seulement les signes de ses pouces.

Centimètre par centimètre, les vingt tonnes reculent, passent et tournent.

Les pâles mains impuissantes regardent ces pouces aux ongles noirs et ces bras aux muscles vivants qui font surgir une autre dimension de l'intelligence.

 

Gabriel Cousin.

in Revue « Poésies », juillet 1970.

 

 

 

 

1950_Jaguar_XK120_34.jpg(...) et les cuisses lustrées des longues autos. (...)

 

Illustration: Jaguar XK120, année 195O

 

 

 

Gabriel Cousin, résumé d'un parcours pour le moins étonnant :

 

Né en 1918 à Droué (Loir-et-Cher), dans un milieu ouvrier, Gabriel Cousin entre à l’usine au Bourget comme apprenti métallurgiste dès l’âge de 13 ans, puis ajusteur jusqu’à 20 ans.

En outre, athlète de compétition, la guerre de 1939 stoppe une carrière sportive prometteuse. Il commande une section de mitrailleuse et reçoit la croix de guerre le 2 juin 1940, accompagnée d’une belle citation. Puis c’est la captivité en Autriche... Les épreuves qu’il traverse et la lutte sous l’Occupation à Paris à son retour du camp de travail déclenchent en lui un appétit de culture irréductible.

Jean-Marie Conty, polytechnicien et ingénieur à l’Aérospatiale, contribue à le « sortir de l’usine », et l’aiguille vers la création. Il suit des cours de danse avec Jean Séry, ex-danseur étoile de l’Opéra, et une formation de comédien avec Roger Blin (1907-1984), et Claude Martin.

Il rencontre Hélène qui deviendra son épouse et une « puissante inspiratrice ».

Après la Libération, il a pour charge l’organisation du sport dans les usines et fait partie d’une jeune troupe de théâtre « Les Compagnons de la Saint-Jean », qui conçoivent, mettent en scène et interprètent de grands spectacles en plein air, dans l’esprit de Jacques Copeau (1879-1949), à Chartres, Grenoble, Uriage, Le Puy, etc...

Venu à Grenoble avec cette troupe, pour deux mois, il y restera 33 ans. Il y rencontre Jean Dasté (1904-1994) metteur en scène et propre gendre de Copeau, travaille avec lui et sera de l’équipe créatrice de « Peuple et Culture », réseau d’associations d’éducation populaire, avec le sociologue Joffre Dumazedier (1915-2002). Il mène en parallèle ses activités de professeur d’éducation physique et sportive (de 1948 à 1963), d’entraîneur d’athlétisme et d’animateur culturel.

Il milite alors au Parti Communiste Français et avec René Dumont (1904-2001), contre la faim dans le monde et la bombe atomique.

En 1965, il devient Conseiller technique et pédagogique au Ministère de la jeunesse et des sports, pour la formation d’animateurs de théâtre et pour l’expression et la communication. Parmi ses élèves figurent par exemple André Dussolier, Georges Lavaudant et Ariel Garcia-Valdès. Jusqu’en 1980, des centaines de stagiaires passeront dans ses stages d’été renommés.

Après 1980, il continue d’animer des stages d’éveil à la créativité et à l’écriture poétique et dramatique.

Gabriel Cousin commence à écrire vers 1948, à 30 ans, des poèmes et des articles sur les rapports de la culture et du sport. Encouragé par Paul Léautaud (1872-1956), et Claude Roy (déjà évoqué ici), il publie son premier recueil chez Seghers : « La Vie ouvrière » (1950).

En 1952, il faut la rencontre décisive de Georges Mounin (1910-1993), universitaire, critique et linguiste, qui lui révèle son thème majeur, « L’Amour », et fait éditer chez Gallimard « l’Ordinaire Amour » (1958), qui recevra une critique unanime. Plusieurs recueils se succéderont comme « Nommer la peur » (1966), « Au milieu du fleuve » (1971), « Poèmes d’un grand-père pour de grands enfants » (1980), « Dérober le feu » (1998), « Portrait d’une femme, poèmes précédés de deux lettres inédites de Paul Léautaud » (2001).

En 1958, il écrit sa première pièce et joue la carte de la décentralisation théâtrale. « Le Drame de Fukuryu-Maru », œuvre qui dénonce le danger nucléaire, est programmée au théâtre national populaire en 1959 par Jean Vilar (1912-1971), mais sa création est retardée par la mort de Gérard Philippe, puis interdite jusqu’au vote de la force de frappe française ! C’est finalement Jean Dasté qui la crée en 1963. Suivront une quinzaine de pièces représentées en France et souvent aussi à l’étranger ; la plupart ont été diffusées sur France-Culture.

« Tourné vers le social avec lucidité et générosité, désireux de composer un théâtre à la fois de réflexion et d’enchantement (par la musique, la poésie, la danse), Cousin s’est penché sans didactisme sur les métiers aliénants, les horreurs de la radioactivité, la violence raciale, la faim, la vieillesse et la pauvreté. Il a tenté des formes nouvelles : marionnettes, oratorio pour la radio, théâtre total » (Michel Azama).

Gabriel Cousin a écrit plusieurs téléfilms diffusés sur France 3, notamment « La femme et l’enfant », avec Marie Dubois, ainsi que des poèmes télévisuels suggérant que « si Villon ou Victor Hugo ou Baudelaire vivaient aujourd’hui, ils écriraient sans doute aussi avec l’audiovisuel... »

On peut dire que son œuvre s’est affirmée sous le signe de la diversité : littérature érotique, livret d’opéra, poème télévisuel, conte pour enfants... Elle a fait l’objet de thèses de doctorat (Washington, Londres, New-York, Anvers, Budapest, etc...

Gabriel Cousin est chevalier de la Légion d’Honneur et Officier des Arts et Lettres, depuis 1985. Il est décédé en 2010.

 

 

 


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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 05:16

 

 

      Enfin Malherbe vint...

 

 


 

Malherbe 1Malherbe-2.jpg

Extrait d'un Mémoire présenté par Monsieur et Madame DEJOURNO de l'Université de Toronto. en 1817.

 

 

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,

Fit sentir dans les vers une juste cadence,

D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,

Et réduisit la muse aux règles du devoir.

Par ce sage écrivain la langue réparée

N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.

Les stances avec grâce apprirent à tomber,

Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.

Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle

Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.

Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté,

Et de son tour heureux imitez la clarté.

Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,

Mon esprit aussitôt commence à se détendre,

Et, de vos vains discours prompt à se détacher,

Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher.

Il est certains esprits dont les sombres pensées

Sont d'un nuage épais toujours embarrassées;

Le jour de la raison ne le saurait percer.

Avant donc que d'écrire apprenez à penser.

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,

L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

Surtout qu'en vos écrits la langue révérée

Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.

En vain vous me frappez d'un son mélodieux,

Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;

Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,

Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.

Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin

Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain

 

Nicolas Boileau

L’art poétique,

Chant I, v.131-162 

 

 

 

 

Beauté, mon cher souci

 

Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine

A, comme l'Océan, son flux et son reflux,

Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,

Ou je me vais résoudre à ne le souffrir plus.

 

Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise,

Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté;

Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,

Il leur faut de l'amour autant que de beauté.

 

Quand je pense être au point que cela s'accomplisse

Quelque excuse toujours en empêche l'effet;

C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,

Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.

 

Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire

De me l'avoir promis, et vous rire de moi;

S'il ne vous en souvient, vous manquez de mémoire,

Et s'il vous en souvient, vous n'avez point de foi.

 

J'avais toujours fait compte, aimant chose si haute,

De ne m'en séparer qu'avecque le trépas;

S'il arrive autrement, ce sera votre faute

De faire des serments et ne les tenir pas.

 

 

François de Malherbe

Stances, 1598.

 

 

 

 

 

Wright-of-Derby.jpg

...C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,

Dont l'ouvrage du soir au matin se défait...

 

 

 

Illustration:

Joseph Wright of Derby, 1734-1797

Pénélope

 

 

 

 M.Laurencin.Coco-Chanel.jpg

 Marie Laurencin

Coco Chanel

 

 

audrey-hepburn.jpg

 

(...)  Vos yeux ont des appas que j'aime  (...)

 

 


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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 07:34

 

 

 

 

Dieu s’ennuie

 

 

 

Dieu sait faire toute chose. De là son ennui.

De là qu’il voulut d’un être qui ne saurait faire que

peu de chose.

 

 

 

C’est la cause de la création.

 

 

 

Il fit les pierres. Mais quand elles eurent roulé au fond

des ravins, elles ne firent plus rien.

Dieu s’ennuie.

 

 

 

Puis il fit l’eau. Mais l’eau coulait toujours au plus bas.

Dieu s’ennuie.

 

 

 

Puis il fit les arbres, mais ils s’élevaient tous vers le soleil.

Dieu s’ennuie.

 

 

 

Alors Dieu détache un gros morceau de soi, le coud dans

une peau et le jette sur la terre. Et c’est l’homme.

 

 

 

Et l’homme bouleverse la terre, les pierres, l’eau et les arbres.

Dieu regarde. C’est bon voir quelqu’un faire quelque chose.

 

 

 

Parfois lui-même secoue la terre, jette une montagne contre

une autre, souffle sur la mer. Les hommes courent, se débattent.

 

 

 

Et Dieu regarde. C’est bon voir quelqu’un faire quelque chose.

 

Henri MICHAUX

Dieu, la providence.

 

Fables des origines

 - " Premiers écrits " – 

 

 

 

 

...Et Dieu regarde. C’est bon voir quelqu’un faire quelque chose.

 

 

 

 

g_mathieu.jpg

Georges MATHIEU

 

 

 

Mathieu.jpg

 

 

 

 

 

 


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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 08:01

 

 

 

 

 

SEMPE-Toilettes-copie-1.jpg

©Jean-Jacques SEMPE

 

 

 

 

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