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19 avril 2016 2 19 /04 /avril /2016 14:29
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7 novembre 2013 4 07 /11 /novembre /2013 16:59

9 novembre

Bien des évènements se sont déroulés un 9 novembre.

Le 9 novembre 1799 (18 Brumaire An VII), par un coup d'État, Napoléon Bonaparte prend le pouvoir et inaugure le Consulat avec un gouvernement constitué d'un Premier Consul (lui-même, dictateur de fait) et de deux Consuls : Cambacérès et Lebrun…

 

Le 9 novembre 1923, après une soirée agitée dans une brasserie de Munich, un agitateur brave la police de la ville à la tête de 3.000 militants et en compagnie du prestigieux général Ludendorff, héros de la Grande Guerre. Il a nom Adolf Hitler…


Le 9 novembre 1989, sous les caméras du monde entier, la jeunesse allemande se précipite à l'assaut du Mur de la honte…

Nous avons choisi d'autres évènements que nous nous proposons d’approcher dans les toutes prochaines publications.

 


 

 

 

9 novembre 1918

 

Deux jours avant la signature de l'armistice, Guillaume Apollinaire s'éteint, victime de la grippe dite "espagnole". Il a 38 ans.

 

 

 

 

 

26 avril 1915

        Mon ptit Lou chéri,

    Pas de lettre de toi aujourd’hui, hier assisté à la messe, prié pour toi, on chantait et je chantais aussi

Ô miraculeuse

Qu’on raille là-bas

Aux bords de la Meuse

Garde nos soldats

Ave Ave Ave Maria

Ave Ave Ave Maria […]

C’est la pécheresse

Au cœur enflammé

Absous ses faiblesses

Elle a tant aimé

Ave etc

    Je pensais à toi pendant qu’on chantait cela, ma toute chérie, et je pensais avec ferveur à mon ptit Lou, que je voudrais si gentille, si mignonne, comme tu mérites de l’être avec cet esprit supérieur, primesautier, français, charmant qui est le tien, ma toute chérie […]

    Aujourd’hui tristesse, Berthier a dû monter à la batterie de tir, j’irai le voir chaque matin, en allant au commandant. Je me construis une cabane pr habiter seul. C’est amusant comme tout de fabriquer sa maison. Après la paix…je tâcherai d’acheter un terrain et je fabriquerai un rendez-vous pour l’été. Ça m’amusera énormément de fabriquer ça. Je te raconterai comment j’ai fait et surtout comment j’ai meublé ma villa du front. En tout cas, j’ai une glace, une cuvette, une cuve pr le tub, un matelas en varech et un traversin, ça peut t’épater mais c’est comme ça, une table aussi. Ça a été difficile à se procurer, mais j’ai ça…J’attends tes photos avec une impatience fantastique. J’aimerais bien des photos où on te voit… les petites photos c’est gentil, je les aime bien, mais je préfère, tu le comprendras, celles où on voit quelque chose.

    Enfin quoi, mon Lou, je ne m’en fais pas, ça ne vaut pas la peine. Je prends la vie comme elle vient et les obus idem. Tu es mon seul souci. Aujourd’hui sans lettre de toi, je suis sur des charbons ardents. Demain te ferai des vers. Aujourd’hui beaucoup de travail pas amusant ? T’en dis pas plus. T’écris sais pas bien comment et ma lettre doit être d’un décousu. Pas le temps de la relire et c’est pas d’aller dans le monde qui me rend si pressé… Je t’embrasse tout plein, je t’adore, je te prends toute, ma toute chérie, et te berce doucement en te câlinant gentiment, gentiment.

Gui

       

26 avril 1915

    Mon petit Lou, ta lettre d’aujourd’hui m’a rempli de stupéfaction. Prends garde avec ta vie de patachon !!! de ne pas me faire donner congé de mon appartement après la guerre. J’y suis très bien. Ne fais pas de bruit, je t’en supplie, n’y reçois pas trop de poilus. C’est une maison où il y a un sénateur et je ne sais quoi encore. Je t’en supplie, mon Lou, tu me ferais un tort irréparable, si je me trouvais sur le pavé après la Guerre. Je ne paye pas mon loyer pendant la guerre et après la guerre on attendra, mais pour ça faut pas que des ptit Lou viennent faire les fous là-dedans. Vu de loin la vie que tu mènes a quelque chose d’insane. Pendant que nous trimons ici et attrapons peut-être la crève, on bamboche à Paris ! […]

    Est-ce que tu reçois toutes mes lettres ? Elles sont toutes datées et doivent se suivre. Je te prends dans mes bras mon ptit Lou et t’embrasse mignonnement tandis que tes belles paupières battent comme des pétales de fleur de pêcher, ma jolie, mon tout.

     Ton

         Gui.

Guillaume Apollinaire

Lettres à Lou

 

 

 

apollinaire-coeur.jpg

 

 

 

 

Lou.png

 

"Reconnais-toi 

Cette adorable personne c'est toi 

Sous le grand chapeau canotier 

Oeil 

Nez 

La bouche 

Voici l'ovale de la figure 

Ton cou exquis 

Voici confus l'impur fait mirage 

De ton buste doré vu comme à travers un nuage 

Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat"

 

 

 

 

 


 

 

      Ajout adressé à 17h00 par Jacques :

 

 

" Affecté au 38ème régiment d'artillerie de campagne, Guillaume Apollinaire arrive à Nîmes le 6 décembre 1914. Après qu'elle se fut maintes fois dérobée, Louise le rejoint enfin le 7 et l'attend à
 l'Hôtel du Midi, Square de la Couronne.
 
 
 Ils vont s'y aimer, pendant huit jours et huit nuits , avec la démence propre à toute passion exaltée par le génie, et déjà, sans soute, secrètement condamnée à l'impossibilité, par l'aimée.
 
 
 De cet amour impossible surgiront jour après jour pendant toute l'année 1915 les délires, les appels et les cris déchirants des lettres et poèmes à Lou, justement célèbrés.
 
 
 L'Hôtel du Midi après avoir été longtemps désaffecté fut détruit dernièrement.
 
 
 Sur sa façade on put lire pendant très longtemps, gravé dans une plaque de marbre à l'initiative d'admirateurs , le rappel que, à l'abri de ses murs, Apollinaire aima passionnément Louise de
 Châtillon-Coligny "qui lui inspira les immortels poèmes à Lou".
 
 
 Exemple rarissime, et peut-être unique, d'un fait amoureux signalé à l'attention des clients d'un hôtel, des touristes et des flâneurs."

 

Jacques

 

 

 

hotel-du-midi.jpg

...l'hôtel du midi...

 

 


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16 septembre 2012 7 16 /09 /septembre /2012 06:02

 

Le 12 septembre, c'était la Saint Apollinaire !...    

 

 

Juins de Paris

 

Juin ton soleil ardente lyre                       

Brûle mes doigts endoloris

Triste et mélodieux délire

J'erre à travers mon beau Paris

Sans avoir le coeur d'y mourir

 

Les dimanches s'y éternisent

Et les orgues de Barbarie

Y sanglotent dans les cours grises

Les fleurs aux balcons de Paris

Penchant comme la tour de Pise                    

 

Soirs de Paris ivres du gin

Flambant de l'électricité                                  

Les tramways feux verts sur l'échine

Musiquent au long des portées

De rails leur folie de machines

 

Les cafés gonflés de fumée

Crient tout l'amour de leurs tziganes

De tous leurs siphons enrhumés

De leurs garçons vêtus d'un pagne

Vers toi toi que j'ai tant aimée

 

Moi qui sais des lais pour les reines

La complainte de mes années

Des hymnes d'esclave aux murènes

La romance du mal-aimé

Et des chansons pour les sirènes

 

 

Guillaume Apollinaire

La chanson du mal aimé, 1913

 

 

 

 

Piet-Mondrian--place-de-la-concorde-38-1943.jpg

...Y sanglotent dans les cours grises

Les fleurs aux balcons de Paris...

 

 

 

Piet MONDRIAN

La Place de la Concorde,

tableau commencé en 1938, terminé en 1943.

 

 

 

bercy-enbankement-1953.jpg

...Soirs de Paris ivres du gin...

 

 

Marc CHAGALL

Le quai de Bercy, 1953

 

 


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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 05:09

 

 

 

Guillaume-Apollinaire-Calligramme.JPG

 

 

 

 

Guillaume Apollinaire.

 

 


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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 05:13

 

 

 

Si je mourais là-bas …

 

 

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée

Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt

Un obus éclatant sur le front de l’armée

Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

 

Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace

Couvrirait de mon sang le monde tout entier

La mer les monts les vals et l’étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace

Comme font les fruits d’or autour de Baratier

 

Souvenir oublié vivant de toutes choses

Je rougirais le bout de tes jolis seins roses

Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants

Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

 

Le fatal giclement de mon sang sur le monde

Donnerait au soleil plus de vive clarté

Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde

Un amour inouï descendrait sur le monde

L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

 

Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie

 - Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur –

Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie


 

Ô mon unique amour et ma grande folie

 

                                                           30 janvier 1915, Nîmes.

 


   La nuit descend

   On y pressent

   Un long un long destin de sang

 

 

 

Guillaume APOLLINAIRE, 1880  - 1918 

Poèmes à Lou


 

 

 

Picabia-Les-seins-1924-27.jpg

...Et sois la plus heureuse étant la plus jolie...

 

Picabia

Les seins, 1924-1927   

 

 

*    *    *


Louise de Coligny Chatillon 

Poèmes à Lou est un ensemble disparate de morceaux retrouvés après la mort du poète, et arbitrairement réunis en 1925. "Poèmes à Lou", écrit en 1914-1915, constitue le témoignage poétique d'une passion impétueuse, libertine et cérébrale qu' Apollinaire éprouvait pour Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou, une belle aristocrate rencontrée à Nice en 1914. Elle fera languir son prétendant amoureux fou d'elle sans jamais céder (?). Apollinaire s'engage alors dans le régiment d'artillerie de Nîmes. Mais sa vie dans les tranchées lui inspirera une correspondance passionnée, à laquelle Lou succombera. A Apollinaire ou à la correspondance ? The choice is yours. 

... est un ensemble hétéroclite de morceaux retrouvés après la mort du poète, et arbitrairement réunis en 1925. Ils 

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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 04:37

 

 

 

La suite de Cendrillon – 

 

Il n’a pas été dit ce que devint l’équipage de Cendrillon lorsqu’après le second bal de la cour, ayant entendu sonner le premier coup de minuit et ayant perdu sa pantoufle de vair, elle ne le retrouva plus à la porte du palais royal.

 

La fée, qui était la marraine de Cendrillon, n’eut point la cruauté de faire redevenir rat le gros cocher qui avait de maîtresses moustaches, et lézards les six laquais aux habits chamarrés, et, comme elle leur faisait l’honneur de les laisser hommes, elle laissa par la même occasion la citrouille creuse changée en beau carrosse doré et les six souris restèrent six beaux chevaux gris de souris pommelés.

 

Mais au premier coup de minuit, le gros cocher se prend à penser qu’il tirera plus d’argent de la vente du carrosse et des chevaux qu’il ne gagnera en épargnant sur ses gages durant de longues années, et que les six laquais, paresseux fieffés, formeront volontiers une bade dont il sera le chef et qui ira rançonner les voyageurs sur les ds chemins.

 

Et fouette cocher ! L’attelage détala avant que Cendrillon fût arrivée à la porte du palais. Il ne s’arrêta que devant un cabaret où, tout en mordillant un dindon flanqué de deux poulardes et en vidant les pots pleins de vin, cette noble clique vendit les chevaux et la voiture au cabaretier qui en offrait un nombre suffisant de pistoles. Ils changèrent aussi de vêtements et s’armèrent. Le gros cocher, nommé Sminthe, avait pris un déguisement particulier. S’étant coupé les moustaches, il s’habilla en femme et mit une jupe de satin vert, une robe à l’ange et un collier. C’est en cet état qu’il fut en mesure de diriger sans risques ses six fripons de compagnons. Les comptes étant réglés de part et d’autre, ils dirent adieu au cabaretier et quittèrent Paris pour aller ainsi qu’ils le disaient : battre l’antiffe sur le grand trimard.

 

Nous ne les suivrons pas dans leurs exploits sur les routes, dans les foires , dans les châteaux, où la bande se comporta si bien, que dans le court espace de sept années, ils étaient devenus tous si riches qu’ils purent se retirer à Paris où ils vivaient grassement.

 

Durant le temps où il avait vécu habillé en femme, Sminthe avait pris la coutume de sortir peu, ce qui lui permettait de beaucoup penser à combiner les bons coups qu’il faisait exécuter par ses six brigands-laquais- lézards, il avait aussi appris à lire et ramassé un certain nombre de livres parmi lesquels il y avait les Révélations de Sainte Brigitte, l’Alphabet de l’imperfection et malice des femmes, les Centuries de Nostradamus, les Prédictions de l’enchanteur Merlin, et bien d’autres ouvrages plaisants et de même farine. Il prit goût à la lecture et une bonne partie de son temps, après que la bande se fut mise à la retraite, Sminthe le passait dans sa librairie, lisant et méditant sur le pouvoir des fées, sur le peu de chose qu’est l’intelligence ou ruse des hommes et sur les fondements du vrai bonheur. Et le voyant toujours fourré dans son cabinetauxlivres, ses six acolytes qui entre eux ne l’appelaient pas Sminthe mais Lerat, à cause de ses origines ou plutôt de ce qu’ils en savaient, car ils honoraient inconsciemment cet animal comme les sauvages honorent leur totem et les animaux qui y sont figurés, finirent par le désigner sous l’appellation : Lerat de bibliothèque, qui fit fortune et c’est sous ce nom qu’il était désigné dans 1 rue de Bussy où il habitait, qu’il compila maints ouvrages qui n’ont pas vu le jour, mais dont les manuscrits sont conservés à Oxford.

 

Le temps qu’il avait de reste, il le consacrait à l’éducation de ses six brigandeaux, qui tous firent leur chemin, l’un comme peintre qui tirait à merveille les portraits des belles tavernières, le deuxième comme poète qui faisait des chansons que le troisième mettait en musique et reprenait sur le luth, tandis que le quatrième dansait parfaitement des sarabandes où il prenait mille postures gentilles et bouffonnes, le cinquième devint excellent sculpteur et taillait des statues gracieuses dans le saindoux pour les montres des charcutiers, tandis que le sixième, architecte sans second, bâtissait sans cesse des châteaux en Espagne. Comme on les voyait toujours ensemble, bien que personne n’eût vent de ce qu’ils avaient été, on les appelait les Arts, parce qu’ils représentaient à eux six : la Poésie, la Peinture, la Sculpture, l’Architecture, la Musique et la Danse. Et on peut admirer ici combien les surnoms populaires sont sensés puisque « les Arts » étaient bien nommés, ayant été des lézards.

 

Sminthe ou Lerat de bibliothèque mourut en odeur de sainteté et quatre de ses compagnons moururent aussi dans leur lit. Lacerte le poète et Armonidor le musicien leur survécurent et menèrent si mal leurs affaires qu’ils furent contraints pour subsister de recourir à nouveau à leur adresse. Entrés une nuit au Palais Royal, ils emportèrent une cassette. Ils l’ouvrirent en rentrant chez eux et n’y trouvèrent qu’une paire de pantoufles de fourrure blanche et grise. C’étaient les pantoufles de vair de la reine Cendrillon et, au moment où ils se désespéraient du peu de prix de leur trouvaille, les exempts qui avaient trouvé leurs traces survinrent, les prirent et les firent marcher vers le Grand Châtelet.

 

Le délit était si grave et si bien constaté qu’ils ne pouvaient plus espérer se soustraire à la mort. Ils décidèrent de jouer aux dés à qui des deux prendrait tout sur lui et déchargerait l’autre.

 

Le perdant, qui était Armonidor, tint parole et sauva la vie à son compagnon en déclarant qu’il avait proposé à son ami une promenade et que celui-ci ne savait rien de ses intentions. Lacerte retourna donc chez lui et composa les épigraphes de ses amis, mais il mourut un mois après, car son art ne le nourrissait pas et il était consumé d’ennui. Quant aux petites pantoufles de vair, les hasards du temps font qu’on les voit à présent au musée de

 

Pittsbourg, en Pennsylvanie, qui les a cataloguées sous la mention Videpoches (première moitié du XIXè siècle), bien qu’elles soient authentiquement du XVIIè siècle, mais cette appellation donne à penser qu’elles servaient en effet de vide-poches à l’époque indiquée par les archéologues de Pittsbourg.

 

Mais on se perdrait en conjectures si l’on voulait essayer de préciser comment les petites pantoufles de vair de Cendrillon ont passé en Amérique.

 

 

 

Guillaume Apollinaire, 1919.

 

 

 

 

Le-Bernin--1622-1625-.jpg

Apollon et Daphné

Œuvre de Le Bernin

en marbre de 243 cm de hauteur, elle est exposé a la Galleria Borghèse à Rome. Elle fut commandée par le cardinal Borghèse en 1622 .

 

 


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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 06:46

Ambivalence dans ce chant de rupture, celle d'Apollinaire et de Marie Laurencin : fluidité de l'eau, fixité de la pierre ? Ambivalence des mots : "Et comme l'espérance est violente" où violente peut s'entendre "vie - eau - lente " ?

 

 

 

Le pont Mirabeau 

 

 

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé 
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

 

Guillaume Apollinaire in Alcools - 1912 -

 

 

marie-laurencin-copie-1.jpg

Illustration : Marie Laurencin. Le pont, 1940.


 

Note :

Paul Celan s'est suicidé le 20 avril 1970 en se jetant dans la Seine. Plusieurs biographes pensent qu'il se serait jeté du pont Mirabeau.

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30 janvier 2011 7 30 /01 /janvier /2011 11:46
Le pont Mirabeau
Ambivalence dans ce chant de rupture, celle d'Apollinaire et de Marie Laurencin : fluidité de l'eau, fixité de la pierre ?
Ambivalence des mots : "Et comme l'espérance est violente" où violente peut s'entendre "vie - eau - lente " ?

 

 

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé 
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

 

Guillaume Apollinaire in Alcools - 1912 -

 

 


Note :

Paul Celan s'est suicidé le 20 avril 1970 en se jetant dans la Seine. Plusieurs biographes pensent qu'il se serait jeté du pont Mirabeau.

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 00:36

 

 

Une lettre à Louise dans laquelle Apollinaire parle du « métier de poète » que Lou prenait un malin plaisir à dédaigner.apollinaire2.gif

 

Nîmes, le 18 janvier 1915

[…]

Maintenant, je te prie de ne plus me chiner sur le métier de poète. Je sais bien que c’est gentiment mais c’est une habitude que tu prendrais facilement. D’abord être poète ne prouve pas que l’on ne puisse faire autre chose. Beaucoup de poètes ont été autre chose et fort bien — (je t’écris à la cantine — excuse ce papier, Lou chéri —). D’autre part, le métier de poète n’est pas inutile, ni fou, ni frivole. Les poètes sont les créateurs, (poète vient du grec et signifie en effet créateur et poésie signifie création) — Rien ne vient donc sur terre, n’apparaît aux yeux des hommes s’il n’a d’abord été imaginé par un poète. L’amour même, c’est la poésie naturelle de la vie, l’instinct naturel qui nous pousse à créer de la vie, à reproduire. Je te dis cela pour te montrer que je n’exerce pas le métier de poète simplement pour avoir l’air de faire quelque chose et de ne rien faire en réalité. Je sais que ceux qui se livrent au travail de la poésie font quelque chose d’essentiel, de primordial, de nécessaire avant toute chose, quelque chose enfin de divin. Je parle de ceux qui, péniblement, amoureusement, génialement, peu à peu peuvent exprimer une chose nouvelle et meurent dans l’amour qui les inspirait. Voilà, Lou, encore une lettre trop longue, si tu la lis bien, sinon je me vengerai en poète, c’est-à-dire divinement et tu sais que la vengeance est le plaisir des dieux. Je t’aime mon Lou, mais je suis fâché que dans tes lettres de maintenant tu sembles penser moins fortement à moi, ce semble, qu’il y a quelques jours. Mais je suis content tout de même en prévision de la permission.

Je t’aime, Amour.


Illustration : Louise de Coligny de Châtillon et Guillaume Apollinaire.

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 22:37

Ispahan

 

 

Pour tes roses

J'aurais fait

Un voyage plus long encore

 

Ton soleil n'est pas celui

Qui luit

Partout ailleurs

Et tes musiques qui s'accordent avec l'aube

Sont désormais pour moi

La mesure de l'art

D'après leur souvenir

Je jugerai

Mes vers les arts

Plastiques et toi-même

Visage adoré

 

Ispahan aux musiques du matin

Réveille l'odeur des roses de ses jardins

 

J'ai parfumé mon âme

A la rose

Pour ma vie entière

 

Ispahan grise et aux faïences bleues

Comme si l'on t'avait

Faite avec

Des morceaux de ciel et de terre

En laissant au milieu

Un grand trou de lumière

Cette

Place carrée Meïdan

Schah trop

Grande pour le trop petit nombre

De petits ânes trottinant

Et qui savent si joliment

Braire en regardant

La barbe rougie au henné

Du Soleil qui ressemble

A ces jeunes marchands barbus

Abrités sous leur ombrelle blanche

 

Je suis ici le frère des peupliers

 

Reconnaissez beaux peupliers aux fils d'Europe

Ô mes frères tremblants qui priez en Asie

 

Un passant arqué comme une corne d'antilope

Phonographe

Patarafes

La petite échoppe

 

 

Guillaume Apollinaire in Il y a (posthume)


Note : à venir... Ispahan cent ans plus tard.

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