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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 06:57

 

 

« Nous habitons l’absence » écrit le poète Houellebecq dès le premier poème. Ce vers de six syllabes, où son et sens fusionnent, condense notre époque : notre monde dévasté, nos semblants de vie et notre désertion de la transcendance.

 

Le vers aurait pu être écrit par Rimbaud, en écho à « La vraie vie est ailleurs ». Rimbaud condamne comme déraisonnable une aventure amoureuse vécue comme une fuite dans l'imaginaire et le simulacre :

"Quelle vie! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde", dit la Vierge folle

(…) « Ses délicatesses mystérieuses m'avaient séduite. J'ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre. Quelle vie ! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. Je vais où il va, il le faut. Et souvent il s'emporte contre moi, moi, la pauvre âme. »

Arthur Rimbaud, Vierge folle, l'Époux infernal, extrait.

 

 

 

Par la mort du plus pur

 

 

Par la mort du plus pur

Toute joie est invalidée

La poitrine est comme évidée,

Et l’œil en tout connaît l’obscur.

 

 

Il faut quelques secondes

Pour effacer un monde. 

 

 

Disparue la croyance

Qui permet d’édifier

D’être et de sanctifier

Nous habitons l’absence.

 

 

Puis la vue disparaît

Des êtres les plus proches. 

 

 

Michel Houellebecq

Configuration du dernier rivage

(Flammarion, 2013) 

 

 

Michel-Houellebecq.jpg

Michel Houellebecq, un corgy sur l'épaule...(*)

 

 

 

(*) Expatrié volontaire en Irlande, sitting near the fire place avec un corgy sur l'épaule, l'homme qui porte une chemise orange Deschiens sur une veste en tweed ne peut décidément pas être mauvais.


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27 mai 2013 1 27 /05 /mai /2013 07:40

 

 

 

Sur le soupir de l'amie

 

 

 

Sur le soupir de l'amie

toute la nuit se soulève,

une caresse brève

parcourt le ciel ébloui.

 

 

 

C'est comme si dans l'univers

une force élémentaire

redevenait la mère

de tout amour qui se perd.

 

 

 

Rainer Maria RILKE

Vergers, 1926

 

 

 >> Tous les poèmes du recueil VERGERS sont écrits en français.

 

 

 

Mathieu-L-election-de-Charles-Quint-1971.jpeg

Georges MATHIEU

L'élection de Charles Quint, 1971


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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 09:13

 

 

 

Quatre-vingt-dix ans


Le soleil s'infiltre dans sa chambre

Elle sent la douleur de ses membres

Lui rappeler dès le premier mouvement

Qu'elle a déjà quatre-vingt-dix ans

 

 

Quatre-vingt-dix ans déjà

Elle se lève, s'appuie sur son bras

Sur lequel subsiste une marque bleue

Matricule soixante mille quarante-deux

 

 

Dans son quartier ils l'appellent tous Mamie

Les commerçants sont presque ses amis

C'est de loin la vieille la plus respectable

Ils aiment savoir leurs produits sur sa table

 

 

La journée passe entre action et ennui

Puis elle s'allonge gracieusement sur son lit

En allumant machinalement

Son poste de télévision

 

 

On ne peut pas dire qu'elle est fan de tout ça

Mais le soir elle aime entendre des voix

De temps en temps elle apprend quelque chose

Et les banalités la reposent

 

 

Mais ce soir ce n'est pas pareil

Elle ose à peine se fier à ses oreilles

Un "politique" joue l'historien pressé

Qualifiant de détail son lourd passé

 

 

Mais de quel détail peut-il bien parler

Etaient-ce les femmes qu'on entendait hurler

Les étoiles jaunes cousues sur les chemises

Les enfants fusillés, la fumée grise

 

 

C'était à l'aube de ses trente-cinq ans

C'était à l'aube de son troisième enfant

Une nouvelle ère inondait la Nation

Basée sur le crime et l'humiliation

 

 

Mais de quel détail peut-il bien s'agir

Et que peut-il nous arriver de pire

Que l'on soit victime ou bourreau

La honte nous poursuivra jusqu'au tombeau

 

 

Elle revoit toute sa vie en un instant

Le bonheur brisé d'une génération

Les droits perdus retrouvés peu à peu

L'oubli des imbéciles et des envieux

 

 

Elle revoit toute sa vie comme un outrage

L'homme qu'elle aimait, partir dans un nuage

Ses enfants grandir dans la peur

Sa descendance étouffer sa rancœur

 

 

Puis elle se sent céder, elle veut mourir

Ne plus survivre, ne plus entendre dire

Que six millions de vies assassinées

Ne sont qu'un détail du passé

 

 

Elle n'entend pas la clé dans sa serrure

Dans sa tête ne résonne que l'injure

Elle n'entend pas les pas dans son couloir

Elle ne voit pas les trois vieillards

 

 

Pourtant ils sont bien là et ils l'appellent

Pourtant ils crient pour qu'elle revienne à elle

Trois hommes épargnés par le temps

Trois hommes aux cheveux gris, qui crient "Maman"

 

 

Maman, bats toi, il faut que tu respires

Maman, trouves vite quelque chose à dire

Fais nous un signe, il faut que tu reviennes

Ne te laisses pas tuer, parle ! peine !

 

 

Maman tu as encore beaucoup à faire

Dis à ton cœur de battre toute sa colère

Maman, surtout, faut pas pleurer

C'est juste un con qui passe à la télé

 

 

Maman, regarde nos enfants

Ils sont sortis d'Egypte y a trois mille ans

Et chaque année ils rendent encore hommage

A leurs ancêtres victimes de l'esclavage

 

 

Nos petits enfants sont là pour te fêter

C'est leur surprise, ils t'attendent à côté

Ne nous laisse pas un sentiment amer

Le jour de ton anniversaire

 

 

Quatre-vingt-dix ans déjà

Une force à défier des soldats

Elle se redresse sous les yeux ébahis

De Jonathan, David et Jérémie

 

 

Elle serre ses fils, puis elle se met debout

Plus rien ne compte à part ce rendez-vous

Avec plus de cinquante garçons et filles

Sa plus grande valeur, sa famille...

 

 

Il y a Daniel, et Esther, sa petite sœur

Qui savent leurs dix commandements par cœur

Joseph, Sarah, Noémie et Simon

Petits gardiens d'une grande tradition

 

 

Et puis, bien sûr, Julie et Nicolas

Rémy, Lucie, Gilles et Alexandra

Les petits derniers nés d'un mariage mixte

Qui ne seront jamais négationnistes

 

 

Car il connaissent parfaitement leur histoire

Car chacun d'eux est un bout de mémoire

Malgré leur âge ils ont beaucoup souffert

A travers les souvenirs d'une grand-mère

 

 

Elle pose ses mains sur chacune de leur tête

Les yeux troublés, le cœur en fête

Ils chantent son nom et quand viendra la nuit

Chacun ira l'embrasser dans son lit

 

 

Le soleil illumine sa chambre

Elle sent la douleur de ses membres

Disparaître dès le premier mouvement

Malgré le poids des quatre-vingt-dix ans

 

 

Le matricule soixante mille quarante-deux

Vivra encore une décennie ou deux

Portant au bras jusqu'au dernier voyage

Comme une preuve, son tatouage

 

 

Face au cyclope et sa troupe de paille

Elle sera là comme un dernier détail

Bravant les faux et les contorsionnistes

Elle sera là, Perfectionniste...

 

 

 

Stéphane SOLOMON

 

 

Printemps-a-Bergen-Belsen.jpg

René BAUMER

Printemps à Bergen-Belsen, 1965

Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon)

 


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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 08:00

 

 

 

 

 

"Portez ce vieux whisky

 

au juge blond qui fume." 

 

 

Georges PEREC

 

 

Notre cher poète fou des mots réalise avec cette phrase le pangramme le plus court de la langue française, le pangramme consistant en une phrase intelligible qui contient chaque lettre de l'alphabet. Et de surcroît, c'est un alexandrin !

 

 

Les anglais ont bien entendu le leur :

 

"The quick brown fox jumps

 

over the lazy dog."


the-quick-brown-fox-jumps-over-the-lazy-dog-jpg.jpg 

 

 

 

 

 

 

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5 mai 2013 7 05 /05 /mai /2013 05:09

 

 

 

 

Bleu de bleu

 

Quand j’ai besoin de bleu,

Quand j’ai besoin, de bleu, de bleu,

De bleu de mer et d’outre-mer,

De bleu de ciel et d’outre-ciel,

De bleu marin, de bleu céleste ;


Quand j’ai besoin profond,

Quand j’ai besoin altier,

Quand j’ai besoin d’envol,

Quand j’ai besoin de nage,

Et de plonger en ciel,

Et de voler sous l’eau ;


Quand j’ai besoin de bleu

Pour l’âme et le visage,

Pour tout le corps laver,

Pour ondoyer le cœur ;


Quand j’ai besoin de bleu

Pour mon éternité,

Pour déborder ma vie,

Pour aller au-delà

Rassurer ma terreur

Pour savoir qu’au-delà

Tout reprend de plus belle ;


Quand j’ai besoin de bleu,

L’hiver,

Quand j’ai besoin de bleu,

La nuit

J’ai recours à tes yeux.

 

 

Jean MOGIN

La Belle Alliance.

 

 

Jean Mogin (né en 1921). Poète, dramaturge, homme de radio, sa première pièce, A chacun selon sa faim, créée en 1950 au Vieux-Colombier, fut une révélation. Sa poésie est pure, dépouillée.

 

 

 

Renoir.Jeune-fille-au-ruban-bleu.jpeg

 

Jeune fille au ruban bleu*

 

 

renoir.La-petite-fille-au-ruban-bleu-irene-cahen-danvers.12.jpg

La petite fille au ruban bleu*

 

 

A propos de La petite fille au ruban bleu, voici un texte en forme d'hommage d'Henri MICHAUX :

 

"Dans le visage de la jeune fille est inscrite la civilisation où elle naquit. Elle s'y juge, satisfaite ou non, avec ses caractères propres. Le pays s'y juge encore plus, et si l'eau y est saine, légère, convenablement minéralisée, ce qu'y valent la lumière, le manger, le mode de vie, le système social...Le visage des filles, c'est l'étoffe de la race même, plus que le visage des garçons...Le visage est leur oeuvre d'art, leur inconsciente et pourtant fidèle traduction d'un monde...visages mystérieux portés par la marée des ancêtres... visage de la jeune fille à qui on n'a pas encore volé son ciel... visage musical qu'une lampe intérieure compose plus que ses traits et dont le visage de madone serait l'heureux aboutissement."

Henri MICHAUX 

 

 

* Bien entendu, les toiles sont de Pierre-Auguste RENOIR.

 


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30 avril 2013 2 30 /04 /avril /2013 05:01

 

 

 

 

Marc-Chagall---Lilies-of-the-Valley-.png

Marc CHAGALL

Lillies of the valley

 

 

 

 

Audrey-Hepburn-muguet.jpg

Audrey HEPBURN

Muguet

 

 

 

 

 

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28 avril 2013 7 28 /04 /avril /2013 05:08

Déjà publié le 24/09/2010

Texte enrichi de témoignages.

 

 

 

delvaux-copie-1.jpg

 

 

Illustration : Paul Delvaux

 

Les passantes


Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets

A celles qu'on connaît à peine

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais

 

A celle qu'on voit apparaître

Une seconde à sa fenêtre

Et qui, preste, s'évanouit

Mais dont la svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en demeure épanoui

 

A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage

Font paraître court le chemin

Qu'on est seul, peut-être, à comprendre

Et qu'on laisse pourtant descendre

Sans avoir effleuré sa main

 

A la fine et souple valseuse

Qui vous sembla triste et nerveuse

Par une nuit de carnaval

Qui voulut rester inconnue

Et qui n'est jamais revenue

Tournoyer dans un autre bal

 

A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises

Près d'un être trop différent

Vous ont, inutile folie,

Laissé voir la mélancolie

D'un avenir désespérant

 

A ces timides amoureuses

Qui restèrent silencieuses

Et portent encor votre deuil

A celles qui s'en sont allées

Loin de vous, tristes esseulées

Victimes d'un stupide orgueil.

 

Chères images aperçues

Espérances d'un jour déçues

Vous serez dans l'oubli demain

Pour peu que le bonheur survienne

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin

 

Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre

Aux coeurs qui doivent vous attendre

Aux yeux qu'on n'a jamais revus

 

Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir.

 

Antoine POL

Emotions Poétiques - 1918 - 

            

 

                * *                    

 

 

Emotions poétiques appartient à un recueil publié par Antoine POL à compte d'auteur, à 110 exemplaires (!), et que Brassens découvrit par hasard chez un bouquiniste en 1942.               

 

 

 

Pour l’écouter, chantée par Georges Brassens : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci dessous, le témoignage de Bruno Antoine POL, Petit-fils de Antoine POL :

 

 

 


 brassens_zoom.jpg

 

 

*   *   *


Ce petit livre, édité par Antoine POL fin octobre 1918 à compte d’auteur à 110 exemplaires pour ses amis, a une histoire.

En effet, l’avant-veille de sa mort le 19 juin 1971, mon grand père savait déjà que son poème Les Passantes lui survivrait. Il était heureux malgré sa maladie et la mort qu’il savait proche. Il me dit : « - Moi j’ai écrit Les Passantes, toi tu les entendras chanter pour moi… » Je lui demandais la permission de rééditer son livre plus tard et lui en fis la promesse. 35 ans plus tard, je rencontrais les amis de Brassens à Vaison la Romaine, ceux-ci me demandaient de rééditer le livre à l’identique où figure le Poème, j’accédais à leurs désirs en 2005 . Les 600 volumes partirent comme une volée de moineaux, je dus faire une seconde réédition en avril 2011.



En 1944, Georges Brassens trouve ce recueil chez un bouquiniste de la Porte de Vanves et en le feuilletant découvre le poème, il achète le livre pour 2 ou 3 francs se privant d’un sandwich aux dires de René Fallet. Il se met alors aussitôt à écrire les premières notes de musique. Sa mélodie va le travailler jusqu’en 1964 et longtemps encore après. Les Passantes figurent dans les livres de Français de troisième et quatrième.

Une thèse a été écrite sur l’auteur. Et ce poème est traduit en plus de 18

langues grâce à la merveilleuse mélodie de Brassens. Il a 102 ans cette année car il fut composé en 1911. 


Bruno Antoine POL

Petit-fils de Antoine POL

 

 

 


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23 avril 2013 2 23 /04 /avril /2013 05:03

 

 

C'est le joli printemps

 

C'est le joli printemps

Qui fait sortir les filles,

C'est le joli printemps

Qui fait briller le temps.

 

J'y vais à la fontaine,

C'est le joli printemps,

Trouver celle qui m'aime,

Celle que j'aime tant.

 

C'est dans le mois d'avril

Qu'on promet pour longtemps,

C'est le joli printemps,

Qui fait sortir les filles,

 

La fille et le galant,

Pour danser le quadrille.

C'est le joli printemps

Qui fait briller le temps.

 

Aussi, profitez-en,

Jeunes gens, jeunes filles;

C'est le joli printemps

Qui fait briller le temps.

 

Car le joli printemps,

C'est le temps d'une aiguille.

Car le joli printemps

Ne dure pas longtemps.

 

Maurice FOMBEURE

À dos d'oiseau, 1942

Gallimard, 1942. Réédité en 1971

 

 

Maurice Fombeure, né à Jardres (Vienne) le 23 septembre 1906 et mort à Paris le 1er janvier 1981, est un écrivain et poète français.

Issu d'une famille d'agriculteurs du Poitou, il fit ses études au collège puis à l'École normale de Poitiers. Poursuivant ses études à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, il fut ensuite professeur de lettres dans des lycées parisiens, dont le Lycée Lavoisier, mais resta toujours très attaché à sa région natale. Très actif dans les milieux littéraires de la capitale, il a obtenu le Grand Prix de poésie de la Ville de Paris en 1958.

 

 

Fombeure.jpg 

 

Sa carte de visite (!)

 

Professeur de l'Université

Homme de lettres

Membre de l'Académie Ronsard

Secrétaire de la Société des Gens de Lettres

Chevalier de la Légion d'Honneur

Chevalier du Mérite Agricole

Officier de l'Instruction Publique

Commandeur du Nichan Iftikhar

Sergent de Réserve

Garde Champêtre Honoraire de Saint Germain des Prés

Maire de la Commune libre d'Ogeron (Vienne)

Membre actif de la "Pédale châtelleraudaise"

Journaliste hebdomadaire et mensuel

Abonné au gaz et à l'électricité de France

Membre de la "Société des Antiquaires de l'Ouest"

Membre du PEN Club

Membre de la SACEM, de la SAD, de la SDRM

Membre d'honneur de la Société Sportive:

"Les zèbres de Saint-Germain-des-Prés"

Sociétaire de la Société des poètes français

Membre de plusieurs jurys littéraires

Membre de la Société "Les Amis des Lettres"

Lauréat de l'Académie Française

Lauréat du grand prix de l'Humour 1952

Superstitieux

Petit propriétaire terrien

Conférencier international

Père de famille

Marié

Contribuable

Résigné

 

 


 

 

 

 


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21 avril 2013 7 21 /04 /avril /2013 08:27

 

 

 


 

On commence en effet par un bête Kärcher

Et on finit par vouloir nettoyer

Tout ce qui est kasher

Sous prétexte qu’à une lettre près

C’est la même affaire !

 

C’est comme l’oiseau

Quand on commence à trouver qu’il se répète

Et que son chant devient oiseux,

On décrète qu’il faut le faire taire

Ou lui arracher les yeux !

 

Pauvre oiseau dont Queneau – toujours lui ! –

Disait que cru, il faisait cui-cui

Mais que cuit, il ne le faisait plus !

 

Le Poète aussi ! Si ce qu’il écrit

En dit trop sur ce qui est tu,

C’est pan-pan-Q.I.

 

Et à fortiori si ce qu’il ne tait

Est ce qui tue,

C’est pan-pan sans cri, pan-pan tout cru ! »


 

Jean-Pierre Verheggen

Sodome et Grammaire

NRF – Editions Gallimard 2008

 

« …un petit poème pour que je puisse poésir pour moins mourir »

 


Belge comme il se doit, héritier des surréalismes et des zuteries, Jean-Pierre Verheggen publie ses premiers textes dans Les lettres françaises, avec le soutien de Louis Aragon. En 1969 il fonde avec Christian Prigent la revue TXT et anime des émissions à la radio belge d’expression française. Il entreprend des tournées de « performances » et reçoit en 1995 le grand prix de l’humour noir . Depuis, il continue malgré quelques grands rendez-vous manqués avec la Camarde.

 

 

Verheggen.jpg

 

1942. Naissance à Gembloux, le 6 juin.

Jean-Pierre Verheggen sera enseignant (professeur de français) avant de s'attacher au ministère de la Culture.

 

1968. La grande mitraque (Henry Fagne).

1969. Collaboration à la revue TXT, dès le premier numéro.

1978. Le degré Zorro de l'écriture et Divan le terrible l'année suivante (Bourgois, collection « TXT »). 1990. Les Folies-belgères (Seuil) et Artaud Rimbur (La Différence).

1994. Ridiculum vitæ (La Différence), Grand prix de l'humour noir.

2001. On n'est pas sérieux quand on a 117 ans (Gallimard).

2009. L'Oral et Hardi, mis en scène et interprété par Jacques Bonnaffé, Molière de la compagnie

 

 

*** 

à propos de son dernier livre :

Un jour, je serai Prix Nobelge

Hors série Littérature, Gallimard

Parution : 05-04-2013

Auteur, entre autres, de Frites l’amour, pas la guerre ou de Votez verres, votez alcoolos à septante ans (soixante-dix pour les étrangers), Jean-Pierre Verheggen a estimé qu’il méritait de se voir attribuer le «Prix Nobelge». D’où ce dossier de candidature comprenant le rappel des distinctions qu’il a déjà reçues ; son CV (à ne pas confondre avec son Ridiculum Vitae révélé au public en 2001 dans la collection Poésie/Gallimard) suivi de la liste des nombreux textes inédits qu'il entend soumettre à l’examen des membres du jury et même du nom des concurrents qu’il craint de devoir affronter (sans toutefois les redouter) : Henri Michaux et Marie-Thérèse Philippot en Wallonie, Hergé à Bruxelles mais, en revanche, personne en Flandre, même pas le Flamand de Lady Chatterley.

Du Degré Zorro de l'écriture paru dans les années soixante-dix aux Éditions Christian Bourgois, dans la collection TXT, à L'Oral et Hardi, un choix de ses textes qui a valu à son metteur en scène et interprète Jacques Bonnaffé un Molière en 2009, Jean-Pierre Verheggen, comme l'écrit André Velter, «n'a cessé de mener à bride abattue l'une des plus toniques chevauchées verbales. En liberté dans les fourrés et les coups fourrés du langage, Verheggen donne une œuvre qui est à percevoir dans la résonance de sa voix, avec sa verve de grande déferlante, son swing de boxeur des lettres, sa fantaisie féroce et irrésistible».

 

*


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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 05:06

 

 

Catherine Thévenet tient un blog délicieux. Elle y glisse parfois un poème. Celui-ci nous a tout de suite plu. Elle a bien voulu nous autoriser à le publier. Nous l'en remercions.

 

*

 

 

 

Où est donc mon printemps


 

Où est donc mon printemps

Celui de ma jeunesse

Quand j’étais insouciant

Et le corps en liesse

 

Où est donc l’ancien temps

Exultant de caresses

De rires et de serments

D’amours enchanteresses

 

Où a fui le printemps

Ce faiseur de promesses

Dans mon cœur impatient

Se peut-il qu’il renaisse

 

Catherine Thévenet

Jeudi 21 mars 2013

au lendemain d’un printemps qui n’est pas venu

 

 

Recueil

Vers rêvés

Mon Petit Editeur

 

Lire Catherine Thévenet au quotidien sur son blog, clic-clic

 

 


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