En voyage
Quand vous m'ennuyez, je m'éclipse,
Et, loin de votre apocalypse,
Je navigue, pour visiter lire la suite: clic-clic
En voyage
Quand vous m'ennuyez, je m'éclipse,
Et, loin de votre apocalypse,
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Le jeune homme sans soin
et, de plus, irrespectueux
Sans la moindre mitaine,
Il lit l'oeuvre de Taine.
Son thon de l'aquarium
S'évade et file à Riom.
A son excellent père
Il parle avec colère.
Surveille mieux, fiston,
Ton thon, ton Taine et ton ton.
Alphonse Allais
Le sourire, 1900
... Le cher visage
De mon passé...
L’or
Il lui offrit un collier d'or.
Elle voulut encor
Des gants, des bas, des souliers d'or,
Des robes et des manteaux d'or.
A la fin, elle eut tout en or :
Sa vaisselle, son lit, ses clés,
Ses tapis et jusqu'à la corde
A pendre son linge aux fils d'or.
Mais dans son corps,
Ne battit plus qu'un coeur en or
Insensible à tout, même à l'or.
Maurice CAREME
Figures
poèmes © Fondation Maurice Carême
Gustav KLIMT
(1862-1918)
Danaë, 1907
Pendant la période qu’on a appelée « le cycle d’or » Klimt utilisera beaucoup de feuilles d’or dans ses tableaux. Ici, Zeus « séduit » Danaë en déversant sur elle des pièces d’or…
Il y a quelques jours, nous mettions en ligne la chronique quotidienne que Philippe Meyer donne au quotidien sur France Culture. Elle était consacrée au poète Jean PEROL. Voici un premier poème.
Et les villages vous avez vu les villages
Et les villages vous avez vu les villages
comme un rose de pivoine au corsage des collines
et les rayures du monde dans les yeux
les griffures les giflures du monde dans nos yeux vous avez vu
dans cette vie qui nous emporte et fonce vers ses soleils
parmi de mornes plaines rouges de fin de siècle qui s’étale
et les nuages hein vous avez vu les nuages
leurs ombres vives et véloces de grand chagrin sur les luzernes
et les colzas que le couchant au ras des crêtes illumine
en longs boas d’une Zaza qui sur la terre danserait
tu les as vus et c’est ainsi et vais et viens pas dans tes reins
mais dans les rues de l’univers
cherchant depuis longtemps la place qui m’attend
tandis qu’il fait novembre novembre et puis Toussaint
qui perd tiédeur de tous les seins
tandis qu’il fait de plus en plus cinq heures du soir sans
fin qui sombre
tandis qu’ici et là – dis tu le vois quand le
train s’enfonce et file dans les campagnes qui s’écartent
et que ta main tout juste proche contre la mienne on dirait tremble
il fait froid sur les châteaux noirs
il fait froid sur nos blanches peaux.
Jean Pérol
À part et passager, 2004
Jean Pérol est né en 1932 à Vienne (France). Il passe son enfance et son adolescence dans le sud-est de la France ; après des études supérieures à Lyon, il part en 1961 pour le Japon où il résidera plus de vingt ans ; il en reviendra en 1989. Il séjourne pendant deux ans en Afghanistan, puis en Louisiane, enfin à New York. Il a collaboré à la N.R.F., aux Lettres françaises, au Magazine littéraire. Il obtient le Prix Mallarmé, en 1988, pour Asile exil et pour l’ensemble de son œuvre. Son roman, Un été mémorable, est couronné Prix du meilleur roman en 1998.
...et les nuages hein vous avez vu les nuages...
...tandis qu’ici et là – dis tu le vois quand le
train s’enfonce...
Coquelicot
Coquelicot,
Quand je pense
Que je te parle
Et que tu l'ignores,
Que j'envie ta fierté, ton assurance,
Ton absence d'hésitation,
Ta certitude d'avoir gagné,
De continuer à rayonner,
J'ai de la peine à sentir
Qu'on ne communique pas
Avec ce que l'on aime, ou admire
Et je me sens seul,
Étranger à moi-même.
Tu ne le sauras pas,
Mais continue
À m'éblouir.
Guillevic
Quotidiennes
Quotidiennes est un recueil posthume publié en 2002 et sous-titré Poèmes, novembre 1994 - décembre 1996.
" Ce n'est qu'un œil, mais mon Dieu, quel œil ! "
disait Paul Cézanne de Claude Monet.
Un grand merci à la lectrice qui nous a adressé ce poème.
Ce sont des détails
Ce sont des détails
- comme vous dites -
des petits coins de ciel
des gouttes d’eau sur la vitre
ou des herbes qui plient.
Et alors ?
Ce sont mes marées hautes
mes rochers de juillet
mes ruisseaux du mois d’août
mes chemins mes épines
mes galets mes cailloux.
Et alors ?
Ce sont mes longs hivers
mes tiroirs et mes livres
mes cafés mes rencontres
mes amis mes amours.
Et alors ?
Ce sont mes certitudes
puisque vous êtes là
qui vivez tout comme moi de détails
- comme vous dites -
où va ma poésie.
Et après ?
François de Cornière,
Ces moments-là, Poèmes 1980-2010,
préface d’Eric Holder, Le Castor Astral, 2010
François de Cornière (1950) : Sauf quelques rééditions, il ne publie plus depuis 1999, et déclare ne plus écrire.
...Ce sont des détails...
Henri-Edmond CROSS
Avant l'orage, la baigneuse, 1908
L'itinéraire de Henri-Edmond CROSS - son vrai nom est Henri-Edmond Delacroix ! - commence symboliquement dans le nord de la France puisqu'il naquit à Douai en 1856. Et pour être précis, aujourd'hui 20 mai !
La méthode picturale de Cross exigeait un silence monacal. Juxtaposant sur ses toiles une myriade de points, il élargissait dans ses dernières oeuvres sa touche à la manière de gouttes d'émail pour adopter le style divisionniste. "Je compose à l'atelier en me rapprochant le plus possible de ma vision intérieure" aimait-il à répéter. Aussi ne peignait-il jamais sur le vif mais d'après les croquis et les sensations rapportées de ses observations de la nature. Surgissait ensuite la version définitive d'une oeuvre à mi-chemin entre le réel et l'imaginaire.
Cross
La Toison, 1892
Cross
Sous-bois
Cross
La ronde
L’averse
Un arbre tremble sous le vent,
Les volets claquent.
Comme il a plu, l’eau fait des flaques
Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse
Et, brusquement, il pleut à verse.
Francis Carco
Suzuki Harunobu
(vers 1725-1770)
L’averse
Image de calendrier, 1765
Ajout de 10h20.
A lire ci-dessous le commentaire amusant et instructif que nous apporte l'ami Entredeuxmots et que nous illustrons ainsi :