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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 07:32

 

 

 

verhaeren.JPG 

      Emile VERHAEREN

 

 

 

C'est un beau soir de mars

 

C'est un beau soir de mars, rugueux et froid.

L'après-midi, quelques fragiles anémones

             Ont fleuri toutes à la fois.

À cette heure tombe le soleil jaune.

 

              Merles et grives

S'interpellent et se poursuivent

Et s'écoutent siffler à pleine voix,

Ou bien encore grincent et se chamaillent

              Parmi les mailles

Des rameaux fins et divergents du bois.

 

              Au ras du sol poussent les herbes

              À petits brins, frêles et lisses.

              La surface des eaux se plisse

              Au vent acerbe.

 

Les villages, lavés par la neige et la pluie,

Au bord de la grand-route et des mares s'appuient

Et reluisent, de loin en loin, parmi les champs:

Tuiles rouges et volets verts et pignons blancs.

 

Emile Verhaeren

Toute La Flandre

 

 

 

flandre.jpgflandre-1.jpg

 

Et reluisent, de loin en loin, parmi les champs :

Tuiles rouges et volets verts et pignons blancs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

James-Ensor.-Verhaeren-copie-1.jpeg

James ENSOR, 1860-1949, artiste-peintre belge
Portrait de Verhaeren ou Verhaeren taillant son crayon


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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 07:16

 

 

 

Surligner : marquer un texte avec un surligneur

 

 

 

 

Enfin, lorsque la nuit a déployé ses voiles,

 

La lune au visage changeant,

 

Paraît sur un trône d'argent,

 

Et tient cercle avec les étoiles,

 

Le ciel est toujours clair tant que dure son cours,

 

Et nous avons des nuits plus belles que vos jours.

 

 

 

Jean RACINE

à monsieur Vitart, 1662

 

 

 


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29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 07:50

 

 

 

Les colombes

 

Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,

Un beau palmier, comme un panache vert,

Dresse sa tête, où le soir les colombes

Viennent nicher et se mettre à couvert.

 

Mais le matin elles quittent les branches ;

Comme un collier qui s'égrène, on les voit

S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches,

Et se poser plus loin sur quelque toit.

 

Mon âme est l'arbre où tous les soirs, comme elles,

De blancs essaims de folles visions

Tombent des cieux en palpitant des ailes,

Pour s'envoler dès les premiers rayons.

 

 

Théophile GAUTIER   (1811-1872)

Poésies.

 

 

B.Buffet.jpg

...Mais le matin elles quittent les branches...

 

 

 

Illustration : Bernard Buffet.

 


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24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 07:11

 

 

 

Les yeux

 

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

 

Des yeux sans nombre ont vu l'aurore.

 

Ils dorment au fond des tombeaux

 

Et le soleil se lève encore...

 

 

Les nuits plus douces que les jours

 

Ont enchanté des yeux sans nombre.

 

Les étoiles brillent toujours

 

Et les yeux se sont remplis d'ombre.

 

 

Oh ! Qu'ils aient perdu le regard

 

Non, non, cela n'est pas possible,

 

Ils se sont tournés quelque part

 

Vers ce qu'on nomme l'invisible.

 

 

Et comme les astres penchants

 

Nous quittent, mais au ciel demeurent

 

Les prunelles ont leur couchant

 

Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

 

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

 

Ouverts à quelque immense aurore

 

De l'autre côté des tombeaux

 

Les yeux qu'on ferme voient encore.

 

 

Sully Prudhomme

1839-1907

 

 

Ferdinand-Holder.jpg 

...Les yeux qu'on ferme voient encore. 

 

 

 

 

Hodler_Pavot.jpg 

 

...Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux, 

Des yeux sans nombre ont vu l'aurore...

 

 

 


Toiles de Ferdinand Hodler, 1853-1918, peintre suisse.


toile du haut : Valentine sur son lit de mort, 1915

toile du bas :    Jeune fille au pavot, vers 1889 

 

Valentine Godé-Darel fut sa jeune maîtresse. Holder l’adorait et l'a peinte presque tout le long de sa vie.

Hodler, sur sa peinture, dit : « Tous les objets ont une tendance horizontale. La montagne s’arrondit par les siècles jusqu’à ce qu’elle soit plane comme la surface de l’eau. »

 

 

 

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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 06:54

 

 

 

Il se dit qu'au premier jour de la création, Dieu fit les Alpes. Il y plaça trois anges pour veiller sur elles. Au quatrième jour, il érigea l’Himalaya et demanda aux anges de s’y rendre pour garder la plus haute montagne du monde. Ceux-ci furent tellement tristes de devoir quitter les Alpes qu’ils en pleurèrent. Touché, Dieu récolta leurs larmes. De la plus grande, il fit le lac Léman. De la plus petite, le lac d’Annecy. De la plus belle, le lac du Bourget.

(sous toutes réserves !)

 

 


 

 

Le lac 

 


Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges

Jeter l’ancre un seul jour ?

 

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s’asseoir !

 

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,

Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

 

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;

On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

 

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos ;

Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère

Laissa tomber ces mots :

 

"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

 

"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

 

"Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m’échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore

Va dissiper la nuit.

 

"Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;

Il coule, et nous passons !"

 

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,

Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,

S’envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

 

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus !

 

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

 

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

 

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.

 

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

 

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,

Tout dise : Ils ont aimé !

 

 

Alphonse de Lamartine (1790-1869)

Méditations poétiques, 1820

 

 


OTAN-forces-aeriennes.jpg

...Otan, suspends tes vols... 

 

L'acronyme OTAN signifie Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Le traité fut signé par douze états, dont la France, le 4 avril 1949. 

 


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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 08:00

 

 

Le meilleur moment des amours


 

Le meilleur moment des amours

N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. »

Il est dans le silence même

A demi rompu tous les jours ;

 

Il est dans les intelligences

Promptes et furtives des cœurs ;

Il est dans les feintes rigueurs

Et les secrètes indulgences ;

 

Il est dans le frisson du bras

Où se pose la main qui tremble,

Dans la page qu’on tourne ensemble

Et que pourtant on ne lit pas.

 

Heure unique où la bouche close

Par sa pudeur seule en dit tant ;

Où le cœur s’ouvre en éclatant

Tout bas, comme un bouton de rose ;

 

Où le parfum seul des cheveux

Parait une faveur conquise !

Heure de la tendresse exquise

Où les respects sont des aveux.

 

 

Sully Prudhomme 

Stances et Poèmes, 1865-1866

 

 

 

Sully-Prudhomme.jpg

René-François-Armand Prudhomme, dit Sully Prudhomme. 1839-1907

On notera que Prudhomme fut le premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901.

 

 


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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 07:58

 

 

L'art de consommer...la rupture.

 

*       *        *

 

 

 

BÉRÉNICE

 

Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez !

 

TITUS

 

Oui, Madame, il est vrai, je pleure, je soupire,

Je frémis. Mais enfin, quand j'acceptai l'empire,

Rome me fit jurer de maintenir ses droits :

Il les faut maintenir. Déjà plus d'une fois

Rome a de mes pareils exercé la constance.

Ah ! si vous remontiez jusques à sa naissance,

Vous les verriez toujours à ses ordres soumis.

L'un, jaloux de sa foi, va chez les ennemis

Chercher avec la mort la peine toute prête;

D'un fils victorieux l'autre proscrit la tête;

L'autre, avec des yeux secs et presque indifférents,

Voit mourir ses deux fils, par son ordre expirants.

Malheureux ! Mais toujours la patrie et la gloire

Ont parmi les Romains remporté la victoire.

Je sais qu'en vous quittant le malheureux Titus

Passe l'austérité de toutes leurs vertus ;

Qu'elle n'approche point de cet effort insigne ;

Mais, Madame, après tout, me croyez-vous indigne

De laisser un exemple à la postérité

Qui sans de grands efforts ne puisse être imité ?

 

BÉRÉNICE

 

Non, je crois tout facile à votre barbarie.

Je vous crois digne, ingrat, de m'arracher la vie.

De tous vos sentiments mon coeur est éclairci.

Je ne vous parle plus de me laisser ici.

Qui ? moi ? j'aurais voulu, honteuse et méprisée,

D'un peuple qui me hait soutenir la risée ?

J'ai voulu vous pousser jusques à ce refus.

C'en est fait, et bientôt vous ne me craindrez plus.

N'attentez pas ici que j'éclate en injures,

Que j'atteste le ciel, ennemi des parjures.

Non, si le ciel encore est touché de mes pleurs,

Je le prie en mourant d'oublier mes douleurs.

Si je forme des voeux contre votre injustice,

Si devant que mourir la triste Bérénice

Vous veut de son trépas laisser quelque vengeur,

Je ne le cherche, ingrat, qu'au fond de votre coeœur.

Je sais que tant d'amour n'en peut être effacée;

Que ma douleur présente et ma bonté passée,

Mon sang, qu'en ce palais je veux même verser,

Sont autant d'ennemis que je vais vous laisser :

Et, sans me repentir de ma persévérance,

Je me remets sur eux de toute ma vengeance.

Adieu.

 

 

RACINE in  BERENICE, Acte IV, scène 5

 


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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 08:00

 

 

 Amoureuse de Pyrrhus, Hermione se voit supplantée par Andromaque dans le cœur de celui-ci. Furieuse, elle a chargé Oreste de le tuer. Mais, pendant que le mariage de Pyrrhus et d'Andromaque est près d'être célébré, elle semble encore hésiter.

 

 

 

Hermione.

 

Où suis-je ? Qu'ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?

 

Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?

 

Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.

 

Ah ! ne puis-je savoir si j'aime ou si je hais ?

 

Le cruel ! de quel oeil il m'a congédiée :

 

Sans pitié, sans douleur au moins étudiée !

 

L'ai-je vu s'attendrir, se troubler un moment ?

 

En ai-je pu tirer un seul gémissement ?

 

Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,

 

Semblait-il seulement qu'il eût part à mes larmes ?

 

Et je le plains encore ! Et, pour comble d'ennui,

 

Mon coeur, mon lâche coeur s'intéresse pour lui !

 

Je tremble au seul penser du coup qui le menace !

 

Et, prête à me venger, je lui fais déjà grâce !

 

Non, ne révoquons point l'arrêt de mon courroux :

 

Qu'il périsse ! aussi bien il ne vit plus pour nous.

 

Le perfide triomphe et se rit de ma rage :

 

Il pense voir en pleurs dissiper cet orage :

 

Il croit que, toujours faible, et d'un coeur incertain,

 

Je parerai d'un bras les coups de l'autre main.

 

Il juge encor de moi par mes bontés passées.

 

Triomphant dans le temple, il ne s'informe pas

 

Si l'on souhaite ailleurs sa vie ou son trépas.

 

Il me laisse, l'ingrat, cet embarras funeste.

 

Non, non, encore un coup, laissons agir Oreste.

 

Qu'il meure, puisque enfin il a dû le prévoir,

 

Et puisqu'il m'a forcée enfin à le vouloir...

 

À le vouloir ? Eh quoi ! c'est donc moi qui l'ordonne ?

 

Sa mort sera l'effet de l'amour d'Hermione ?

 

Ce prince, dont mon coeur se faisait autrefois

 

Avec tant de plaisir redire les exploits,

 

À qui même en secret je m'étais destinée

 

Avant qu'on eût conclu ce fatal hyménée ;

 

Je n'ai donc traversé tant de mers, tant d'États,

 

Que pour venir si loin préparer son trépas,

 

L'assassiner, le perdre ? Ah ! devant qu'il expire...

 

 

Jean RACINE,  Andromaque (1667), acte V, scène I.

 

 

 

 

Comedie-francaise.jpg

 

 

Andromaque.jpg

Représentation à la Comédie Française, dans une mise en scène de Muriel Mayette, en janvier 2011. Photo© Christophe Raynaud de Lage

 

 


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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 07:55

 

Toujours et Jamais de Paul Vincensini

  est le poème le plus consulté sur Nuageneuf.

 

 

Toujours et Jamais

 

Toujours et Jamais étaient toujours ensemble, ne se

quittaient jamais. On les rencontrait dans toutes les

foires. On les voyait le soir traverser le village sur un

tandem. Toujours guidait, Jamais pédalait. C'est du

moins ce qu'on supposait !

 

Ils avaient tous les deux une jolie casquette : l'une était

noire à carreaux blancs, l'autre blanche à carreaux noirs.

 

A cela on aurait pu les reconnaître ; mais ils passaient

toujours le soir et avec la vitesse...

 

Certains d'ailleurs les soupçonnaient, non sans raison

peut-être, d'échanger certains soirs leur casquette. Une

autre particularité aurait dû les distinguer : l'un disait

toujours bonjour, l'autre toujours bonsoir.

 

Mais on ne sut jamais si c'était Toujours qui disait

bonjour, ou Jamais qui disait bonsoir, car - entre

nous - comme ils étaient toujours ensemble, ils ne

s'appelaient jamais.

 

 

Paul Vincensini

 



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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 07:50

 

 

      Où c'qu'est la 'tit' minoiselle

  est le second poème le plus consulté sur Nuageneuf.


 

 

Où c’qu’est la ‘tit’ minoiselle,


La florette des minous,


La mignote si joiselle


Qui florissait parmi nous ?

 

 

 

NORGE.

 


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