Bureaucrate moyen atmosphérocéphale, dans l’attitude de traire du lait d’une harpe crânienne, 1933
Salvador DALI fut célébré du 21 novembre 2012 au 25 mars 2013 au Centre Pompidou. Au hasard de pérégrinations sur la toile en vue justement de s’y référer, nous trouvons, entre autres s’entend, ceci que nous ne résistons pas de recopier du site susdit à propos de cette toile!
L’IMAGE FOURCHUE
La déformation anamorphique du crâne engendre une interpénétration d’images dont la lecture se situe au moins à un double niveau : le crâne sur sa béquille décrit la forme d’une vache déliquescente que le personnage assis est en train de traire ; la mâchoire du crâne constitue une harpe dont les dents forment les cordes et dont joue le personnage assis. Sa posture et son jeu à ciel ouvert semblent même être une réminiscence des peintures romantiques représentant le poète imaginaire Ossian muni d’une harpe et jouant au bord des lacs ou des falaises.
Comme la béquille, l’image fourche à cet endroit. L’assimilation du poète mythique au garçon de ferme forme une belle bifurcation qui réunit le domaine éthéré des activités artistiques et celui de la production alimentaire, le monde idéal du vers et la réalité la plus prosaïque. L’association de l’atmosphère et de l’encéphale, dont procède le mot valise du titre, pourrait s’expliquer dans la référence aux poètes romantiques qui se disaient mis en branle par les éléments naturels, traversés par le vent de l’inspiration. Pure conjecture, qui n’explique d’ailleurs pas la mention du bureaucrate moyen.
Crédits
© Centre Pompidou, Direction des publics, novembre 2012
Texte : Norbert Godon