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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 06:42

 

 

 

 

La cigale et la fourmi

 

La cigale peu rancunière,

Reçut la fourmi sa voisine

En son cabinet dentaire :

- Qu’est-ce qui vous amène, ma chère ?

- Des caries jusqu’à la racine

A chacune de mes molaires !

- Je vous opérerai, lui dit-elle

Avant tout, sans aucun mal ;

C’est votre intérêt principal !

La cigale n’est pas curieuse ;

C’est là son moindre défaut.

- Que faisiez-vous de ces chicots ?

Dit-elle à sa solliciteuse.

- Nuit et jour à tout venant,

Je chuintais, ne vous déplaise...

- Vous chuintiez ? J’en suis prothèse :

Eh bien dentier maintenant !

 

Pierre Ferran

 

 

 

 

Joconde-sourire.jpg

 ...- Qu’est-ce qui vous amène, ma chère ?... 

 

 


 

 

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8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 05:02

braquedeuxoiseaux.1963-JPG.JPG

                                       Illustration : GEORGES BRAQUE. DEUX OISEAUX -1963-

 

Duo

 

 

Dans le taillis

Oyez, oyons

Le gazouillis

De l'oisillon

Sous la charmille

Que l'aube mouille

Perle son trille

Comme il gazouille

 

Dans le taillis

Oyez, oyons

Le gazillon

De l’oisoullis

Sous la charmille

Que l'aube mouille

Perle son trouille

Comme il gazille.

 

            Elle est charmouille

            Non, je bafouille...

 

 

 

ALFRED JARRY in L’objet aimé


 

 

 

Alfred JARRY, auteur dramatique et poète dont l'oeuvre virulente et burlesque annonça les grandes tendances théâtrales et littéraires du XXème siècle, est né en 1873 à Laval. Ubu Roi, son œuvre la plus connue (1896) a été écrite alors qu’il n’était qu’un collégien de 13 ans ! Il meurt de la tuberculose, dans un grand dénuement, en 1907, à l'âge de trente-quatre ans.

 

Précurseur du théâtre de l'absurde, ancêtre des surréalistes, il est l’inventeur d'une logique de l'absurde qu'il nomma Pataphysique, la « science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité. » En d’autres termes, Jarry théorise la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde. (Gestes et opinions du Dr. Faustroll, pataphysicien) -1898 (publication posthume en 1911)

 

Cette « science » sera reprise et développée par le mouvement surréaliste (Aragon, Eluard, Breton, Reverdy, Soupault) et par d'autres grands écrivains français comme Vian, Queneau, Perec, Beckett, Ionesco, Pirandello et Genet. 

 


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28 septembre 2014 7 28 /09 /septembre /2014 05:34

 

 

 

Titus

 

Et c’est moi seul aussi qui pouvais me détruire.

Je pouvais vivre alors et me laisser séduire ;

Mon cœur se gardait bien d’aller dans l’avenir

Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir.

Je voulais qu’à mes vœux rien ne fût invincible,

Je n’examinais rien, j’espérais l’impossible.

Que sais-je ? J’espérais de mourir à vos yeux,

Avant que d’en venir à ces cruels adieux.

Les obstacles semblaient renouveler ma flamme,

Tout l’empire parlait, mais la gloire, Madame,

Ne s’était point encor fait entendre à mon cœur

Du ton dont elle parle au cœur d’un empereur.

Je sais tous les tourments où ce dessein me livre,

Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,

Que mon cœur de moi-même est prêt à s’éloigner,

Mais il ne s’agit plus de vivre, il faut régner.

 

Bérénice

 

Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire :

Je ne dispute plus. J’attendais, pour vous croire,

Que cette même bouche, après mille serments

D’un amour qui devait unir tous nos moments,

Cette bouche, à mes yeux s’avouant infidèle,

M’ordonnât elle-même une absence éternelle.

Moi-même j’ai voulu vous entendre en ce lieu.

Je n’écoute plus rien, et pour jamais : adieu...

Pour jamais ! Ah, Seigneur ! songez-vous en vous-même

Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,

Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?

Que le jour recommence et que le jour finisse,

Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,

Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?

Mais quelle est mon erreur, et que de soins perdus !

L’ingrat, de mon départ consolé par avance,

Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?

Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts.

 

Jean Racine.

Bérénice,

acte IV, scène 5.

 

 


Bérénice fut créée le 21 novembre 1670 devant le roi Louis XIV.

 

 

La-comedie-francaise.jpg


 

 


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24 septembre 2014 3 24 /09 /septembre /2014 06:07

 

 

 

 

 

 

Surligner : marquer un texte avec un surligneur

 

 

Mon enfance captive a vécu dans des pierres,

Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,

L’usine en feu dévore un peuple moribond.

Et pour voir des jardins je fermais les paupières…

 

 

 

Albert SAMAIN

"Mon enfance captive", extrait

Le chariot d’or, 1900

 

 

 

 

1280px-Loos-en-Gohelle - Fosse n° 11 - 19 et terrils

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 11:00

 

 

 

...Et c'est triste de n'être plus triste sans vous...

 

 

 

 

 

 

 

(L'illustration remarquable de cette vidéo décuple l'émotion.)

*   *   *

brassens.JPG
Georges Brassens nait à Séte le 22 octobre 1921 et meurt à St-Gély-du-Fesc le 29 octobre 1981.

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 05:22

 

 

Étranges fleurs

 

 

 

L'automne met dans les lilas

D'étranges fleurs que nul ne voit,

 

Des fleurs aux tons si transparents

Qu'il faut avoir gardé longtemps

 

Son âme de petit enfant

Pour les voir le long des sentiers

 

Et pour pouvoir les assembler

En un seul bouquet de clarté

 

Comme font, à l'aube, les anges

Les mains pleines d'étoiles blanches...

 

 

Maurice Carême

©Fondation Maurice Carême.

 

 Van Gogh Nuit étoilée sur le Rhône,1888

...Comme font, à l'aube, les anges

Les mains pleines d'étoiles blanches...

 

Van Gogh.

Nuit étoilée sur le Rhône, 1888.

 

 

 

Van Gogh a toujours été fasciné par le ciel nocturne. Et ce passionné d'astronomie et d'astrologie se demande : " Mais quand donc ferai-je le ciel étoilé, ce tableau qui, toujours, me préoccupe ? " Van Gogh y parvient en septembre 1888, en peignant la nuit sous un bec de gaz. Il écrit à son frère Théo : " Le ciel est bleu-vert, l'eau est bleu de roi, les terrains sont mauves. La ville est bleue et violette, le gaz est jaune et des reflets or roux descendent jusqu'au bronze vert. Sur le champ vert du ciel, la Grande Ourse a un scintillement vert et rose dont la pâleur discrète contraste avec l'or brutal du gaz. Deux figurines colorées d'amoureux à l'avant-plan. " 

 


 

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17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 05:04

 

 

 

Pierre-CORAN.gif

 

Pierre Coran est né en 1934 à Saint-Denis en Brocqueroie, près de Mons. Instituteur, il fonde "Le Cyclope", revue autour de laquelle graviteront un groupe de jeunes auteurs. A cette époque, ses élèves estimant injuste qu'il n’écrive que pour les adultes amènent Pierre Coran à composer des poésies et des contes pour enfants, vocation devenue prioritaire par la suite et qui se poursuit aujourd'hui avec la parution de nombreux albums, traduit en une douzaine de langues.

Parallèlement, le poète se consacre à des activités de scénariste, d'animateur et de romancier.

Pierre Coran est aussi scénariste d'une centaine de bandes dessinées programmées dans toute l'Europe. Son chemin de vie, sa devise d'homme est à l’image d’un alexandrin du Prince de Ligne, si cher à l'ami Patrick Mandon :


« J’avance dans l’hiver à force de printemps. »


 

Anagrammes

 

 

 

Par le jeu des anagrammes,

Sans une lettre de trop,

Tu découvres le sésame

Des mots qui font d'autres mots.

 

Me croiras-tu si je m’écrie

Que toute neige a du génie?

 

Vas-tu prétendre que je triche

Si je change ton chien en niche?

 

Me traiteras-tu de vantard

Si une harpe devient phare?

 

Tout est permis en poésie

Grâce aux mots, l'image est magie.

 

 

 

Pierre CORAN

 

 

*   *   *

 

 

D'autres anagrammes renversantes d'Etienne Klein à retrouver

 

ici

 

 


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12 septembre 2014 5 12 /09 /septembre /2014 05:24

 

 

 

Françoise Sagan est née le 21 juin 1935.

 

 

 

soldes.jpg

 

Pétillant et malicieux sourire de Françoise Sagan qui nous donne ce texte délicieux, ironiquement détourné, et qui, on en conviendra, lui va comme un gant ! 

 

 

 

La fourmi et la cigale

 

 

La fourmi ayant stocké

Tout l’hiver

Se trouva fort ... lire la suite

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24 août 2014 7 24 /08 /août /2014 04:51

 

 

 

 

Sous le chant des étoiles 

 

 

 

Sous le chant des étoiles

Je veux me mettre en quête

Des ardents souvenirs

Inscrire en moi la naissance du monde

Alors j’ouvre mes paumes

Aux caresses du ciel

Des plages en filigrane

Aux énigmes de l’aube

Je veux faire émerger l’image

Par le regard de l’infini

Le verbe difficile

Je ne puis que graver

Sur le carré de pierre grise

Le spectre d’une mère inféconde.

 

 

Jean-Noël Cordier    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cordier-Jean-Noel.jpeg 

Né à Paris en 1950, Jean-Noël Cordier est professeur de Lettres et, actuellement, Vice-Président de la Société des Poètes Français. 

 

 

 

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23 août 2014 6 23 /08 /août /2014 10:49

 

 

 

 

NUAGENEUF FABRIC

 

 

 

 

L'air en conserve

 

 

Dans une boîte, je rapporte

Un peu de l'air de mes vacances

Que j'ai enfermé par prudence.

Je l'ouvre ! Fermez bien la porte

 

Respirez à fond ! Quelle force !

La campagne en ma boîte enclose

Nous redonne l'odeur des roses,

Le parfum puissant des écorces,

 

Les arômes de la forêt...

Mais couvrez vous bien, je vous prie,

Car la boîte est presque finie :

C'est que le fond de l'air est frais.

 

 

 

Jacques CHARPENTREAU

 

 

 

Jacques-Charpentreau.jpg

JACQUES CHARPENTREAU est né en 1928 aux Sables d'Olonne. Ecrivain et poète, il fut instituteur puis professeur de français à Paris. Son œuvre compte une trentaine de recueils de poésie, des contes, des nouvelles, des essais et des dictionnaires.

 

 

 

A propos de l’enseignement de la poésie à l’école primaire,

Jacques Charpentreau parle d'or :


« A l'école primaire il ne faut pas étudier la poésie, mais la connaître et l'aimer. Il faut transmettre une émotion aux élèves. L'étude viendra plus tard, qu'on la laisse aux gens du supérieur. Pour savoir lire l'heure, il n'est pas nécessaire de démonter la montre. La poésie est toujours de l'ordre de l'émotion. Savoir comment c'est fait viendra peu à peu, au collège, au lycée, au supérieur. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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