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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 11:15

 

 

Je sais maintenant que je ne possède rien

 


Je sais maintenant que je ne possède rien

pas même ce bel or qui est feuilles pourries

Encore moins ces jours volant d’hier à demain

à grands coups d’ailes vers une heureuse patrie

 

Elle fut avec eux, l’émigrante fanée

la beauté faible, avec ses secrets décevants

vêtue de brume. On l’aura sans doute emmenée

ailleurs, par ces forêts pluvieuses. Comme avant

 

je me retrouve au seuil d’un hiver irréel

où chante le bouvreuil obstiné, seul appel

qui ne cesse pas, comme le lierre. Mais qui peut dire

 

quel est son sens ? Je vois ma santé se réduire

pareille à ce feu bref au-devant du brouillard

qu’un vent glacial avive, efface. Il se fait tard.

 

Philippe Jaccottet 

L’effraie (1946-1950)

 

 

 

 

 

Gericault

 

Je sais maintenant que je ne possède rien...

 

Illustration : THEODORE GERICAULT (1791-1824)  Académie d'homme nu couché 

 

 


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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 05:04

 

 

 

 

 

 

A.M.V.H.

 

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,

Pour savoir, après tout, ce qu’on aime le mieux,

Les bonbons, l’Océan, le jeu, l’azur des cieux,

Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut fouler aux pieds des fleurs à peine écloses ;

Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d’adieux.

Puis le coeur s’aperçoit qu’il est devenu vieux,

Et l’effet qui s’en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l’on goûte à demi,

Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.

On se brouille, on se fuit. Qu’un hasard nous rassemble,

On s’approche, on sourit, la main touche la main,

Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,

Que l’âme est immortelle, et qu’hier c’est demain.

 

 

 

Alfred de Musset

 

 

 

                    A.M.V.H. ? à monsieur Vinctor Hugo ? ... Nous n'avons aucune assurance sur la signification exacte du titre de Musset.

 

                     Nous restons en l'attente de vos éclaircissements

 

 


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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 09:00

 

 

 

 

 

 

 

Le Lait

 

 

 

Dans la cave très basse et très étroite, auprès

Du soupirail prenant le jour au Nord, les jarres

Laissaient se refroidir le lait en blanches mares

Dans les rouges rondeurs de leur ventre de grès.

 

 

 

Ou eût dit, à les voir dormir dans un coin sombre,

D'énormes nénuphars s'ouvrant par les flots lents,

Ou des mets protégés par des couvercles blancs

Qu'on réservait pour un repas d'anges, dans l'ombre.

 

 

 

Sur double rang étaient couchés les gros tonneaux.

Et les grands plats portant jambons et jambonneaux,

Et les boudins crevant leur peau, couleur de cierge,

 

 

 

Et les flans bruns, avec du sucre au long des bords,

Poussaient à des fureurs de ventres et de corps...

Mais en face, le lait restait froid, restait vierge.

 

 

 

Émile VERHAEREN   

1855-1916

      Les Flamandes, 1883


 

 

ivan05.jpg

création et photo @Ivan 

 

... Dans la cave très basse et très étroite, auprès

Du soupirail prenant le jour au Nord, ...

 

 


 


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20 mars 2014 4 20 /03 /mars /2014 08:41

 

 

 

 

Mars

 

 

Il tombe encore des grêlons,

Mais on sait bien que c'est pour rire.

Quand les nuages se déchirent,

Le ciel écume de rayons.

 

 

Le vent caresse les bourgeons

Si longuement qu'il les fait luire.

Il tombe encore des grêlons,

Mais on sait bien que c'est pour rire.

 

 

Les fauvettes et les pinsons

Ont tant de choses à se dire

Que dans les jardins en délire

On oublie les premiers bourdons.

Il tombe encore des grêlons…

 

 

Maurice Carême

La Lanterne magique

 

 

 

ou en termes moins nuancés mais percutants :

 

YOUPI ! C'est l'printemps !...

 

 

images-copie-2.jpeg

 

 

 

 


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16 mars 2014 7 16 /03 /mars /2014 06:30

 

 

 

Jean-Jacques Sempé

 

 

 

 

 

 

dessin de ©Jean-Jacques Sempé    

 

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15 mars 2014 6 15 /03 /mars /2014 06:37

 

 

 

 

Il y avait (dans une chambre

 

où nous ne sommes plus)

 

un lit désordonné,

 

à croire que la nue brûlante

 

l’avait défait

 

comme on déchire une chemise.

 

 

 

 

Plus tard viendront les larmes,

 

celles qui cousent une fois pour toutes

 

le fourreau de drap rêche.

 

 

 

 

 

Philippe Jaccottet

Notes nocturnes 

 

 

 


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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 06:36

 

 

 

 

printemps-poetes-2014.jpg

 

 

 

 8 au 23 mars 2014

 

 

 


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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 06:21

 

 

 


 

Lettre à l'étoile

 

Tu es de celles qui savent

Lire par dessus l'épaule

Je n'ai même pas besoin

Pour toi, de chercher mes mots,

Depuis longtemps ils attendent,

A l'ombre de mon silence

Derrière les lèvres closes

Et les distances moroses

A force d'être si grandes.

Mais, vois, rien ne les dénonce,

Nous ne sommes séparés

Par fleuves ni par montagnes,

Ni par un bout de campagne,

Ni par un seul grain de blé.

 

Rien n'arrête mon regard

Qui te trouve dans ton gîte

Plus vite que la lumière

Ne descend du haut du ciel

Et tu peux me reconnaître

A la luisante pensée

Qui parmi tant d'autres hommes

Elève à toi toute droite

Sa perspicace fumée.

 

Mais c'est le jour que je t'aime

Quand tu doutes de ta vie

Et que tu te réfugies

Aux profondeurs de moi-même

Comme dans une autre nuit

Moins froide, moins inhumaine.

 

Ah sans doute me trompé-je

Et vois-je mal ce qui est.

Tu n'auras jamais douté,

Toi si fixe et résistante

Et brillante de durée,

Sans nul besoin de refuge

Lorsque le voile du jour

A mon regard t'a célée,

Toi, si hautaine et distraite,

Dès que le jour est tombé

Et moi qui viens et qui vais

D'une allure passagère

Sur des jambes inquiètes,

Tous les deux faits d'une étoffe

Cruellement différente

Qui me fait baisser la tête

Et m'enferme dans ma chambre.

 

Mais tu as tort de sourire

Car je n'en ai nulle envie,

Tu devrais pourtant comprendre

Puisque tu es mon amie.

 

 

Jules Supervielle

La Fable du monde, 1938

Jules SUPERVIELLE, 1884 - 1960    

 

 

 

 

Pedro-Figari-Superviele.jpg

Pedro FIGARI

Jules SUPERVIELLE

 

 

 

 

Pedro FIGARI (1861-1938) est un peintre uruguayen. Il séjournera une dizaine d'années à Paris de 1925 à 1935 où il peindra plus de 2000 toiles, dont ce portrait de Jules SUPERVIELLE.

 

 

 

                                                 __________________________________

 

 

Florence Davaille

La lettre dans la poésie de Jules Supervielle : pour une poétique de la voix humaine.


Florence Davaille a soutenu en décembre 2000 une thèse de doctorat en stylistique française intitulée :

« Ces « mots qui secrètent les choses » : écriture de la présence dans la poésie de Jules Supervielle. »

Elle a publié depuis divers articles sur l'œuvre de Supervielle, ses rapports avec son éditeur et correspondant Jean Paulhan, et certains aspects de la littérature canadienne francophone. Elle est PRAG (Professeur agrégé de l'enseignement supérieur) à l'Université de Rouen.

 

 

Présentation :

Dans une lettre à Jean Paulhan du 23 juillet 1935, Supervielle déclare : "J'espère aussi écrire quelques "lettres" en vers ou versets dont l'une "à une étoile". Il est assez frappant que si nous regardons une étoile, rien, sauf la distance, ne nous sépare d'elle. Or la distance, il faut de la réflexion pour s'en souvenir, elle n'arrête en rien le regard. Rien de corporel ne s'interpose entre l'étoile et nous, alors que sur terre - même à de petites distances - tant de choses visibles s'interposent entre les objets et nous. Et puis le fait d'écrire à une étoile, le côté lettre perdue, lettre excessivement perdue m'attire, m'a toujours ou presque attiré". 

Cet extrait, annonçant l'écriture de la fameuse "Lettre à l'étoile" qui a fait l'objet de discussions avec Jean Paulhan, évoque comment l'utilisation de la lettre en poésie est liée pour Supervielle aux exigences d'une poésie "humaine", tissant des liens entre les choses et les êtres, ailleurs représentée par l'image des "germes" qui parcourent l'espace. Pour cet épistolier dont la correspondance avec Jean Paulhan traite tant de poésie, il semble que la lettre ait pu, à un moment, ressaisir les enjeux d'une poétique qui s'était formée à travers d'autres types de textes. (...)

 

Source : Site de l'Université de Poitiers.

 


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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 09:50

 

 

 

 

 

 

La nymphe Salmacis

 

 

 

On voit dans le musée antique,

Sur un lit de marbre sculpté,

Une statue énigmatique

D’une inquiétante beauté.

Est-ce un jeune homme ? est-ce une femme,

Une déesse, ou bien un dieu ?

L’amour, ayant peur d’être infâme,

Hésite et suspend son aveu.

Dans sa pose malicieuse,

Elle s’étend, le dos tourné

Devant la foule curieuse,

Sur son coussin capitonné.

Pour faire sa beauté maudite,

Chaque sexe apporta son don.

Tout homme dit : « C’est Aphrodite ! »

Toute femme : « C’est Cupidon ! »

Sexe douteux, grâce certaine,

On dirait ce corps indécis

Fondu, dans l’eau de la fontaine,

Sous les baisers de Salmacis.

 

 

 

 

Théophile Gautier 

Émaux et Camées

                                                    

 

_La_nymphe_Salmacis.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

La nymphe Salmacis

 

François Joseph Bosio (1768-1845)

Sculpture de 1826 - Musée du Louvre, Paris.

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 09:14

 

 

 

 

 

 

soldes.jpg

 

Pétillant et malicieux sourire de Françoise Sagan qui nous donne ce texte délicieux, ironiquement détourné, et qui, on en conviendra, lui va comme un gant ! 

 

 

 

La fourmi et la cigale


 

La fourmi ayant stocké

Tout l’hiver

Se trouva fort encombrée

Quand le soleil fut venu :

Qui lui prendrait ses morceaux

De mouches ou de vermisseaux ?

Elle tenta de démarcher

Chez la cigale, sa voisine,

La poussant à s’acheter

Quelques grains pour subsister

Jusqu’à la saison prochaine.

« Vous me paierez, lui dit-elle,

Après l’août, foi d’animal,

Intérêt et principal. »

La cigale n’est pas gourmande :

C’est là son moindre défaut.

Que faisiez-vous au temps froid ?

Dit-elle à cette amasseuse.

- Nuit et jour à tout venant

Je stockais, ne vous déplaise.

- Vous stockiez ? J’en suis fort aise ;

Et bien soldez maintenant. 

 

 

Françoise SAGAN

 

 

 

 

Sagan. Jag

 

Tous les poètes le savent. C'est en 1954 qu'apparait la Jaguar XK 140 en remplacement de la XK 120. Le roadster de F.Sagan semble être un modèle 1955. En effet, tous les poètes savent que la voiture ne dispose que d'un rétroviseur et que la conduite est à gauche. En outre, il s'agit du modèle OTS (Open Two Seater) avec ses spats (jupes couvrant les roues arrières) fournis pour les roues acier. ©Photo Life.com

 

 

Sagan-Jag.jpg

 

 

Sagan-dog.jpg

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