Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 novembre 2013 7 10 /11 /novembre /2013 06:01

 

 9 novembre

Bien des évènements se sont déroulés un 9 novembre.

Le 9 novembre 1799 (18 Brumaire An VII), par un coup d'État, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir et inaugure le Consulat avec un gouvernement constitué d'un Premier Consul (lui-même, dictateur de fait) et de deux Consuls : Cambacérès et Lebrun…

 

 

Le 9 novembre 1923, après une soirée agitée dans une brasserie de Munich, un agitateur brave la police de la ville à la tête de 3.000 militants et en compagnie du prestigieux général Ludendorff, héros de la Grande Guerre. Il a nom Adolf Hitler…


Le 9 novembre 1989, sous les caméras du monde entier, la jeunesse allemande se précipite à l'assaut du Mur de la honte…

 

Nous avons choisi d'autres évènements que nous nous proposons d’approcher dans les toutes prochaines publications.



 
9 novembre 1970

 

 

 

 

Editoriaux d'André Frossard (1915-1995) parus dans le Figaro au lendemain de la mort du général de Gaulle.

 


 

Il était ainsi fait qu'il ne pouvait que servir son pays, et, au milieu de notre tristesse, nous lui devons encore ceci d'avoir vu un jour, sous les voûtes de notre vieille cathédrale, les nations unies autour de nous dans le respect et l'amitié.

 

Sans doute leurs représentants sont-ils venus saluer une dernière fois le dernier des Grands de la Seconde Guerre mondiale, mais qui, dans cette foule attentive et muette, n'aura pas senti que la courtoisie diplomatique n'était qu'une des raisons mineures de ce concours inouï de délégations funèbres, et qui n'aura pas compris qu'il s'agissait de bien autre chose que d'un témoignage international d'admiration rendu au prestige d'un homme d'Etat ?

 

En fait, le monde politique a fait taire un instant ses dissentiments et ses ambitions pour s'incliner devant une volonté qui n'était pas une volonté de puissance, devant une grandeur qui devait bien peu de choses à la force, devant une intelligence tournée vers la paix, et, en fin de compte, c'est à « une certaine idée de la France » qu'il est venu rendre hommage.

ANDRE FROSSARD

Le Figaro, 10 novembre 1970

 

 

*   *   * 

 

 

 

La seule récompense

 

Nous pressentions qu'il tomberait d'un coup, comme ses frères, comme l'un des arbres de cette forêt des marches de l'Est où nous l'avons confiné deux fois... Il nous aura sauvés un jour du déshonneur, en chassant l'occupant des âmes françaises bien avant que les armées vinssent lui signifier ce congé sur le terrain ; il nous aura sauvés de la dictature et de la guerre civile, il nous aura rendu la confiance et l'amitié des peuples pauvres, il aura réconcilié la France avec l'image d'elle-même qu'elle avait distribuée à travers le monde, il aura reconstitué en sous-œuvre l'unité de son pays menacé de désintégration, il nous aura épargné la honte de retarder indéfiniment la libération des peuples auxquels nous avions enseigné la liberté, et nous lui aurons accordé l'an dernier, au mois d'avril, à la majorité, et pour reprendre une fois encore l'inoubliable mot du Soulier de satin, « la seule récompense qu'il méritât et qui fut digne de lui : l'ingratitude ». Il est parti avec ce viatique, précédé de peu par Edmond Michelet, son vieux compagnon, et il n'y aura pas de fin aux Mémoires ; mais cette mémoire n'aura pas de fin dans nos livres.

 

ANDRE FROSSARD

 

 

Le Figaro, 10 novembre 1970

      


 


 


 
Andre-Frossard-.jpg

André FROSSARD 


 
*    *    *

 

 

lemonde11111970mortdegaulle.jpg
 

 

lhuma11111970mortdegaulle.jpg

 

 

images.jpeg

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2013 6 09 /11 /novembre /2013 06:00

 

patrick-besson.gifChaque semaine, dans Le Point, Patrick Besson livre un délicieux billet. Il vient de donner celui-ci pour célébrer à sa façon l'anniversaire de la mort du général de Gaulle. Une friandise...au énième degré!

 

 

 

 

 

 

Le billet

de PATRICK BESSON

Le Point - Publié le 07/11/2013

 

Par PATRICK BESSON

 

 

Tournée générale

 


Après qu'il eut quitté la présidence de la République française, le général de Gaulle, quand on lui demandait à quoi il occuperait désormais ses journées, répondait : "Je vais donner des conférences dans le monde entier, comme Eisenhower et Churchill. Ils m'ont toujours dit que c'était bien payé. Il y a une chose que je n'ai jamais eu le temps de faire quand j'étais président, contrairement à mes petits camarades du privé, c'est de l'argent. Maintenant que je suis délivré de mes obligations, c'est à cela que je vais consacrer mon temps et mes capacités : faire de l'argent. Du cash."

 

La première conférence eut lieu à Cuba, devant les cadres de l'administration fiscale de M. Castro. Le Lider maximo s'était offert à prix d'or - on parle de 50 000 pesos cubains, l'équivalent de 50 000 dollars américains, soit 246 500 francs, ou 24,65 millions d'anciens francs (1) - l'opinion de M. de Gaulle sur les impôts directs et indirects ainsi que les diverses taxes locales. Dès qu'il eut terminé son speech d'une demi-heure ("Communisme et fiscalité"), le Général monta dans le Boeing 320-B d'Air France, son siège en first étant évidemment à la charge de l'État cubain, et se rendit en Iran où le chah et la chabanou assistèrent à la conférence qu'il donna pour les patrons de l'industrie pétrochimique perse : "Économie et énergie". Il toucha, pour une intervention de quarante-cinq minutes, soit un peu plus longue que celle de Cuba, 1 million de rials, l'équivalent de 690 000 francs ou 69 millions d'anciens francs. Les finances de l'Iran étaient, est-il besoin de le préciser, en meilleur état que celles de Cuba. Néanmoins, remarqua le Général dans une interview parue dans le JDD peu après son retour en France, les Cubains mirent moins de temps à le régler que les Iraniens, ce qui confirmait, ajouta-t-il avec cette aimable malice qui le caractérisait dès qu'on abordait les questions financières, que les pauvres sont moins avares que les riches, ce qui explique du reste pourquoi ils sont pauvres.

 

Quittant Téhéran, le Général se rendit successivement à Istanbul ("Islam et progrès technique", 100 000 livres turques, soit 549 000 francs, ou 54,90 millions d'anciens francs), à Tokyo ("Riz et combat contre le cholestérol", 10 millions de yens, soit 136 000 francs, ou 13,60 millions d'anciens francs), à Athènes ("Fascisme et récession", 1 million de drachmes, soit 170 000 francs, ou 17 millions d'anciens francs). Rentré en France, il se retira à Colombey-les-Deux-Églises, non sans avoir eu auparavant un entretien avec ses trois agents de change, qui lui conseillèrent deux investissements en apparence contradictoires : l'immobilier et l'or. C'est ainsi que le Général, avec son million 695 000 francs, ou 169,50 millions d'anciens francs, se porta acquéreur d'un immeuble 1930 au centre de Clichy-sous-Bois. Avec ce qui lui restait de liquidités, il fit l'achat de plusieurs lingots d'or qu'il entreposa dans son coffre blindé, au sous-sol de la Boisserie.

 

Les EAU (Émirats arabes unis) se composent de sept émirats : Abu Dhabi, Dubai, Chardja, Fudjayra, Adjman, Umm al-Qaywayn et Ras al-Khayma. La conférence que le Général se proposait de faire à Port-Rachid, le plus grand port du monde ("Entente à sept", Bahreïn et le Qatar venant de prendre leur indépendance), n'eut malheureusement pas lieu suite au décès du conférencier, ce qui fit perdre une petite fortune à ses héritiers.

 

1. Le cours des monnaies est celui de la fin des années 60 (NdA).

 

©Patrick BESSON

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2013 5 08 /11 /novembre /2013 14:31

 

 

Antisémitisme: les Juifs français parmi les plus inquiets d'Europe

De notre correspondant en Autriche, Blaise Gauquelin, publié le 08/11/2013 à  10:49

 

EXCLUSIF - En France, plus qu'ailleurs, les Juifs ont peur. Et désormais, c'est l'Europe qui l'affirme. En effet, une étude inédite de l'Agence européenne des droits fondamentaux (FRA), qui va faire du bruit, indique que dans l'Hexagone, les Juifs sont pessimistes sur leur avenir. En cause: l'islam radical. 


"À Paris, les parents disent à leurs enfants de ne pas mettre de kipa dans le métro ou sur les Champs-Élysées" souligne Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF).


85% des Juifs français estiment que l'antisémitisme est un problème dans leur pays, contre 66% au niveau européen. Ils sont 88% à en dénoncer la hausse depuis 5 ans, contre 76% sur le reste du continent. Et 46% d'entre eux pensent même à émigrer, parce qu'ils ne se sentent plus en sécurité chez eux, contre 29% ailleurs.  

 

Dans sa première étude comparative du genre, consultée en exclusivité par L'Express avant sa sortie, l'Agence européenne des droits fondamentaux (FRA), basée à Vienne, en Autriche, révèle une peur de l'antisémitisme en hausse dans toute l'Europe. Mais ce sont bien les Juifs de France qui semblent les plus inquiets pour leur avenir, la tuerie de Toulouse ayant renforcé leur sentiment d'insécurité. 

 

"On nous demande de nous disperser rapidement à la sortie de la synagogue, répond, par exemple, une Française interrogée. D'ailleurs, on doit se protéger avec des forces spéciales de sécurité, or il me semble que ce n'est pas quelque chose qui est nécessaire à la sortie des églises, des temples ou des mosquées."  

 

La FRA a enquêté en ligne, en septembre et octobre 2012, interrogeant près de 6.000 Juifs dans huit pays, représentant environ 90% de la population juive de l'Union européenne. 1.192 Français ont répondu à ses questions. Elle va présenter ses résultats, qu'elle juge très inquiétants, aujourd'hui à Vienne, à la veille des 75 ans de la "nuit de cristal", organisée par les nazis contre les Juifs. 

 

"Ce rapport ne fait que confirmer ce que je ressens depuis quelques années, commente, accablé, Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des Institutions juives de France (CRIF) et vice-président du Congrès juif mondial. Les Juifs se promènent à Londres ou à Berlin sans soucis, mais à Paris, les parents disent à leurs enfants de ne pas mettre de kipa dans le métro ou sur les Champs-Élysées." 

 

Dans l'Hexagone, selon les personnes interrogées, les commentaires les plus fréquents effectués sur des Juifs par des non juifs sont : "Israël se comporte comme les nazis envers les Palestiniens" et "les Juifs ont trop de pouvoir en France (économie, médias, politique)".  

 

Pour éviter d'être confrontés aux préjugés, 74% d'entre eux disent renoncer parfois à porter des signes distinctifs, tels que la kipa (contre 68% dans le reste de l'Europe). Plus grave, ils sont 10% à affirmer avoir déjà subit des violences physiques ou des menaces de violence (7% ailleurs). Les trois quarts des Juifs français estiment que le conflit israélo-arabe a un impact négatif sur leur vie quotidienne (contre 40% en Europe). 

 

L'antisémite n°1: l'islamiste radical

Quand on leur demande qui est responsable de cette montée de l'antisémitisme, les Juifs de France pointent d'abord les extrémistes musulmans (73%) et les militants d'extrême-gauche (67%), bien avant ceux d'extrême-droite (27%), un phénomène qui s'est inversé au fil des années. A titre de comparaison, "seuls" 56% des Juifs britanniques ou 48% des Juifs allemands se sentent menacés par les islamistes, alors que ces pays ont également une forte communauté musulmane. 

 

De quoi faire réagir, car la FRA estime que ce nouveau sentiment d'insécurité des Juifs de France est tout sauf irrationnel : le nombre d'actes antisémites enregistré en France a presque doublé entre 2011 et 2012, principalement en réaction à l'assassinat de quatre personnes, à la sortie d'une école juive de Toulouse, en mars 2012, par l'islamiste Mohamed Merah.  

 

Elle cite d'ailleurs un récent rapport de la LICRA : "loin de causer un électrochoc dans la société, pouvait-on y lire, ces meurtres, au contraire, ont été suivis de nombreux incidents ciblant les membres de la communauté juive et causés principalement par des jeunes, pour qui l'assassin était devenu un héros". 

 

Le CRIF, qui aspire à une formation des imams en France, a l'impression d'une multiplication des dangers potentiels, d'un antisémitisme plus diffus, qui faire ressentir aux Juifs qu'ils ne sont plus les bienvenus en Europe. 

 

Il dénonce, en vrac, la progression du FN, le discours antisioniste, "nouvel habit de l'extrême-gauche, plus élégant, sans doute que l'antisémitisme", selon Roger Cukierman, l'appel au boycott des produits israéliens ou encore les investissements massifs du Qatar, un pays qui soutient les Frères musulmans, dans l'économie française. 

 

Droitisation des Juifs de France

Du coup, on se pose la question : et si, en réaction, les Juifs de France, à l'image du reste de la société, se droitisaient eux aussi ? "Oui, sans doute, répond Roger Cuikerman, prudent. Mais j'ai rétabli le dialogue avec les communistes et les Verts et je récuse l'idée que les Juifs pourraient voter pour le Front National, qui veut faire croire aux Juifs qu'il les protège contre les jeunes des banlieues. Ceux qui franchiront le pas resteront une toute petite minorité." 

 

Quoi qu'il en soit, l'agence des droits fondamentaux demande aux Français Juifs victimes d'antisémitisme de signaler systématiquement les incidents, ce qui ne serait toujours pas un réflexe pour les trois quarts d'entre eux. 

 

"Nos résultats démontrent un grave et indéniable sentiment d'insécurité des Juifs de France" conclut Henri Nickels, qui a participé à la réalisation de cette étude, au nom de la FRA. "Maintenant, il est important que votre pays analyse les raisons de ce sentiment et mette en oeuvre des politiques, afin de permettre aux Juifs de vivre pleinement leur identité, comme ils l'entendent, sans crainte et au grand jour." 

 

Seul point positif relevé par la FRA : la France serait le seul pays d'Europe à avoir demandé des comptes à Twitter, après l'apparition d'un hashtag antisémite, le désormais tristement fameux #unbonjuif 

 

 

©L'EXPRESS.FR, le 8/11/2013

 

 


Partager cet article
Repost0
6 novembre 2013 3 06 /11 /novembre /2013 08:15

 

 

Les illustrations de cet article sont de Sandrine Rotil-Tiefenbach

Sandrine1.jpg

 

 

 

 

Paris, enfer des chevaux

 

 

L'intensité de la circulation dans Paris augmente sans cesse. Une statistique de la préfecture de police démontrait, ces jours derniers, que, de trois heures à sept heures du soir, 6.530 véhicules passent aux Champs-Elysées, 9.889 au carrefour de la rue Royale et de la rue Saint-Honoré, 8.201 au carrefour Drouot... Si l' on ajoute à cela que la capitale n' est plus qu'un immense chantier, que, de toutes parts, se dressent des palissades, s' élèvent des échafaudages qui encombrent la voie publique, que nos rues et nos boulevards ne sont plus que plaies et bosses, on comprendra quels dangers courent les malheureux piétons forcés de s' y aventurer.
Mais les piétons, du moins, ont le trottoir pour se garer... Les véritables victimes d'un pareil état de choses, ce sont les chevaux.
Si habiles que soient les cochers parisiens, leur habileté ne suffit pas à guider les malheureuses bêtes à travers tous ces obstacles. Jamais on n' a vu tant d' accidents, tant de chevaux abattus. 
La difficulté de conduire au milieu de ces voies continuellement encombrées augmente le martyre des pauvres bêtes. Leur travail est un supplice, leur vie une perpétuelle torture. Et leur aspect lamentable dit assez combien leur condition est misérable et douloureuse.
 Quelle que soit la saison, le martyre des chevaux de Paris est le même. En hiver, la gelée, le verglas rendent leur course dangereuse sur l'asphalte. Mais sont-ils plus heureux par les chaleurs de l'été, si dures à supporter dans la grande ville envahie par les poussières malsaines ? Épuisés de fatigue, couverts de sueur, ils vont, la mousse aux lèvres, l'oeil éteint, pitoyables images de l' esclavage et de la résignation.
Parfois, pourtant, quand les mouches les ont trop harcelés, quand le fouet les a trop cinglés, quand le mors leur a mis la bouche en sang, ils s' affolent, ils s' emballent et se précipitent, tête baissée, vers la délivrance, vers la mort !
Ne souriez pas... L'animal est capable de manifester la volonté de mourir. Il y a quelques années, sur le pont des Saint Pères, un cheval battu par son maître était tombé. Lorsqu'on l'eut débarrassé de ses rênes et de ses licous, avant qu'il fût possible de le retenir, il se dressa d'un bond, sauta par-dessus le parapet et se jeta dans le fleuve. Tous ceux qui assistèrent à la scène déclarèrent que l'acte de l'animal semblait réfléchi.
 S'il est encore des gens pour croire à l'automatisme des bêtes, quel argument à leur servir que ce simple suicide d'un cheval ! Oui, Paris, aujourd'hui, est plus que jamais l'enfer des chevaux. Depuis l'adoption du taximètre, ces malheureux animaux ne connaissent plus guère de repos. Il faut trotter sans cesse, aller vite, toujours plus vite. Le « taxi » est parfait pour les clients, pour les cochers, pour les Compagnies, le cheval seul en souffre... Mais celui-là ne se plaint pas... Il va, fourbu, jusqu'à ce qu'il en crève.

 

 

Ernest Laud pour Le Petit Journal illustré du 10 mai 1908

 

 

Sandrine2.jpg

 

 

 

 

Sandrine3.jpg

 

 

 

Les croquis 1 et 2 sont de Sandrine Rotil-Tiefenbach ainsi que la photo.

©Sandrine Rotil-Tiefenbach

Partager cet article
Repost0
1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 06:03

 

 

 

Le mot image de Joël Guenoun

 

 

 

 

 

 

 

GUENOUN.jpg

©Joël Guenoun

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2013 2 24 /09 /septembre /2013 05:43

 

 

 

Albert-Goring.png 

 

 

 

1.Prénom : Albert. Nom : Göring

 

En 1938, après l’Anschluss, on peut voir un dandy, fume-cigarettes aux lèvres, le regard moqueur et légèrement provocateur, se mêler aux vieilles juives contraintes par la Gestapo de nettoyer les pavés avec des brosses à dents. Ou encore, lorsque la propriétaire d’un magasin de couleurs est obligée de se mettre dans la vitrine avec autour du cou une pancarte où les passants lisent : " Je suis une sale Juive ", le même homme intervenir pour l’aider à s’enfuir. Ce dandy porte un nom qui en impose à la Gestapo : Göring. Prénom : Albert. Dès qu’il montre ses papiers d’identité, il est relâché. Nul n’ignore qu’il bénéficie de la protection de son frère, Hermann, qui le considère comme le " mouton noir " de la famille, mais qui le sauve chaque fois in extremis. Car Albert prend des risques : il lui arrive de se rendre à Dachau ou à Theresienstadt pour libérer des amis juifs, signant de son seul patronyme.

 

Par ailleurs, il fréquente assidûment les cafés viennois, aime les jeunes et jolies femmes, joue aux échecs, écrit des scénarios avant de diriger l’usine d’armement Skoda, en Tchécoslovaquie, usine où le salut hitlérien est interdit. Albert n’est pas un anti-nazi par idéologie ( il n’en épouse aucune ), ni par religion ( il est athée ), ni par humanisme ( il connaît trop bien les hommes pour se faire la moindre illusion sur eux ). Ce qui le révulse, c’est la vulgarité de ce régime, la haine qu’il suinte, son mépris de l’art et sa logique clanique. Il ne le sous-estime par pour autant : si Hitler était ce gangster loufoque que décrivent ses ennemis, ce serait un jeu d’enfant de s’en débarrasser. Malheureusement pour les Alliés, il est très doué.

 

D’Albert Göring, les psychiatres diront de lui : " Personnalité pas facile à saisir " lorsqu’il sera incarcéré par l’armée américaine dans une cellule jouxtant celle de son frère. Pourtant, dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il s ‘est exilé à Vienne où il obtiendra la nationalité autrichienne. Il ne cache pas ses convictions : " J’ai un frère qui s’est acoquiné avec ce salopard d’Hitler et, s’il continue comme ça, cela finira mal pour lui… Je crache sur Hitler, sur mon frère et sur tout le régime nazi. " Un de ses amis juifs, l’écrivain Ernst Neubach, rapportera ses propos et ses actes de résistance dans un article paru en 1962 : " Mon ami Göring " et de nombreux témoignages, dont celui du producteur Oscar Pilzer, confirmeront qu’il a sauvé de nombreux Juifs de la déportation.

 

Mais, à la fin de la guerre, le nom de Göring est une malédiction. Les Américains, auxquels il s’est livré le 9 mai 1945 à Nüremberg, ne veulent pas croire qu’il existe un " bon " Göring, même si son frère s’acharne à le disculper. Ironie du sort : les deux frères Göring sont incarcérés dans la prison d’Augsburg à quelques cellules de distance. Hermann se suicidera le 15 octobre 1946. Quant à Albert, les Américains, toujours dubitatifs, le livreront aux autorités tchèques. En 1947, il sera jugé et libéré après l’intervention d’ouvriers de Skoda qui révéleront ses actes de sabotage et celle d’Ernst Neubach qui parle des " centaines d’hommes et de femmes qui ont échappé à la Gestapo, aux camps de concentration et aux bourreaux " grâce à Albert Göring. Il est vraisemblable que l’État d’Israël lui accordera, maintenant que les historiens s’intéressent à son étrange destin, l’honneur de figurer au mémorial de l’Holocauste, Yad Vashem, comme " Juste parmi les Nations ".

 

Ce qui ne manque pas d’intriguer, c’est qu’Albert n’a laissé aucune trace écrite. On ne saura jamais pourquoi le frère cadet d’un des auteurs de la Solution Finale et numéro deux d’Hitler, a combattu avec une telle désinvolture un régime qu’il exécrait. Sans doute est-ce cela qui définit un dandy : il n’éprouve pas le besoin de s’expliquer, ni de se justifier. Et moins encore de se plaindre. Toujours considéré comme un paria en Allemagne après la guerre, abandonné par sa femme, refusant de changer de nom, suspect à vie, Albert Göring se suicidera en 1966, sans avoir été réhabilité. Il n’est même pas certain qu’il en ait éprouvé de l’amertume. Il aspirait à demeurer élégant en toutes circonstances. Il y est parvenu. Gageons qu’après " La Liste de Schindler " de Spielberg, un film ne manquera pas d’être consacré à " La Liste de Göring " : ce sera la revanche définitive d’Albert sur Hermann.

 

 

2. La magie de l’extrême.

 

 

 

Un rendez-vous qui n’aurait pas déplu à Albert Göring est celui auquel nous convie Jean-Marie Paul avec les maîtres du pessimisme européen – de Schopenhauer à Baudelaire (1). Son essai est d’autant plus jouissif que Jean-Marie Paul est persuadé à juste titre que les vraies rencontres philosophiques passent par la littérature. Et qu’en définitive seul le style peut imposer une pensée et nous soustraire aux désagréments de l’existence. Ce qui, contrairement à ce que des esprits simplistes pourraient penser, ne va pas à l’encontre du pessimisme, mais bien au contraire l’authentifie : le pessimiste – dont on concédera qu’il agit rarement en accord avec sa philosophie – est d’abord un homme qui ne se résout pas à être mortel, possédé qu’il est par un désir d’éternité inavoué. " Quand un homme, écrit Jean-Marie Paul, est intégralement habité par une vision noire des hommes et de la société, quand il est hanté par la mort et le suicide, comme l’écrivain Jean Améry, ce n’est pas à sa vie qu’il met fin, mais à la mort. Il tue la mort. Il anéantit la terreur. "

 

À l’opposé du pessimiste, l’optimiste croit en la bonté originelle de l’homme et aux vertus du progrès. Il faut avoir un estomac solide et un sommeil profond, voire une certaine forme de vulgarité, pour adopter cette posture. Le pessimiste, ce rabat-joie, se tromperait-il en voyant la vie plus noire qu’elle ne l’est et l’optimiste, ce benêt, en la perpétuant et en l’exaltant ? Je me garderai de répondre à cette cette question pour ne blesser personne. En revanche, la magie de l’extrême que distille Jean-Marie Paul nous la partagerons volontiers avec tous ceux qui ont pour l’artifice et le spleen un goût immodéré. Le pessimisme permet de jouir de tout sans jamais perdre de vue que la vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit, désir qui ne changera en rien sa condition, quoi qu’il en pense.

 

3. La machine à disparaître.

 

 

 

Le livre de philosophie que je relis le plus souvent n’est pas signé Platon, Schopenhauer, Nietzsche ou Bergson, mais Andy Warhol. Chaque page de " Ma philosophie de A à B " me ravit. J’éprouve presque de l’envie pour le mec qui a écrit ça avec un humour et une désinvolture proches de Woody Allen, la profondeur en plus. Mais une profondeur d’une telle allégresse que les professeurs de philosophie y demeurent insensibles. C’est navrant pour leurs élèves qui trouveraient dans l’irrévérence et la drôlerie d’Andy Warhol, matière à penser, à penser vraiment, plutôt qu’à faire semblant et à ânonner des citations absconses sans aucun rapport avec leur existence. Les humains, leur enseignerait Warhol, laissent souvent un même problème faire leur malheur pendant des années, alors qu’ils pourraient dire simplement : " Et alors ? " C’est d’ailleurs une de ses locutions préférées : Et alors ?

- Ma mère ne m’a pas aimé … Et alors ?

- Mon mari ne veut plus me baiser … Et alors ?

- Je réussis, mais je suis toujours seul… Et alors ?

De même que le philosophe viennois Hans Vaihinger a inventé à Vienne en 1911 la philosophie du " Comme si ", Andy Warhol a créé celle du " Et alors ? " Quoi qu’on puisse leur objecter, elles sont d’une efficacité redoutable. En tout cas, elles l’ont été pour moi, moi qui, comme Stirner, Cioran ou Caraco, n’ait fondé ma Cause sur Rien.

Andy Warhol pensait aussi souvent à sa mort. Il ne voulait laisser aucun reste. Il ne voulait pas être un reste non plus. En regardant la télévision, il a vu une femme entrer dans une machine à rayons et disparaître. " C’était formidable, a-t-il écrit, parce que la matière est énergie. Cette femme s’est tout simplement éparpillée. Ce pourrait être une invention américaine, la meilleure invention américaine : pouvoir disparaître ainsi. " L’art d’Andy Warhol est une tentative de créer cette machine à disparaître. Et ce n’est pas parce qu’il ne croyait en rien que ce rien n’était rien. Andy Warhol ne cesse d’en faire la démonstration. S’il avait eu une émission de télévision à lui, il l’aurait appelée : Rien de spécial. Albert Göring aussi a dû penser qu’il n’avait rien fait de spécial. C’est à cela qu’on reconnaît un dandy.

( 1 ) Jean-Marie Paul: " Du Pessimisme " . Éd. Encre Marine

 

 

Roland JACCARD

© 2013 Roland JACCARD

 

 

 

 

 

Né le 22 septembre 1941 à Lausanne, Roland Jaccard vit et travaille à Paris depuis de nombreuses années.

Essayiste, il se fait connaître en 1975 par L'exil intérieur, essai qui a marqué des générations de lecteurs. Romancier, il écrit Sugar Babies, Flirt en hiver, Une fille pour l'été. On lui doit également une trilogie autobiographique L'âme est un vaste pays, Des femmes disparaissent, L'ombre d'une frange et des recueils de textes critiques Le cimetière de la morale. Auteur de monographies dont une consacrée à l'actrice Louise Brooks, il publie un Manifeste pour une mort douce en compagnie du directeur du Musée de l'art brut à Lausanne, Michel Thévoz.

Roland Jaccard est aussi un spécialiste de psychanalyse : journaliste spécialisé responsable de la rubrique « psychanalyse » au journal Le Monde, on lui doit plusieurs essais sur Sigmund Freud ainsi qu'une Histoire de la psychanalyse. Il est également directeur de la collection "Perspectives critiques" aux Presses universitaires de France.

Les lignes de sa philosophie tiennent très souvent aux titres de ses livres : cynisme, nihilisme, séductions, rire et pessimisme. Cet ami de E. Cioran, à l'écriture ciselée et précise, conçoit toute vie comme un fardeau auquel seul le suicide serait digne de mettre un terme.

SOURCES: A. Nicollier, H.-Ch. Dahlem, Dictionnaire des écrivains suisses d'expression française, vol. 1, p. 476-47 ; Histoire de la littérature en Suisse romande, sous la dir. de R. Francillon, vol. 4, p. 234, 249-251, 444 ; L'Hebdo, 2005/05/12 rêves d'enfant, p. 82 [Bibliothèque cantonale et universitaire-Lausanne. BCU/Doc. vaudoise/bs/2011/04]

 

 

 

 

 

 


Partager cet article
Repost0
16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 07:55

 

 

 

 

romain-gary.jpg

 

 

 

"- Tu te rappelles, le reptile préhistorique qui est sorti pour la première fois de la vase, au début du primaire ? Il s'est mis à vivre à l'air libre, à respirer sans poumons, en attendant qu'il lui en vienne ?

- Je ne me rappelle pas, mais je l'ai lu quelque part.

- Bon... Eh bien ! Le gars-là, il était fou, lui aussi... complètement loufdingue. C'est pour ça qu'il a essayé. C'est notre ancêtre à tous, il ne faudrait tout de même pas l'oublier. On serait pas là sans lui. Il était gonflé, il n'y a pas de doute. Il faut essayer, nous aussi, c'est ça, le progrès. A force d'essayer, comme lui, peut-être, qu'on aura à la fin les organes nécessaires, par exemple, l'organe de la dignité, ou de la fraternité..."


 

Roman GARY

Les racines du ciel

 

 

 

 

Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est un diplomate et romancier français, de langue française et de langue anglaise, né le 8 mai 1914 à Vilna, Wilno après la Grande Guerre, aujourd’hui Vilnius et mort le 2 décembre 1980 à Paris. Il est Compagnon de la Libération.

 

 

 


Partager cet article
Repost0
15 septembre 2013 7 15 /09 /septembre /2013 05:26



 

SidonieGabrielleColette.jpgLes Vrilles de la Vigne sont un recueil de nouvelles de Colette qui paraît en 1908. C'est également le titre de la première nouvelle. 


On y trouve aussi Nuit Blanche, une courte nouvelle de quelques pages. Nous avions prévu d’en publier des extraits, pour ne pas lasser. Mais toute coupe nous est parue impossible tant le ravissement habite chaque phrase.


 

 

 

 

Sidonie Gabrielle COLETTE. 

 

 

 

 

 

NUIT BLANCHE

 

 

 


Il n'y a dans notre maison qu'un lit, trop large pour toi, un peu étroit pour nous deux. Il est chaste, tout blanc, tout nu ; aucune draperie ne voile, en plein jour, son honnête candeur. Ceux qui viennent nous voir le regardent tranquillement, et ne détournent pas les yeux d'un air complice, car il est marqué, au milieu, d'un seul vallon moelleux, comme le lit d'une jeune fille qui dort seule. Ils ne savent pas, ceux qui entrent ici, que chaque nuit le poids de nos deux corps joints creuse un peu plus sous son linceul voluptueux, ce vallon pas plus large qu'une tombe. 

 

(…)

 

Un halo de parfum le nimbe ; il embaume, rigide et blanc, comme le corps d'une bienheureuse défunte. C'est un parfum compliqué qui surprend, qu'on respire attentivement, avec le souci d'y démêler l'âme blonde de ton tabac favori, l'arôme plus blond de ta peau si claire et ce santal brûlé qui s'exhale de moi ; mais cette agreste odeur d'herbes écrasées, qui peut dire si elle est mienne ou tienne ? 

 

Reçois-nous ce soir, ô notre lit, et que ton frais vallon se creuse un peu plus sous la torpeur fiévreuse dont nous enivra une journée de printemps, dans les jardins et dans les bois !...

 

Je gis sans mouvement, la tête sur ta douce épaule je vais sûrement, jusqu'à demain, descendre au fond d'un noir sommeil, un sommeil si têtu, si fermé, que les ailes des rêves le viendront battre en vain. Je vais dormir... Attends seulement que je cherche, pour la plante de mes pieds qui fourmille et brûle, une place toute fraîche... Tu n'as pas bougé. Tu respires à longs traits, mais je sens ton épaule encore éveillée, attentive à se creuser sous ma joue... Dormons... Les nuits de mai sont si courtes. Malgré l'obscurité bleue qui nous baigne, mes paupières sont encore pleines de soleil, de flammes roses, d'ombres qui bougent, balancées, et je contemple ma journée les yeux clos, comme on se penche, derrière l'abri d'une persienne, sur un jardin d'été éblouissant...

 

Comme mon coeur bat ! J'entends aussi le tien sous mon oreille. Tu ne dors pas ? Je lève un peu la tête, devine la pâleur de ton visage renversé, l'ombre fauve de tes courts cheveux. Tes genoux sont frais comme deux oranges... Tourne-toi de mon côté, pour que les miens leur volent cette lisse fraîcheur... 

 

Ah ! dormons !... Mille fois mille fourmis courent avec mon sang sous ma peau. Les muscles de mes mollets battent, mes oreilles tressaillent, et notre doux lit ce soir, est-il jonché d'aiguilles de pin ? Dormons ! je le veux !

 

Je ne puis dormir. Mon insomnie heureuse palpite allègre, et je devine, en ton immobilité, le même accablement frémissant... Tu ne bouges pas. Tu espères que je dors. Ton bras se resserre parfois autour de moi, par tendre habitude, et tes pieds charmants s'enlacent au mien... Le sommeil s'approche, me frôle et fuit... Je le vois ! Il est pareil à ce papillon de lourd velours que je poursuivais, dans le jardin enflammé d'iris... Tu te souviens ? Quelle lumière, quelle jeunesse impatiente exaltait toute cette journée !... Une brise acide et pressée jetait sur le soleil une fumée de nuages rapides, fanait en passant les feuilles trop tendres des tilleuls, et les fleurs du noyer tombaient en chenilles roussies sur nos cheveux, avec les fleurs des paulownias, d'un mauve pluvieux de ciel parisien... Les pousses des cassis que tu froissais, l'oseille sauvage en rosace parmi le gazon, la menthe toute jeune, encore brune, la sauge duvetée comme une oreille de lièvre - tout débordait d'un suc énergique et poivré, dont je mêlais sur mes lèvres le goût d'alcool et de citronnelle...

Je ne savais que rire et crier, en foulant la longue herbe juteuse qui tachait ma robe... Ta tranquille joie veillait sur ma folie, et quand j'ai tendu la main pour atteindre ces églantines, tu sais, d'un rose si ému - la tienne a rompu la branche avant moi, et tu as enlevé, une à une, les petites épines courbes, couleur de corail, en forme de griffes... Tu m'as donné les fleurs désarmées... 

 

Tu m'as donné les fleurs désarmées... Tu m'as donné, pour que je m'y repose haletante, la place la meilleure à l'ombre, sous le lilas de Perse aux grappes mûres... Tu m'as cueilli les larges bleuets de corbeilles, fleurs enchantées dont le cœur velu embaume l'abricot... Tu m'as donné la crème du petit pot de lait, à l'heure du goûter où ma faim féroce te faisait sourire... Tu m'as donné le pain le plus doré, et je vois encore ta main transparente dans le soleil, levée pour chasser la guêpe qui grésillait, prise dans les boucles de mes cheveux... Tu as jeté sur mes épaules une mante légère, quand un nuage plus long, vers la fin du jour, a passé ralenti, et que j'ai frissonné, toute moite, toute ivre d'un plaisir sans nom parmi les hommes, le plaisir ingénu des bêtes heureuses dans le printemps... Tu m'as dit : 

« Reviens... arrête-toi... Rentrons ! ». Tu m'as dit...

 

Ah ! si je pense à toi, c'en est fait de mon repos. Quelle heure vient de sonner ? Voici que les fenêtres bleuissent. J'entends bourdonner mon sang, ou bien c'est le murmure des jardins, là-bas... Tu dors ? non. Si j'approchais ma joue de la tienne, je sentirais tes cils frémir comme l'aile d'une mouche captive... Tu ne dors pas. Tu épies ma fièvre. Tu m'abrites contre les mauvais songes; tu penses à moi comme je pense à toi, et nous feignons, par une étrange pudeur sentimentale, un paisible sommeil. Tout mon corps s'abandonne, détendu, et ma nuque pèse sur ta douce épaule ; - mais nos pensées s'aiment discrètement à travers cette aube bleue, si prompte à grandir...

 

Bientôt la barre lumineuse, entre les rideaux, va s'aviver, rosir... Encore quelques minutes, et je pourrai lire, sur ton beau front, sur ton menton délicat, sur ta bouche triste et tes paupières fermées, la volonté de paraître dormir... C'est l'heure où ma fatigue, mon insomnie énervées ne pourront plus se taire, où je jetterai mes bras hors de ce lit enfiévré, et mes talons méchants déjà préparent leur ruade sournoise...

 

Alors tu feindras de t'éveiller ! Alors je pourrai réfugier en toi, avec de confuses plaintes injustes, des soupirs excédés, des crispations qui maudiront le jour déjà venu, la nuit si longue à finir, le bruit de la rue… Car je sais bien qu'alors tu resserreras ton étreinte, et que, si le bercement de tes bras ne suffit pas à me calmer, ton baiser se fera plus tenace, tes mains plus amoureuses, et que tu m'accorderas la volupté comme un secours, comme l'exorcisme souverain qui chasse de moi les démons de la fièvre, de la colère, de l'inquiétude... Tu me donneras la volupté, penchée sur moi, les yeux pleins d'une anxiété maternelle, toi qui cherches, à travers ton amie passionnée, l'enfant que tu n'as pas eu...

 

 

Colette

1908

 

 


Partager cet article
Repost0
21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 14:00

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
19 août 2013 1 19 /08 /août /2013 13:17

 

 

 

Oral Contraception

I must pause for one fast second and say a fast word about oral contraception. I was involved in an extremely good example of oral contraception two weeks ago. I asked a girl to go to bed with me, and she said "No".

 

 

 

 

W.Allen.-28-7-13.jpg

 

 


Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : nuageneuf.over-blog.com
  • : Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
  • Contact

Recherche

Archives

Pages