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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 07:22

 



 

      Helléniste renommée, professeur au Collège de France, membre de l’Académie française, Jacqueline de Romilly parle de sa mère, de ses études, de la guerre mais aussi de son goût pour la littérature grecque et pour l’enseignement.

(suite et fin)     


 

J.de-Romilly.Academicienne.jpeg

        J. de Romilly est décédée le 18 décembre 2010.

 


De la chance.

 

 

« Tout au long de ma vie, j’ai eu la chance d’être de la génération pour qui tout s’ouvrait. Peut-être n’aurais-je pas osé écrire si je n’avais pas eu le souvenir vivant et visuel de ma mère en train d’écrire, passant des soirées en train d’écrire. Pourtant, je n’ai pas le sentiment d’avoir voulu suivre son exemple, mais peut-être que je suis complètement inconsciente. Je n’ai pas du tout l’impression d’avoir suivi une trace, puis une autre. Je pense encore que la vie commence demain, et ça devient quand même un peu inquiétant maintenant, dans ma quatre-vingt-quinzième année. »

 

 

De l'espérance. 

 


« C’est vrai qu’on se prépare toujours pour un lendemain. C’est vrai que tout ce que l’on fait, que l’on réussit ou que l’on échoue est comme une leçon dont a l’impression qu’on pourrait tirer un enseignement utile dans la suite (…) Et puis, on perd la vue, alors c’est trop tard pour aller ici, là-bas. »

 


De l'âge.


« A quelqu’un qui me faisait observer que j’écrivais beaucoup, en particulier ces six ou ces sept dernières années, j’ai répondu fort logiquement : - Que voulez-vous, à mon âge, il faut que je me dépêche ! »

 


Du bilan.

 


« On ne peut pas être content de tous les aspects de sa vie. C’est bien pour ça qu’on est très heureux quand il y a des satisfactions qui surgissent. On ne peut pas tout faire dans une vie. Donc, on est toujours en faute, en insuffisance. (…) Mais quand je vois qu’il y a eu telle petite chose réussie, que j’ai encore pu faire ceci ou qu’il y a eu tel bon résultat, ça me console. Je me dis : J’ai eu quand même la moyenne malgré tout !. »

 



Note :     on peut lire aussi notre communication (un extrait de son dernier livre) du 18 mars 2011

 


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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 06:56

 

 

J.de-Romilly.jpg

 

Jacqueline de Romilly, l'une des rares femmes à être grand croix de la Légion d'honneur, détentrice de la nationalité grecque depuis 1995, disait avec malice ne pas avoir eu, « bien sûr », la vie qu'elle souhaitait : « Avoir été juive sous l'Occupation, finir seule, presque aveugle, sans enfants et sans famille, est-ce vraiment sensationnel ? Mais ma vie de professeur a été, d'un bout à l'autre, celle que je souhaitais ».

 

Propos -1- (extraits choisis)

 

Du grec.    

 

« Si je cherche à expliquer pourquoi j’ai choisi le grec, c’est toute ma vie que je vais expliquer. On est là à faire attention à conserver quelque chose qui s’en va, qui est en train de mourir, qui va probablement disparaître. Je ne vois pas les choses sous un jour aussi sinistre. Si, au lieu de lutter contre l’effacement des traces, on disait, même simplement, que c’est un combat pour retrouver le contact avec nos traces et, de façon vivante, le faire pénétrer dans nos vies de demain, c’est plus encourageant. »

 

 

De ma mère. 


« Que ma mère ait laissé en moi la première empreinte est une chose indiscutable. Ma mère m’a accompagnée ; elle a été tout pour moi. J’ai toujours vécu à proximité d’elle. Nous nous entendions très bien, nous riions ensemble. Alors, qu’elle ait été pour moi l’empreinte permanente, c’est certain. J’ai conscience de lui devoir non seulement tous les souvenirs heureux de ma jeunesse, mais tout ce que je suis et tout ce que j’ai aimé. Je suis restée l’enfant de ma mère tout le temps, et encore maintenant. (…) Elle est encore avec moi. »

 

 

De la gloire. 

 


« A la fin du lycée, je me suis couverte de gloire. En première, j’ai eu le premier prix de latin et le deuxième prix de grec au concours général, et pour la première fois c’était une fille. Ça a fait beaucoup de bruit. Tout ce que j’ai fait depuis n’était rien comme gloire à côté de ça. »

 

 

Etre juive.

 

 

« Etre juive en pleine défaite française, en plein statut des juifs, avec les déportations, n’était pas une expérience heureuse. Cependant, pour moi et dans mon souvenir, c’était une expérience riche et pas du tout écrasée de tristesse. Parce que l’on savait très bien ce que l’on espérait. On écoutait toutes les nouvelles qui donnaient l’espoir que les choses s’arrangent (…). Et, dans tout cela, il y avait une grande espérance, qui n’est pas toujours présente dans notre monde en paix. Evidemment, j’étais beaucoup plus jeune. Mais j’ai l’impression qu’il y avait, malgré ces horreurs, une confiance dans la vie plus grande que dans certains moments de l’époque moderne. »

 

 

 

 

(à suivre)

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 06:38

 

 

La fête de la Pâque Juive s’appelle Pessa’h. Elle a lieu au début du printemps. Cette année, elle commence aujourd’hui. C’est sans doute la fête juive la mieux connue. En hébreu, Pessa'h signifie « passer par-dessus », rappelant qu'au cours des Dix Plaies infligées aux Égyptiens, Dieu tua tous les premiers-nés égyptiens mais il "passa au-dessus" des maisons juives et les préserva.

Pessa’h commémore la sortie du peuple hébreu d'Égypte et l'avènement du peuple juif après le don de la Torah à Moïse sur le mont Sinaï.

Le sens de Pessa'h : l’exode et le temps de la libération de l’esclavage égyptien ainsi que le facteur qui détermina la création du peuple juif il y a environ 3.500 ans.

 

Plus largement aujourd’hui, on fête la libération et la liberté en général ; c’est également un temps de compassion pour tous ceux qui sont victimes de toute forme d’esclavage car toute l’humanité doit prétendre aux joies et aux responsabilités de la liberté.

 

Et pour terminer, un peu d’humour juif…

 

 

redsea-traffic-jam.jpg

 

 


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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 07:32

 

 

C’est seulement à partir de ce moment que je commençai à comprendre (ce que taisent la plupart des écrivains) que les malades, les estropiés, les gens laids, fanés, flétris, les êtres physiquement inférieurs aiment au contraire avec plus de passion et de violence, que les heureux et bien portants; ils aiment d’un amour fanatique, sombre, aucune passion sur terre n’est plus violente et avide que celle de ces désespérés, de ces bâtards de Dieu qui ne trouvent que dans l’amour d’autrui leur raison de vivre. Le fait que c’est précisément de l’abîme le plus profond de la détresse que s’élève le plus furieusement le cri panique du désir de vivre, ce terrible secret, jamais, dans mon inexpérience, je ne l’avais soupçonné. Et c’est seulement en cette minute qu’il avait pénétré en moi comme un fer brûlant.

Stefan Zweig in La pitié dangereuse

 

 

 

 

lucian-freud.jpg

 

Illustration : Girl in Attic Doorway. Lucian Freud.  - 1995 -

(Jeune fille dans une embrasure de grenier)

Lucian Freud est né à Berlin en 1922 dans une famille de la grande bourgeoisie juive intellectuelle. Son père, architecte, quitte Berlin et emmène sa famille à Londres. Son grand-père Sigmund Freud les rejoint en 1939 et lègue tous ses bies à ses petits-fils.

Lucian Freud est un peintre réaliste contemporain ; son oeuvre est monumentale et fascinante. Freud peint "l'humain" et nous émeut.

 



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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 09:31

 

 

magritte-l-invention-collective--1935-.jpg

 

René Magritte. L’invention collective – 1935 -

 

 

« C'est au goût de créer des monstres. Je me précipiterais peut-être entre les bras d'une sirène ; mais si la partie qui est femme était poisson, et celle qui est poisson était femme, je détournerais mes regards. »

 

Diderot in « Pensées détachées sur la peinture, la sculpture et la poésie » Œuvres esthétiques.

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 06:31

 

Frédéric Schiffter est un philosophe contemporain. Il vient de recevoir le prix Décembre (« l’anti-Goncourt ») pour son dernier ouvrage Philosophie sentimentale. Il se définit comme suit : « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? Qu'est-ce que l'homme ? Telles sont, selon Kant, les quatre questions essentielles de la philosophie. Je me les suis posées. À chacune, j'ai répondu : rien. Mais sans doute ne suis-je pas ce qu'on appelle un "philosophe". »

Sur son blog, il donnait hier cette réflexion qu'il nous autorise à publier. Nous le remercions vivement de sa confiance.

 

 

Folklore personnel

 

Le cafard s’éprouve comme un sentiment de dépaysement dans le temps, tantôt pénible tantôt voluptueux, comme peut l’être le boitement des sensations à la suite d’un décalage horaire. Il ne touche qu’un petit nombre d’individus, qui, par-delà les époques et leurs différences nationales, forment une confrérie secrète de la déréliction. Ils se reconnaissent entre eux à une façon commune de sentir le monde, les êtres et, aussi, d’en parler. Comme ces exilés qui, même après de longues années passées dans leur pays d’accueil, conservent les habitudes de leur patrie d’origine et l’accent de leur langue maternelle, les cafardeux, en proie à la nostalgie d’un temps où ils n’existaient pas, affichent un air de paradoxale étrangeté. Car, à juger le regard avec lequel ils balayent ou scrutent le monde, entre blasement et étonnement, ils ne donnent pas l’impression de débarquer, mais, au contraire, de se trouver là depuis toujours. Ce qui ne les empêche pas d’être aussi de «parfaits flâneurs», comme dirait Baudelaire, ou encore des «princes de l’observation» aimant à «élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans l’infini», non pour s’y dissoudre, mais pour «jouir de leur incognito». Les cafardeux n’ont pas de patrie, mais une ou deux terrasses de cafés attitrées.

 

 

©F.Schiffter.

 



Bibliographie de  F.Schiffter.

                Métaphysique du frimeur (Lettre sur l'élégance), Milan (1985, 2003)

                Sur le blabla et le chichi des philosophes, PUF, Perspectives critiques, 2001)

                Pensées d’un philosophe sous Prozac, Milan 2002

                Le plafond de Montaigne, éd. Milan, Pause philo, 2004

                Contre Debord, PUF, Perspectives critiques, 2004

                Petite philosophie du surf, éd. Milan 2005

                Le philosophe sans qualités, Flammarion, 2006

                Traité du cafard, Finitude, 2007

                Le bluff éthique, Flammarion, 2008

                Délectations moroses, le Dilettante, 2009

Schiffter.gif

                Philosophie sentimentale, Flammarion, 2010 - Prix Décembre 2010

 


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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 07:53

 

L’exposition Anselm Kiefer dans la Collection Würth présente le fonds particulièrement riche des œuvres de l’artiste allemand, depuis ses œuvres de jeunesse jusqu’à aujourd’hui.

 

 

affiche-kiefer-Erstein

 

Kiefer, depuis l'exposition Monumenta au Grand Palais en 2007, a bien des fois été évoqué dans nos pages. L'exposition se tient à Strasbourg-Erstein. Le musée, d'une architecture très futuriste, est une fondation privée, celle de la société Würth, spécialisée dans les techniques de fixation. 

 

La vidéo qui suit vaut mieux qu'un long discours.©Alsace 20


 

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 11:48

 

 

 

 

 

Le-beau-monde.1962.jpg

 

René Magritte. Le beau monde. -1962 -

 

 

 

"Je pouvais voir le monde comme s'il était un rideau placé devant mes yeux". R.Magritte.

 

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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 16:46


 

Je préfère le vin d'ici à l'eau de là.

 

Pierre Dac.

 

Le-Desir-750-07.jpg

 


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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 08:12

 

 

Le chef-d'oeuvre caché
de Jacqueline de Romilly

© Le Point - Publié le 10/03/2011 à 10:39

La grande helléniste avait consacré un livre à sa mère adorée. Et prié son éditeur de ne le publier qu'à sa mort. "Jeanne" paraît le 23 mars.

 


Le-chef-d-oeuvre-cache-de-Jacqueline-de-Romilly.jpeg

Photos de g. à dr. : "Jeanne" a été écrit dans l'année qui suivit la mort de sa mère, en 1977 - Jacqueline de Romilly ne se séparait jamais de la photo de sa mère posée sur son bureau dans un petit cadre doré - Veuve, ­pauvre et intelligente, Jeanne Maxime-David - son nom de plume - se voulait ­ambitieuse pour sa fille Jacqueline. Elle devint une ­romancière très célèbre à son époque. © Jean-Régis Roustan / Roger-Viollet/DR

 

 

Longtemps, les lecteurs et admirateurs de Jacqueline de Romilly ont été avant tout ses auditeurs de la Sorbonne, puis du Collège de France, et la communauté internationale des hellénistes. Cela faisait déjà beaucoup de monde, d'autant que la précocité et le nombre de ses succès de jeune fille aux concours les plus ardus, ou jusqu'alors réservés aux garçons, avaient fait d'elle, dès avant la Seconde Guerre mondiale (elle était née en 1913), une vedette maintes fois photographiée d'un féminisme républicain, à une époque où celui-ci misait sur le mérite, et non sur les quotas.

En 1969, elle entra en croisade pour la sauvegarde de l'enseignement classique et des études grecques déjà marginalisés par la réforme Faure. Ses pamphlets (Nous autres professeurs,L'enseignement en détresse), ses livres de généreuse vulgarisation (Pourquoi la Grèce ?Une certaine idée de la GrèceAlcibiade,Hector et, avant-hier encore, La grandeur de l'homme au siècle de Périclès), ses apparitions à la télévision où son charisme crevait l'écran firent d'elle une étoile de plus en plus éclatante. Amer triomphe, car ce civisme épuisant et l'immense sympathie qu'il suscita n'ébranlèrent pas le moins du monde nos princes successifs, persuadés par le Saint-Esprit hégélien que le progrès technique en marche se charge lui-même de l'éducation des jeunes générations. Elle tint bon, jusqu'à épuisement, voyant bien, sous l'alibi du réalisme, à quel lâche fatalisme elle avait à faire. (...) MARC FUMAROLI, DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

 


Les premières lignes de "Jeanne"

 

 

"Jeanne au bracelet d'argent " : c'est ainsi qu'on l'appelait à cette époque, quand elle avait seize ou dix-sept ans. Je sais même d'où lui venait ce nom, et qui lui avait offert ce bracelet : un oncle le lui avait rapporté d'Indochine. J'imagine, connaissant les faibles moyens dont disposait sa famille, que ce bracelet, de provenance lointaine, devait être modeste. Sans cela, d'ailleurs, on ne le lui aurait pas laissé : quelque parente le lui aurait pris. Mais, malgré sa modestie, on prêtait attention au bijou, parce que, déjà alors, elle devait le porter avec cette fine coquetterie qui, toujours, attirait les hommes. Elle aimait plaire. Elle aimait l'élégance. Et que ne donnerais-je pour l'avoir entendue rire, alors, dans la grâce de ses seize ans !

C'est impossible, naturellement. Je ne l'ai pas connue alors. Je n'aurais pas pu : je suis sa fille - la fille de Jeanne au bracelet d'argent, ou plutôt de celle qui avait été Jeanne au bracelet d'argent. J'en suis donc réduite à l'imaginer, à partir de tout ce que j'ai su d'elle plus tard. J'ai aussi l'aide de ses photographies ; et beaucoup de photographies sont moins passées que nos souvenirs. Les photographies ne sont jamais prises dans les circonstances normales. Il s'agit de fêtes, de rencontres, de voyages. Mais sur toutes - à moins que ma connaissance de la suite ne me trompe - il me semble reconnaître, lié au charme et à la grâce, ce quelque chose d'irréductible, qui la distinguait entre toutes.

 

 



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