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1 janvier 2013 2 01 /01 /janvier /2013 01:27

 

 

 

 

 

"Je ne prendrai pas de calendrier cette année,

car j'ai été très mécontent de celui de l'année dernière."
 
 

 

 

 

Alphonse ALLAIS 

 

 

 

1-1-13.jpeg

 


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27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 09:38

 

 

Nicolas-Boileau.jpg 

Nicolas BOILEAU

1636-1711

Portrait par Hyacinthe RIGAUD, 1704 

 

 


C'est en vain qu'au Parnasse un téméraire auteur

Pense de l'art des vers atteindre la hauteur.

S'il ne sent point du Ciel l'influence secrète,

Si son astre en naissant ne l'a formé poète,

Dans son génie étroit il est toujours captif ;

Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif.

 

Ô vous donc qui, brûlant d'une ardeur périlleuse,

Courez du bel esprit la carrière épineuse,

N'allez pas sur des vers sans fruit vous consumer,

Ni prendre pour génie un amour de rimer ;

Craignez d'un vain plaisir les trompeuses amorces,

Et consultez longtemps votre esprit et vos forces.

 

La nature, fertile en Esprits excellents,

Sait entre les Auteurs partager les talents

L'un peut tracer en vers une amoureuse flamme ;

L'autre d'un trait plaisant aiguiser l'épigramme.

MALHERBE d'un héros peut vanter les exploits ;

RACAN, chanter Philis, les bergers et les bois

Mais souvent un esprit qui se flatte et qui s'aime

Méconnaît son génie et s'ignore soi-même :

Ainsi tel autrefois qu'on vit avec FARET

Charbonner de ses vers les murs d'un cabaret

S'en va, mal à propos, d'une voix insolente,

Chanter du peuple hébreu la fuite triomphante,

Et, poursuivant Moïse au travers des déserts,

Court avec Pharaon se noyer dans les mers.

 

Quelque sujet qu'on traite, ou plaisant, ou sublime,

Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime ;

L'un l'autre vainement ils semblent se haïr ;

La rime est une esclave et ne doit qu'obéir.

Lorsqu'à la bien chercher d'abord on s'évertue,

L'esprit à la trouver aisément s'habitue ;

Au joug de la raison sans peine elle fléchit

Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit.

Mais, lorsqu'on la néglige, elle devient rebelle,

Et, pour la rattraper, le sens court après elle.

Aimez donc la raison : que toujours vos écrits

Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.

 

La plupart, emportés d'une fougue insensée,

Toujours loin du droit sens vont chercher leur pensée

Ils croiraient s'abaisser, dans leurs vers monstrueux,

S'ils pensaient ce qu'un autre a pu penser comme eux.

 

Évitons ces excès : laissons à l'Italie,

De tous ces faux brillants l'éclatante folie.

Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,

Le chemin est glissant et pénible à tenir ;

Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt on se noie.

La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.

 

Un auteur quelquefois, trop plein de son objet,

Jamais sans l'épuiser n'abandonne un sujet.

S'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face ;

Il me promène après de terrasse en terrasse ;

Ici s'offre un perron ; là règne un corridor ;

Là ce balcon s'enferme en un balustre d'or.

Il compte des plafonds les ronds et les ovales ;

« Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales. »

Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,

Et je me sauve à peine au travers du jardin.

Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile,

Et ne vous chargez point d'un détail inutile.

Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ;

L'esprit rassasié le rejette à l'instant.

Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

 

Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire

Un vers était trop faible, et vous le rendez dur ;

J'évite d'être long, et je deviens obscur ;

L'un n'est point trop fardé, mais sa Muse est trop nue ;

L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue.

 

Voulez-vous du public mériter les amours ?

Sans cesse en écrivant variez vos discours.

Un style trop égal et toujours uniforme

En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme.

On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer,

Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.

 

Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère

Passer du grave au doux, du plaisant, au sévère !

Son livre, aimé du Ciel et chéri des lecteurs,

Est souvent chez Barbin entouré d'acheteurs.

 

Quoi que vous écriviez évitez la bassesse :

Le style le moins noble a pourtant sa noblesse.

Au mépris du bon sens, le Burlesque effronté,

Trompa les yeux d'abord, plut par sa nouveauté.

 

On ne vit plus en vers que pointes triviales ;

Le Parnasse parla le langage des halles ;

La licence à rimer alors n'eut plus de frein,

Apollon travesti devint un TABARIN.

 

Cette contagion infecta les provinces,

Du clerc et du bourgeois passa jusques aux princes.

Le plus mauvais plaisant eut ses approbateurs ;

Et, jusqu'à d'ASSOUCI, tout trouva des lecteurs.

Mais de ce style enfin la cour désabusée

Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée,

Distingua le naïf du plat et du bouffon,

Et laissa la province admirer le Typhon.

 

Que ce style jamais ne souille votre ouvrage.

Imitons de MAROT l'élégant badinage,

Et laissons le Burlesque aux Plaisants du Pont-Neuf.

 

Mais n'allez point aussi, sur les pas de BRÉBEUF,

Même en une Pharsale, entasser sur les rives

« De morts et de mourants cent montagnes plaintives ».

Prenez mieux votre ton, soyez Simple avec art,

Sublime sans orgueil, agréable sans fard.

 

N'offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire.

Ayez pour la cadence une oreille sévère :

Que toujours dans vos vers, le sens, coupant les mots,

Suspende l'hémistiche, en marque le repos.

Gardez qu'une voyelle, à courir trop hâtée,

Ne soit d'une voyelle en son chemin heurtée,

Il est un heureux choix de mots harmonieux.

Fuyez des mauvais sons le concours odieux :

Le vers le mieux rempli, la plus noble pensée

Ne peut plaire à l'esprit, quand l'oreille est blessée.

 

Durant les premiers ans du Parnasse françois,

Le caprice tout seul faisait toutes les lois.

La rime, au bout des mots assemblés sans mesure,

Tenait lieu d'ornements, de nombre et de césure.

VILLON sut le premier, dans ces siècles grossiers,

Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers.

MAROT, bientôt après, fit fleurir les ballades,

Tourna des triolets, rima des mascarades,

À des refrains réglés asservit les rondeaux

Et montra pour rimer des chemins tout nouveaux.

RONSARD, qui le suivit, par une autre méthode,

Réglant tout, brouilla tout, fit un art à sa mode,

Et toutefois longtemps eut un heureux destin.

Mais sa Muse, en français parlant grec et latin,

Vit, dans l'âge suivant, par un retour grotesque,

Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.

Ce poète orgueilleux, trébuché de si haut,

Rendit plus retenus DESPORTES et BERTAUT.

 

Enfin MALHERBE vint, et, le premier en France,

Fit sentir dans les vers une juste cadence,

D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,

Et réduisit la Muse aux règles du devoir.

Par ce sage écrivain la langue réparée

N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.

Les stances avec grâce apprirent à tomber,

Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.

Tout reconnut ses lois ; et ce guide fidèle

Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.

Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté ;

Et de son tour heureux imitez la clarté.

Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,

Mon esprit aussitôt commence à se détendre ;

Et, de vos vains discours prompt à se détacher,

Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher.

 

Il est certains esprits dont les sombres pensées

Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ;

Le jour de la raison ne le saurait percer.

Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.

Selon que notre idée est plus ou moins obscure,

L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,

Et les mots pour le dire arrivent aisément.

 

Surtout qu'en vos écrits la langue révérée

Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée.

En vain, vous me frappez d'un son mélodieux,

Si le terme est impropre ou le tour vicieux :

Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,

Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.

Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin

Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.

 

Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,

Et ne vous piquez point d'une folle vitesse

Un style si rapide, et qui court en rimant,

Marque moins trop d'esprit que peu de jugement.

J'aime mieux un ruisseau qui, sur la molle arène,

Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,

Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,

Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.

Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

 

C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,

Des traits d'esprit, semés de temps en temps, pétillent.

Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu ;

Que le début, la fin, répondent au milieu ;

Que d'un art délicat les pièces assorties

N'y forment qu'un seul tout de diverses parties,

Que jamais du sujet le discours s'écartant

N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant.

 

 

Nicolas BOILEAU

L’Art poétique, Chant I

 (extrait)

 

 

 

 

 

-         Le texte de Boileau est injonctif (marchez, aimez, imitez, apprenez), et ce n’est pas un hasard. Tout son texte repose sur une conception de la littérature qui lie étroitement les idées d’ordre et d’autorité : selon Boileau, Malherbe manifeste une conception de la littérature très autoritaire (D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir, Tout reconnut ses lois).

-         Quand Boileau écrit son Art poétique en 1674, le classicisme est déjà bien installé ; il ne fait qu’en dresser le bilan. Ce texte est en fait le prolongement immédiat de la politique royale et de sa mainmise sur toutes les formes d’expression (cf. la création de l’Académie Française en 1634). A l’exemple de Malherbe et de Vaugelas qui fixent les règles (jusque-là assez fluctuantes) de l’orthographe, de la syntaxe et du style, Boileau propose ici un texte assez tendancieux. La thématique insistante de la clarté et de l’obscurité renvoie assez clairement à l’idéologie du Roi-Soleil, représenté ici par Le jour de la raison. La littérature doit être aux ordres du monarque dont l’autorité rayonnante trouve en Malherbe un défenseur tout désigné.

 

 

 

Malherbe-Louvre.jpg

... Enfin Malherbe vint ...

 

 

Statue de François de Malherbe par Jean-Jules Allasseur (1853)

Cour Napoléon, Palais du Louvre, Paris   

 

 

 

 

 


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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 06:13

 

 

 

 

A l’écoute

 

Ce que veulent dire les mots

On ne le sait pas quand ils viennent ;

Il faut qu’ils se parlent, se trouvent,

Qu’ils se découvrent, qu’ils apprennent.

Ce que veulent dire les mots,

Ils ne le savent pas eux-mêmes,

Mais les voilà qui se regroupent,

Qui s’interpellent, se répondent,

Et si l’on sait tendre l’oreille,

On entend parler le poème.

 

Jacques CHARPENTREAU

 

 


 

Chien-et-chat.jpg

 

(...)  On entend parler le poème. 

 

 

 

 

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22 décembre 2012 6 22 /12 /décembre /2012 08:45

 

 

 

 

Le-modele-rouge.-magritte1935.jpeg

 

René MAGRITTE

Le modèle rouge, 1935.

Centre Pompidou.

 

 

 

"Mon pied droit est jaloux de mon pied gauche.

Quand l'un avance, l'autre veut le dépasser.

Et moi, comme un imbécile, je marche !"

 

Raymond DEVOS


Georgette-et-Rene-Magritte--1922.jpg

Georgette et René Magritte, le 28 juin 1922 © Apic/Getty Images

 

         « Le spectateur peut voir, avec la plus grande liberté possible, mes images telles qu'elles sont, en essayant, comme leur auteur, de penser au Sens, ce qui veut dire à l'Impossible. »

René MAGRITTE

 

 

 


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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 06:25

 

 

 

 

Le ciel de mon coeur

 

Le ciel est gris lorsque tu grondes :

Tombe la pluie, souffle le vent,

Et, dans un tourbillon, le monde

Se courbe et fuit en m’emportant

Au fond d’une forêt profonde

Où mon coeur souffre en attendant

Que s’apaise cet ouragan.

 

Le ciel est bleu quand ton sourire

Brille comme un jour de printemps.

Pas un nuage ne soupire,

L’aubépine a mis drapeau blanc.

Les oiseaux chantent pour te dire

Qu’aujourd’hui mon coeur est content :

Tu fais la pluie et le beau temps.

 

Jacques CHARPENTREAU

 

 

 

 

Kandinsky-Bleu-de-Ciel--1940.jpg

(...) Le ciel est bleu quand ton sourire

Brille comme un jour de printemps. (...)

 

 

Kandinsky

Bleu de Ciel, 1940

 

 

 

 

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 06:49

 

 

 

 

poemier.jpg

 

 

Jacques CHARPENTREAU reprend les titres de ses poèmes préférés sur son arbre, le Poémier.

 

 

 

Jacques CHARTENTREAU

Mon premier livre de devinettes

Enfance heureuse

 

 


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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 06:13

 

 

 

 

Grillage de la pluie

 

Les flèches de la pluie

brûlent et la route fume

Et dix mille petites

blessures étincellent

 

La grille de la pluie

tisse le paysage

enserre les jardins

et griffe la fenêtre

 

Le grillage de la pluie

étend ses doigts lisses

sur les frais visages

ruisselants des enfants

 

Gabriel Cousin

 

 

 

grillage

 

 

Né en 1918 à Droué (Loir-et-Cher), dans un milieu ouvrier, Gabriel Cousin entre à l’usine au Bourget comme apprenti métallurgiste dès l’âge de 13 ans, puis ajusteur jusqu’à 20 ans.

En outre, athlète de compétition, la guerre de 1939 stoppe une carrière sportive prometteuse. Il commande une section de mitrailleuse et reçoit la croix de guerre le 2 juin 1940, accompagnée d’une belle citation. Puis c’est la captivité en Autriche... Les épreuves qu’il traverse et la lutte sous l’Occupation à Paris à son retour du camp de travail déclenchent en lui un appétit de culture irréductible.

Jean-Marie Conty, polytechnicien et ingénieur à l’Aérospatiale, contribue à le « sortir de l’usine », et l’aiguille vers la création. Il suit des cours de danse avec Jean Séry, ex-danseur étoile de l’Opéra, et une formation de comédien avec Roger Blin (1907-1984), et Claude Martin.

Il rencontre Hélène qui deviendra son épouse et une « puissante inspiratrice ».

Après la Libération, il a pour charge l’organisation du sport dans les usines et fait partie d’une jeune troupe de théâtre « Les Compagnons de la Saint-Jean », qui conçoivent, mettent en scène et interprètent de grands spectacles en plein air, dans l’esprit de Jacques Copeau (1879-1949), à Chartres, Grenoble, Uriage, Le Puy, etc...

Venu à Grenoble avec cette troupe, pour deux mois, il y restera 33 ans. Il y rencontre Jean Dasté (1904-1994) metteur en scène et propre gendre de Copeau, travaille avec lui et sera de l’équipe créatrice de « Peuple et Culture », réseau d’associations d’éducation populaire, avec le sociologue Joffre Dumazedier (1915-2002). Il mène en parallèle ses activités de professeur d’éducation physique et sportive (de 1948 à 1963), d’entraîneur d’athlétisme et d’animateur culturel.

Il milite alors au Parti Communiste Français et avec René Dumont (1904-2001), contre la faim dans le monde et la bombe atomique.

En 1965, il devient Conseiller technique et pédagogique au Ministère de la jeunesse et des sports, pour la formation d’animateurs de théâtre et pour l’expression et la communication. Parmi ses élèves figurent entre autres André Dussolier, Georges Lavaudant et Ariel Garcia-Valdès. Jusqu’en 1980, des centaines de stagiaires passeront dans ses stages d’été renommés.

Après 1980, il continue d’animer des stages d’éveil à la créativité et à l’écriture poétique et dramatique.

Gabriel Cousin commence à écrire vers 1948, à 30 ans, des poèmes et des articles sur les rapports de la culture et du sport. Encouragé par Paul Léautaud (1872-1956), et Claude Roy (déjà évoqué ici), il publie son premier recueil chez Seghers : « La Vie ouvrière » (1950).

En 1952, il faut la rencontre décisive de Georges Mounin (1910-1993), universitaire, critique et linguiste, qui lui révèle son thème majeur, «L’Amour », et fait éditer chez Gallimard « l’Ordinaire Amour » (1958), qui recevra une critique unanime. Plusieurs recueils se succéderont comme «Nommer la peur » (1966), « Au milieu du fleuve » (1971), « Poèmes d’un grand-père pour de grands enfants » (1980), « Dérober le feu » (1998), «Portrait d’une femme, poèmes précédés de deux lettres inédites de Paul Léautaud » (2001).

En 1958, il écrit sa première pièce et joue la carte de la décentralisation théâtrale. « Le Drame de Fukuryu-Maru », œuvre qui dénonce le danger nucléaire, est programmée au théâtre national populaire en 1959 par Jean Vilar (1912-1971), mais sa création est retardée par la mort de Gérard Philippe, puis interdite jusqu’au vote de la force de frappe française ! C’est finalement Jean Dasté qui la crée en 1963. Suivront une quinzaine de pièces représentées en France et souvent aussi à l’étranger ; la plupart ont été diffusées sur France-Culture.

« Tourné vers le social avec lucidité et générosité, désireux de composer un théâtre à la fois de réflexion et d’enchantement (par la musique, la poésie, la danse), Cousin s’est penché sans didactisme sur les métiers aliénants, les horreurs de la radioactivité, la violence raciale, la faim, la vieillesse et la pauvreté. Il a tenté des formes nouvelles : marionnettes, oratorio pour la radio, théâtre total » (Michel Azama).

Gabriel Cousin a écrit plusieurs téléfilms diffusés sur France 3, notamment « La femme et l’enfant », avec Marie Dubois, ainsi que des poèmes télévisuels suggérant que « si Villon ou Victor Hugo ou Baudelaire vivaient aujourd’hui, ils écriraient sans doute aussi avec l’audiovisuel... »

On peut dire que son œuvre s’est affirmée sous le signe de la diversité : littérature érotique, livret d’opéra, poème télévisuel, conte pour enfants... Elle a fait l’objet de thèses de doctorat (Washington, Londres, New-York, Anvers, Budapest, etc...)

Gabriel-Cousin.jpg

Gabriel Cousin est chevalier de la Légion d’Honneur et Officier des Arts et Lettres, depuis 1985. 

 

 

 

Déja publié :  ici

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 06:29

 

 

 

En Relisant Ta Lettre

 

En relisant ta lettre je m'aperçois que

l'orthographe et toi, ça fait deux

 

 

C'est toi que j'aime

Ne prend qu'un M

Par-dessus tout

Ne me dis point

Il en manque un

Que tu t'en fous

Je t'en supplie

Point sur le I

Fais-moi confiance

Je suis l'esclave

Sans accent grave

Des apparences

C'est ridicule

C majuscule

C'était si bien

Tout ça m'affecte

Ca c'est correct

Au plus haut point

si tu renonces

Comme ça se prononce

A m'écouter

Avec la vie

Comme ça s'écrit

J'en finirai

Pour me garder

Ne prend qu'un D

Tant de rancune

T'as pas de coeur

Y'a pas d'erreur

Là y'en a une

J'en mourirai

N'est pas français

N'comprends-tu pas ?

Ça s'ra ta faute

Ça s'ra ta faute

Là y'en a pas

 

 

Paroles et musique : Serge GAINSBOURG

 

 

 

 

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 06:08

 

 


LA DIVE BOUTEILLE

 

 

O Bouteille,

Pleine toute

De mystères,

D'une oreille

Je t'écoute :

Ne diffère,

Et le mot profère

Auquel pend mon cœur

En la tant divine liqueur,

Qui est dedans tes flancs reclose,

Bacchus, qui fut d'Inde vainqueur,

Tient toute vérité enclose.

Vin tant divin, loin de toi est forclose

Toute mensonge et toute tromperie.

En joie soit l'aire de Noach close,

Lequel de toi nous fit la tempérie.

Sonne le beau mot, je t'en prie,

Qui me doit ôter de misère.

Ainsi ne se perde une goutte

De toi, soit blanche ou soit vermeille.

O Bouteille,

Pleine toute

De mystères,

D'une oreille

Je t'écoute :

Ne diffère.

 

RABELAIS

la Dive Bouteille  

Cinquième Livre

 

 

 

Giorgio-MORANDI.jpg

 Giorgio MORANDI

1890 - 1964

Nature morte métaphysique, 1

 

 

 

 

morandi-Soir-d-ete.jpg

Giorgio MORANDI

Soir d'été, 1957

 

 


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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 09:30

 

 

Pour Christelle, tendrement.

 

 

 

 


Quand on perd ses parents, 
 on s'appelle orphelin 
 Quand on perd son épouse, 
 alors on s'appelle veuf 
 Quand on perd sa jeunesse, bien 
 entendu, c'est vieux que l'on devient 
 Mais quand on perd son gamin, 
 y a pas de mot 

 Il n'y a pas de nom pour décrire la mère, 
 Celle qui borde son garçon au cimetière, 
 Jamais un seul poète, un seul pasteur, 
 jamais un seul auteur 
 N'a eu assez de lettres 
 pour tant d'douleur 

 Quand on perd la raison, 
 bien sûr on s'appelle fou 
 Et puis on s'appelle pauvre à perdre 
 trop de sous 
 Quand on perd la mémoire, tout d'suite 
 on est qualifié d'amnésique 
 Mais y a des choses qu'aucun mot n'explique 
 On aura beau fouiller les plus vieux dictionnaires 
 Posséder le plus vaste des vocabulaires 
 Décortiquer Baudelaire, jusque

 sous terre,jusqu'à son dernier vers

  


 Il n'y a pas de mot, pas de manière 
 D'appeler le parent d'un enfant 
 qui n'est plus 
 Il n'y a pas de mot pour ça qui soit connu 

 Quand on perd ses parents, 
 on s'appelle orphelin 
 Quand on perd son mari, 
 alors on s'appelle veuve 
 Quand on perd son petit, 
 c'est évident, il n'y a pas de mot 

 Pourtant y en a des mots 
 qui nous émeuvent 
 Mais là, y en a aucun, y a vraiment 
 rien à dire 
 On ne sait même plus trop 
 si on a l'droit de vivre 
 Mais bon on vit quand même, on vit tout 
 simplement pour n'pas crever 
 On rit pour n'pas pleurer 
 des flots sans rive 

 Oui, on vit parc' que lui, 
 il n'pourra plus le faire 
 On vit parce qu'on s'dit que sans doute, 
 il en s'rait fier 

 Quand on sauve un enfant, 
 on s'appelle héros 
 Mais quand on en perd un, y a pas de mot 
 Pas de mot

 

 

Paroles et musique Linda LEMAY


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