Poésie, Poésie pour enfant, Poésie pour la jeunesse, Textes classiques et modernes, Mémoire de la Shoah,
Le caillou
le caillou est une créature
parfaite
égal à lui-même
protégeant ses limites
empli exactement
d'un sens de pierre
dont l'odeur ne rappelle rien
n'effraie pas ne suscite pas de désir
son ardeur et sa froideur
sont justes et pleines de dignité
je suis pétri de remords
quand je le tiens dans ma paume
et que son noble corps
est empreint d'une fausse chaleur
- Les cailloux ne se laissent pas apprivoiser
ils nous regarderont jusqu'à la fin
d'un œil calme très clair
Zbigniew Herbert
Etude de l'objet, 1961
... - Les cailloux ne se laissent pas apprivoiser
... ils nous regarderont jusqu'à la fin
d'un œil calme très clair
La tombe de Paul CELAN au cimetière parisien de Thiais.
Le poète polonais Zbigniew Herbert (1924 - 1998) est originaire de Lwow (aujourd'hui en Ukraine). On lui doit dix recueils de poèmes, des pièces de théâtre ou radiophoniques (Pièces, 1970), deux recueils d'essais sur des thèmes aussi divers que Lascaux ou la peinture hollandaise...
Resté fidèle à ses idéaux de soldat de la résistance non communiste, Zbigniew Herbert refuse d'accepter le régime imposé par les Soviétiques en 1945, ce qui lui vaut des débuts retardés puisqu'il ne publie son premier recueil Corde de lumière qu'en 1956. Suivront Hermès, Le chien et l'étoile (1957), Étude d'objet (1961), Inscription (1969). Herbert a toujours considéré le communisme comme un totalitarisme aussi nuisible que le nazisme. Le public polonais lui en sait gré, et le poète en reçoit une reconnaissance éclatante quand, déjà célèbre, il met tout son prestige dans la lutte contre le régime du général Jaruzelski et publie à Paris en 1983 son recueil Rapport de la ville assiégée.
déjà publié, de HERBERT, à retrouver ici