"Aimer les mots. Aimer un mot, le répéter, s'en gargariser.
Comme un peintre aime une ligne, une forme, une couleur."
Max Jacob.
La pluie
Monsieur Youssouf a oublié son parapluie
Monsieur Youssouf a perdu son parapluie
Madame Youssouf, on lui a volé son parapluie
Il y avait une pomme d'ivoire à son parapluie
Ce qui m'est entré dans l'oeil c'est le bout du parapluie
Est-ce que je n'ai pas laissé mon parapluie
Hier soir dans votre porte-parapluies
Il faudra que j'achète un parapluie
Moi je ne me sers jamais de parapluie
J'ai un cache poussière avec un capuchon pour la pluie
Max Jacob
Paul Eluard
"Max Jacob assassiné"
Article publié peu après sa mort
« Après Saint-Pol-Roux, Max Jacob vient d'être assassiné par les nazis. Comme Saint-Pol-Roux, Max Jacob a eu contre lui son innocence, innocence : la candeur, la légèreté, la grâce du coeur et de l'esprit, la confiance et la foi. La plus vivace intelligence, la véritable honnêteté intellectuelle. Il était, avec Saint-Pol-Roux, un de nos plus grands poètes.
Né le 11 juillet 1876, à Quimper-Corentin, Max Jacob, qui vint de bonne heure se fixer à Paris, s'était lié avec les poètes et les peintres les plus ardents et les plus audacieux de notre temps. On a pu dire de lui qu'il fut non seulement poète et peintre, mais précurseur et prophète : son œuvre si diverse, où l'ironie laisse toujours transparaitre la plus chaude tendresse et la sensibilité la plus fine, marque une véritable date dans la poésie française. Depuis Aloysius Bertrand, Baudelaire et Rimbaud, nul plus que lui n'avait ouvert à la prose française toutes les portes de la poésie. Entre les poèmes en prose du Cornet à dés et les poèmes en vers du Laboratoire Central, entre les Œuvres Mystiques et Burlesques du frère Matorel et Le Terrain Bouchaballe, la poésie occupe le domaine entier de la vie parlée, dans la réalité, et en rêve. » Paul Eluard
Christopher WOOD
Max JacoB, 1929
musée des Beaux-Arts de Quimper