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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 06:02

 

 

 

L'écume des jours, Chapitre XXV 



« Pourquoi sont-ils si méprisants ? demanda Chloé. Ce n’est pas tellement bien de travailler…

– On leur a dit que c’était bien, dit Colin. En général, on trouve ça bien. En fait, personne ne le pense. On le fait par habitude et pour ne pas y penser, justement.

– En tout cas, c’est idiot de faire un travail que des machines pourraient faire.

– Il faut construire des machines, dit Colin. Qui le fera ?

– Oh ! Évidemment, dit Chloé. Pour faire un œuf, il faut une poule, une fois qu’on a la poule, on peut avoir des tas d’œufs. Il vaut donc mieux commencer par la poule.

– Il faudrait savoir, dit Colin, qui empêche de faire des machines. C’est le temps qui doit manquer. Les gens perdent leur temps à vivre, alors, il ne leur en reste plus pour travailler.

– Ce n’est pas plutôt le contraire ? dit Chloé.

– Non, dit Colin. S’ils avaient le temps de construire les machines, après ils n’auraient plus besoin de rien faire. Ce que je veux dire, c’est qu’ils travaillent pour vivre au lieu de travailler à construire des machines qui les feraient vivre sans travailler.

– C’est compliqué, estima Chloé.

– Non, dit Colin. C’est très simple. Ça devrait, bien entendu, venir progressivement. Mais, on perd tellement de temps à faire des choses qui s’usent…

– Mais, tu crois qu’ils n’aimeraient pas mieux rester chez eux et embrasser leur femme et aller à la piscine et aux divertissements ?

– Non, dit Colin. Parce qu’ils n’y pensent pas.

– Mais est-ce que c’est leur faute si ils croient que c’est bien de travailler ?

– Non, dit Colin, ce n’est pas leur faute. C’est parce qu’on leur a dit : « Le travail, c’est sacré, c’est bien, c’est beau, c’est ce qui compte avant tout, et seuls les travailleurs ont droit à tout. » Seulement, on s’arrange pour les faire travailler tout le temps et alors ils ne peuvent pas en profiter.

– Mais, alors, ils sont bêtes ? dit Chloé.

– Oui, ils sont bêtes, dit Colin. C’est pour ça qu’ils sont d’accord avec ceux qui leur font croire que le travail, c’est ce qu’il y a de mieux. Ça leur évite de réfléchir et de chercher à progresser et à ne plus travailler.

– Parlons d’autre chose, dit Chloé. C’est épuisant, ces sujets-là. Dis-moi si tu aimes mes cheveux…

– Je t’ai déjà dit… »

Il la prit sur ses genoux. De nouveau, il se sentait complètement heureux.

« Je t’ai déjà dit que je t’aimais bien en gros et en détail.

– Alors, détaille », dit Chloé, en se laissant aller dans les bras de Colin, câline comme une couleuvre.

 

Boris VIAN

L'écume des jours

Chapitre XXV 

 

 

 

L.Freud.jpg

 (...) « Je t’ai déjà dit que je t’aimais bien en gros...

 

 

Freud.-Tete-d-un-enfant--1954.jpg

 (...) « Je t’ai déjà dit que je t’aimais bien en gros...et en détail. (...)

 

FreudJeune-fille-avec-un-chien-blanc.jpg

– Alors, détaille », dit Chloé, en se laissant aller dans les bras

de Colin, câline comme une couleuvre.

 

 

Lucian FREUD

 


 

  1. Benefits supervisor sleeping, 1995
  2. Tête d'un enfant, 1954  
  3. Jeune fille avec un chien blanc, 1951-1952    

 

 

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 08:52

 

 

Shadock.jpg

      Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe

quelque chose de pire en ne pompant pas.

 

*

 

Amis poètes, bonjour et bienvenue en poésie !

 

Ce qui suit est un copié-collé :

 

 

tu m'a abandonner j'avai 7 an 
je nete qune une enfant
je ne connesser pa la vie et ces malheur 
et de ten en ten ces bonheur

on direr que tout les gens que je connesser
et que jaimer 
se son barrer 
et ten fai parti

pourtant je tenten toujour dire que tu maimer
et sa c graver en moi a jamai
jenten toujour t parole 
qui peu a peu senvol
je sen toujour t levre qui sapretter 
a m'enbrasser
mai soudain
nou ou somme separer

je croyai que tu maimer 
mai tu t retourner
et la je me sui di que je navai plu rien a fir

 

 

 

On s'arrêtera là pour aujourd'hui.

 

shadoks-.jpg

 

 

 

Car le poème se poursuit encore longuement, longuement...

 


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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 06:39

 

 

Claude-ROY.jpeg

Claude Roy, écrivain et poète, 1915-1997    

 

 

 

Tant

 

 

Tant je l’ai regardée    caressée     merveillée
et tant j’ai dit son nom à voix haute et silence
le chuchotant au vent     le confiant au sommeil
tant ma pensée sur elle s’est posée    reposée
mouette sur la voile au grand large de mer
que même si la route où nous marchons l’amble
ne fut et ne sera qu’un battement de cil du temps
qui oubliera bientôt qu’il nous a vus ensemble
je lui dis chaque jour merci d’être là
 
et même séparés      son ombre sur un mur
s’étonne de sentir mon ombre qui l’effleure


                                 Venise. mercredi 20 novembre 1985.

 

 

Claude ROY

Le Voyage d’Automne, 1987.

 

 

 

 

Monet.Venise-1908.jpg

 

Claude MONET

Venise, 1908

 

 

 

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 06:19

 

 

 

 

NO-TREPASSING.jpg

 

 

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 06:08

 

 

 

 

Le cosmonaute et son hôte

 

Sur une planète inconnue,

un cosmonaute rencontra

un étrange animal :

il avait le poil ras,

une tête trois fois cornue,

trois yeux, trois pattes et trois bras!

« Est-il vilain ! pensa le cosmonaute

en s’approchant prudemment de son hôte.

Son teint a la couleur d’une vieille échalote,

son nez a l’air d’une carotte.

Est-ce un ruminant ? Un rongeur ? »

Soudain, une vive rougeur

colora plus encor le visage tricorne.

Une surprise sans bornes

fit chavirer ses trois yeux.

« Quoi! Rêvé-je ? dit-il. D’où nous vient, justes cieux,

ce personnage si bizarre sans crier gare !

Il n’a que deux mains et deux pieds,

il n’est pas tout à fait entier.

Regardez comme il a l’air bête, il n’a que deux yeux dans la tête !

Sans cornes, comme il a l’air sot ! »

C’était du voyageur arrivé de la terre

que parlait l’être planétaire.

Se croyant seul parfait et digne du pinceau,

il trouvait au Terrien un bien vilain museau.

Nous croyons trop souvent que, seule, notre tête

est de toutes la plus parfaite !

 

 

 

 

Pierre GAMARRA

 

Pierre Gamarra (1919- 2009) est poète, romancier et critique.

 

 

Pierre-Gamarra.jpg

 


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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 09:29

 

 


Je suis neuf

 

Je suis neuf tu m'agrandis

passe tes mains dans mes cheveux

passe tes doigts dans mes jours morts

pose tes lèvres sur mes yeux

 

image double du secret

fermé trois fois dans ma colère

au bord d'un soir tu apparais

mon rêve exact de chair et d'air

 

depuis ce lit entends la flûte

errant la nuit parmi les rues

sommeil au loin baisers de flûte

et le chant d'ombre en moi s'est tu

 

J'ai traversé le poids des choses

je te conduis au fil des nuits

tu as fendu la porte close

si je suis neuf accueille-moi.

 

 

 

Jean Pérol 

Poésie I.

 

 

 

G.Klimt-danae--1907.jpg

(...) J'ai traversé le poids des choses (...)

 

G.KLIMT

Danaë, 1907

 

Gustav KLIMT (1862-1918) apparait souvent dans nos illustrations de poésies. Il est un des maîtres de l'art moderne européen de par la force expressive de ses œuvres. Danaë appartient à ce qu'on appelle "le cycle d'or", KLIMT utilisant beaucoup d'or ou des feuilles d'or dans ses tableaux. Ici, pour "séduire" Danaë, Zeus déverse sur elle des pièces d'or... Toutefois, des interprétations plus suggestives mais n'ayant pas place ici, semblent plus proche de la réalité ...    

 

 

 

 

Il vous plaira peut-être de relire de Pérol "Et les villages vous avez vu les villages"

 

 

 


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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 10:11

 

 

 

 

 

Toucher au prodigieux

 

 

 

 

Enregistré au Jazzgipfel de Stuttgart, le 2 juillet 1993.     

 

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9 janvier 2013 3 09 /01 /janvier /2013 06:16

 

 

 

 

Le petit poème

 

 

Il faut caresser le petit poème

D'une main légère et qui pèse à peine,

Toujours dans le sens des plumes des ailes,

 

Pour l'apprivoiser, lui dire qu'on l'aime

Que le ciel immense est son vrai domaine,

Qu'il est tendre et beau, que la vie l'appelle...

 

Il hésite un peu, l'attente est si belle,

Il frémit encor, le désir l'entraîne

Et s'envole alors le petit poème.

 

 

Jacques CHARPENTREAU

 

 

 

Picasso--colombe.jpg

... Il hésite un peu, l'attente est si belle,

Il frémit encor, le désir l'entraîne

Et s'envole alors le petit poème.

 

* * *

 

 

La Colombe de la paix est un dessin sur affiche de Pablo Picasso réalisé en 1949.

 

 


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4 janvier 2013 5 04 /01 /janvier /2013 06:05

 

 

 

 

                                                       

À mon frère

 

    Il était une fois un roi qui, d’une lyre

    Faisait couler, bondir et voltiger des sons...

    C’est à peine s’il connaissait quelques chansons,

    Il était doux, naïf, et ne savait pas lire.

     

    Et sous ses doigts vibraient d’harmonieux accords,

    Et le rythme toujours était plaintif ou tendre,

    Et le soir, il allait dans ses bois pour entendre

    Sangloter au lointain l’appel cuivreux des cors...

     

    Il ne s’occupait pas du tout de son royaume ;

    On le voyait errer, silencieux fantôme,

    Sa lyre entre les mains... avec des yeux de fou !

     

    Un jour on le trouva — sans le chercher du reste —

    Étendu mort sur l’herbe, avec encor le geste

    Qu’il avait, d’effleurer les cordes...

                                                      Voilà tout.

     

Jean COCTEAU  

1907

 

 

 

 

Le nouveau musée Jean Cocteau à Menton.

Séverin Wunderman fit fortune en Amérique dans l'horlogerie de luxe et  collectionna dès l'âge de 19 ans des dessins de Cocteau. En 2005 il donne à la  ville de Menton 1 800 œuvres dont 990 de Jean Cocteau. Il pose une condition : ces œuvres doivent être exposées dans un musée.

 

Cocteau.-Musee-.jpg 

Le musée Cocteau de l'architecte Rudy Ricciotti © Agence Rudy Ricciotti

 

C'est un écrin blanc aux formes méandreuses conçu par R.Ricciotti qui abrite la plus  grande collection publique mondiale du poète : dessins, peintures, céramiques,  tapisseries, livres, manuscrits, photographies de Cocteau, œuvres de ses amis  (Picasso, Modigliani, Foujita, De Chirico).

« Un objet difficile à ramasser »

C'est ainsi que l'artiste qualifie lui-même son œuvre éclectique.

"Cocteau détestait les musées, qui tuaient selon lui la vitalité d'une  œuvre", explique la conservatrice Célia Bernasconi. La sélection de 250  œuvres se veut "une promenade" à travers une vie intensément créative  (1889-1963). Quatre collections sont exposées tour à tour pendant un an.

Homme de lettres et dandy anti-conformiste, Cocteau a exploré tous les  genres, de la poésie à la prose. Homme de spectacle, il s'est mué en metteur en  scène, acteur, décorateur, librettiste. "Il ne faut pas taxer Cocteau de "dispersion", juge l'expert François Nemer  dans un article du catalogue, "sa recherche profonde et parfaitement cohérente  touche précisément à la synthèse des arts". Cocteau conçoit par exemple en 1917 un livret pour les Ballets russes,  "Parade", sur une musique de Satie et avec des décors de Picasso !

« Un poète qui dessine »

Le musée expose beaucoup de dessins et de caricatures, souvent  réalisés à la plume avec "virtuosité, une grande économie de moyens, et un  aspect cristallin", rapporte la conservatrice. "Il dira qu'il est un poète qui dessine".

 
A voir : de nombreux autoportraits, parfois sans visage, reflets narcissiques  de sa longue quête d'identité. Même un portrait réalisé par son ami Modigliani  en 1916, le présente avec des traits effacés.
 Après le décès prématuré en 1923 de son grand amour Raymond Radiguet  (auteur du "Diable au corps"), Cocteau se réfugie sur la côte d'Azur, à  Villefranche-sur-Mer, où il devient fumeur d'opium et réalise 31 autoportraits  tourmentés.
 "C'est le poète qui se regarde dans le miroir et s'interroge sur son  activité". Obsédé par le mythe d'Orphée, il traverse les miroirs vers la mort à  la recherche d'Eurydice (et de Radiguet…).

Les Japonais aiment Cocteau

"Cocteau est aujourd'hui plus reconnu en France pour ses écrits que pour  ses dessins, mais ses dessins font un retour en  force depuis une décennie", grâce entre autres à une exposition en 2003 au Centre  Georges-Pompidou. Prisée au Japon ou aux Etats-Unis, "son œuvre représente une certaine idée  de la France. Les Japonais aiment son sens de la spontanéité, qui peut être  rapprochée de la calligraphie et ils ont adoré le film La Belle et la Bête" (1946) avec son compagnon  acteur Jean Marais, exemple de "réalisme irréel, qui va devenir la quête de son art" rappelle Célia Bernasconi

Cocteau et la ville de Menton : une vieille histoire d'amour

Dans les années cinquante, Cocteau réside essentiellement chez son amie et mécène Francine Weisweiller, dans une villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat où il  dispose d'un atelier.
 Le maire de Menton  lui demande en 1956 de décorer la salle des mariages de  l'hôtel de ville d'immenses fresques murales, "tatouages" inspirés du mythe  d'Orphée. La ville offre aussi à son citoyen d'honneur un vieux bastion pour  y loger ses œuvres méditerranéennes. Cocteau y consacre trois ans de  réflexion, mais meurt avant l'ouverture en 1966 de son premier musée mentonnais.

MUSEE JEAN COCTEAU - Collection Séverin Wunderman. Menton.

 

 

 PortraitCocteau-1910.jpg

      Portrait de COCTEAU

Ce portrait de Cocteau est l'œuvre du peintre espagnol Federico de Madrazo de Ochoa(1875-1934), il a été peint en 1910/1912.

 

 

 


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2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 16:20

 

 

 

Janvier nous prive de feuillage ;

Février fait glisser nos pas ;

Mars a des cheveux de nuage,

Avril, des cheveux de lilas ;

Mai permet les robes champêtres ;

Juin ressuscite les rosiers ;

Juillet met l'échelle aux fenêtres,

Août, l'échelle aux cerisiers.

Septembre, qui divague un peu,

Pour danser sur du raisin bleu

S'amuse à retarder l'aurore ;

Octobre a peur ; Novembre a froid ;

Décembre éteint les fleurs ; et, moi,

L'année entière je t'adore !

 

 

 

 

 

Rosemonde Gérard

Les Pipeaux

 

*   *   *

 

Qui est donc Rosemonde Gérard ?

 

Rosemonde aurait pu être un "prénom-valise" prédestiné, élégant et poétique puisqu'il mélange si harmonieusement Rose et d'Edmond ! 

 

Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1871 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953.
Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Pas mal comme aréopage penché sur le berceau !


Son prénom de scène,
Rosemonde, lui vient de sa grand-mère, Rosemonderosemonde Gérard Valence, fille du comte de Valence et épouse du maréchal Gérard.


Rosemonde Gérard avait signé de son vrai nom Les Pipeaux, parus 
en 1889, où l'on trouve le poème L'éternelle chanson.

 

 

Le 8 avril 1890, Edmond Rostand l’épouse à Paris en l'église Saint Augustin. Rosemonde, qui demeurait alors avec sa mère, 107, boulevard Malesherbes a pour témoin Jules Massenet. Pas mal non plus, comme témoin !
Le jeune ménage vient tout d'abord habiter boulevard Malesherbes et peu après 2, rue Fortuny. C'est là qu'allaient naître Maurice Rostand, puis Jean Rostand. Descendance réussie, pour le coup. En 1897, les Rostand achetaient, 29, rue Alphonse de Neuville, un petit hôtel qu'ils devaient abandonner en 1900 et vendre ensuite pour se fixer à Cambo-les-Bains.

(article préalablement publié le 21/7/2010)

 


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